
capables, les plus intelligents, & cêi& qui auront
les qualités requifes pour fervir dans un régiment
auJfi diflinguè que les carabiniers. Les capitaines des
carabiniers , tirés de là cavalerie, ne peuvent parvenir
aux places de lieutenant-colonel qu’après cinq
ans de fervice dans le corps. Les cornettes font
confervés , pour'donner aux officiers des carabiniers
les moyens déformer leurs fils fous leurs yeux.
Les carabiniers éprouvèrent le 21 décembre 1762
un changement confidérable. Ils ne formèrent plus
que trente compagnies ; mais elles furent toujours
divifées en cinq brigades. Les cornettes furent iup-
pnmees ; mais on créa un fóus-lieutenant par compagnie.
Les maréchaux-de-logis qui, avant cette \
ordonnance, etoient libres , 6c n’étoient pas cenfés
parmi les carabiniers , furent fournis à la même
loi que ceux du refie de la cavalerie. Les compagnies
furent commandées par un capitaine, un
lieutenant, 6c un fous-lieutenant ; elles furent compilées
de deux maréchàux-de-logis , d’un fourrier
, de quatre brigadiers , de quatre appointés ,
d un trompette, & de quarante carabiniers. Un quart
du corps fut mis à pied ; la* cavalerie continua de
fournir aux carabiniers prefque toutes les recrues
dont ils avoient befoin* On créa un tréforier, deux
quartier - maîtres, 6c un timbalier, pour tout le
regiment , & deux porte-étendarts par brigade.
Le roi fe referva la nomination du major, de l’aide-»
inajor, des meflres-de-camp , des lieutenants-colonels
des brigades , & le droit de choifir ces officiers
, pour le tour de la cavalerie, parmi les capitaines
de touts les régiments de cavalerie indiflinc-
tement, 6c pour le tour du corps , parmi les lieutenants
colonels 6l les capitaines que fa majeflé
jugeroit à propos d’avancer fans aucun égard à
1 ancienneté. Les capitaines des carabiniers peuvent,
par la même ordonnance, prétendre aux lieutenances
colonelles, 6c aux majorités des régiments
de cavalerie.
Le premier avril 1765, 1e roi établit un capitaine-
commandant dans la compagnie du meflre-de-camp-
lieutenant du corps des carabiniers , & un dans cha- '
cune des compagnies des meflres-de-camp & des
lieutenants-colonels commandants les brigades. Ces
places furent deflinées à des, capitaines réformés du
corps des carabiniers, ou des régiments de cavalerie,
ou a des fujets qui, ayant fervi en qualité d’officier
fubalterne , auroient mérité par leur conduite le
grade de capitaine.
Le 23 août 1772, on donna au corps des carabiniers
un chirurgien par brigade , & deux maréchaux
experts fur la totalité du régiment. Les places
de meflres-de-camp commandants les brigades,
furent attribuées alternativement, par cette ordonnance
, à un meflre-de-camp , ou à un lieutenant- *
colonel de cavalerie, ou à un lieutenant-colonel
du corps. Les lieutenances-colonelles des carabiniers
ne furent plus données qu’aux capitaines du •
çprps. Les officiers de cavalerie qui paffoient dans
le^ carabiniers ne purent parvenir à un nouveau
gfade qu’après avoir fervi au moins cinq ans dàns
le corps : les lieutenants de cavalerie ne purent
plus obtenir des lieutenances dans les carabiniers,
Le régiment des carabiniers fut nommé le 14
raai I774> carabiniers de Monsieur.
Le 13 février 17 7 6 , le corps des carabiniers
éprouva une grande réforme : il ne fut plus com-
poi* que de huit efcadrons. Chacun de ces efca-
drons ne fut plus compofé que d’une compagnie;
chaque efcadron fut commandé par un lieutenant-
colonel , un capitaine en premier , un capitaine
I en Ificond , un lieutenant en premier, un lieute-
I nan* 6ti^ fécond & deux fous-lieutenants. Il fut
i compofé de deux maréchaux-de-logis, d’un fourrier
, de huit brigadiers , de deux trompettes &
de cent trente-deux carabiniers. L’état-major des
brigades fut fupprimé , & l’état-major du corps
fut compofé d’un meflr e-de-rcamp-lieutenant fans
compagnie, d un meflre-de-camp -lieutenant, commandant
en fécond, d’un major, d’un aide^major,
de quatre porte-étendarts , de deux adjudants,
d un treforier, d’un aumônier, d’un chirurgien-
major , d’un aide-chirurgien-major, d’un timbalier,
d un marechal-expert,. d’un armurier, d’un fellier.
Un des cinq meflres-de^camp , qui commandoient
les brigades , fut pourvu de la place de meflre-de-
camp-lieutenant , commandant en fécond ; les
quatre autres refièrent à la fuite du corps.
Les carabiniers ne confervèrent pas longtemps
la formation dont nous venons de parler. Dès le
0 avril 17 79 , ils prirent celle dont nous avons
donne le tableau dans la première feélion de cet
article. Depuis cette époque du 8 avril 17 79 , les
ca r a b in ie r s n ont éprouvé d’autre changement que
1 etabliffement des fous-lieutenants en trôifième, la
reforme du treforier , qui n’étoit pas militaire , 6c
fon remplacement par un quartier-maître-tréforier,
qui, ayant, par fon emploi le grade de lieutenant
en premier , efl revêtu de l’autorité néceffaire aux
! différents devoirs que fon état lui impofe.
: ^ Telles font les variations que les carabiniers ont
éprouvées depuisleur création jufqu’au moment préfent,
premier août 1784. On voit qu’ils ont conflam-
ment joui d-une grandefayeur, que leur traitement a
toujours ete fuperieur à celui de la cavalerie ; qu’ils
en ont ete diflingués par leur compofition : nous
verrons bientôt qu’ils ont mérité ces diflinélions
flatteufes.
Louis X IV fut le premier meflre-de-camp
qu eurent les^carabiniers : Louis X V , à fon avènement
au trône , voulut bien auffi porter ce titre.
II le conferva jufqu’en 1738, où il s’en démit en
faveur de monfeigneur le comte de Provence
aujourd’hui Monsieur.
Le corps des carabiniers eut pour premier meflre-
de-camp - lieutenant, commandant en chef, mon-
feigneur le duc du Maine. Nommer ce prince , c’efl
faire fon éloge ; c’efl dire encore quelle étoit
1 opinion avantageufe qu’on avoit des carabiniers
n^iffaqts,
Le pririce de Dombes fuceéda, le 10 mai 1736,
àu duc du Maine qui venoit d’expirer. Il conferva
le commandement des carabiniers jufqu’à fa mort
arrivée en 1755. Depuis cette époque jufqu’à l’année
1758* les carabiniers n’eurent point de commandant
en chef : le meflre-de-camp de brigade
dont le brévet étoit de la plus ancienne date com-
mandoit tout le corps ; les auttes meflres-de-camp
lui-rendoient. compte de leurs brigades. Cette ef-
pèce d’interrègne fut rempli par M. le comte de
Montmorenci.
Le 13 mai 17 58 , lorfque les carabiniers^ furent
donnés à M. le comte de Provence , on créa de
nouveau . la charge de meflre - de - camp - lieutenant
, commandant en chef , 6c infpecfeur
du corps : elle fut donnée à M. le comte de
.Gifors ,. fils du maréchal de Bellifle. Le comte
de Gifors ne jouit pas longtemps, il efl v ra i, de
l’honneur de commander les carabiniers ; mais la
vie la plus courte n’efl-elle pas affezlongue lorf-
qu’on la perd fur un champ de bataille , de la manière
la plus glorieufe, & quand on emporte les
louanges 6c les regrets de touts fes concitoyens,
6c même de fes ennemis. ( Voye^fettion 111. §. IL').
M. le marquis de Poyanne , lieutenant-général
des armées du r o i , chevalier de fes ordres , remplaça
le comte de Gifors. Il commanda les carabiniers
jufqu’à l’année 1781 , & mourut à Vendôme
, en rempliffant les devoirs que fa place lui
impofoit. Il feroit doux pour nous de donner à
ces’ différents chefs le tribut de louanges qu’ils ont
méritées * mais nous devons laiffer ce foin à l’hif-
loire, qui efl chargée de récompenfer par fes éloges
touts les guerriers que leurs fervices ont illuflrés.
Nous tranfcrirons feulement ici une lettre que Moniteur
écrivit au corps des carabiniers, dès qu’il fçut
la mort du marquis de JPoyanne.
» J’ai appris , meilleurs , avec une fenfibilité facile
à concevoir, & que vous partagez fans doute,
la perte que le corps vient de faire en la perfonne
de M. le marquis de Poyanne. J’ai fur le champ
réfolu de donner déformais tous mes foins à un
corps auffi diflingué , dont ma confiance envers
■ M. le marquis de Poyanne, 6c la connoiffance que
j’avois de fon mérite , me faifoit entièrement re-
pofer fur lui. En même, temps , je me fuis appliqué
au choix d’un fucceffeur digne d’être à
votre tête, 6c de remplacer l’excellent officier que
nous venons de perdre. Après y avoir mûrement
.réfléchi, j’ai fait choix de M. le comte de Chabril-
lant, capitaine de mes gardes ; 6c je ne doute pas ,
le connoiffant, comme je le fais , qu’il ne juflifie
ma bonne opinion , en méritant le fuffrage d’un
corps a la tête duquel je me fais honneur d’être.
Je ferai toujours fort aife , meffieurs, quand je
trouverai les occafions de vous donner des marques
<de mon eflime , & de ma très fincère affeélion.
Signé, L o u is S t a n i s l a s X a v i e r . ».
Si la nature de cet ouvrage nous l’avoit permis ,
8© us aurions parlé des chefs de brigade des car abiniers,
on auroit vu dans leur lifle plufieurs noms
illuflrés : les Dumefnil, Roffel, d’Aubeterre , la
V a lette , Montefquiou , Braffac, Montmorenci,
Durfort, Béthune, Créqui, & c . &c. Mais nous
fommes forcés de laiffer à celui qui fera l’hifloire
des carabiniers ces 'détails intéreffants , & de nous
occuper dès aélions que les carabiniers ont faites ,
6c de celles auxquelles ils ont eu la plus grande
part.
S E C T I O N I I I.
Des allions des carabiniers , tant fendant la fa ix
que fendant la guerre.
Un légiflateur peut réuffir à faire de quelques
citoyens des guerriers diflingués par leurs moeurs,
leurs talents , Ô£ leur valeur, en leur donnant des
principes généraux & folides dé morale 6c d’art
militaire ; mais , pour élever le courage de tout un
peuple . ou d’un corps entier ; pour lui faire fentir
les avantages de la difcipline, & pouriurinfpirer
l’amour des vertus guerrières, il faudroit qu’il
fuivît une marche différente ; il faudroit, pendant
la guerre , qu’il conduisît fur un champ de bataille
les hommes qu’il voudroit transformer , 6c
qu’il mît fous leurs yeux les vertus qu’il leur pref-
criroit ; il faudroit, pendant la paix , qu’il les plaçât
dans un endroit affez élevé pour qu’ils fuffent les
témoins des fuites heureufes qu’entraînent après
elles l’obéiffance, la difcipline, & l’inflruélion ;
mais , comme tout cela n’efl pas poffible , un
légiflateur ne peut que faire remettre fouvent fous
les yeux des militaires qu’il veut inflruire les
allions qu’ont exécutées, 6c les récompenfes qu’ont
obtenues les corps qui ont conflamment agi d’après
les principes qu’il cherche à graver dans l’ame de
nos guerriers. Tels font les motifs qui nous ont
déterminés à retracer la conduite des carabiniers
pendant la paix, 6c leurs allions pendant la guerre.
§. i er. ;
Conduite des carabiniers fendant la fa ix .
Pour qu’un régiment puiffe entrer en campagne
au moment où l’on a befoin de fes fervices, 6c
exécuter pendant la guerre touts lès ordres qu’on
pourra lui donner , il faut qu’il foit compofé
d’hommes forts, adroits, & sûrs ; que fes armes
foient bonnes & bien entretenues ; qu’il ait une
inflruélion générale & folide ; une tenue belle ,
fans être brillante ; qu’il foit fournis à une discipline
exaéle , fans être minutieufe ; qu’il foit
fur-tout animé par un bon efprit militaire. Tout
régiment qui réunit ces qualités efl digne d’éloges,
6c mérite d’être propofé pour modèle au refie des
troupes. Tels font, 6c ont prefque toujours été
les carabiniers depuis le moment de leur création.
Pour prouver que les carabiniers réunifient touts
les avantages dont -nous venons de parler, nous
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