
qui peuvent arriver en temps de fiège-, il vaut
mieux conftruire trois voûtes , chacune d’une grandeur
médiocre, que de n’en faire quune feule qui
l'eroit trop élevée & trop foible.
Le plan fait voir aufli qu’on a pratique une porte
dans le milieu de chaque mur de refend, pour la
communication de l’eau , & que l’on a fait un citerneau
de neuf pieds en quarré, pour que l’eau
puifle filtrer avant que d’entrer dans la citerne ;
c’eft pourquoi le fond de ce citerneau eft de 8 pieds
plus haut que.celui de la citerne. -
Pour tirer l’eau, on a conftruit au rez-de-chaullee
d e là place quatre niches quarrées, de 7 pieds &
demi dans oeuvre , dont deux fervent à loger les
pompes , les deux autres à recevoir l’eau ; & ,
afin qu’on en puiffe tirer julqu’à la dernière goûte ,
les tuyaux des pompes vont répondre dans un
puifart, qui eft une el'pèce de rigole régnante lur
toute la largeur. Dans l’une d(e ces niches on a
pratiqué une porte pour delcendre avec une echelle
dans la citerne, lorfqus l’on veut y taire quelque
réparation. Ces niches ont été voute.es à 1 epreuve
de la bombe ; elles font décorées extérieurement
par une façade de pierre de taille à joints retendus,
couronnée d’une corniche. Ces niches font termees
par des portes de madriers, auffi-bien que 1 entree
de la citerne. .
Après avoir déblayé les terres jufqu a une profondeur
convenable , on a lait un malbf de maçonnerie
d’environ trois pieds d’epaifleur , dirige en
pente de 6 poncesVers le puifart des pompes ; &
ce maffif , occupant tout le fond de la citerne ,
a fervi en même - temps de fondement aux piédroits
des voûtes &. aux murs de refend. Apres
l’avoir bien atafé , on l’a couvert d un rang de
briques pofées de plat en mortier de ciment : fur
ce premier rang on en a fait un fécond, & fur
celui-ci un troilième , toujours avec du mortier
de ciment, & plein fur joint : le fond du citerneau
a été conftruit de la même-manière. I
Lâ fuperficie du fond de la citerne étant achevée
on a élevé tes murs de refend & les p.edro.ades
voûtes auxquels on a donné trois pieds d epaifieur.
l e s murs du pourtour , tant de la citerne que du
citerneau , ont été parmentés de briques, pofees
en mortier de ciment fur l’épaiffeûr de deux briques,
& d’une & demie alternativement : le refte de cette
éoaiffeur a été achevé de moellon. Enfuite on a
pofé les ceintres , fur lefquels on a établi la première
voûte d’une brique d’épaifleur faite en mortier
de ciment : fur cette voûte , on en a fait une
fécondé , & fur celle-ci une troifieme de moellon
Dlat. après quoi l’on a rempli de maçonnerie les
reins de la voûte du berceau du milieu, jufqu a
la hauteur que l’on voit déterminée par le profil.
Apres avoir bien arafé les pentes , on y a applique
une chape de ciment-qui couvre-les trois voûtes.
On a fait un enduit fur le pave de la citerne,
& fur l’intérieur du mur du pourtour , de la meme
épaifleur que l’on donne otdinairement aux chapes
de ciment, & fabriqué avec ter mêmes précau-
tions, excepté feulement qu’au lieu de poulïière
de tuileaux, on s’eft fervi de terraffe de Hollande,
comme beaucoup meilleure.
Quand on fait des citernes dans quelque lieu
aquatique, on enveloppe extérieurement toute la
maçonnerie par un bon couroi de terre glaife ,
bien pétrie & bien battue , de crainte que les
eaux qui proviendroient desfources, ou de*quelque
autre caufe , ne l’endomrnageaffent, ou ne le mê-
laffent avec celles de la citerne , f i 'a la longue
elles parvenoient à s’y faire une entrée : ces eaux
ne pourroient être que de’ mauvaife qualité , fi
elles étoient bonnes, on ne feroit point dans la
néceflité de faire une citerne. _ | .
La grandeur des citernes devant être reglee
fur la quantité d’eau que les toits des bâtiments
les plus à portée peuvent fournir ; il faut , afin
de fçavoir combien on pourra en recueillir , faire
. des expériences fur les lieux , pour voir ce^ qu il
■ tombe de pouces d’eau, chaque annee , c eft-a-
dire , de combien de hauteur d’eau les pluies
couvriroient la furface de la terre, fi elles s y
confervoient fans s’écouler , s’imbiber ni s évaporer.
Suppofant qu’il en tombe vingt pouces, il
faut mefurer l’étendue qu’occupent les batiments
dont ■ on veut rafièmbler l’eau des toits , fans
s’etnbarrafler de leur figure , ni de la grandeur
de’ leur furface , puifque l’eau quils recevront
fera toujours équivalente à celle qui feroit tombée
fur le terrein qu’occupe le- bâtiment, fi l’efpace
avoit été découvert comme en pleine campagne.
Or , fi cet efpace fe trouvoit, par exemple , de
i aoo toifes quarrées , il faudroit multiplier cette
quantité par 2.0 pouces, & le produit donneroit
332. toifes 4 pieds cubes , pour la quantité deau
que la.citerne recevroit dans le cours d une annee S
mais il faut toujours la faire plus grande , afin
que , dans le temps des plus grandes eaux, elle ne
monte jamais jufqu’à la naiffance de la voûte.
( Belidor. Scienc. des ingen. Liv. 1V3C. 12.).
Fig. 15$. Plan de la citerne de Charlemont.
' A . Parement de briques , fait en mortier de
ciment.
B. Puifart des pompes.
C . Porte de la citerne.
D . Entrée de l'eau dans le citerneau.
E. Paffage de l’eau du citerneau dans la citerne.
G. Niches.
H. Pompes.
I. Citerneau.
Fig. 160. Coupe des niches de la citerne.
G. Niches.
H. Pompes.
Fig. 161. Façade des niches de la citerne pour
l’emplacement des pompes.
Fig. 16a. Profil pris fur la largeur de la citerne &
du citerneau.
D. Entrée de l’eau dans le citerneau.
E. Paffage de l’eau du citerneau dans la citerne.
Soupirail
F. Soupirail pour donner de l’air à la citerne''.
Fig. 163. Profil pris fur la longueur de la citerne.
B. Puifart des pompes.
K. Echelle du plan de la citerne.
L. Echelle de la coupe & de la façade des
niches.
M. Echelle des profils pris fur la longueur & fur
la largeur de la citertie.
CLAIE. Tillu de branches d’arbre entrelacées
fur des bâtons, alternativement en feus contraire.
On donne aux claies environ trois pieds fur cinq.
Elles ontplufieurs ufages. On les emploie dans les
lièges au défaut de blindes , pour couvrir un logement
, une fappe , ou un paffage de fôffé ; & alors
on les charge de terre, afin de les garantir des
pierres & des feux d’artifice ; dans les batteries ,
lorque le terrein fur lequel on établit les plateformes
n’eft pas affez ferme ; dans les -endroits
marécageux, & dans ceux que l’on a faignés, quand
la vafe n’a point affez de confiftance , pour que
l’on puiffe y marcher fans enfoncer.
C LA YO N N AG E . Ouvrage fait avec des claies.
CLÉMENCE. Vertu par laquelle on pardonne
une injure qu’on a le droit & le pouvoir de venger.
Bénadab, roi de Syrie , étant venu avec une
-grande armée , & trente-deux rois, afliéger Achab
dans Samarie , le fit fommer en ces mots : ton or 3
ton. argent 3 tes femmes 3 les plus vaillants de tes
fils font à moi. Le roi d’ifraël ayant fait la réponfe
la plus foumife , les envoyés revinrent , difant
de la part de leur, maître, tu me donneras ton or, ton
argent 3 tes femmes & tes fils. J'enverrai demain mes
efclaves j ils vifiteront ta maifon & cille de tes
efclaves : ils y prendront & enlèveront tout ce qui me
conviendra. Achab , ayant pris l’avis des chefs du
peuple , rejettala demande de Bénadab. Mais plus la
demande eft impérieufe , plus le refus bleffe : que
les dieux 3 dit le roi de Syrie , me rédùifent en
fervitude 3 f i la poujfiere des ruines de Samarie fujfit
à remplir les mains de touts mes foldats. Le roi
d’Ifrâël répondit que les propos arrogants n’avoient
dans le combat aucune valeur.
Bénadab ordonna auifitôt la circonvallation ,
& Achab forma le projet d’attaquër fon ennemi.
Informé que le Syrien fe livroit avec excès aux
plaifirs de la table, il réfolut de le furprendre. Sept
mille hommes formoient toute fon armée. Il les
tint fous les armes au-dedans des murs, prit deux
cents trente jeunes gens, fils des principaux de
la cité , & les conduifit vers le camp des ennemis.
Ce petit nombre , 6c l’heure de midi qu’il choifit ,
ne pouvoient donner d’allarme : il vouloit que ce
petit corps parût aux Syriens une troupe fuppliante.
En effet, le fier Bénadab ordonna qui», fuppliante
ou ennemie , çlle fût mife aux fers & conduite en
fa prefence.
Cependant Achab s’approche , attaque la garde,
paffe au camp , tue les premiers qui courent au
armes ; les portes de la ville s’ouvrent, & les fept
mille hommes accourent;le roi de S y r ie , &. fes
Art militaire. Tome I»
trente-deux princes,plongés.dans l’ivreffe, étoient
incapables de donner des ordres ; l’épouvante emporte
cette armée fans chefs ; à peine Bénadab
a le temps de s’échapper.
Les Syriens confus de leur défaite en impu-'
tèrent la faute à leurs dieux. Ceux d’ifraël , di-
foient-ils, font dieux des montagnes ; combattons
dans les plaines, nous ferons vainqueurs. Ils reparurent
au printemps dans les plairfes d’Aphec.
Achab , inférieur en nombre , mais plein de cette
confiance que donne un premier fuccès , vint
affeoir fon camp près du leur. Six jours fe pafsèrent
fans hoftilités. Au feptième, l’armée iÿrienne fe
mit en bataille, & Achab forma la fienne. Le
choc fut violent, & la viéloire longtemps balancée.
Enfin les Syriens cédèrent , & leur infanterie ,
courant la campagne , fut écrafée par fes chars ,
& par fa' propre cavalerie. Bénadab , caché dans
un antre avec quelques-uns des liens, envoya vers
le roi vainqueur pour lui demander la vie : q u 'il
v ie n n e , dit Achab, i l fiera mon frère. Le roi de
Syrie parut & fe profterna ; celui d’ifraël, descendant
de fon char, le prit par la main, l’y fit
monter, l’embraffa , & lui dit de ne rien craindre
qui fut indigne de lui. Bénadab , rempli de recon-
noiffance , promit de remettre à fon bienfaiteur-
toutes les villes que fes ancêtres avoient conquifes
fur ïfraël, & de lui donner à Damas les mêmes
droits que fes pères avoient eus dans Samarie.
C’eft ainft qu’un acte de clémence a plus d’effet
que plusieurs vi&oires. ( Reg. L . 111. C. 20. ).
Alexandre donna de cette vertu de fréquents
exemples. Il arrêtoit fes troupes , dès qu’il pouvoit
efpérer de vaincre fans détruire fon ennemi. A la
prife de Milet, une. partie des habitants, & trois
cents Grecs mercenaires s’étant réfugiés dans une
île , il fit touts les préparatifs de l’attaque , plutôt
à deffein de les effrayer qu’à celui de- les forcer
dans ce dernier afyle ; & , lorlqu’il les vit réfolus
à fe défendre 3 touché de compaflïon pour ces
braves & fidèles foldats , il leur propofa de fe
rendre à la feule condition qu’ils ferviroient dans
fon armée. ( A r r ia n . L . 1 , pag. 57.8?. ).
Il rappella fon armée au moment où elle alloit
s’emparer d’Halicarnaffe, parce qu’il fe flattoit de
conferver cette ville, & d’engager les habitants à
la foumilîion. ( id .p . 65.). Sa clémence envers.la
famille de Darius eft affez connue, ainfi que les
honneurs funèbres qu’il fit rendre à ce malheureux
monarque. (/?. 1 1 4 ,2 1 2 ,2 1 4 .) . Il renvoya aux
villes grecques les ambaffadeurs qu’elles avoient
envoyés à Darius , aux Athéniens ceux de leurs
concitoyens qui avoient fervi les Perfes. ( id .
p . 166. ). Enfin il traita Porus en roi.
Cæfar fit voir en plus d’un lieu que cette vertu ne
lui étoit point étrangère. Lorfqu’il atteignit Afranius
qui fuyoit devant lui, celui-ci, voyant fon arrière-
garde preffée par la cavalerie de l’ennemi, s’arrêta
j lur une colline, & envoya quatre cohortes d’armés
|