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faulce &. large fur les coftés bas ; le collet foit
comme le de mourant du Jacques , & que le collet
ne foit pas trop haut derrière pour l’amour de la !
falade. Et fault que ledit Jacques foit laffé devant,
& que il ait deffoùbz une porte-pièce de la force
dudit Jacques : ainfi fera feur ledit Jacques &
aifé ; moyennant qu’il ait un pourpoint fans-manche,
& ung colet.de deux toiles feulement, qui n’aura
que quatre doigts de large fur l’épaule ; auquel '
pourpoint il attachera fes chauffes ; ainfi flottera
dedans fon Jacques & fera à fon aile- Car on ne
vit oncques tuer de coups de main ne de flèches ■
dedans lefdits jacques fix hommes : & fe y fouloient
les gens bien combattre ».
J’obferverai i c i , dit le père D an ie l, que cette
armure &. cette efpèce de cuiraffe de linge n’étoit
point une invention nouvelle , qu’elle avoit été
en ufage chez quelques nations dans les temps
les plus éloignés, & que Xénophon en fait mention-
« hem , il femble audit bailly que les francs-
archers fe devroient départir en-quatre habillements ;
les ungs en voulges , les autres en lances, les
autres archiers, & les autres arbaleftriers. -
hem, lui femble que ceux qui porteroient voulues '
les devroient avoir moyennement larges , & .qu’ils I
euffent ung. peu de ventre , & aufli qu’ils feuffent
tranchants &. de bon eftoc , & que lefdits guifar-
miers ayent falade & vifieres, gantelets, & grands
dagues fans, épées ».
hem , ceux qui porteraient- lances devroient
avoir falades à vifieres & gantelets, & efpées
de paffot moyennement longues , roides & bien
tranchantes, & que leurs lances foient de la longueur
des lances d’armes. Qu elles ne foient pas
ii très groffes , & qu’elles foient prefque d’une
venue , excepté quelles ayent au bas un petit
détaillis , &. ung petit arreft d’un demi doyt de
hault derrière la tailleurs*, pour leur donner façon.
Et fault que le fer foit tranchant, & un peu longuet
, & toutes, voyes qu’il foit fortelet.
Item, les archiers auront les falades fans vifieres ,
arcs & trouffes , & efpées de paffot affez longuettes
. roides & tranchantes., qui s’appellent
efpées bâtardes. E t , fi veullent porter les boucliers,
il n’y aura point’de mal, & qu’ils ayent les dagues
moyennes, & ne devroient pas être les rondelles
trop hautes.
hem, les arbalétriers devroient avoir falades à
vifieres, qu’ils puffent lever affez hault, quant ils
vouldroient ; & que le deffoubz de la vâfière
ne les- arme pas- fi fort qu’elle, leur couvre la vu e .
Et aufli que le cofté droit n’arrive pas-fi bas à
la joue que le gauche ; afin qu’ils puiffent à leur
joue affeoir leur arbrier à leur a;ife. Et autour
efpées de paffot non pas trop longues , roides
& tranchantes ; & que la ceinture haulffe l’efpée
par derrière, afin qu’elle ne touche à terre de beaucoup.
Et feront leurs arbaleftes de dix quarreaulx
ou environ ; & banderont à quatre polies ou à
deux - s’ils font bons bandeux, &. auront trouffes
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empanées & cirées , de dix-huit traits du moins
& n’auront point de dagues ».
On voit dans cette même ordonnance de Louis
X I , ( Mil. Franc, p. 244 , tcnn.l. ) , que le nombre
des francs-archers étoit de 160004 qu’ils, avoient
quatre capitaines qui en commandoient chacun
4000; que fous chacun de ces quatre capitaines, il
y en avoit fept‘ autres qui commandoient chacun
500; que les capitaines généraux en commandoient
aufli immédiatement 500 : de plus de quelle
manière. & en quel-- pays la levée fe devoit faire.;
.& .enfin qu’au-deffus des quatre capitaines généraux
, il y avoit un commandant général de tous
les francs-archers. | .
Cette milice ne fubfiffa que jufqu’à la fin du
règne de Louis XI. Philippe de. Commines &
Olivier de la Marche en font encore mention à
l’année 1479 5 fï&i étoit la dix-huitième du règne
de ce prince François de Beaucaire, évêque
de Metz , affure qu’il ne les abolit que l’an 1480...
( Hifl. de la Mil. Fr. tom. 1, pag. 238.).
Si nous en jugeons par Lutage & la dénomination
aéfuelle, on peut, croire, que. les- archers ,
ayant ceffé d’être employés dans nos troupes.,
furent chargés d’efcorter les.voyageurs d’arrêter
les malfaiteurs. Quoiqu’ils ayent changé d’armes
ce nom eff reffé aux. troupes qui exercent.aujourd’hui
les mêmes fondions. Nous, avons les .archers
du grand prévôt de l’hôtel,. de -la maréchauffée,
du prévôt des marchands., les archers d e là ville,
du guet., des pauvres ,.&c.-Ces derniers font chargés
d’arrêter les fainéants qui mandient.
ARG O U LE T S . Les.argoulets étaient deftinés
à obferver l’ennemi de près., & à le harceler par
des efcarmouches- C ’étoient les.hoüffards. de l’ancienne
milice françoife. Leur nom paroît. venir de
la langue franque ou tudefqüe , dans laquelle
arg-linti lignifie méchants foldats. [ Les argoulets,
dit. Montgomery, {mil. françoife. ) étoient armés
comme les eftradiots , excepté la tête , fur laquelle
ils portoient un eabaffet , qui ne les empêchoit
point de mettre en. joue l’arquebufé. Leurs armes
offenfives étoient l’épée , qu’ils portoient au côté, ‘
la malle à l’arço.n.gauche.,..& à droite une arquebufe
de deux pieds. & demi de long, dans, un fourreau
de cuir bouilli ; par-deffus leurs armes une foubre-
vefte courte comme .celle des..eftradiots, & comme
eux. une longue banderolle qui leur fervoit à fe
reconnaître & fe rallier.
On voit paroître.cette troupe-, dans nos hiftoires,
vers le règne de Louis X I .,& on les retrouve encore
à la batàille de Dreux, fous Charles-le-Ghauve, en
10 2 . Il-en eft fait mention au regi.ftre de l’extraordinaire
des guerres de. 1562 & 63., dans les troupes
de Provence. ( G. ) ].
[ Comme les argoulets. ne fervoient qu’à inquiéter
l’ennemi , & ne combattoient. qu’à la débandade,
on les regardoit comme la partie, la moins confi-
dérable de la cavalerie-légère; & ce nom devint
un terme de mépris, qui étoit encore en ulàge au
(
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prévenir les dangers où l’on pourroit être de la
part de l’autre allié , il eff clair qu’il ne viole point
le traité, en faifant paffer fes troupes par petites
bandes féparées; enforte quelles ne fe raffemblent
point dans l’enceinte de notre pays ; puifqu’alors il
n’y 'a rien à craindre pour nous.. Mais , fi l’on s’eft
Drpppfé de mettre à couvert.un autre voifin, contre
les infultes de ceux qui pourraient.venir, l’attaquer
par nos terres, le. traité eff enfreint, dès-lors qu’on
laiffe paffer les troupes, étrangères , quelque partagées
qu’elles foient en diverfes bandesv. {Pu fend,
droit de la nat. tom. 1 1 , pag. 95. )
On voit que ce jurifconfulte: n’a pas décidé la
queftion, parce que cette décifion dépend de la
définition exaâe du mot,.& qu’il ne l’a pas donnée,,
non plus que. Grotius. Je la cherche en d’autres
auteurs,. & je trouve, dans Voet:. ingens militum
multitudo y f i congregata fuerit, cxercitum conflituit ;
efl enim exercitus compofitus ex numerïs multis militum.
« Un grand nombre de foldats , s’il efl: raffem-
blé , conftitue car Y armée eff compofée de
nombreufes. troupes de foldats.». {De. jure milit.
cap. 3 , g io_,pag. 74,-8°.); Le vice de cette défi—
nition efl: évident. Ce n’eft affurément pas le nombre
qui conftitue Y armée. Qu’elle.foit de quatre.ou cinq
. cents hommes , comme, dans les peuplades barbares.,
petites & pauvres, ou de douze cents mille
hommes., comme dans les-autres-peuplades bar—
barès, grandes & riches c’eft toujours une armée.
Je confùlte Engelhardt, qui me. répond : milites
gentis cujufdam in univerfurn fumpti r vel etiam multitudo
militum. ad bellurn quoddam a Elu ihferendum ,
five expeditionem. quandam bellicam , deflinata , exercitus
dicitur. « Les foldats d’une nation quelconque,
pris en général j ou bien une multitude de foldats,.
deftinée à faire une guerre, ou à quelque expédition
guerrière , efl nommée armée ». ( Spécial...
jur. milit. natural. Cap. 1 , g i9G , pag. 66. 40. )
Ici Y armée efl compofée des. foldats d’une nation ,.
& ce trait de plus la diftingue d’une troupe de,
brigands , mais point encore affez ; car lés foldats ■
d’une nation , s’ils, faifoient.la guerre fans ordre ,
ne -conftitueroient point, une. armée. On ne don-
noit point ce nom.aux fameufes bandes , nommées.
grandes compagnies dont Bertrand du Guefclin
délivra la France. De plus., une armée efl fouvent
compofée. de. foldats.de.plufieurs nations.
Je cherche à m’éclàirer , & je lis dans M. de.
Fâefch, {Régi. &.principe, de Fart de la guerre ,
tom. i : , pag. 1. ) ; Tannée? efl un corps compofè de.
gens de guerre , & réuni fous un même chèf. Cette
définition ne me-fatisfait point encore : . elle peut.
Convenir , comme là précédente, & même encore
mieux , ;.aux grandes compagnies ou à toute autre r
troupe, de brigands. ; & , qu’ün corps de troupe
foit .'réuni . fous un chef ou fous deux , ou fous -
dix, comme.on l’a vu quelquefois; on ne lui donne.
pas moins l.é nom d'année.
• Las de chercher fans fruit ce que d’autres ont
penfé , il faut donc tenter de trouver par moi-même.