
phyfiques de cent quatre-vingts hommes. Si l’éducation
que le capitaine a reçue, & l'expérience
qu’il a acquife le mettent dans le cas de donner
une impulfion générale à fa compagnie ; ces bas-
officiers font-ils en état de la continuer ou de la
renouveller ?
En groffiffant les compagnies , on a fuivi dans
la multiplication des bas-omciers, une progreffion
jufte en apparence , mais qui ne l’eft pas dans
la réalité. On a d it, fi un fergent conduit bien
vingt-cinq hommes , fix fergents en conduiront
cent-cinquante ; un homme porte un bloc de marbre
qui pèfe deux cents livres , & dix hommes n’en
porteront point un qui en pefera deux mille , ils
fe gêneront mutuellement, ils ne fçauront où fe
placer pour appliquer fruâueufement leurs forces,
c ’eft ce qu’on obîerve touts les jours dans la mé-
chanique ; mais fuppofons encore que la compa-
raifon dont nous venons de nous fervir foit vi-
cieufe 8c que fix fergents puiffent auffi bien guider
cent cinquante hommes que quatre fergents en
conduiront quatre-vingt feize , en fera-t-il de même
du fergent-major, cette roue première parmi les
roues fecondaires, celle qui communique à toute
la compagnie qu’ori peut confiderer comme une
machine , une impulfion prefque toujours plus
forte que celle qu’elle a reçue du premier agent
du capitaine ? En fera-t-il de même du fourrier-
écrivain l Ce bas-officier aura-t-il le temps de fe
trouver à toutes les diftributions ; de faire touts
les décomptes ; d’irrfcrire fur l’article particulier
de chaque foldat, le col qu’il lui" aura fourni, la
cocarde qu’il lui aura livrée ; aura-t-il le temps
de veiller à la bonne fabrication de touts ces effets ;
je fens- bien que les-fergents dans leurs feélions ,
& les caporaux dans leurs efcouades doivent faire
eux-mêmes une partie de ces vérifications. Mais le
fourrier-écrivain , que l’on doit confidérer comme
une première roue fecondaire dans tout ce qui n’eft
pas inftruéfion 8c difcipline, n’en doit pas moins
avoir le temps de vérifier en général 8c pour
toute la compagnie chacun des divers objets que
nous avons nommés. En faifant les compagnies très
fortes , on a v oulu, dit-on , augmenter la considération
des capitaines-commandants ; il -y avoit,
ce me femble, des moyens plus sûrs 8c fujets à
moins d’abus ; nous nous en occuperons dans
l’article régiment_
L’auteur de l’ouvrage intitulé : de Vefprït militaire
, nous fournit une nouvelle raifon contre
les compagnies trop nombreufes. « Remarquez auffi,
dit-il, que le raffemblement de la compagnie devient
fort lent, 6c j’obferverai à ce fujet que dans
les r affemble mentsj oùrnaliers on ne paroît pas affez.
fentir l’importance de mettre promptement une
troupe fous les armes. Quand l’habitude de cette
lenteur eft contractée pendant la paix , il' eft difficile
qu’il n’en refie des traces à la guerre ; ou
«pfalors. un raffemblement brufque fe faffç fans
tumulte 6c fans confufion. ?;»
Une dernière 6c puiffante raifon pour ne pas
porter trop loin la force des compagnies , peut être
tirée du caraâère 6c de l’efprit du foldat François ;
c’eft que la crainte des punitions ne l’arrête prefque
jamais, il réfléchit peu , il a befoin d’être averti
pour bien voir ; il faut qu’on lui montre fans ceffe
le précipice , qu’on l’arrête même quand il eft
proche du bord: un capitaine, un fergent-maj or ,
un fourrier-écrivain, 6cc. qui ont cent-quatre-vingt
hommes à furveiller , peuvent-ils leur donner ces
foins affidus , non, ils font obligés de fe borner
à punir quand les fautes font faites, 6c les punitions
, loin de corriger, font fouvent l’effet op-
pofé , puifqu’elles flétriffent l’ame 6c fouvent l’avi-
liffent.
Après avoir motivé là compofition , la divifion
6c la force des compagnies de l’infanterie françoife ,.
il nous refte à dire en peu de mots pourquoi nous
les avons formées en bataille, ainfi que nous l’avons
dit plus haut.
Nous plaçons toujours le caporal à la tête de
fon efcouade , parce qu’il faut que chaque officier
6c chaque bas-officier foit toujours à portée de
la troupe dont il répond perfonnellement ; parce
qu’on obéit avec plus de foumiffion à une voix
connue qu’à une Voix qu’on entend pour la première
fois ; nous plaçons beaucoup d’anciens fol-
dats 6c beaucoup de bas-officiers dans le premier
rang 6c fur les flancs de notre compagnie , parce
qu’ils entraînent par leur exemple les hommes dont
ils font les chefs de file ; 6c parcé qu’ils font à-
portée de prévenir les défordres qui Commencent
toujours par les flancs des troupes. Nous laiffons
enfin beaucoup de bas-officiers 6c d’officiers en ferre-
file pour prévenir les premiers effets que produit
quelquefois même fur l’homme le plus brave la
crainte 'd’une deftru&ion prochaine..
Si nous avons erré dans la folution du- problème
que nous venons de réfoudre, nous efpérons au?
moins que les motifs fur lefqüels nous avons ap-
puié notre opinion pourront un jour conduire â.
la -décoùvéîte de là vérité;
Quant aux dépenfes qu’occafionneroient des
compagnies telles que nous venons de les former
nous renvoyons au mot payé où nous ferons voir
qu’un régiment cempofé d’après nos- principes ne-
couteroit pas- davantage qu’un régiment fur le pied
aéiuel..
§• V.
Force, composition- & divifion des compagnies"
• cavalerie*.
Les • compagnies de cavalerie au fervice de la
France forment un efcadron 6c font indifféremment
nommées efcadron ou compagnie
On diftingue dans la compofition de la cavalerie-
comme- dans- celle de l’infanterie un pied, de paix.
6c utï pied- de gpefre..
L e nombre des officiers. 6c dès bas-officiers de
tout grade eft le même pendant la paix que pendant
la guerre.
Chaque compagnie eft commandée pendant la
guerre par fix officiers ; un capitaine commandant,
un capitaine en fécond , un lieutenant en premier,
un lieutenant en fécond , 8c deux fous-lieutenans ;
outre les fix officiers que nous venons de nommer,
chaque compagnie de cavalerie a encore un capitaine
6c un fous-lieutenant de remplacement.
Chaque compagnie eft conduite par un tnaréchal-
de-logis-en chef, par un fourrier , par quatre maré-
chaux-des-logi's, 6c huit brigadiers.
Elle eft compofée de huit appointés , de cent
quarante-quatre cavaliers, dont douze à pied 6c
de trois trompettes.
Les compagnies de cavalerie font commandées
6c conduites pendant la paix. par le même nombre
d’officiers 6c de bas-officiers , que pendant la
guerre ; mais elles ne font compofées alors que de
huit appointés , de quatre-vingt cavaliers , dont
huit à pied , 6c de deux trompettes.
Parmi les cavaliers il y en a un maréchal ferrant.
La compagnie eft partagée en deux divifions ;
chaque divifion eft partagée en deux lubdivifions ,
6c chaque fubdivifion en deux brigades ; la brigade
eft donc compofée fur le pied de paix d’un brigadier,
d’un appointé 6c de dix cavaliers ; 6c furie
pied de guerre, d’un brigadier, d’un appointé 6c
de dix-hyit cavaliers.
La première compagnie du régiment du colonel
général, qui porte le nom* de compagnie colonelle,
a de plus que les autres un fous-lieutenant 6c un
cornette blanc qui ont le rang de capitaine du jour
où ils font pourvus de ces charges.
La compagnie du meftre-de-camp général 6c
celle du commiffaire général qui portent le nom
de compagnie meftre-de-camp ont auffi chacune un
premier fous - lieutenant qui a les mêmes-prérogatives
que celui de la compagnie du colonel général.
§ . V I .
Force , compofition & divifion des compagnies de
dragons.
Les compagniesde dragons ont la même force,
la même compofition 6c la même divifion que les
compagnies de cavalerie. Voyeç le paragraphe V.
La première compagnie du régiment du colonel
général appellée compagnie générale , a de plus que
les autres un premier fous- lieutenant 6c un cornette
blanc ; ces deux officiers ont le rang de
capitaine du jour où ils font pourvus de ces
charges.
La première compagnie du régiment du meftre-
de-camp général qui porte le nom de compagnie
de meftre-de-camp , a un premier fous-lieutenant,
avec rang de capitaine.
Pendant la paix les compagnies de dragons ont
de plus que les compagnies de cavalerie un tam- !
bour , 6c pendant la guerre les deux premières
compagnies de chaque régiment ont deux tambours
chacune.
§. V I I .
Force , compofition & divifion des compagnies de
huffards.
Les compagnies de huffards font compofées,
divifées 6c formées comme les compagnies de cavalerie.
Voyelle paragraphe V .
La première compagnie du régiment du colonel
général qui porte le nom de compagnie générale a un
premier fous - lieutenant , 6c un cornette blanc ;
ces deux officiers ont le rang de capitaine du
jour où ils font pourvus de leurs emplois.
§• V I I I .
De la force, de la compofition & de la divifion des
chajfeurs à pied & à cheval.
Les régiments de chaffeurs font compofés de
compagnies de chaffeurs à cheval 8c de compagnies
de chaffeurs à pied.
Comme les régiments de chaffeurs à cheval
n’étoient pas créés à l’inftant où l’article chajfeur a
été mis à l’impreffion, nous n’avons pu alors parler
de leur compofition , nous fommes donc obligés
de la renvoyer au mot troupes légères.
Les compagnies de chaflèurs à cheval font commandées
pendant la guerre par un capitaine commandant,
un capitaine en fécond ; un lieutenant
en premier , un lieutenant en fécond, 8c deux
fous lieutenants.
Outre ces fix officiers il y a dans chaque compagnie
de chaffeurs à cheval un capitaine 6c un
fous-lieutenant de remplacement.
Les compagnies de chaffeurs à cheval font conduites
par un maréchal-des-logis en chef, un
fourrier , quatre maréchaux-des-logis 6c huit
brigadiers.
Elles font compofées de huit appointés, de cent
vingt-huit chaffeurs à cheval 8c de trois trompettes.
Pendant la paix les compagnies de chaffeurs font
compofées de huit appointés, de foixante - quatre
chaflèurs à cheval, 6c de deux trompettes.
Les compagnies de chaffeurs à cheval font partagées
en deux divifions , chaque divifion eft partagée
en deux fubdiviflons, 6c chaque fubdivifion en deux
efcouades. Ainfl chaque efcouade eft compofée
pendant la paix, d’un brigadier, d’un appointé 6c
■ de huit chaffeurs à cheval, 8c pendant la guerre ,
d’un brigadier , d’un appointé & de dix chaffeurs.
Les compagnies de chaffeurs à pied font commandées
pendant la guerre, par un capitaine commandant
, un capitaine en fécond; un lieutenant
en premier , un lieutenant en fécond, 6c deux fous-
lieutenants.
Outre les fix officiers, chaque compagnie a
encore un fous - lieutenant de remplacement • la
première compagnie de chaque bataillon a auffi u#
capitaine de remplacement.
B b b b b ij