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rurgïens-majors., eft un habit gris de fer, doublure
affortie , parements 8c collet de velours noir , rabattu
, poches en long, boutonnières de fil d’o r ,
culotte 8c vefte écarlate*
Les chirurgiens-majors font tenus de porter toujours
cet uniforme. Mais , hors des fonctions de
leur état, ne pourroient-ils pas en être difpenfés ,
afin de favoriler la confiance du public en des _
circonftances particulières. Cet uniforme ayant
beaucoup de reffemblance avec la livrée de plu-
fieurs officiers , il feroit néceflfaire, pour éviter les
méprifes 8c les plail'anteries, qu’on le rendît plus
militaire, en y ajoutant les revers ; & à l’exemple
de celui des chirurgiens-majors de la marine royale,
un galon de huit lignes avec ou fans boutonnières.
Toutes les fois que les chirurgiens-majors paroîtroient
en leur uniforme , ils jouiroient des honneurs ,
droits,, autorités, & prérogatives attachés à leurs
charges , ou au titre qu’on y joindroit.
§• I X .
Des obligations & devoirs des chirurgiens-majors
envers leurs chefs 6* envers leurs corps»
Les obligations particulières des chirurgiens-
majors envers leurs chefs , peuvent fe réduire, aux
articles fuivants.
Ils doivent.les inftruire de tout ce qui a rapport au
fervice de farite , tant à railbn des abus qui peuvent
s’y introduire, que pour leur indiquer les moyens
de les prévenir oiLde_les réformer.
Us doivent les informer de l’état des officiers,
malades, & du genre de leurs maladies ou dè leurs
bleflures, excepté des maux dont la caufe eft
honteule,8c des bleflures qui feroient la fuite d’un
combat fingulier. Les officiers exigent ordinairement
de leurs chirurgiens-majors de la' difcrétion
concernant toutes leurs maladies : ainfi les chefs
ne peuvent en être inftruits. Cependant ceux-ci prétendent,
avec allez de railbn, que rien ne doit leur
être caché. Ces cir.conftances embarraflantes pour
les chirurgiens-majors n’auroient pas lieu,s’il leur étoit
prefcrit par une ordonnance d’en inftruire le commandant
de leur régiment, ou s’ils pou voient toujours
leur en faire confidence, non comme à un
chef, mais comme à un particulier auquel il convient
pour le bien du fervice & pour celui de l’officier
même,. de lui tout confier : mais il faudroit
que les commandants ne fiflent ufage de ces
confidences qu’avec la plus grande circonfpec-
tion, crainte de nuire à la confiance des officiers ÔC
foldats.
Les fondions des chirurgiens - majors font très
importantes, puifqu’elles ont pour objet la confer-
Vation des hommes les plus illuftres & les plus
utiles de l’état. Ces fonctions leur impofent
des devoirs fouvent difficiles, foit à raifon de leur
multiplicité, foit à raifon des divers ufages
établis dans les corps , ou introduits par les
chirurgiens-majorst Cet inconvénient, qui fera touc
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jours pour eux une fourçe de | défagréments J
exiftera tant que la cour ne déterminera pas leur»
fonctions d’une manière invariable Ôc générale pour
touts les corps. • *
Ces devoirs n’étant ni prévus, ni indiques par
l’ordonnance, fe réduifent à ceux que les chirurgiens
majors peuvent s’impofer dans les diverles
circonftances dont nous ferons mention ci-apres :
ils fe rapportent aux officiers, bas-officiers, foldats
qu’ils doivent foigner, 8c à leurs aides qu’ils doivent
inftruire.
§. X.
Des connoijfances relatives à la difpojîtion phyjîque
& morale des officiers ; des devoirs des chirurgiens-
majors envers les officiers malades, & de la manière
de les remplir.
v Chaque régiment peut être regardé comme une
famille nombreufe dont les divers individus font
plus ou moins connus de leurs chirurgiens-majors :
ceux-ci faifant partie de la famille, vivent en fociete
avec touts les officiers. D e - là réfulte pour eux
l’avantage d’étudier leurs difpofitions phyfiques 8c
morales, de reconnoître leurs bonnes 6c mauvaifes
habitudes ; d’obferver leur manière de vivre, leurs
goûts particuliers pour tels ou tels aliments ,
le genre de leurs occupations ; de diftinguer
celles qu’ils préfèrent , de découvrir 1 efpèce
ôc le degré de leurs paffions , 6c de parvenir
à une connoiffance complette de tout leur tempérament.
La confiance que les officiers ont ordinairement
dans leurs chirurgiens-majors, met ceux-
ci non-feulement dans le cas de découvrir les maladies
particulières qu’ils ont eues, la maniéré dont
on les a traitées, celles qui leur font propres, pour
ainfidire, les moyens de guérifon qui leur ont lo
mieux réuffi , ceux qui auroient paru leur convenir ,
& dont ils ont éprouvé cependant un mauvais
effet ; mais encore d’apprécier les changements que
l’âge , les fatigues, 6c les excès ont pu apporter dans
le tempérament de chaque fujet.
Les chirurgiens-majors étant pourvus de ces con-
noiffances , très effentielles par les conféquences
pratiques qui doivent en réfulter, traiteroient les
officiers malades avec plus d’affurance, 6c des fucces
qu’ils obtiendroient difficilement fans elles. Les nouveaux
chirurgiens-majors auroient cet avantage, fi
les anciens ne fe retiroient qu’après les avoir inf-
tallés 6c leur avoir donné des renseignements fur ces
différents objets.
Le luccès que les chirurgiens-majors peuvent
obtenir dans leur pratique , dépendent donc principalement
de la connoiflance plus ou moins exaèfe
qu'ils peuvent avoir des officiers de leur corps,
confidérés dans l’état de fanté, 6c dans celui de
maladie. Les foins qu’ils en ont dans ce dernier
état affurent la réuffite de leurs traitements ; fur-
tout lorfque ces foins font diètes par le defir de
*éunir leurs obligations de médecin à celles de
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l’amitié : c’eft avec te fentiment que les chirurgiens—
majors doivent remplir leurs fonctions. Us
doivent vifiter les officiers malades aflidument,
fréquemment, 6c attentivement; pendant leurs vi-
fites, obferver envers eux une conduite honnête,
décente, 6c intéreflante y obliger leurs aides à
l ’imiter, 8c exécuter ponctuellement les ordres
qu’ils auront reçus ; être complailants fans foi-
blefle , confolants fans trop de lécurité , prudents
fans timidité ; écouter attentivement leurs repré-
fentations ; montrer un grand intérêt pour leur
fituation ; les plaindre , les confoler , les encourager
en leur préfentant une perfpeètive agréable ;
leur procurer, autant qu’il eft poflible, les fecours
qui peuvent rendre leur état préfent ou prochain
moins fâcheux ; enfin leur donner continuellement
des marques fincères 6c non équivoques d’attachement
6c d’amitié.
Ainfi, pour remplir avec avantage les devoirs
de chirurgien-major, il ne fuffit pas d’en avoir les
talents , il faut y joindre les connoiiTances de
l ’homme militaire, 6c les qualités de l’ame 6c du
coeur. Alors les officiers trouvant dans leurs chirurgiens
majors touts ces avantages, leur rendront la
juftice qui leur eft due, leur accorderont toute leur
confiance, 6c un parfait retour de fentiments
d’amitié.
§ . X L
Devoirs des chirurgiens-majors envers les bas-
officiers & foldats.
v IV, UU111V.I i|U UUA. JCU) U1S UC pi CUllCl C 11Ccefiité,
font multipliés 6c variés fuivant les ufages
établis par les chirurgiens-majors, ou par les régiments.
Us fe rapportent aux trois circonftances
fuivantes ; fçavoir , celle de garnifon , celle de
route, 6c celle de guerre.
Les chirurgiens-majors font aflîijettis par l’ordonnance,
lorfqu’ils font en garnifon , « à figner les
billets d’hôpital, 6c à détailler la maladie, 6c les
rernedes employés à la chambre, ». Excepté les
maladies du reflort de la chiru rgie6c les fièvres
daccès, il feroit difficile de déterminer la nature
de la maladie des foldats qu’ils envoient à l'hôpital.
Souvent ils leur font préfentés pour la première
fois ; de forte qu’ils ne peuvent fe fervir que des
termes génériques de fiévreux, blefles, vénériens,
galleux, ôcc. 6c ce renfeignement fuffit pour les
placer à 1 hôpital dans les falles affeèlées à ces
maladies. Quant au détail des premiers moyens
curatifs employés à la chambre, il n’a communément
rien d’embaraflant, parce qu’il eft d’u fage.
fur-tout dans l’infanterie, d’envoyer à l’hôpital les
hommes malades, tant à raifon de la difficulté que
Ion trouve a former des établiflements convenables
aux malades, 8c qui n’incommodent ni h
chambrée, ni le camarade de lit. Pour que l’article
de 1 ordonnance, « qui porte que les indifpofitionj
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8c bleflures légères feront traitées à la chambre » J
pût être exécuté, il faudroit que la cour affignât des
fonds pour fubvenir aux frais de ces traitements.
Mais, quoiqu’il n’y en ait aucun, la plupart des
bas-officiers 6c beaucoup de foldats font fecourus
par les chirurgiens-majors, fans autre rétribution que
le plaifir de les obliger, d’être agréable au corps,
d’économifer au roi des journées d’hôpital, 6c fou-
vent même de conferver à l’état des hommes
utiles.
Les chirurgiens-majors doivent vifiter les recrues
qui arrivent au régiment, « pour examiner s’ils
font propres au fervice du.roi, ou s’ils y font inhabiles
, 6c remettre aux bas-officiers qui les accompagnent
, un billet fur lequel, dans le dernier cas ,
font détaillées les infirmités de ceux qu’ils jugent
incapables du fervice, & , dans le cas contraire , un
certificat. » Les infirmités qui doivent empêcher de
recevoir un foldat de recrue, font d’après l’ordonnance,
pag. 144, les hernies, la pulmonie, les
fcrophules, 6c autres défeèluofités. On auroit pu
y comprendre explicitement les anciens ulcères aux
jambes , foit ouverts, foit cicatrifés, parce que la
marche les entretient, ou les fait rouvrir ; de forte
que ceux qui ont cette maladie font le plus fou-
vent lur les chariots , à l’hôpital, ou à la chambre ,
& ne tont aucun fervice. Ajoutons ceux qui ont
de trèsgrofles 6c nombreules varices;outre qu’eljes
font incurables , elles gonflent les jambes, rendent
la marche pénible, expoient à desulcères difficiles
à guérir 6c lujets à récidive : ceux qui ont les
pieds plats , parce qu’ils ne peuvent fupporter la
fatigue : ceux qui, fans avoir de maladie incurable ,
font affeélés de maladies chroniques, dont le traitement
paroît devoir être long 6c difpendieux ;
telles font les maladies dartreules invétérées, les
glanduleufes , 6cc. 6c les-vices de conformation
naturels ou accidentels, 6c autres maux qui rendent
inhabiles au fervice militaire. Sans toutes
ces attentions, les troupes françoifes feront toujours
compofées d’environ un vingtième de non
valeur, qui remplira les hôpitaux, lurchargera en
route les voitures d’équipages, fera onéreux, inutile
, ôc embarraffant. Pour éviter un auffi. grand
mal, il faudroit que la cour s’en rapportât aux
lumières 6c à l’honnêteté des chirurgiens-majors ,
ôc leurs décifions à cet égard devrôient, en faifant
lo i, déterminer celles des commandants. Un
autre avantage de cette vifite, eft de reconnoître
lès indifpofitions ôc maladies que les recrues
peuvent avoir , 6c prévenir la communication des
maladies contagieufes, telles que la galle, les maux
vénériens, les dartres crouteufes 6c luintantes.
« Les chirurgiens - majors doivent vifiter les
hommes qui s’abfentent par congé,permiflion, ou
femeftre, afin de priver de cet avantage ceux qui
feroient atteints du mal vénérien. ». Les bas-officiers
ne devrôient pas être exempts de cette formalité
; cette vifite, plus défagréable que pénible ,
préyiendroit la propagation d’une maladie d’autant
O o. o o ij