
'Utrinque à jugo ternos direxerant gladios ; & inter
radios rotarum plura fpicula eminebant in adverfum.
Alice, deindè falces fummis rotarum orbibus hxrebant,
6* alla, in terram demiffee, quidquid obvium concitatis-
equis fuijfet imputaturce.
Diodore de Sicile parle auffi de ces chars armés
&. Tite-Live en donne une defcription. « La plupart
de ces chars, dit-il, étoient armés de la forte :
ils avoient autour du timon des pointes qui s’éten-
doient à dix coudées du joug en manière de cornes,
pour percer .tout ce quelles rencontroient. A chaque
extrémité du joug il y avoit deux faulx ; l’une dans
la même dire&ion que ce joug ; l’autre inférieure,
& tournée vers la terre : de forte que celle-là frap-
poit tout ce qu’elle rencontroit fur les côtés ; &.
que celle-ci atteignoit ceux qui tomboient ou cher-
choient à s’écouler par deffous. Enfin, à chaque
eflieu, il y avoit encore deux faulx fituées de la
même manière. Armât» autem in hune maxime mo-
dum erant : cufpides -circa temonem ab jugo decerti
cubita extantes, velut cornua , habebant ,• quibus
quidquid obvium daretur transfigerent : & in extre-
mis jugis bina circa eminebant falces : altera-eequata
jugo , altéra inferior in terram devexa ; ita ut, quidquid
ab latere objiceretur, ilia abfcinderet, heee ,
ut prolapfos fubeuntefque contingeret. Item ab axibus ,
rotarum utrinque bina eodem modo diverfee deliga-
banturfalces. ( i . XXXV II. C. 4 1 .) .
L’écriture fainte parle dé chars armés de faulx ;
mais n’en donne aucune defcription. ( On y lit
feulement que Jabin, roi de Chanaan , avoit neuf
cents chars armés de faulx , & opprima les fils
d’Ifrael pendant vingt années. ( Jud. C. 4* §• 3* f
ï<j„ ). Ninus en avoit dans fon armée , lorfqu’il
conquit la Baâriane. ( Diador. L. II. p. 66. G. ).
Stace en parle au temps d’Ogigès, fondateur
de Thèbes, dix-fept cent quarante-huit ans avant
JefuS’-Chrift : mais on peut réeufer ici le témoignage
d’un poète qui vivoit cent ans après l’ère
chrétienne. (L ).
Dans les commencements ces machines effrayèrent
beaucoup ceux contre qui elles furent employées ;
mais elles ne tardèrent pas à être méprifées.
( Aîrien , dans le récit de la bataille d’Arbelles,
raconte comment les Macédoniens rendirent cette
.arme inutile. Les barbares, dit-il, dirigèrent leurs
chars armés de faulx contre Alexandre , afin de
mettre le défordre dans la phalange ; mais leur
efpérance fut déçue. Dès qu’ils furent à portée,
les Agriens lancèrent leurs traits fur eux, enfuite
les jaculateurs commandés parBalacrus, & placés
devant la cavalerie des amis, faififfant les rênes
des chevaux, les entourèrent, les tuèrent, Sc renversèrent
leurs condu&eurs. Quelques-uns cependant
pafsèrent au-delà de la phalange. Les foldats
s’étant ouverts aux divifions fur lefquelles les
chars arrivoient, ceux-ci pafsèrent au-delà fans
faire aucun mal & fans ei? recevoir : ils furent
pris par ceux qui prenoient foin des chevaux Sc
par les fcupafpiftçs rQyaux. ( L , 1II, je. 189. 8°. )»
Qulnte-Curce rapporte le même fait d’unè manière
obfçure, en homme qui n’étoit pas militaire. )•
Il ajoute qu’Alexandre donna ordre à fes troupes
de s’ouvrir fi l’ennemi fondoit fur elles avec fes
chars, en jettant de grands cris ; Sc q ue , fi au
contraire il venoit en iilence, ils en jettaffent eux-
mêmes d’effroyables, afin d’épouvanter les chevaux
, & les accablaffent de traits.
Mais le moyen que Frontin nous dit avoir été
employé par Sylla dans un combat contre Ar-
chélaus , paroît un des meilleurs dont on ait pu
faire ufage. ( Archélaus avoit mis en première ligne
des chariots armés de faulx , afin de percer la
ligne ennemie ; en fécondé ligne la phalange macédonienne
; en troifième , les troupes auxiliaires
armées à la romaine, en y mêlant des transfuges
italiens, dans l’agilité defquels il avoit mis une
grande confiance ; & en dernière ligné les armés
a la légère. Il'mit fur l’une Sc l’autre aile fa cavalerie
qui étoit nombreufe , Sc fe flatta qu’elle
gagneroit les flancs de l’armée ennemie. Sylla
couvrit fes deux ailes de foffés très larges, Sc en.
fortifia les têtes par des redoutes. Cette difpofi-
; tion le garantit du danger d’être tourné par un
ennemi qui avoit l’avantage du nombre , tant à,
, l’inlanterie qu’à la cavalerie. Enfuite il rangea fon
infanterie fur trois lignes , en y laiffant des intervalles
pour que les armés à la légère & la cavalerie
, qui formoient la dernière ligne , puffent y
palier quand il en feroit befoin. Alors il ordonna
aux troupes de la fécondé ligne d’enfoncer fortement
en terre un grand nombre de pieux très ferrés 9
Sc en dedans de ces rangs de pieux , il retira fa
première ligne devant les enfeignes, à l’approche
des chars. Aufïitôt il ordonna aux vélites Sc à toute
l’armure légère de lancer leurs traits, Sc de'-jetter,
un cri touts enfemble.. Cet ordre ayant été exécuté
, les quadriges des ennemis, ou embarraffés
dans les pieux , ou effrayés par les traits Sc le
cri général, retournèrent contre les leurs, & trou-!
blèrentl’ordonnance macédonienne. (Z.. IL C. 3. )•
Csefar reçut auffi , Sc arrêta dè la même maniéré
, avec des pieux plantés en terre, les quadriges
gaulois armés de faulx.
Dans la bataille que les Romains Sc Eumènes
livrèrent à Antiochus , ce prince avoit mis en.
fes chars la plus grande partie de fes efpérances,
11 les avoit placés devant fa cavalerie. Eumènes
qui fçavoit combien cette arme étoit foible Sc
incertaine , lorfqu’on. épouvantoit les chevaux ,
avant que le combat fût engagé , ordonna aux
archers de C rè te , aux frondeurs , aux cavaliers
armés de traits , de courir fur les chars non pas
enfemble , mais au contraire auffi difperfés qu’il
leur feroit poffible , & de lancer leurs traits de
toutes parts. Cette efpece de tempête , foit par
les bleffures, foit par la multitude des cris, épouvanta
tellement les chevaux qu’ils s’emportèrent Ica & là , fans tenir de route certaine. Les armés
4 la légère , les frondeurs Sc l’agile crétois les évitoienç
ëvîtoîent facilement; les cavaliers lespourfuivoient,
augmentaient l’effroi des chevaux, des chameaux ,
de leurs conduéleurs, Sc les cris des deux armées
accroiffoient le tumulte Sc la confufion. ( Liv. L .
X X X H L C. 4 1. ).
L ’auteur anonime de l’ouvrage fur la guerre ,
ajouté à. la notice de l’empire, parle d’une, autre
efpèce de chars armés de faulx , qu’il appelle
currodrepanus, &. dit avoir été inventé pour combattre
les Parthes. C ’était une efpèce d’avant-train
mené par deux chevaux , couverts d’armes défen-
fives , & montés chacun par un homme bien couvert
par les vêtements & fes.armes. Le char étoit
garni par derrière d’un rang de lames tranchantes
& pointues, afin que l’on ne pût pas y monter.
Les effieux étoient armés de faulx très aiguës, dont
les côtés avoient des anneaux où cm attachoit des
cordes avec lefquelles les cavaliers1 relevoient ou
abaiffoient les faulx à volonté. '
On voit dans Cæfar que les Bretons faifoient
à la guerre un grand ufage des chars. « Voici ,
dit-il, quelle eft cette manière de combattre. Premièrement
ils courent de toutes parts , en lançant
des traits ; de forte que les chevaux Sc le bruit
des roues r épandent fou vent la terreur ÔUe trouble
dans les troupes ennemies.
'Lorfqu’ils ont pénétré entre les turmes, ils fautent
à terre , & combattent à pied ; tandis que les
conduôeùrs s’éloignent un peu du combat / fe
placent de forte que,' fi les combattants font forcés
de céder au nombre, ids ayent-mne retraite facile
vers leurs chars : ils réunifient ainfi fa célérité du
cavalier à la fiabilité du fantaffin ; & s’accoutument
tellement à ce genre de combat, par l’ufage journalier
Sc l’exercice, qu’ils fçavent foutenir leurs
chevaux fur les terreins inclinés , les arrêter
promptement, les faire tourner , marcher fur le-
timon, fe tenir debout fur le joug , Sc revenir
très promptement dans leurs chars. ( Bell. Gall.
L. îv, c. 33. ).
Suella, un des principaux rois de Bretagne ,
ayant marché contre les Romains avec des chars,
ceux-ci furent d’abord effrayés par la nouveauté
de cette arme , Sc mis en défordre ; mais enfuite,
ouvrant leurs files aux chars , & frappant de leurs
traits, au pafiage, ceux qui les conduifoient , ils
rétablirent le combat. ( Diod. L. XL. p. 13 6. C. D. ).
Tacite n attribue l’ufage des chars qu’à quelques
P ép ie s bretons. Il ajoute que l’emploi de conducteur
etoit le plus honorable , &. que c’étoient
les clients qui rempliflpient l’office de combattants.
( /.• Agricpl. vita. ). Cette arme n’a jamais été en
. mage que chez des nations, ou barbares , ou peu
mitriutes dans l’art militaire. ( K. ).
CHASSEURS. Soldats deftinés à fervir comme
troupes légères, foït en compagnies attachées à des
régiments , foit réunis en corps.
3 11 , . ^ans Ie militaire françois deux efpeces
de chajfeurs ; les chaffeurs à pied , & les
eM eurs/ cl}fval. Nous parlerons d’abord des
Art militaire. Tome J,
chajfeurs à pied ; nous dirons quelle eft leur
formation & leur compofition ; nous ferons con-
noître leurs armes, leur habillement , le fervice
qu’ils font pendant la paix & pendant la guerre ;
nous remonterons à leur origine ; nous verrons ce
qu’ils ont été avant d’être conftitués comme ils le
font aujourd’hui ; enfin nous rechercherons ce-
qu’ils pourroient être.
' C h a s s e u r s a p i e d .
Formation & compofition.
Les chajfeurs à pied ont été créés par1 l’ordonnance
du 25 mars 1776 ; on en, forma une compagnie
dans chaque régiment d’infanterie. Les régiments
fuifles furent feuis exceptés de cette loi
générale ; le régiment du roi , étant compofé de
quatre bataillons , eut deux compagnies de
chajfeurs.
Pour former la compagnie des chajfeurs , on
choifit dans chaque régiment, les fergents , les
caporaux, les foldats, & les tambours les plus
agiles ,• les plus vigoureux , & les plus propres
au genre de fervice auquel on les deftinoit : dans
ce choix on n’eut aucun égard à la taille : les
officiers des compagnies de chajfeurs durent être
choifis avec le même foin que les foldats.
La compagnie des chajfeurs eut pour chefs un
capitaine commandant, un capitaine en fécond,
un premier lieutenant, un lieutenant en fécond ,
& deux fous - lieutenants ; pour bas-officiers un
fergent-major, un fourrier-écrivain , cinq fergents ,
& dix caporaux. Elle fut compofée de cent quarante-
quatre chajfeurs , de deux tambours, & d’unérater :
elle eut de plus un cadet gentilhomme qui depuis
a ete reforme. Telle de voit être la compofition
de la compagnie des chajfeurs pendant la guerre ;
pendant la paix, cette compagnie ne devoit être
que de cent feize hommes.
( L’ordonnance provifoire du 25 juillet 1784 a
fait quelques changements à ces difpofitions. Le
pied de guerre & de paix fera le même. La compagnie
aura les mêmes officiers : il n’y a de changé
à cet égard que le nom de premier lieutenant en
celui de lieutenant en premier. Les bas-officiers
feront un fergent-major, un fourrier , quatre fèr-
gents , & huit appointés : les chajfeurs feront au
nombre de foixante-douzè , & il y aura deux
tambours.
Les caporaux, appointés , Si chajfeurs de chaque
compagnie formeront huit efcôuades , dont chacune
fera compofée d’un caporal, d’un appointé
Sc de neuf chajjeurs.
Ces huit efcôuades compoferont quatre fubdi-
vifions qui feront chacune d’un fergent & de deux
efcôuades.
Les quatre fubdivifionsformeront deux divifions,
compoféés chacune de deux fubdivifions , Sc com-
mandées la première par le lieutenant en premier
1 Sc le premier, fous «lieutenant ; la fécondé par
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