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ment militaire, obtient fon congé abfolu, en donnant
des preuves authentiques qu’il eft d’extraâion
noble, & en faifant remettre dans la caille du
régiment l’argent que fon engagement a coûté.
On donne au foldat gentilhomme une cartouche
femblable à celle que reçoivent les foldats qui ont
acheté leur congé, mais on y énonce les motifs qui j
l’ont fait accorder.
Nous n’avons pu retrouver l’ordonnance qui
autorife les congés de grâce accordés aux foldats
gentilshommes : tout ce que nous avons pu recueillir
à cet égard, ce lont deux lettres dé M. le
prince de Montbarey, une en date du 24 janvier
*777 » & l’autre du 4 août de la même année..
L ’efprit de ces deux lettres eft, que le roi a toujours
permis aux gentilhommes qui fervent dans
fes troupes, en qualité de foldats, cavaliers, &c.
de fe retirer lorfque l'es circonftances qui les ont
portés à s’engager font, changées , ou lorfqu’ils
défirent prendre un état conforme à leur naif-
fance, & cela en rendant feulement la dépenfe
que leur engagement a occafionnée.
Quelque autorité que les lettres du miniftre de
la guerre aient en France, (voye^ Lettres des [
ministres) , il feroit cependant à defirer qu’une ]
ordonnance militaire fît connoître les volontés du j
roi aT egard des congés des foldats gentilshommes ;
que cette_ ordonnance fixât le genre de preuves
que-les foldats doivent faire, nommât le généa- I
logifte dont le certificat feroit néceffaire , & dé- j
terminât la femme d’argent que- le foldat gentil- S
homme devrait remettre à la caiffë. Avec quelle j
prudence celui qui rédigera le - préambule de j
cette ordonnance ne doit-il pas s’énoncer ! Qufil I
• craigne en relevant l’ordre de la nobleffe , d’avilir
la claffe des- fqliàat-s : qu’il fe fou-vienne que le
foldat eft un citoyen utile neceffaire -, réfpec- J
table, que les nobles ont été tirés pendant longtemps.
de cette clafie , &- qu’il feroit heureux
qu’elle fut encore la fource de là nobleflè.
D ’aprè.s ce que nous venons de dire , on voit j
afiez quelle eft notre opinion fur les foldats gentils- j
hommes ; fans doute on doit leur donner ia liberté I
de fe retirer dès l’inftant où ils le jugent à propos ; J
ils font les francs par excellence ; ils font libres par I
efience. Pourquoi donc leur donner une car- j
touche?
Auffi-tot qu’un foldat auroit prouvé qu’il eft j
gentilhomme, ne devroit-on pas lui donner le nom J
de volontaire , lui accorder une haute-paye légère ,
& lui confier la garde du drapeau. Aujourd’hui les j
foldats gentilshommes doivent faire le même fer-
vice que le refte dès foldats ; en les difpenfant des
corvées, on ravaleroit cent hommes, on humilieront
une clafie entière de citoyens „ dont on ne
peut trop élever l’ame ,& cela pour honorer un
membre fouvent dégradé d’une autre clafie, qui-
jDar fon efience a-toute l’élévation qui lui eft nécef~
ifeire j en donnant un nom-particulier aux foldats- j
gentilshommes,on pourrait leur, accorder fans. I,
inconvénient toutes les prérogatives que l’on croi*
roit utiles.
Si on ne vouloit pas employer les volontaires à
la garde du drapeau , on pourroit lès placer en
ferre-file. Le roi de Pruffe employé fes volontaire«
à cet ufage.
Quelque fervice qu’on faffe faire aux foldats
gentilhommes, on doit exiger d’eux une conduite
plus régulière que celle du refte des foldats. Dès
l inftant où quelques punitions n’auroient pu les
contenir dans la voie que doivent fuivre des
hommes qui font fenfés avoir reçu une meilleure
éducation que celle du peuple foldat, les chefs du
Corps devroient les renvoyer à leur famille ; leur
exemple feroit contagieux.
Quand bien même on créeroit dix places de
volontaires dans chaque régiment, quand ces dix
1 volontaires tiendroient lieu de vingt ou même de
trente foldats , l’état y gagneroit encore; Le calcul
d’arithmétique militaire eft aifé à- faire.
V .
Des congés accordés aux foldats- qui fe font engagés-
avant l'àge porté par les ordonnances^
Les ordonnances militaires veulent qu’on ne
puifte engager aucun homme qui n’ait feize ans
accomplis. ( V A ge. ). Et celle du premier
janvier 1768 porte que le foldat qu’on a engagé
avant cet âge,, ou les parents de ce; feldat', ont le
droit de faire annuller fon engagement en rendant
le montant des frais- qu’il a- occafionnés , l’argent
qu’il a reçu , & le prix des, effets qui lui ont été
donnés ; pourvu toutefois que la réclamation foit
faite dans le courant du mois qui fuit celui où
l’enfant a atteint l’âge de feize ans.
Nous ne discuterons pas ici fi un enfant-qui a
feize ans accomplis eft beaucoup plus en état de
faire la guerre que celui qui n’en a que quinze faits.
•Si celui qui a atteint la première époque eft plus-
capable de paffer un contrat & de féntir-à quoi iL
s’engage -, que celui qui touche à la fécondé.
(Voye% En gag ement. ) . La néceflité juftifie
fouvent les loix ; mais pourquoi obliger les parents,
à rembourfer à la maffe générale du- régiment,
l’argent que Fhomme de recrue a touché ?. Cela
n’eft pas jufte. Toutes les fois qu’il eft.prouvé,
que l’homme de recrue a trompé le recruteur,.
l’homme doit fervir. Toutes-les fois-que le recruteur
a- été de mauvaife fo i, c’eft lui qui doit rem—
bourfer à la malîe ce que l’homme de recrue a
coûtée Le recruteur doit payer encore lorfqu’il
n’a pas-fait enrégiftrer l’engagement,.& lorfque la
figure la tournure de l’homme- de recrue font
voir qu-’il eft très éloigné de feize ans > mais lorfque
l’enfant - eft aufîi fait qu’on- l’eft communément à.
cet âge y lorfqu’il a affirmé devant Je commiffaire
le fubdélégué ou le ptépofé de la police ,.. qu’il- a*
atteint la leiziçme année, il doit fubir la peine.-cfeu
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fon faux, fi toutes fois c’eft une peine, que de
fervir la patrie.
§, V I.
Des congés de réforme.
Nous tâcherons de faire connoître dans l’article
réforme quels font les vues de conftitution ou-de
conformation qui déterminent les régiments à
demander.la réforme de quelques-uns de leurs
foldats , & les infpeâeurs à l’accorder ; de dire
qu’elles font les maladies & les incommodités qui
rendent les réformes néceftaires ; de dévoiler les
raifons dont les foldats font ufage pour fe faire réformer
; peut-être offrirons-nous enfin alors quelques
vues.utiles fur l’emploi des foldats qu’on croit incapables
.de fervir. Il ne nous refte donc dans ce
paragraphe qu’à parler des cartouches de réforme ,
6c qu’à préfenter quelques réflexions relatives à la
manière de prévenir les friponneries que les hommes
réformés fe permettent trop fouvent.
Quelque foit la raifon qui fait réformer un foldat,
on lui donne toujours une cartouche peinte en
verd ; il eft vrai que les motifs qui ont déterminé
la réforme font fpéciftés fur la cartouche ; mais
pour connoître ces raifons , il faut lire le congé,
& nous avons-vu. plus haut que ce moyen étoit
infuififant. Au premier afpecf , l’homme qui a été
reformé parce qu’il mânquoit de taille , eft confondu
avec celui qui eft atteint de quelque infirmité,
& celui qui s’eft engagé (cachant bien qu’il ne pou-
voit faire le métier de foldat , avec celui, qui a
été réduit à cet état par un événement occafionné
peut- être par le -fervice .même : pour prévenir
ces abus , ne devroit-on pas créer quelques diftinc-
tions qui puffent apprendre aü public , par la feule
couleur de la cartouche , qu’elle eft la véritable
caufe de la réforme de celui qui en eft porteur.
Des cartouches mi;- partiespourraient être, employées
à cet ufage. Quoique nous 'regardions
la différence dans la couleur des cartouches comme
effentielle ,Tes congés qui nous, occupent offrent
encore un problème plus intéreffant à réfoudre.
Ce problème pourroit être expofé de la manière
fiiivant.e ; indiquer un moyen qui puiffe empêcher.les
foldats qui auront été réformés de contrarier un nouvel
engagement militaire. •
Eflayons nous-même. de donner la folution de
ce problème.
Nous n’employons pas la crainte des peines ,
elle ne fuffiroit pas. Quelle punition peut-on infliger
, d’ailleurs à.un homme qui n’eft pas capable de
faire le métier de foldat ? L’envoyer, à la chaîne,
c’eft le punir trop févèrement ,, c’eft multiplier
les dépenfes de l’état. & priver, la fociété. d’un
membre qui peut lui rendre des fervices eftentiels ;
jufqu’au moment où l’on aura trouvé le moyen
d’occuper utilement les hommes qui auront mérité
d’être mis aux galères de terre ; jufqu’au moment.
o.ù..le. moyen., aura été adopté nous.verrons
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avec la plus grande peine lés chaînes de terre
s’étendre. (.Voyez l’article D é s e r t eu r , l’auteur
croit avoir indiqué un moyen de rendre ces chaînes
utiles. ).
Ave c quelque foin que les officiers & les bas-
officiers recruteurs examinent les hommes qui fe
préfentent pour s’enroller , quoiqu’ils les biffent
vifiter fcrupuleufement par; un chirurgien ; tout
homme fourbe qui a déjà été réformé & qui veut
pourtant toucher le prix d’un nouvel engagement
réuffit aifément à les tromper. Il n’y a que la
marque .militaire qui puiffe mettre, les hommes
-réformés dans l’impoffibilité de s’engager une fécondé
fois , cette marque, dont plufieurs. peuples
de 1 antiquité ont fait ufage , que plufieurs auteurs
militaires ont confeillée , que le maréchal de Saxe
regardoit comme indifpenlable , détruirait non-
feulement l'abus qui nous1 occupe , mais encore
une infinité d’autres beaucoup plus graves & qu’il
importe d’extirper. Si cette marque qu’il feroit très
aifé de faire adopter , étoit généralement établie ,
les défertions diminueraient de moitié ; les recruteurs
ne feraient plus dupés par des foldats provinciaux
, ou même par ceux des régiments de
ligne : les foldats chaffés d’un corps avec igno-
’ minie , ne pourroient plus entrer dans un autre
tout homme qui auroit fervi ne pourroit plus nier
qu il eut ete foldat, St celui qui, auroit fervi" avec
gloire, ne feroit plus confondu avec celui qui auroit:
peu mérité de la patrie, La marque militaire pourrait
en effet rendre fenfibles. toutes les diftinflions.
délicates qui font néceffaires à l’état militaire.
Comme l’occafion de parler des- avantages-que1
produirait la marque militairefe préfentera plufieurs
fois dans le cours de cet ouvrage , comme1
rl feroit infiniment aifé en employant les. caraâères
connus, ou en en créant de nouveaux de rendre-
fenfibles les nuances les plus fixes ;:nous terminerons
ce, paragraphe en invitant lès chy.miftes à
compofer une préparation nouvelle,,ou à en in-
drquer une connue q u i, fans être trop cauflique „
laiffe pourtant fur la peau une impreffion que tours-
les agents connus ne puiffent.ni effacer ni attirer
qui foit. aifée à conduire pour que les hommes-
les moins adroits puiffent en faire ufage, & affez
compliqué cependant pour qu’il, foit. difficile, de-
la cantrefaire.-
1 V I L
Des congés infamants
Nous voici arrivés au dernier des congés abfolu? ;;
qu’on nous permette de ne nous y arrêter qu’unî
inftant;. c’eft avec peine qu’on fixe fes-regards fur
des malheureux qui, après être entrés dans la car-
de fhonneur, n’ont atteint, que la honte. &
l’infamie.. .
On ne donne dé cartouche jaune,. & part confê-
quent de congé infamant, qu’aux foldats qui par,"
quelque faute grave. 5c v ile,, ont mérité de gaffeir