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armes & fes habits au plus haut degré de propreté
qu il lui eft poffible. Dans toutes les occaûons , il
" 01t * brigade l’exemple de la perfeéiion. La
coniideration que lui portent fes cavaliers diminuèrent
tans doute, s’il fe mettoit fouvent dans le cas
de recevoir des réprimandes, ou defubir des pu-
nnions.il doit avant démonter la garde, procurer
a fa brigade tout ce dont elle pourrait avoir befoin
pendant fon abfence. Lorfque l’heure où le maréchal
des logis doit intpefterles gardes eft arrivée
le brigadier le rend au lieu qui eft indiqué : il s’y
trouve encore quand le lieutenant, ou le fous-lieutenant
qui eft de femaine, vient pour le même objet,
truand 1 heure de l’affemblée des gardes eft annoncée
par la trompette ,-il fe joint au refte de la
garde que fournit fa compagnie ; & , conduit par
un maréchal des logis, il arrive au rendez - vous
general des gardes de ton régiment.
•Kous ne luivrons pas le brigadier depuis l’inftant
ou il eft incorporé dans la garde de fon régiment,
jufqu’au moment où il arrive au porte que le fort
îg S a donné : pendant tout ce temps, il ne doit
qu obéir. Nous ne fuppoferons pas non plus ici qu’il
commande une garde à cheval : c’eft pour l’article
maréchal des logis que nous réfervons ces détails ;
& nous renvoyons de même au mot fergent les
devoirs' qu’il doit remplir quand il commande une
garde a pied. Nous allons donc parcourir feulement
ceux qui lui font impofés, quand il fait les fonflions
de brigadier de configne.
Lorfque le détachement eft arrivé au pofte qu’il !
doit garder, & que celui qui le commande a ordonné
au brigadier de configne d’aller vifiter le
corps de garde , il y entre avec le brigadier ou le
caporal de 1 ancienne garde ; il examine li touts les
objets- qu’on lui configne font en bon ordre. Si
quelques-uns ont éprouvé des dégradations , il en
rend compte au commandant de ton pofte. S’ilrem-
pliffoit avec inattention cette vifite effentielle il
s’expoferoit à être obligé de remplacer les objets
qui manqueraient, ou qui feraient dégradés , & à
fubir une punition févère. Cette infpeélion étant
finie, il numérote touts les foldats qui font de fer-
vice avec lui. Le numéro qu’il leur donne eft un
efpèce de nom qui doit fervir à les faire reconnoître
pendant la durée de la garde. Pour que les foldats
n’oublient pas le numéro qu’ils ont reçu, & qu’ils
ne puiflent en changer, le brigadier l’écrit avec de
la craie fur la giberne de chacun d’eux. Il prend
enfuite les ordres du commandant de fon pofte ;
& , lorfqu’on lui ordonne d’aller relever les fen-
tineljes, il fait fortir du rang les foldats qui doivent
aller en faétion ; il les appelle par leurs numéros ;
il les forme enhaie, & lés prelènte au commandant
de la garde.
Quand' celui-ci les a infpeélés , le brigadier les
met fur deux ou trois rangs fuivant leur nombre
Il leur commande de marcher , fe met à leur tête
les conduit dans le plus grand ordre , dans le plus
grand filence ; & , accompagné du caporal ou du
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brigadier de la garde qui defcen'd, il va tout de
luite relever la fentinelle qui eft placée devant les
armes. Arrivée à fix pas d'elle, il fait arrêter fa
pôle, 6c fuivi du feulfoldat qu’il a défigné pour
occuper ce pofte , il s’approche de l’ancienne fen-
tmelle , place la nouvelle à la gauche de celle-ci,
commande a toutes deux de le faire face & de
prelenter leurs armes. Alors l’ancienne ftntinelle-
donne la configne à la nouvelle; les brigadiers
sappiochent pour ecouter fi l’ancienne fentinelle
donne la configne telle qu’elle l’a reçue. SI elle
oublie quelque objet, ou fi elle en tronque quelque
autre, le brigadier de la garde defeendante répare
les omilfions & les fautes que fa fentinelle a com-
miles. Quand la configne eft donnée, le brigadier
examine dans la guérite & aux environs fi les fen-
tinelles precedentes n’ont point porté des pierres
ou des bancs pour s’affeoir; fi elles ri’-ont pas bouché
lesfenetres des guérites ; fi elles n’ont pas commis
ou laille commettre des dégradations dans les environs
de leur pofte. Il fait enfuite porter les armes
aux deux fentinelles, leur commande à droite &
a gauche , fait marcher celle qui vient d’être re-
le v e e , d rejoint les foldats qui doivent allér en
taction, & va les pofer de la même manière que
nous venons de le dire : il place chaque foldat à
1 endroit qui lui a été défigné par fon commandant,
C* d apres les principes que nous établirons au mut
Jentinelle.
, ^a P°fe eft finie , le brigadier retourné
a ion pofte, & rend compte à fon commandant de
tout ce qu’il a obfervé. Quand la garde eft rentrée
■ 1 egaliie le fervice avec les autres brigadiers, rés
partit avec juftice celui des foldats, les fait tirer au
iort pour fçavoir quels feront ceux qui iront chercher
le bois , la chandelle, &c. ; & qui feront les
autres corvées, Il fait partir les premiers, apres
toutes fois les avoir fait mettre dans le coftume
que nous indiquerons au mot corvée. Pendant la
la duree de fa garde , il veille à ce qu’aucun des
loidats ne s écarté du pofte ; il maintient parnii
eux, 1 ordre & la difeipline , fort fouvent du corps
de garde pour obferver ce qui fe paffe dans les environs
, vifite les fentinelles , leur fait répéter leur
confignè , & leur donne toutes les inftruftions qu’il
croit néceffaires. Quand l’heure à laquelle il doit
relever fes fentinelles a fonné , il fe conduit comme
nous l’avons dit en parlant de la première pofe. Si
pendant fa garde il eft obligé de faire des rondes
ou des patrouilles , il agit comme nous le dirons à
1 article rondes 6* patrouilles a
Si le brigadier eft envoyé pouf reconnoître, une
troupe qui fe préfente pour entrer dans le pofte
il va la reconnoître ^ & il fe conduit comme nous
1 indiquerons au mot reconnoiffance. S’il eft envoyé
a un incendie , il agit comme nous le dirons^à
1 article incendie. Quand il va chercher le mot ou
faire quelque rapport, il fe conduit comme nous
1 indiquerons dans les articles mot & rapports. ; *
Quand le brigadier a,defcendu la garde, & eft
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àrrîvè à fon quartier, fon premier foin eft de travailler
à remettre dans le plus grand ordre toutes
les parties de fon habillement, de fon armement,
de fon équipement, q u i, pendant la duréé de
fa garde , ont pu éprouver quelque dégradation.
Il le rend enfuite à l’infpe&ion que le maréchal
des logis, & l’officier de lémaine font des hommes
qui ont été de fervice, & reprend enfuite le cours
de fes devoirs journaliers.
Outre ceux que le brigadier doit remplir, comme
commandant d’une brigade, comme chef d’un ordinaire,
comme bas - officier chargé pendant la
durée d’une garde de pofer & de relever les fentinelles
; il a encore des fondions à remplir comme
brigadier de femaine. On donne ce nom à celui
qui eft chargé pendant une femaine entière de fe
trouver à l’ouverture du coffre à l’avoine , fk de
la voir mefurer & diftribuer. 11 doit affiftor auifi à
la diftributiôn de la paille & du foin, & voir les
cavaliers qui font de garde aux écuries jetter ces
fourrages dans les râteliers! Il eft principalement
chargé de l’infpe&ion. des foldats qui montent la
garde & qui la defeendenï : il conduit ces hommes
au rendez-vous particulier des gardes du régiment;
il affifte au grand cercle de la garnifon , & au cercle
particulier de fon corps pour entendre l’ordre. ( V.
O rd re .). Il mène les recrues au manège quand
on conduit les chevaux à l’abreuvoir , il marche
à la queue de la compagnie pour y maintenir-
l’ordre.
ConnoiJJdnces nécejfaires aux brigadiers qui font
bas-officiers.
D ’après cet expofé fuccinéf des devoirs des brigadiers
, on ne fera plus étonné que nous ayons
regardé ces bas-officiers comme la bafe fur laquelle
repofe le grand éftifice de la difeipline militaire :
mais on lé fera beaucoup d’apprendre que généralement
on apporte très peu de foin dans le choix
de ces hommes fi effentiels. Ici c’eft la taille & la
figure qui élèvent à -cet emploi; là c’eft l’ancienneté
des ferviees ; ailleurs la volonté feule des
commandants des compagnies. L’ancienneté des
ferviees, le defir des capitaines , & une figure
heureufe doivent influer fans doute fur le choix
des brigadiers. ( Voyeç A v a n c e m e n t e t b a s -
o f .f i c i e r s . ). Mais ces avantages fenls ne méritent
pas qu’on élève au rang de brigadier les hommes
qui les pofsèdent. Pour remplir dignement les devoirs
qui lui font impofés, il faut qu’un brigadier
fait inftruit à fond dès ordonnances militaires ; qu’il
connoiffe la partie de l’art de la guerre qu’il doit
exercer , c’eft-à-dire la manière de bien faire une
patrouille, une reconnoiffance ; de bien fouiller un
bois , un village ; deconduire avec fageffe un petit
parti , & de profiter des eirconftances favorables
que la fortune ou le terrein lui offre:
On a mis én queition s’il étoit néceffaire que
les brigadiers (çuffem lire & écrire : je regarde ces
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deux connoiffaftces comme indifpenfables. Comment
un brigadier qui ne les aura pas pourra-t-il
tenir avec exaéHtude le livre de fon prêt ? Comment
pourra-t-il connoître à touts les inftants l’état
des effets à l’ufage des hommes de fa brigade , &
en rendre un compte fidèle ? S i , dans une recon-
noiffance militaire , il fà’t une découverte importante
, comment rendra-t-il compte de ce qu’il aura
vu fur-tout fi l’objet qu’il a découvert continue
d’exiger fa préfence ? Le cavalier qu’il dépêchera
peut oublier ou tronquer une circonftance, &
tout fera changé. Doit - il tenir fecret un ordre
qu’il a reçu par écrit ? Doit-il ne laifier paffer que
des gens pourvus de congés ou de paffeports ?
Comment remplira-t-il fa million ?
Qu’au fiècle où l’on croÿoit l’inftruétion dange-
r6ufe dans le peuple & dans le foldat, on n’exigeât
pas que les brigadiersfçuffeht lire & écrire, c’étoit
raifonner conféquemment : mais, dans celui-ci où les
avantages1 de l’inftruélion font reconnus , où les
partifans les plus déclarés de l’ignorance font
obligés de convenir qu’il eft utile que les citoyens
même de la dernière claffe fçaehent lire , écrire, &,
calculer , où le gouvernement prend des moyens
pour procurer des fecours de ce genre aux habitants
des campagnes les plus reculées; on doit
exiger , ce me femble , que touts les bas-officiers
des troupes françoifes fçaehent lire , écrire , &
faire les quatre premières opérations de l’arithmétique.
Les avantages que nous avons indiqués
julqu’ici ne feront pas les feuls qu’on retirera de ce
nouvel ordre. On fe plaint que l’oifiveté du foldat
produit la plupart de fes vices : engagez-le à apprendre
à' lire, à écrire, & à calculer ; formez dans
chaque régiment une école publique & gratuite de
leéhire , d’écriture , & d’arithmétique ; ordonnez
expreffément qu’on ne fera admis au rang de
bas- officiers qu’après avoir copié d’une manière
lifible les devoirs de la place qu’on doit remplir,
qu’après avoir prouvé qu’on fçait faire les quatre
premières opérations du calcul numérique vous
arracherez pendant quelques heures, au moins, les
' foldats à la parefle & à l’apathie dans laquelle ils
vivent ; prelque touts les citoyens qui auront con-
facré huit ans au fervice de la patrie auront obtenu
une efpèce de dédommagement du facrifiee de leurs
plus belles années ; les pères verront à l’avenir
avec moins de peine qu’aujourd’hui leurs enfants
entrer dans l’état militaire : ils le verront même
avec plaifir ; fi , à l’inftruâion dont nous venons
de tous occuper , on joint quelque jour la con-
noiffance des principes d’un art méchanique. V.
Soldat.
Il y a beaucoup d’occafions où le brigadier n’eft:
à portée ni d’un élevé de Fécole vétérinaire , ni
d’un maréchal expert. Son cheval ou celui d’un de
fes cavaliers peuvent cependant être atteints d’une
maladie qui, pour être guérie, ne demande qu’uni
régime particulier ou des remèdes^fimples; & q u i ,
j fi elle eft négligée peut devenir très grave* Q u e