
valiers fellent leurs chevaux, ôc fe tiennent prêts
à les monter.
B O U T O N . Maflue des Caraïbes. V, A rmes.
B O U TO N . On fe fert dans-les troupes fran-
çoifes de la couleur, du nombre, 6c de la dif-
pofition des boutons, pour diftinguer les différents
régiments.
Les bçutens des foldats font de cuivre rouge ou
«Tétam : les premiers devroient être les feuls en
ùfage , parce que les féconds ne font pas de durée ,
& qu’ils faliflent les habits plus que ceux dé cuivre.
L a diftinâion des régiments par la couleur , le*
nombre , & la difpontion des boutons, eft d’ailleurs
vicieufe , en ce qu’elle n’eft plus fenfible ,
des que l’on eft un peu éloigné. Nous indiquerons
dans l’article uniforme un moyen de fuppléer à
ces deux manières de diftinguer les régiments.
Touts les boutons uniformes devroient être à
queue. On devroit ne mettre fur l’habit militaire
que ceux qui l'eroient abfolument néceflaires.
Quand une règle générale eft fage,'toutes les
exceptions qui ne font pas fondées fur des raifons
puiffantes font abufives. On peut mettre dans
.qette claiTe la permiflion accordée à certains régiments
de porter des boutons fans numéros : on
peut y faire entrer encore celle qu’on a donnée à
quelques autres corps , de porter fur leurs boutons
■ des armoiries au milieu, defquelles le numéro eft
perdu. Si ces petits privilèges avoient été accordés
pour récompenfer les régiments de quelque aâion
glorieufe , on devroit_hien fe garder d’y attenter ;
mais , comme jufqu’ici le hafard les a diftribués ,
il feroit jufte de les abroger ; on pourroit cependant
, en les détruifant, fe réferver de donner
à la fin de la première guerre des boutons timbrés <
d’un canon, au régiment qui auroit enlevé une batterie
; d’un drapeau à celui qui en auroit pris un
certain nombre ; d’une ville à celui qui fe feroit
fignalé dans un fiège , &c. Des récompenfes de
ce genre pourroient produire d’excellents effets. (C).
B O Y A U . Partie de la tranchée, qui forme un
angle avec une autre partie femblable. Touts les
boyaux réunis, & s’avançant en zigzag entre les
parallèles communiquent de l’une à l’autre. Ge nom
leur a été donné d’après la fimilitude que ces fréquents
tours & retours leur donnent avec les boyaux.
On nomme aufîï boyau la partie de la tranchée
qui fert de communication entre deux attaques.
BRA BANÇON S . Voye^ A v en tu rier s .
BR AQ U EM A R . Epéé courte dont on fe fer-
Voit en France êc dans quelques autres parties
de l’Europe dans le moyen âge.
BRASSARDS. Pièce de l’armure qui couvroit
les bras. Voyeç A rmes,
BRÈCHE. Ouverture faite à un rempart, à un
retranchement, à une maifon. Les anciens la fai-
ioient dans leurs lièges avec le bélier , & quelquefois
avec des leviers. On la fait aujourd’hui avec
le canon ou par la nftne. Voye% Place ,, P oste
{ attaque des ),
BRETELLE. Courroie de cuir attachée à un
fufil, à une giberne , à un haverfac ou autre chofe
femblable 6c qui fert à la porter. La bretelle paffe
fur une épaule, & va en croifantle corps s’attacher
fur le côté oppofé , au corps qu’elle fupporte. Elle
y eft coufue fortement par une de fes extrémités.
L’autre entre dans une boucle de cuivre , 6c s’y
fixe par le moyen de l’ardillon , de forte que le
corps porté foit à la hauteur 6c à la place qu’on
defire.
[Les bretelles des havrefacs ont deux pouces de
largeur.
Celle du fufil y eft attachée par deux anneaux
de fer. Le ioldat l’allonge ou la racourcit à volonté ,
par lé moyen d’une demie boucle qui eft placée
, dans fon milieu, 6c à la hauteur de la capucine.
Cette bretelle a trois pieds fix pouces de.longueur,
6c un pouce quatre lignes de largeur.
La bretelle eft indilpenfable toutes les fois que
le foldat eft obligé d’employer les deux mains à un
autre- ufage qu’à fou tenir fon arme de jet. Ne
devroit - on pas exercer l’infanterie à porter fon
fufil en bretelle, à le reprendre avec vivacité 6C
fans confufion ? On d oit, ce me femble , prévoir
dans les exercices qu’on fait pendant la paix , tout
ce qui peut être exécuté pendant la guerre, ( V,
Ex e r c ic e s ) ] . (C .) .
BREVET. Aéle expédié en parchemin par le
fecrétaire d’état au département de la guerre ; par
lequel a&e le roi admet à un emploi, 6c ordonne
que celui qu’il y admet foit reçu 6c reconnu en la
qualité qu’il lui confère.
BRIGADE. Ce mot équivaut à celui de dîvi-
fion, 6c eft employé en divers fens, fuivant les
divers corps dont on parle. Dans une lettre écrite
par Louis à III , au mois de juin 1635 , aux maréchaux
de Châtillon 6c de Érêzé, on trouve le
mot brigade employé pour défigner une moitié de
l’armée.
[ Multiplier fans néceflité le nombre des mots
techniques ; avoir recours à un langage fcienti-
fique pour rendre fenfibîes des idées qu’on pourroit
faire connoître en employant des mots généralement
ufités j & donner enfin au même objet plu-
fieurs noms différents , c’eft oppofer un grand obstacle
au progrès des connoiflances , 6c avoir l’air
de croire qu’on les multiplie en multipliant, les
mots. Mais ne s’éxpofe-t-on pas à des inconvénients
encore plus grands, quand on emploie le
même mot pour faire connoître plufieurs objets
très différents ; 6c, quand , pour ne pas augmenter
le vocabulaire d’un art j on a recours à de longues
périphrafes ? Oui fans doute; on court alors le
rifque de faire des équivoques fâcheufes, 6c on
eft obligé de donner fans ceffe des définitions qui
| n’empêchent pas toujours de confondre lés objets
| que l’on a définis ?
Il ne feroit pas étonnant que chez un peuple
fauvage , 6c dont par conféquent la langue eft
encore dans l’enfance, tout guerrier fût défigné
#
bar la même dénomination , & que toutes les
Parties de l’armée que la néceflité force de feparer
L de divifer , portaffent le même nom : mais on
doit être très furpris de voir un peuple aufli éclairé,
& aufli guerrier que le peuple françois , le leryir
du même mot pour défigner un grand nombre
d’objets militaires très différents. Quel ne devroit
pas être en effet l’étonnement d’un étranger a qui
un officier françois raconteroit, comme il lu it,
une action de guerre ? ,
Une brigade qui venoit'de reconnoitre les ennemis
,&L qui ne s’étoit emparée d’une de leurs
patrouilles qu’après un long combat, nous avertit
que les ennemis marchoient à nous en ordre.de
bataille; notre général ordonna aufli - tôt a une
brigade, qui étoit à fa droite , de mettre la baïonnette
au bout du canon, de fe former en colonne,
& de charger au pas de manoeuvre la gauche des
ennemis. Cette attaque réuflit ; l’aile oppofee a
.cette infanterie fut mife en déférdre. Pendant ce
temps la brigade qui étoit à la gauche du général
mit par fon ordre le fabre à la main partit au
trot pour aller attaquer l’aile droite. Maigre toute
fa réftlution, elle ne put la joindre a caule dun
ravin profond qui l’en féparoit. Le général envoya
auflitôt une autre brigade au galop dans le meme
endroit. Celle-ci mit pied à terre ,pafla le ravin,
&. arrêta une .colonne de mille .grenadiers. Cependant
un officier de la brigade du génie indiqua
au général un paflage où le ravin n avoit que très
peu de profondeur : il offrit de fervir de guide
aux troupes. Le général ordonna à vingt brigades
de la maifon du roi & à vingt brigades de la gen-
darmerie de marcher : l’éclair n’eft pas plus rapide,
la foudre ne frappe pas de plus grands coups que
1 ces deux corps. Malgré toute leur valeur , ils au-
\ roient été obligés à la retraite , fi deux brigades
\ de carabiniers & une brigade-dfe cavalerie n’eullent
enfoncé les ennemis 8c rétabli le combat. Pendant
\ que cela fe paffoit à la gauche de l’armee, une
•\ brigade qui venoit de pourfuivre quelques maraudeurs
avertit le général qu’il alloit etre pris en flanc
gaies qui-font ce que quarante autres composées
de l’élite de votre nobleffe & de vos troupes n’ont
pû faire ; 6c enfin , une brigade compofée de vingt
pièces de canon.
par un corps ennemi qui avoit fait un grand détour :
ijour prévenir ce malheur , il fit marcher une bri-
pde d’artillerie. Elle te pofta fur une petite émi-
Djnce d’où l’on découvroit le chemin où la co-
loine ennemie devoit paffer. A peine les vingt
pièces de canon dont cette brigade étoit compofée ,
êuknt commencé à tirer, que les ennemis plièrent,
& que le fuccès de la journée fut décidé.
On a eu tort de me dire que la langue françoife
étoit très amie de la clarté , ou votre vocabulaire
militaire eft encore dans l’enfance. La fécondé de
vos propofitions eft la feule vraie, pourroit repartir
l’officier françois. Chacun des outils dontfe fervent
les différents arts, 6cmême les divers métiers,6c
chacune des opérations qu’ils font a une dénomination
L’étranger diroit fans doute a l’officier françois ;
!,e vous fais mon compliment fur l’avantage que
.■ '■ ous avez remporté , mais j’avou-e franchement
qie je ne comprends rien au détail que vous m en
a-\ez donné. Je vois une brigade qui a de la peine
à prendre huit ou dix hommes , une brigade qui
me\ en défordre une aile entière des ennemis ;
cell^ci qui charge la baïonette au bout du canon ;
/celle-là qui ne peut paffer un ravin ; une troifième j
jgui le paffe 6c .arrête mille grenadiers;, trois b ri- j
différente. La marine , par exemple , a
un nom particulier pour chaque petit clou , pour
chaque petite corde, pour chaque petit morceau
de bois, 6c l’art militaire défigne encore , comme
vous venez de l’entendre , plufieurs portions diffe-
’ rentes de l’armée par le même mot brigade', nous
en avons en effet vingt efpèces différentes. Quoi ,
vous qui connoifféz fi bien les Grecs 6c les Romains
; qui fçavez que/la plus petite divifion de
leurs.troupes avoit un nom particulier, 6c qu’il en
étoit de même de l’officier qui la commandait;
vous qui, pour enrichir votre langue , empruntez
de toutes les autres, 6c fouvent pour des objets
peu importants, comment avez-vous pu refter fi
longtemps dans une fi grande difette fur un objet
de cette’conféquence ? Je l’ignore : nous nous ra-
viferons fans doute.
En attendant ce moment defirable, cherchons
à démêler 6c à reconnoître les différents corps
militaires qui portent en France le nom de brigade.
Nous avons ; i° .d e sbrigades d’infanterie ; a°. des
brigades de cavalerie ; 30. des brigades de dragons ;■
40. des brigades des gardes du-corps du roi ; 50. d^s
brigades de la garde de la porte du roi ; 6°. des brigades
de gendarmes de la garde du' roi ; 70. des
brigades de chevaux légers de la garde du roi ;
8 . des brigades des gardes du corps de Monfieur
frère du roi ; 9°. des brigades des gardes du corps
de monfeigneur le comte d’Artois frère du roi ;
io°. des brigades de la gendarmerie de fiance^;
i i ° . des brigades du corps royal d artillerie ; 12. .
des brigades du corps royal du génie; 13®. des
brigades de carabiniers ; 14°. des brigades dans les
compagnies de carabiniers ; 15°. des brigades dans
les compagnies de cavalerie; i6 ç . des brigades dans
les compagnies de chevaux légers ; 17°. des brigades
dans les compagnies de dragons; 18 - des
brigades dans les compagnies des chaffeurs à cheval ;
1 o.° des brigades dans les compagnies de houffards ,
6c 2,0°. enfin des brigades de marechauffee ; entrons
dans quelques détails.
i ° . Brigade d’infanterie.
La brigade d’infanterie eft compofée de quatre
bataillons , qui peuvent être fournis par un ou par
deux régiments, fuivant le nombre de bataillons
dont chaque régiment eft compofé. D après la formation
aàuelle , toutes les brigades , à 1 exception
de celle du régiment du Roi font formées de deux