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plus fêcheufe qu’elle peut être communiquée à
une infinité de citoyens précieux à l’état ; q u i,
faute delà connoître , ou d’être bien traités, pour-
roient en éprouver de fâcheux effets.
Les hommes infeftés de la galle devroient être
retenus jufqu’à parfaite guérifon. Pour prévenir la
communication, la même vifite devroit fe faire au
retour pour ces mêmes raifons ; on diminueroit
ainfi la propagation des vices vénériens & galle
ux j fi on ne parvenoit à la détruire. Cette dernière
maladie ne paroiffant le plus fouvent que huit
ou douze jours après le retour des foldats, il faji-
droit les loger à part pendant ce temps-là. Si on ne
prend cette précaution, la galle fe multipliera
promptement * & lorfqu’elle deviendra générale ,
fera très difficile à détruire, parce que les vêtements
& les couvertures de laine font très propres
à la confervation du Virus.
Le moyen d’extirper cette maladie, en pareil cas,
eft de foigner touts'les camarades de lit , que la
galle paroiffe ou non ; de leffiver les couvertures ,
& de les paffer au foufre ; d’en faire autant des
habits, veftes, culottes, & bonnets de police „après
les avoir bien vergetés ; de faire changer les foldats
de chemifes, de bas, & même de feuliers : ces
derniers doivent être bien lavés & bien efluyés, p
Cette maladie , qui autrefois étoit traitée par les
chirurgiens-majors a raifon de trente fols, l’eft aujourd’hui
dans les hôpitaux à raifon de dix à douze
livres par homme. Cette différence , étant un objet
de dépenfe très confidérable pour le ro i, a déterminé
M. le chevalier de Ceffac , capitaine au régiment
Dauphin , infanterie , dont le zèle égale les
talents , à préfenter à M. de Caraman un mémoire
à ce fujet, par lequel il-prouve que le fuccès du
traitement ferait égal , fi le roi rendoit aux chirurgiens
majors le traitement des galleux, à raifon de
quarante fols par homme. Nous nous femmes affinés
de cette vérité , & nous penfons d’après
notre propre expérience que les chirurgiens-majors
pourroient Y moyennant un abonnement modique,
économifer au roi beaucoup d’argent, s'ils étoient
chargés de traiter au quartier les maladies & les
indifpofitions légères & fimples, pour lefquelîes
il ne faudroit pas de régime':1e mémoire ci-joint
prouvera la vérité de notre affertion.
Copie du mémoireprèfentè , le 12 août 1781 , à M. le
marquis de Ray, maréchal des camps & armées
du roi, infpèkeur général, &c.
La plupart des foldats. qui font envoyés à ^hôpital'feroient
traités par les chirurgiens - majors des
régiments avec plus .de fu r e té d e . promptitude ,
i d’avantage , ôf d’économie.
Les maladies & indifpofitions qui pourroient
leur être laiffées font les galles & dartres fimples ,
les maladies, vénériennes, fimples; les plaies, déchirures
, excoriations-, contufions , & brûlures
fimples; les luxations , les entorfes, &- foulures
fimples ; les ophtalmies a fclérophtalmies, hemeralopies,
& nyéfalopies fimples & peu rebelles ;
les tumeurs chaudes, comme le phegmon , le clou ,
l’éréfipéle , &c. ; & les tumeurs froides, comme
les enkiftées, les oedèmes fimples , légers, & peu
tenaces ; les abfcès chauds, tels que ceux qui relui-
tent d’une inflammation quelconque, & les froids,
tels que les ftéatomes, athéromes , & méliceris
fimples & légers ; les ulcères fimples & peu rebelles
; les fièvres éphémères celles d'intranfpif
ration ; les fluxions ; les douleurs d’intranfpiration ;
celles de rhumatifme ; les coliques , hémoroïdes ,
& jauniffes fimples, légères, & peu tenaces ; les
affeélîons de la gorge, celles des gencives, & les
différents rhumes fimples & peu rebelles ; enfin,
toutes les maladies &. indifpofitions fimples , légères,
peu tenaces , & qui n’exigent point de
régime.
Les maladies & indifpofitions ci-deffus défignées
pourroient être traitées par les chirurgiens-majors
avec plus de fureté que dans les hôpitaux , parce
que le malade qu’on' envoie à l’hôpital peut, a
raifon de la falle dans laquelle il fera placé , du
nombre qu’elle contiendra, de l’efpèce de maladie
qui y régnera , & du voifinage de certains malades ,
contraéfer telles ou telles maladies ; qui, fi elles ne
mettoient fias jours en danger , prolongeraient au
moins fou féjour à l’hôpital ; inconvénient qui
n’auroit pas lieu dans le quartier ; parce que la
connoiffance du tempérament des foldats & de
leurs habitudes , impoffible aux médecins des
hôpitaux , ne pourroit échapper aux chirurgiens-
majors, à raifon des fréquentes conventions qu’ils
ont ordinairement, & qu’ils auroient avec les bas-
officiers & foldats des compagnies ; delà réfui“
teroit pour les foldats un très grand avantage.
Elles feroient guéries plus promptement ; parce
que, connoiffant mieux les difpoûtion* phyfiques
& morales des foldats, ils en régler oient mieux
le traitement ; que , n’ayant rien plus à coeur que
leur parfait rétabliffement, ils n’épargneroient rien
pour y parvenir ; que , le foldat étant nourri de
fon ordinaire & occupé des chpfes que fon indif»
pofition lui permettroit de faire , il n’ofercàt s ex**
pofer à contrefaire le malade; retenu par les réprimandés
de fes chefs & les plaifanteries de- fes
camarades , il n’oferoit rifquer cette rufe que
plufieurs employent impunément dans les hôpitaux®
On y trouveroit ces avantages : le foldat .malade
, faifant .fon fervice, dès qu’il n’en feroit plus
empêché par fon indifpofition , foulageroit plus
immédiatement fes camarades. La crainte; que la
plupart ont de l’hôpital, ne lesengageroit'plus à
cacher des indifpofitions qu’ils ne déclarent que
lorfqü’elles ont fait des progrès plus ou moins fâcheux
, & on éviteroit par cette précaution les
aâes d’autorité , pour ne pas dire de rigueur , que
l’on emploie fouvent pour les y faire aller. L’utilité
réciproque dont ils feroient lés uns envers les
autres les rendroit plus amis , & les attacherait
davantage à leurs chefs & à leur métier*
On y trouveroit plus d’économie. Les maladies
& indifpofitions qui viennent d’être défignées af-
jfe&ent au moins les deux tiers des hommes envoyés
à l’hôpital; il y auroit pour ces deux tiers, une
moindre dépenfe. S i, par exemple, au lieu de 60 ou
72 hommes que chaque régiment a journellement à
l’hôpital, il n’y en avoit que 20 ou 24 ; les 40 oii
44 autres , étant traités au quartier, formeroient
une économie journalière de 24 ou 2 6. liv. 8 fols -,
fur quoi il faudroit ^diminuer la fomme de 2 liv.
14 fols 2 deniers , qui formeroit par an celle de
1000 l iv ., pour fubvenir aux frais du traitement
au quartier des 40 ou 44 malades. Ainfi l’économie
journalière feroit de 21 liv. 5 fols 10 den.
ou 23 liv. 13 f. 10 den. ; fomme qui formeroit annuellement
par régiment une économie réelle de
8760 ou 9636 liv.’, & fur la totalité, de l’infanterie
environ 928560 ou' 1-0z 1426 liv. L’exécution
de ce projet demanderoit, deux falles vis-à-vis
l’une de l ’autre, chacune de 18 lits. La fourniture
des draps y feroit double , & on les changeroit
aufli fouvent que le chirurgien-major le jugefoit à
propos. Oh auroit dans chaque falle un poêle ,
êc les uftenfilesindifpenfables, 11 faudroit fix cordes
déchois par an, tant pour chauffer les malades que
pour la préparation de leurs remèdes ; fix capottes
de drap pour fervir de robe-de-chambre aux malades
; une fentinelle & un bas-officier de planton
pour maintenir le bon ordre. Toutes ces fournitures
feroient faites par le ro i, & le régiment en
feroit comptable. Un autre article effentiel pour
l'exécution de cè projet feroit de donner au chirurgien
major l’autorité convenable.
Ce projet feroit impraticable en temps de guerre,
& lorfque le régiment feroit divifé ou en. route ;
parce qu’il faudroit au chirurgien-major beaucoup,
d’ordre & de foin dans l’adminiftration des remèdes
qu’exigeroient les maladies & indifpofitions, pour
n’y être pas léfés.
« Les chirurgiens-majors font tenus de faire en
garnifon de fréquentes vifites dans les chambrées ,
aux heures indiquées par les commandants des
régiments ».,
Il conviendroit qu’on les confiiltât fur ce point „
afin que leurs autres devoirs puffent ne pas en
souffrir : & , comme un des objets de ces vifites
eff de ne laiffer à la chambrée aucun malade , &
de découvrir les hommes qui peuvent être effeâés
dê maladies contagieufes , il faudroit qu’aucun bas-
officier &. foldat ne pût fe fouffraire à cette vifite.
<c Ils doivent en même temps porter leur attention
fur la falubrité des cafernes , fur le régime
des foldats, fur la nature des eaux qu’ils boivent,
enfin fur touts les objets de fanté. Les bas-officiers
qui accompagnent les chirurgiens-majors pendant
leurs vifites font tenus de faire exécuter ce qu’ils
ordonnent ».
Il faudroit que les commandants des régiments
«mployaffent touts leurs feins pour obtenir ce qui
pourroit contribuer à la bonne fanté des foldats ,
dès que les chirurgiens-majors en repréfenteroient
la néceffité, : & , fi l’objet avoit des difficultés , il
feroit néceffâire que la cour en fut inftruite, afin
qu’elle s’occupât des moyens de faire exécuter le
plan propofé.
« Il eft ordonné aux chirurgiens-majors de traiter
à la chambrée les indifpofitions & bleffures légères
». (Nous, avons dit les raifons qui rendent
prefque impraticable cet article de l’ordonnance. ).
Il leur eft preferit « d’envoyer à l’hôpital les hommes
attaqués de maux plus graves ». - ■
Le refus du foldat, prefque toujours autorifé par
l’officier particulier, & quelquefois par le commandant
du régiment, eft un des obftacles contre lequel
les repréfentations des chirurgiens-majors échouent
prefque toujours, & qui fouvent même leur caufent
des défagréments. On éviteroit ces inconvénients ,
& les abus qui en réfultent relativement à l’ordre
& au bien du fervice , en donnant à la décifion des
chirurgiens-majors force de loi fur ce point.
« lls; font tenus de fe rendre à l’hôpital de leur
garnifon , le plus fouvfent poffible , afin d’offrir aux
officiers de fanté de l’hôpital avec lefquels ils
doivent vivre d’intelligence , les obfervations qui
peuvent être avantageufes aux foldats de leurs ré-
gimentsj». Les occupations multipliées & imprévues
des chirurgiens - majors, & la grande diftance
qui fépare fouvent leur logement de l’hôpital font
autant de raifons qui peuvent rendre leurs vifites
moins fréquentes. Il nous paroîtroit plus convenable
d’engager les officiers de fanté des hôpitaux
d’appeller en confultatibn ceux des régiments toutes
les fois que leurs avis pourroient leur être utiles ,
& fur-tout lorfqu’il y auroit une opération importante
à faire. Il conviendroit qu’il en fût de
même pour les cas de médecine difficiles à réfoudre,
parce que ladifeuffion des opinions répand toujours
quelque lumière qui ne peut manquer de contribuer
à T avantage des malades»
Cette forme feroit plus propre à entretenir l’in-
j telligence defirée , & feroit que les obfervations
j des officiers de fanté des corps feroient plus accueillies
; elle auroit de,plus l’avantage de ne point
interrompre ni contrarier le fervice»
. •“ Les. chirurgiens-majors doivent Te réunir aux
j «fficiers de fanté des hôpitaux, lors de la faifoa
des eaux , pour défigner les hommes qui peuvent J en avoir befoin ». Il faudrait que les commiffaires
des guerres fiffent prévenir quelques jours d’avance »
du lieu, du jour , & de l’heure du rendez-vous, afin
! que les chirurgiens-majors puffent avoir le temps de
j prendre connoiffance des infirmités de ceux qu’ils.
; font dans le cas de préfenter pour cet objet. Les
j officiers de fanté de l’hôpital devant connoître les
, infirmités des hommes malades dans leurs falles y
! c’eft- à eux à. préfenter ceux qu’ils jugent avoir
befoin des eaux.
“ Ils doivent 'àuffi agir de concert
; s’agira de faire réformer les hommes deveass ciér