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fe&ueux & incurables, ou de faire obtenir les ré- |
compenfes militaires aux bas - officiers & foldats •
dont les infirmités réunies a 1 ancienneté de leurs
fervices, les empêchent de pouvoir les continuer
plus longtemps ». L’époque de ce travail précédant j
ordinairement celle de la revue de 1 infpeéfeiir, il j
convient que les chirurgiens-majors prennent note j
des hommes qui font dans l’un des cas defignes, I
&. qu’enfuite ils prennent jour avec les officiers |
de lanté.de l’hôpital, afin qu’ils puiffent conduire
ces hommes au lieu & à l’heure du rendez-vous. %
Ils ont encore plufieurs autres devoirs dépendants
de la volonté du commandant du régiment,
& même de celle de l’officier particulier.
Ces devoirs très variés l'ont toujours contraires
au bon ordre , fouvent préjudiciables à la fanté
des foldats , & prefque toujours difficiles & déf-
agréables à remplir. Cet inconvénient n auroit pas
lieu ; fi , comme nous l’avons d it , touts les devoirs
des chirurgiens-majors étoient prevus & détermines
par une ordonnance.
Ils font encore obligés de fe rendre a la pnfon
& aux falles de difcipline. ( Ces lieux, étant uni- j
quement deftinés à priver les foldats de leur li- j
berté , .devroient être mieux fitués , moins refferrés, 1
plus aérés, &" tenus plus proprement qu ils ne le
font : faute de ces précautions , les hommes qui
féjournent quelque temps dans ces lieux mal-fains
en fortent languiffants ou malades. ). Les chirurgiens
majors s’y rendent, pour s’affurer fi lès in-
difpofitions desloîdâtsquife plaignent font limulees
ou vraies ; afin que , dans le premier cas, ils ne
puiffent fe fouftraire aux peines qui leur ont été
infligées , & que, dans le iecond , les fecours que
leur état exige leur foiènt procures. Obfervons
qu’il n’y a forte de rufes que les foldats n emploient
pour parvenir à leurs fins.
Il y a des villes de guerre, telle que Metz, dans
lefquelles, lorfqu’il arrive des combats particuliers
de foldat à foldat, la compagnie de laquelle font
les combattants tait pendant huit jours le fervice
de la place, & pendant quinze jours fi lés combats j
font fuivis de mort d’homme : on aobferve qu’ils j
font devenus très rares, depuis que M. le maréchal j
de Broglie a établi ce genre de punition. Je dois ;
repréfenter qu’il y~en auroit beaucoup moins en- |
core i fi » pour ménager les officiers , les comman- ;
dants des régiments n’avoient la plus grande attention
de faire traiter les bleffés a la chambre par
les ckirurgiens-majôrs , afin de les fouftraire a la
punition annoncée , & les chirurgiens-majors font
obligés de n’envoyer à l’hôpital leidits bleffés qu autant
que le commandant du régiment auquel ils en
rendent compte le leur a ordonné. Dans les autres
garnifpns ,où cette punition n’a pas lieu , il convient
d’en inftruire le plutôt poffible le chef du régiment,
afin de le mettre à même de rétablir le bon ordre j
& de prévenir de nouveaux combats.
Les ckirurgiens-majôrs, devroient en garnifon re-
çonp.oître la pofition du pays nouvellement habite,
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celle des lieux occupés, la diftribution ou difpofi-,
tion du logement des troupes, l’hôpital, lapril’o n ,
les falles de difcipline ; expofer au commandant les
vices &. inconvénients qui en dépendent, &. indiquer
les moyens de les prévenir & d’y remédier.
Ils devroient auffi chercher à connoître la nature
des productions du pays, & fur - tout celles qui
fervent à la nourriture des foldats ; analyfer pendant
les diverfes faifons les eaux deftinées à l’ulage
du foldat, afin de s’aflurer de leurs bonnes & mau-
vaifes qualités ; s’occuper de la nature des vents
qui régnent le plus ordinairement dans chaque
faifon ; ne point perdre de vue le pays que l’on
vient de quitter, le temps qu’il a fait pendant la
marche du régiment ; apprécier les effets de ces
différentes caufes, ôc en indiquer les préfervatifs
ou les corre&ifs.
Ils doivent auffi faire fortir de l’hôpital les foldats
attaqués de maladies chroniques , ou qui auroient
de la peine à guérir dans l’hôpital, pour les envoyer
en d’autres hôpitaux , ou chez eux j on ob-
tiendroit ainfi la guéri Ion de plufieurs foldats, qui
finiffent par périr en reftant trop longtemps dans
le même hôpital, & on économiferoit en même
temps les deniers du roi.
Il feroit très utile que chaque régiment formât
un établiffement de convalefcents. Les chirurgiens-
majors devroient être chargés de leur direction.
Pour cet objet il faudroit deux chambres, douze
lits , deux foldats & un caporal hors d’état de
fervir , & deux fous de haute paye par jour pour
l’ordinaire : les dépenfes qu’occafionneroient les
fecours particuliers qui pourroient leur devenir ne-
’ ceffaires fer oient payés à part. Ces précautions
préviendroient beaucoup de rechutes, & on reta-
bliroit fans peiné les convalefcents. Un foldat qui
relève d’une longue maladie, a les organes de la
digeftion trop débiles pour digérer les aliments
groffiers de fon ordinaire j lorqu’on le foumet a1
cette néceffité , il en réiulte des digeftions imparfaites
, des langueurs, de la fièvre , &c.
Il feroit très Utile que les chirurgiens - majors
fiffent le fervice militaire des' hôpitaux de charité ,
dans les villes de garnifon ; parce que, connoiflant
ce fervice , ils le feroient mieux que les officiers
de fanté titulaires qui l’ignorent absolument.
S ’ils étoient admis à ces places , d’après le plan
que nous avons propoié , ne pourroient - ils pas
faire le fervice de fanté des'hôpitaux d ordre
fubalterne , & fe charger d’une partie de l’inftruc-
tion des élèves qui s’y trouveroient. Ne pourroit-
on pas même en tirer un plus grand parti, foit en
les chargeant du fervice de touts les hôpitaux, en
les confervanttels qu’ils font, excepte les officiers
de fanté en chef , qu’on fupprimeroit, ou foit en
leur confiant l’inftruéfion des élèves feulement ;
ce qui entraîneroit la fuppreffion des chirurgien s-
démonftrateurs, & rendroit l’inftruéfion plus gé*-
nérale & meilleure : les diverfes parties du fervice
étant çonfiées à des hommes qui réunir oient la
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théorie de toutes les branches de l’art de guérir,
à la pratique la plus pure pourroient bien mériter
la préférence.
§ . X I I .
Devoirs des chirurgiens-majors pendant les
routes.
C ’eft aux chirurgiens-majors à s’impofer ces devoirs
, puilque l’ordonnance n’en parle pas.
Deux ou trois jours avant le départ desrégiments,
ils doivent aller à l’hôpital pour prendre connoiffance
des hommes qui font en état d’entrepren*dre la
route fans inconvénient & les faire fortir la veille
du départ , comme il faut auffi qu’ils y laiffent
ou y faffent entrer ceux qui ne pourroient voyager
fans courir quelque rifque ; le commandant du régiment
doit être inftruit de cette vifite.
Ils doivent porter avec eux tout ce qui eft né-
ceffaire pour fecourir & foigner les officiers &
foldats pendant la route : les médicaments, onguents
, bandes, compreffes, & charpie , devroient
être achetés aux frais des corps ; comme ces différents
objets ne feroient pas faciles à fe procurer,
fur - tout auffi promptement qu’il feroit à defirer
en certains cas , il conviendroit qu’ils fuffent, ainfi
que les inftruments de. chirurgie , fous la main des
chirurgiens-majors, & que ceux-ci fuffent à l’abri
des injures du temps , afin de pouvoir à l’inftânt
porter avéc aifance les fecours que les circonftances
pourroient exiger.
Il faudroit pour çet objet qu’ils euffent une voiture
pour eux feulement. Je fpécifie cette réferve,
parce que plufieurs jeunes officiers croiroient pouvoir
difpofer de cette voiture : ils n’y feroient admis
que dans le cas d’un accident qui leur feroit arrivé.
Alors ils payeroient en commun avec le chrurgien-
major les frais du voyage. A cette voiture feroient
attéles deux chevaux de trait au taux ordinaire de
I liv. 5 fols : le maître des chevaux feroit tenu de-
conduire la voiture , s’il n’avoit pas des gens en
état de le faire. Avec de tels fecours , peu difpen-
dieux a la vérité, mais pénibles pour les chirurgiens
on auroit l’avantage de fecourir l’officier , le bas-
officier & le foldat , d’économifer le peu d’argent
que d ordinaire ils emploient à leur foulagement,
& de conduire à la garnifon des hommes qui fe-
roient reftés dans les hôpitaux, & que le calinage,
ou d autres motifs y auroient retenus plus ou moins
de temps. En prenant de pareils foins j’ai rétabli en
route plufieurs malades, & j’en ai conduitb.au-
coup à la garnifon , qui feroient reftés dans les
hôpitaux.
Ils devroient avoir le droit excluftf de faire
monter fur les voitures d’équipage les hommes qui
ne peuvent pas marcher , d’y faire mettre les facs
& les armes de ceux qui n’ont pas la force de les
p o r te r ,& de priver de ce foulagement ceux qui
n en ont pas befoin. L’officier & ‘le bas-officier de
garde aux équipages devroient être très exa&s à
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faire exécuter l’ordre verbal, ou par écrit, que les
chirurgiens-majors donneroient à ce fujet.
Arrivés au lieu du logement, ils devroient indiquer
au corps-de-garde celui qui leur eft deftiné ,
afin qu’on pût les trouver au befoin ; faire affigner
a l’ordre un lieu & une heure de rendez-vous, pour
que les hommes peu incommodés s’y rendiffent,
accompagnés , s’il étoit poffible , du fourrier de la
compagnie , & y recevoir les fecours qu’exigeroient
leur fituation. Quant à ceux qui ne pourroient
s y rendre, les bas-officiers y viendroient pour
conduire enfuite les chirurgiens-majors auprès d’eux.
Ces attentions releveroient le courage abattu des
foldats , & les détermineroient à continuer la
route : les fecours qu’on leur donneroit journellement
les mettroient en état d’arriver à la garnifon
; chofe qui ne feroit pas indifférente à l’intérêt
du régiment &. à ceux du roi.
§ . X I I I.
Devoirs des chirurgiens-majors pendant la guerre*
s devoirs ne font ni prevus ni déterminés par
1 ordonnance : on peut les rapporter aux quatre
circonftances fuivantes : fçayoir, les camps , les
quartiers , la route , & le combat.
Dans les camps & en quartier, ils font à peu
de choies près les memes qu’en garpifon , avec
cette différence que les chirurgiens-majors y font,
en quelque lorte forcés de faire la pharmacie. 11
feroit bien à defirer que cette partie de l’art de
guérir fût faite par eux dans toutes les circonf.
tances : ils éviteroient les accidents qui peuvent
réfulter des erreurs & de l’ineptie ; & , certains de
la fidélité de leurs préparations , ils feroient plus
affûtés de leurs effets : alors il faudroit qu’il y eût
un tarif réglé pour le prix des drogues , & que
le mémoire apoftille par le commandant du régiment
fut payé par le quartier - maître - tréforier.
Les chirurgiens - majors, devroient de plus avoir
tout ce qui feroit néceflaire à cet objet, ainfi que
tout ce qui peut avoir rapport aux différents cas
de chirurgie. Cés fecours , étant une furcharge &
une multiplication de peines & de dépenfes , de-
yroient etre aux frais du régiment ou du roi ; ou
il faudroit faire aux chirurgiens - majors un traitement
capable de les indemnifer de leurs frais.
Leurs devoirs, pendant la route en temps de
guerre , font à-peu-près les mêmes qu’en temps de
paix. Mais , comme les marches de nuit & celles
qui font faites vers l’ennemi, les expofent à des
événements qui peuvent compromettre leurs biens
& leurs vies , il eft jufte alors de récompenfer
& de reparer les pertes qu’ils ont faites , & de
les mettre en état de continuer leurs fervices.
Leurs devoirs, un jour d’aélion, fe rappor-,
tent aux circonftances qui précèdent, accompagnent
, & fuivent le combat.
Avant le combat ils doivent fe munir de toutes