
cavale rie ; & de la cavalerie aux emplois de 1 infan- j
terie ; fur-tout les jeunes gens q u i, par leur naii-
fance, leur capacité, leur valeur, doivent parvenir
au rang de général. . , , , ,
Je voudrais du moins que, fi un lieutenant général,
& un maréchal de camp doivent commander une
troupe, l’un des deux eût lervi dans 1 infanterie,
& l’autre dans la cavalerie. Les Allemands ont des
généraux d’infanterie , & des généraux de cavalerie
; & il eft faga & prudent d’emprunter des
nations étrangères ce qu’elles ont d avantageux.
Le fçavant P. Daniel oblerve que les crânes.
réglèrent leur milice lûr celle des Gaulois qu’ils j
avoient vaincus , & que les Gaulois avoient imite
les Romains , leurs ennemis. Les Romains eux-
mêmes, félon Polybe , abandonnèrent plufieurs
fois leurs anciennes maximes de guerre , pour
fuivre celles des ennemis qu’ils avoient eu a combattre.
Mais je trouve un exemple bien plus recent
de ce que je propofe , puifque , jufquen 1703 ,
il y avoit eu dans les armées d’Elpagne un capitaine
général des lieutenants généraux pour
la cavalerie ; & un mettre-de-camp général, &
des généraux de bataille pour 1 infanterie.
fur les montagnes & dans lès terreins efearpés ;
leurs frondeurs & autres foldats armes a la légère.
. ■
Une campagne découverte , & un terrein ou
il ne fe rencontre aucune forte d’embarras , conviennent
Lorfque vous devez attendre les ennemis de
pied ferme , fi le terrein de vos ailes n eft pas
propre pour la cavalerie ; & , lorlquevous devez
marcher aux ennemis, fi le fol qui eft en avant
de vos ailes , jutqu’à l’endroit où vous croyez
que le combat commencera . n’eft pas commode
pour les chevaux ; dans l’un & 1 autre de ces deux
c a s , ne poftez' point votre cavalerie fur les ailes j 1
mettez-la entre l’infanterie , foit au centre, foit
dans tel autre endroit de vos lignes où elle pourra
bien agir. De cette manière vous ferez palier votre
infanterie dans un terrein qui lui eft avantageux :
car tout pofte’ qui eft incommode pour la cavalerie
eft favorable pour l’infanterie. Je ferai voir
dans la fuite ce que ce mélange de cavalerie St
d’infanterie peut avoir d’utile ou de defavanta-
geux : mais il eft certain qu’il n’y a pas de plus
grands inconvénients que celui de. pofter la. cavalerie
dans un terrein où elle ne peut combattre;
Si vous avez des troupes armees de cuirafle ou
de quelques autres armures pelantes, poftez les
de manière qu elles puiftent agir^ dans un terrein
u n i, & biffez le terrein plus inégal a celles qui
font armées à la légère , afin que les premières
ne fe fatiguent pas ii promptement.
Une des fautes dont l’afîemblée d’Achaïe blama
le plus Aratus, ce fut d’avoir combattu fur-une
montagne ; quoique les forcesd Achaie conftftaffent
en des troupes d’armure pefante.
L’armée Athénienne , chargée d’armes deien-
fives combattit fous les ordres de Démo.fthèn.e
dans un terrein inégal •, & fut aifément battue
par les Lacédémoniens, qui rétôient armes a la
légère. Par la même faute, l’armee de bparte lût
■ défaite dans l’île de Pile. I . A
La coutume ordinaire des Romains etoit de poiter
parfaitement à des troupes armees de
piques , de lances, ou d’arzegaies, comme le font
pr.eique. toutes les,troupes d’Afrique j , alors les
branches des arbres ne les empêchent pas de manier
ces armes , Sc le terrein ne lès empeche
point de fe tenir ferrées, lorfqu.elles lont accoutumées
à combattre de cette maniéré. ,
Tite-Live rapporte que le conful Servius Sul-
picius Galba défit aiiément les troupes de Philippe ,
parce qu’il les attaqua dans un pays couvert d arbres,
qui- rendoient preique inutile l’ufage des piques,
dont la plus grande partie de i’armee Macédonienne
étoit armée. * . ■
GermanicuT repréfentoit aux troupes romaines
j quelles auroient ce même avantage en attaquant
Arminius dans une forêt.
polybe , parlant de la phalange Macédonienne,
qui étoit armée de longues piques » & combattait
fort ferrée , dit que cette ordonnance convient
dans une plaine ou il n’y ait ni arbres , ni ruii-
feaux, ni foffés , ni aucun autre embarras.
Il paroît , par ce que je viens de dire , que
cette diverftté d’armes dont les. anciens failoient
ufage n’étoit pas inutile. Selon la remarque de
Polybe , il eft rare que tout le terrein d’un champ
de bataille foit de la même qualité. Avec ces
differentës armes, on pouvoit ranger chaque troupe
en bataille dans un pofte avantageux ; c’eft-à-dire ,
.dans la plaine , ou fur des montagnes , dans les
bois , ou dans une campagne découverte : mais
aujourd’hui que toutes les troupes de 1 Europe lont
armées de même manière, à l’exception des cùi-
, rafîiers Allemands , qui portent de fortes armes
défenfives contre les flèches & les lances des Turcs,
les avantages ou défàvantages des lieux deviennent
égaux. C’eft donc fur-tout dans une guerre contre
les Turcs , ou les Maures , & autres, nations, barba-
refques , qu’il faudroit ajouter ou changer quelque
chofe dans nos armes. v '
Jufqu’ici je n’ai parlé que de la maniéré de
ranger avantageufement l’armée ? par rapport à
la qualité de chaque troupe , & à celle du terrein ;
difons un mot de l’ordre de bataille, relativement
aux différents corps de l’armée ennemie.
Lorlqu’il y a parmi les ennemis quelques régiments
d’une nation qui appréhende particulieie-
ment la cavalerie , placez quelques efç^drons à, la
partie de votre ligne , qui , lelon les ayis que
vous avez, eu dé l’ordre de bataille de s e n ne m i s ,
-pourra correfpondre à. ces régiments ,. • afin.; que
vos efeadrons les chargent. Poftez de. la même
manière votre infanterie contre les corps, qui
la craignent plus que la. cavalerie. On ne peut
pas douter que certaines nations ne craignent plus
une arme que l’autre , foit par défaut d’aptitude,
ou
$>ii, qu’elles foient moins accoutumées à Tune qu’a
l’autre, ou qu’elles ayent été -plus fouverit mifes en
déroute par l’une des deuC
Les houffards I qui fe battent bien contre la c-a- |
valerie , craignent extrêmement le feué de l’infan- j
terie. Tacite nous dit que les troupes Numides ne
pouvoient pas réftfter au choc de l’infanterie Romaine.
Les Romains, après avoir été battus en Afrique
par les éléphants de l’armée de Carthage, commandée
par Xantippe , en conçurent tant de terreur,
que durant deux ans ils n’osèrent préfenter la bataille
en plaine aux Carthaginois , qui avoient toujours
un grand nombre de ces animaux.-
Durant la dernière guerre de la ligue contre les
deux couronnes , l’infanterie Efpagnole attaquoit
avec un courage merveilleux celle des ennemis :
mais elle craignoit d’en venir aux mains avec la
cavalerie 3 jufqu’à ce que l’habitude lui eut appris
à ne plus la craindre.
Il y a auffi des nations qui en craignent particulièrement
une autre , foit infanterie , loit cavalerie ,
parce qu’elles ont été plufieurs fois défaites par cette
même nation. En ce cas, oppofez la nation de vos .
troupes ou de vos alliés à celle des ennemis qui la,
craint davantage. Afdrubal, formant fes troupes
pour livrer bataille aux eonfuls Marcus Livius-,
& Claudius Néron, plaça les Gaulois. à l’aile droite ,.
afin de les oppofer aux Romains. Ce n’eft pas , dit
Tite - Live , qu’Afdrubal attendît de plus grands
efforts des Gaulois que des troupes de Carthage;
mais les Romains les craignoient davantage.
On doit auffi avoir égard à la qualité-des armes-
de deux corps que l’on veut oppofer l’un à l’autre.
Lucius Æmilius battit facilement les Géfates qui
combattoient nuds dans l’armée des Gaulois, en
leur oppofant des troupes armées de javelots ;
celles-ci les frappoient de loin , avant qu’ils puffent
approcher & en venir aux mains ; manière de combattre
qui leur étoit propre & la plus avantageufe.
Les tribuns de l’autre armée Romaine, commandée
par L. Furius & C. Flaminius , ayant à combattre-
les -Gaulois infubriens , qui exceiloient à manier le
fabre , firent pafler en première ligne les Triairés ,.
• afin que les Infubriens portaient inutilement leurs!
coups fur la forte armure dont cette troupe étoit
• couverte . & les Romains gagnèrent la bataille.
Lorfqu’il y a différentes armes dans l’une &
l’autre armée, j’oppoferois aux traits., aux frondes ,
& aux épées , le fufil-&. la baïonette ; parce que ,■
foit de loin , foit de près , cette arme fait plus de
ravage. Aux fivfiliers j’oppoferois des -régiments
dont le premier-rang auroit la cuiraffe & la pique ,
& fer oit flanqué d’une bonne .batterie de canon.
Cette difpofition donneroit à l’ennemi quelque cle-
‘ favantage ; de, loin, par le premier rang couvert
de cuiraffes , & par la portée du canon , plus
grande que celle du fufil ; de près , par la pointe
de la pique, qui atteint de plus loin que la baïonette;
J’oppoferois de même à la cavalerie des batail-
Art militaire. Tome 1%'
Ions armés comme ces .régiments dont je viens c-e
parler ; 6c , fans vouloir, faire le; prophète-, j’o-fe
'prédire.qu’on tendra les piques à d’infanterie , -pour
couvrir Ton front &Xes flancS ,jp.arce<qu’il n’eft pas
difficile de remédier à rinconvénient de la diminution
du feu pour la guerre : des fièges & plufieurs
autres loccafto ns. ' . - > .
On peut conclure de ce qui précédé que , dans
un pays couvert, il faut oppofer le fuftl à la pique ,
fatiguer par des efcarmouches , fur-tout dans un
terrein inégal, les troupes qui portent une armure
pefante ,. & les faire charger par des régiments
armés à la légère. Il ne -feroit peut-être pas inutile
de faire avancer, à trente ou quarante pas ,
quelques pelotons de foldats d’élite , pour engager
les ennemis à faireXur eux une partie de leur feu.,
& pour .les mettre-en quelque déîbrdre. Alors votre
gros , qui fuit ces pelotons^ pourra vaincre plus
facilement. ' < '
A la bataille de Bovines;, le chevalier Guarin
mit heureufement cet expédient en ufage. 11 fit
avancer cent cinquante cavaliers armés à la légère ,
contre un corps confidérable de chevaliers Flamands
j non pour enfoncer ce corps; cela étoit
impoffible , vu la bravoure de ces chevaliers , l’avantage
de--leur armure » 'qui les rendoit- prefqué
invulnérables , celui de leurs longues lances , qui
empêchoit cette cavalerie de les aborder ; mais
pour jetter parmi eux quelque' défendre , afin que
les chevaliers François, furvenant , puflent plus
facilement faire brèche ; & ce fut ce qui arriva.
J’oppoferois ces mêmes bataillons armés de
piques aux troupes de certaines nations qui chargent
d’abord avec furie , mais qui ne reviennent point
à la charge , fi elles font repoûflées : lés piques, atteignant
dé plus loin que la baïonette, arrêteroient
cette première fureur. -G’eft .ce qu’on vit aux batailles
de Rocroi & de Ravenne, où les piques des
Efpagnols arrêtèrent rimpétuofité des François victorieux.
Les anciens oppofoient leurs troupes couvertes
de fortes armes défenfives à- ceux de leurs ennemis
dont le premier choc -étoit le plû-s 'à craindre. C ’eft-
là -, füivant P olyb e , une fécondé raifon pour laquelle
les eonfuls Furius & Ffaminius , dans .la
bataille dont j’ai parlé, opposèrent leurs triairés
aù premier choc des-Gaulois , parce que ceux-ci
perdoient courage lorfqu’à la première attaque ils
ne mettoient pas l’ennemi en déroute. Ce que je
: -propofeeft fur-tout avantageux loifque vous devez
attendre l’ennemi, parce que les troupes couvertes .
1 d’une armure pefante , font moins propres à fe
mouvoir^ & à marcher pour àller à la chargé ,
qu’à combattre de pied ferme.
R E M È D E S A L’ I N É G A L I T É
d a n s l ’ e s p è c e des t r o u p e s .
Si quelques-unes de vos troupes ne font pas