d’inftruments, les armatures, qui recêvoient double
ration, les menfeurs ou fourriers qui traçoient le
fcamp ou marquoiènt le logement dans les villes ,
les torquati, duplaires ou fel’quiplaires,' c’eft-à-dire,
ceux qui avoient mérité la récompense du collier ,
& dont les uns recevoient deux rations , les autres
une 8c demie ; les candidats fimples 8c doubles pour
la ration.
Lorfque Cæfar alla combattre Pharnace , ( Bell,
alexand. C. 7 3 ,7 4 . ) , il obligea les efclaves de
travailler à les retranchements; & C.**Trébonius
employa au liège de Marfeille des hommes raflem-
blés de toute la province. ( Bell, civ. I I 3 C. I. ).
Lorfqu’il falloit détruire .quelque partie du retran •
chement pour une fortie foudaine 8c imprévue ,
on y empioyoit les valets. G’êft ce que fit Q . Fabius
contre les Etrufques, Tan de Rome 443. ( Liv.
L. IX. C. 37. ).
Sous les empereurs , on donna aux camps la
forme triangulaire , ou ronde, ou ovale , fuivant la
nature du terrein ; 8c , même fous la république ,
on pouvoit être obligé quelquefois de s’éloigner
de la figure quadrangulaire. Nous avons encore
en France quelques ruines nommées indiftinéle-
ment par le peuple , camps de Çæfar. On n’a aucune
preuve qu’elles foient aulîi anciennes, 8c il
eft très douteux qu’elles ayent été des camps proprement
dits. On pourroit croire, avec plus de
fondement, que ce font d’anciennes fortereffes ou
des camps d’hÿver. On peut remarquer entre autres
celle de l’Etoile fur la Somme, 8c celle de. la
Motte-Caffel préside Viffan en Boulonnois, qui
font toutes deux de forme ovale. ( Mém. de l'acad.
tom. X I I I , p. 4 10 ,4 14 . ).
Tant qu’il n’y eut dans les armées romaines que
des citoyens 8c des troupes latines , cette composition
fimple ne demanda qu’un campement fimple
comme elle. Mais, quand les empereurs eurent
pris à leur folde des troupes du nord & du mfdi,
l’ordre du camp devint compofé comme celui dès
armées. Ces peuples, fournis par la force, infpi-
roient de la crainte à leurs maîtres. On les regarda
dans les camps comme un ennemi intérieur. Il fallut
fe prémunir contre lui & contre ceux du dehors.
Tandis qu’on oppofoit aux uns des retranchements,
on environnait l’autre de troupes nationales. Deux
autres ennemis plus dangereux , le luxe 8c la mol-
lefle, avoient augmenté les befoins 8c leur cortège.
Les bagages beaucoup plus nombreux, la cavalerie
multipliée , demandoient un plus grand efpace.
Sous Adrien célui du prétoire étoit doublé. Le
camp formoit un reâangle dont le plus long côté
furpafloit l’autre d’un tiers. On le divifoit fur fa
longueur en trois parties principales , dont J’une
étoit nommée partie antérieure ou prétenture ; celle
- du centre, prétoire ; la troifième partie poftérieure ,
ou retenture. Les légions formoient le long du retranchement
une efpèce d’enceinte , dont les
troupes étrangères occupoient le centre. Nous allons
• donner, d’après Hygin, les détails de ce campement*
Ce qui nous refie de fon ouvrage a été
entièrement corrompu par l’ignorance des copiftes,
& on eft fouvent réduit à en deviner le fens.
Cependant, comme ce fragment n’a point encore
été traduit en françois, nous allons en tenter la
traduélion à l’aide des fçavantes notes de Sché-
lius, qui l’a reftitué prefque par-tout avec beaucoup
de fagaçité.
u Maintenant, dit Hygin, nous expoferons la
forme du camp des cohortes dont nous venons
de parler. Une tente occupe dix pieds. (9 p. i c i . ).
Elle reçoit , lorfqu’on la tend, un accroiflement
de deux pieds, ( 1 p. 8 p. 9,2 1. ) , ôc met huit
hommes à couvert. La centurie pleine eft de quatre-
vingt foldats : elle a donc dix tentes qui forment
un çang de cent vingt pieds. ( 108 p. 10 p. ).
L’hémiftrige ou intervalle entre deux alignements
de tentes eft de trente pieds. ( 27 p. 2 p. 6 1. ).
La tente en occupe dix. ( 9 p. 10 1. ) , les armes
cinq, ( 4 p. 6 p. 5 1. ) , les chevaux neuf, ( 8 p. 1 p.
11.41. ) : ce qui fait vingt-quatre pieds , ( 21 p. 9 p.
2.41. ) ; lefquels , étant doublés , parce que les
rangs de tentes font oppofés deux à deux, font
quarante-huit pieds, ( 43 p. 6 p. 4,8 1. ). Les douze
pieds reliants ( 10 p. 6. p. 1,2. 1. ) , fuffifent pour
le palfage ».
Nota. L’auteur ne dit rien de l’ordre que Ton
donnoit au rang des armes , a celui des chevaux,
& aux petites rues. Il eft vraifemblable que le rang
des armes étoit le plusvoifin des tentes ; afin que ,
dans le cas- d'allarme , elles fulfent prifes aulîi
promptement qu’il étoit poflible. Il ne l’eft pas
moins que les chevaux, chariots , & autres bagages
n’étoient pas contre les armes , mais qu’ils en
étoient féparés par les petites rues de fix pieds.
Les rangs de tentes des deux centuries étoient
oppofés l’un à l’autre ; c’eft c e , que fignîfie le
mot Jlriga. Suivant Feftus, les ftries étoient dés
rangs de chofes accouplées conjointement enfemble.
C ’eft aulîi le. fens du mot compretendere, employé
par Hygin. Ainli le camp de deux centuries étoit
formé de rangs conjoints en fens inverfe. Le premier
étoit un rang de tentes ; le fécond à cinq
pieds de diftance étoit celui des arrhes : entre
les armes & les chevaux il y avoit une petite
rue de fix pieds. Le rang des chevaux* en occu-
poit neuf. Les rangs de l’àutre centurie venoient
ertfuite dans le même ■ ordre , mais inverfe. Les
chevaux étoient conjoints, à ceux de l’autre centurie
; de forte que leurs têtes fe regardoient ,
8c qu’un même rang de piquets place entre les
deux rangs de chevaux fervoit à les attacher. Derrière
les chevaux de la fécondé centurie étoit une
petite rue de fix pieds ; enfuite le rang des armes,
ôc à cinq pieds au-delà celui des tentes.
« Cet emplacement, continue Hygin, eft calculé
fur le complet ; mais, comme une partie des
.foldats eft employée aux faélions, 8c que chaque
-centurie n’a que huit tentes, il refte une place
pour
pour celle du centurion : fi cela 11’étoit p a s , il
faadroit augmenter les dimenfions. ».
Nota. La centurie étant de quatre-vingts hommes,
il y en avoit dix par chacune des huit tentes : mais,
comme l’auteur a dit que: chaque tente contenoit
huit hommes, il y avoit deux hommes par tente ,
c’ell-à-dire feize .hommes, ‘< formant quatre petites
gardes, qui alloient en faélion chaque nuit. Un de
ces quatre foldats étoit mis en faélion à la première
veille. Il étoit relevé par un autre à la
fécondé veille , ôc ne retournoit pas aux tentes,
mais reftoit au pofte jufqu’au jour : ainfi les huit
tentes étoient fuffifantes. Le centurion occupoit
remplacement de deux tentes de foldats, partie
pour la fienne , 8c l’autre pour fes bagages.
« Les légions étant les troupes les plus fidèles
de la milice provinciale , doivent camper auprès
du retranchement, afin qu’elles veillent à fa fureté,
8c que les corps de ces légions entourent de leur
nombre, comme par un m ur, le camp des nations
étrangères. ».
Nota. Le texte eft ici très corrompu. Le manufcrit
que Schéîius a fait imprimer porte : & exercitum
gentibus me'atum fuo numéro corporali in murofene.
Saumaife , dans les notes fur Yopifcus / lit; & exercitum
gentium. fuo numéro corporali feu numéro te -
neant. Schéîius reftime ainfi : & exercitum gentium
exterarum fuo numéro corpora legionum contineant ;
ou exterarum gentium motum Juo numéro corpora
legionum contineant. Ces trois leçons s’éloignent
de l’original. On s’en écarteroit moins en lifant ;
& exercitum cui intus metatum fuo numéro corpora
legionum cingant.
«Quand les auxiliaires.ou fuppléments font nombreux
, il eft néceflaire d’étendre remplacement de
la cohorte en confervant le même intervalle entre
les centuries : ainfi nous changerons les dimenfions
de forte que l’emplacement qui avoit cent vingt
pieds ( 108 p. 10 p .) , fur cent quatre-vingt
( 163 p. 3 p. ) , ait quatre-vingt-dix pieds fur deux
cents quarante (81 p. 7 p. 6 1. fur 217 p.8p. ) ,
ou foixante fur trois cents foixante (54 p. 3 p.
fur 326 p. 6 p. ) : car une cohorte occupe trente
pieds, fur fept cents vingt ; 8c, lorfqu’on double
là profondeur, la largeur du front diminue ».
Nota, Après avoir donné lës dimenfions du camp de
deux centuries, Hygin parle de l’emplacement dii
camp de la cohorte, & dit qu’elle occupe 120 pieds
de longueur ou de front fur foixante de largeur. Il
fuppofe les fix centuries de la cohorte accouplées
comme il l’a d it, 8c campées les unes derrière les
autres. Dans cette difpofition, leur emplacement a
cent vingt pieds de longueur ou de front fur trois
fois foixante ou cent quatre-vingt pieds de largeur
ou profondeur : ce qui donne fix rangs de tentes
avec leurs hemiftriges ou intervalles. Il dit enfuite
que, lorfqu il eft néceflaire d’éténdre le camp des
légions provinciales pour entourer celui des troupes
étrangères , on fait cette extenfion en dé.doublant
Art' militaire. Tome 1.
les centuries dans chaque, cohorte ; c’eft-à-dire, en
tranfportant les trois derniers rangs de tentes a
côté des trois précédents ; ce qui double la longueur
du front, en diminuant la largeur ou profondeur
, 8c donne à leur camp deux cents quarante
pieds de longueur ou de front, fur quatre-'
vingt-dix de largeur, & trois rangs de tentes avec,
leurs intervalles. On peut la faire auflien détriplant
les. centuries ; c’eft-à-dire, en tranfportant la trôi-
fième 8c la quatrième à côté de la première 8c de -
la fécondé ; la cinquième & la fixième à çôte de
la troifième & de la quatrième : ce qui triple le
front en réduifant au tiers la profondeur, & donne .
au camp trois cents foixante pieds de longueur
ou de front, fur foixante de largeur ou profondeur,
& deux rangs de tentes. Enfin, fi on campoit la
cohorte fur une feule ligne de tentes, l’emplace-,
ment auroit fept cents vingt pieds de front fur
trente pieds de profondeur. ( V.fig. pag. 543. ).
« Lorfque les troupes légionaires font beaucoup
plus nombreufes, que les auxiliaires ; commé il
eft néceflaire de refferrer les cohortes autour du
retranchement, nous tournons le camp dans, un
autre fens & nous mettons le front (fgna-, c’eft-
à-dire les piquets ou marques ) , ou la longueur
en place de la largeur ou du flanc, gauche ( tabule-
num ; ce qui achève la table ou la furface rectangulaire
) , en gardant les mêmes dimenfions ».
Nota. Dans la première fuppofition, l’auteur
difpofe le front du camp de la cohorte , ôc par
conféquent les. rangs de tentes parallèlement au
'retranchement. Alors il donne à l’emplacement
deux cents quarante fur quatre- vingt-dix ou trois
cents foixante fur foixante. Dans la fécondé , pour
refierrer les cohortes & en placer un plus grand
nombre le long du retranchement fur la même
étendue, il met le front où étoit le flanc gauche,
& les rangs de'tentes perpendiculaires au retranchement.
Ainfi la cohorte , au lieu d’occuper deux
cents quarante ou trois,cents foixante pieds fur
l’alignement parallèle au retranchement , n’en
occupe plus que quatre-vingt-dix ou foixante.
Cette difpofition y admettoit donc trois ou fix
fois plus de cohortes fuivant le befoin, &c ne
changeoit ni l’ordre des centuries, ni les hémif-
triges - ou intervalles , qui étoient de néceflité
ablolue.
« On affigne quelquefois à la cohorte un efpace
quarré de cent cinquante pieds fur chaque côté.
Majs il faut l’éviter autant qu’on le peut; parce
que les centuries ne pourroient plus camper dans
leur ordre, ôc ne rempliroient pas en entier cet
efpace »..
Nota. Hygin défapprouve cette difpofition comme
contraireà Irrégularité du campement. En effet, elle
exigeoit que les centuries, ayant foixante tentes
, campaflent fur cinq rangs de douze tentes chacun
à douze pieds par tente , & par conféquent qu’elles
fuflent mêlées l’une à l’autre. Le premier rang
| de voit être formé par les dix tentes de la première
Y y y