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dont plusieurs ne fçavent que dire les noms.
Revenons à notre maifon d’inftru&ion. Dès
qu’un des élèves feroit jugé capable de remplir
dignement les tonélions $ aumônier militaire , le
miniftre de la guerre l’attacheroit à la fuite d’un
régiment, &. il feroit remplacé par un nouveau
lu je t , préfenté par un des évêques , qui n’en auroit
point encore nommé.
Lorfque touts les régiments feroient pourvus,
les élèves jugés dignes de faire les fondions à!au-
môniers jouiroient dans la maifon d’une penfion de
600 livres , feroient employés à féconder les pro-
felfeurs, & le deviendroient eux-mêmes s’ils en
étoîent cru capables. Il en feroit ainfi de tout élève
qui auroit fini fes cours avant fa trente-cinquieme
année.
Si les élèves aimoient mieux attendre ailleurs que
dans la maifon d’inftruélion l’inftant où ils pour-
roient être employés , ils en feroient les maîtres , Si.
ils jouiroient jufqu’alors de la penfion de 600 livres.
Tout élève qui fortiroit avant la fin de fon inf-
truéfion , perdroit l’efpoir d’être employé dans un
corps ou dans l’armée.
Tout élève , qui, par fon inconduite ou par
fon incapacité , feroit déclaré incapable ou indigne
d’être aumônier, ne pourroit jamais être pourvu
d’un bénéfice au-deffus de 500 livres.
Les aumôniers, dès finftant de leur arrivée a
leur corps, jouiroiept de 2000 livres d’appoin-
tement en temps de paix, & de 3 0 0 0 livres en
temps de guerre. Après dix ans de ferviee , ils
auroient 600 livres de retraite ; après vingt ans,
1 2 .0 0 livres; & apres trente, 2 .0 0 0 livres. Tout
aumônier, qui quitteroit avant les dix ans révolus ,
n’auroit aucune efpèce de retraite, à moins que
des infirmités n’en fuffent la eaufe.
Tout aumônier dont on auroit grièvémënt à fe
plaindre , relativement à l’inftruélion , ou à l’inconduite
, feroit renvoyé au féminaire militaire,
pour y être jugé & puni.
Les devoirs des aumôniers , dans les régiments ,
confifteroient, relativement aux foldats , dans une
inftrüéliôn paftorale, pendant la meffe des dimanches
&. des fêtes, &. dans une inftruélion morale
, l’après midi des mêmes jours. On pourroit,
comme dans le ferviee pruffien, fixer la durée
de l’office du matin & du foir ; une heure fuffiroit
pour chaque féance. On devroit auffi, comme
dans le même ferviee , obliger les officiers d’y
affilier tour à tour, & prendre les précautions né-
ceffaires pour que les bas officiers & foldats ne
quittalfènt l’églife qu’après la fin de l’office divin.
{Y . Régi, prujf. T. 1, p. 22.0, I l , p. 44.). Ils vifi-
leroient fréquemment les hôpitaux, pour engager
les foldats malades à recourir , avec autant de
ferveur , à la clémence du roi des rois , qu’ils ont
mis d’ardeur au ferviee de celui qu’il leur a donné
fur la terre.
Outre les fondions paflorales , les aumôniers
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feroient chargés de donner tous les matins pendant
deux heures un cours de mathématiques, d’hilloire ,
de géographie, ou de langues étrangères ; & de
tenir, touts lés après midi, pendant le même temps,
une falle de lavis, de fortification, ou de deffin ;
ils feroient enfin chargés du foin de la bibliothèque
qui feroit à la fuite de chaque régiment. ( V. Bi b
l io t h è q u e . ).
Quant aux fdnds nécelTaires pour l’entretien de
la maifon d’inftruâion , pour les appointements des
e le v e sp o u r ceux des aumôniers en aélivité, &
pour les retraites des vétérans , on pourroit affeéler
a cet objet le revenu de quelques abbayes. En
effet, quelle a été l’intention de nos rois en dotant
les eglifes ? quelle a été l’intention des fondateurs
particuliers qui les ont enrichies ? Quelle a été
1 intention de ceux qui leur ont accordé le droit
de percevoir les dixmes ? La réponfe à toutes ces,
queflions eft la même, On a enrichi le clergé;
afin que, libre de tout foin temporel, il pût s’occuper
uniquement de prier pour ceux qui com-
battoient, jugeoient, labouroient ou mettaient
en oeuvre les produits de l’agriculture ; afin que,,
libre de tout foin, il pût s’inftruire dans les arts
& dans les fciences, pour communiquer enfuite aux
enfants de ceux qui combattaient, jugeoient, labouroient,
& c .j les connoiffances qu’il auroit ac-
quifes, & fe mettre en état de choifir les fujets.
qu’il croiroit propres à prier & à inftruire. Enfin,
on a enrichi le clergé , pour le récompenfer d’a-.
vance de touts les différents fervices qu’il s’enga-
geoit à rendre à la fociété. \
Qui peut donc avoir plus de droit que les aumôniers
, tels que nous venons de les propofer,
a partager les biens dont jouit le clergé? Ils feront
prêtres & pafteurs de douze à quinze cents hommes ;
ils auront autant d’occafion d’inflruire & d’édifier
que le refie des eccléfiafliques ; d’ailleurs, ayant
a cultiver une vigne extrêmement ingrate, leurs
travaux feront très méritoires. Eh ! qu’importe au
clergé en général que cefoitte l & tel qui jouiffe
d’un bénéfice, ou que ce foit X. aumônier du régiment
de Picardie ou de Champagne.?
La nomination aux abbayes appartient à fa
majeflé. Les penfions fur les bénéfices font des
grâces dont le roi eft feul difpenfateur. Le clergé
n’auroit donc aucune réclamation à faire , parce
qu’il ne perdroit rien de fes droits : il gagneroit
même à ce que nous venons de propofer , en ce
que chaque évêque nommeroit à fon tour un fujet
pour l’aumônerie militaire ; & que les aumôniers,
peu inftruits aujourd’hui , feroient dans peu au
niveau des eccléfiafliques les plus éclairés. Enfin,
11 gagneroit du côté des moeurs , parce que des
moeurs régulières & pures feroient un des premiers
mérites des aumôniers militaires. (C .) .
AUXILIAIRES. Troupes envoyées par une
puiffance, pour féconder, à la guerre , celles d’une
autre puiffance. (T . A l l ié s 3 L evée. ) .
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B A C
B a c IN E T . Calque léger, fans vifière & feus
gorgèrin , que portoient autrefois l’infanterie & la
cavalerie légère. On nomma auffi ce cafque chapeau
de fer Si armet. ( Voye^ A rmes des F r a n ç o is .).
BAG AGES.Totalité des équipages de l’armée. On
fçait que les Romains les àppelloient impedimenta :
Ils font en effet très- embarraffants , mais en meme
temps.de première néceffité ; ce qui les compofe
étant deftmé' à fàtisfaire lés; befoins de la vie. Il
faut donc en fuppoïter l’embarras , & le diminuer
autant qu’on le peut, en fe bornant au neeeflaire ,
retranchant févèrement tout ce que le luxe , le
fafte, & leur compagne affidue , la molleffe, tentent
fans ceffé d’y ajouter, & faifant obferver le plus
grand ordre dans la marche des bagages. ( Voye^
E q u ipa g e s , M a r c h e . ) .
B AGU E TTE S. Châtiment militaire. Le patient,
nud depuis la ceinture, court entre deux rangs de
foldats qui tiennent des baguettes de faule ou d ofier,
& le frappent fur le dos , lorfquil paffe devant
eux. Cette peine eft infamante. ( Voye{ Délit ,
Peines. ).
B A I L L E S . Retranchement fait ente r re , en
paliffades , ou en maçonnerie , que l’on conftruifoit
anciennement autour d’une-églife , d’un village ,
ou devant les portes de ville , lorfqu’il n’y avoit
point encore de fortifications extérieures. On y
plaçoit des gardes qui fervoient a garantir la place
des fùrprifes , & de l’attaque fubite des portes.
C ’étoit là que l’on commençoit à batailler , quand
on attaquôit Tin pofte ou une fortereffe, & ce fut
dû mot bataille que l’on dériva celui de bailles.
Batailler un pofte fignifioit anciennement le retrancher.
On lit dans la chronique de Flandres ,
& ouïrent que les Flamehs'avaient C. 43 5 bataillé
une, églife. Et C. 36 : en leur chemin trouvèrent
une églife qui étoit bien bataillée, oh lès ennemis
s’ étoîent traits. Dans la bafie latinité ces ouvrages
étoient nommés batailliez.
BA ÏON E T TE . Efpèce d’épée dont le manche
s’adapte à l’extrémité du canon du fufil.
Avant la fuppreffion de la pique , quelques
officiers trouvant cette arme inutile & embaraf-
fante en beaucoup d’occafions , en cherchèrent
Une autre qui fut plus commode. Lorfque M. de
Puyfégur, commandant en 1642. dans une partie de
la Flandre , envoÿoit des partis au delà des canaux,
les foldats ne portoient point d’épées : ils avoient-
des baïonettes dont le manche étoit long d’un pied ,
& la lame de même longueur. Le manche pou voit
entrer dans le canon du fufil, Si. cette arme fer-
voit de défenfe contre ceux qui voulaient cliarger
une troupe , après qu’elle avoit tire, ( M cm . de
Puyfégur. p. 612. ).
B A* ï
Par une ordonnancé dti E&mai i L o u i s XIV
prefcrivit que les dragons feroient armes ■ ftuti
moufqueton & d ’une baïonette.
Les grenadiers créés en 16 6 7 , réunis en compagnies
en 1672 , étoient armés de fuftls Sl de
baïonettes en 1678, à la paix de Nitfiègue.
Mallet écrivoit en 1684 dans fon ouvrage intitulé,/^
travaux de mars ; u on remarque qù’excepté
les combats de plaine, les piquiers font par-tout
ailleurs fort inutiles * ne pouvant être employés
pour faétionnairesdans les poftèsavancés, où pour
avertir il faut faire du bruit. Ils né peuvent auffi
fervir dans les attaques & les affauts des places-,
oh- il faut avoir' des armes faciles à manier, &
qui faffent beaucoup de bruit, pour intimider ceux
qu’on attaque. Ces raifons & plufieurs autres ont
donné lieu cettë année de donner à quelques
moufquetaires des baïonettes, pour mettre dans
leurs- canons, quand ils feront attaqués de la cavalerie
, & faire l’effet des piques, dont peut-être
l’ufage fera ainfi rejètté >n
Il le fut en effet en 1 7 0 3 , fur l’avis du maréchal
de Vauban , &' on y fubftitua celui de là baionette,
Le père Daniel croit que le premier corps qui en
ait été armé eft le régiment des fufiliers créé en
1671 , & appellé depuis Royal-artillerie. Cette
arme n’avoit encore qu’un manche de bois qui
entroit dans le canon. Il fàlloi-t l’en ôter , lorfqu’on
vouloit tirer ou charger lé fufil , Si la remettre
dans fon fourreau. Ces mouvements faifoient perdre
du temps ; & ce qui étoit pire encore , le foldat
dans la chaleur & le trouble de l’aftion, pou voit
oublier la baïonette , tirer fans l’avoir ôtée , &
faire crever le fufil. Ces inconvénients firent
bientôt imaginer de faire le manche dé même
matière que la baïonette , & de l’évider ; de forte
qu’au lieu d’entrer dans lé bout du canon, il le
reçût & s’y adaptât d’une manière fixe & folidë
par le moyen d’uiie entaille, faite à ce manche dé
fe r , dans laquelle entroit un bouton quarré placé
_à l’extérieur du bout du canon. En même temps ,
au lieu de placer la lame dans la direélion du
canon, elle fût rejettée fur le côté par le moyen
d’une tige coudée qui la joint au manche creux ,
& dans une direélion parallèle au canon. Cette
invention donna le moyen de tirer & même de
charger fans Ôter la baïonette. Le manche évidçi
fut nommé douille. [Mil. franc. T. II,pag. 59a &
fuiv. ).
Le fufil devint donc arme de jet & arme
d’eferime. On n’employa plus l’épée, quoique l’on
continuât de la porter , & même plufieurs régiments
l’ont abandonnée entièrement dans les dernières
guerres. Si on peut encore trouver quelques pcca