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dont or. »voit.-effacé le blafon , étolt attaché à la
q ieue dune cavale, 8c„traîné dans la boue. ( Mèm.
a e l Acad, d e s Bel. Let. tom. XX,pag. 664).
- a *imP*e café feroit réfervée pour celui qui
auroit commis une faute grave , mais qui ne feroit
Pis-déshonorante ; pour celui qui auroit été tranf-
porté par une .paffion trop ardente , mais qui
n auroit été ni honteufe ni vile ; pour celui dont la
U te feroit fougue uie ,mauvaife même , mais dont le
coeur feroit bon. Nous n’entreprendrons pas de
déterminer quelles l'ont les fautes qui méritent
d être punies par la c a f é ignominieufe, & celles
qui 1er oient allez punies par la café fimple ; nous
ne parlerons ni des formes qui devroiënt accompagner
.rinftruéHon d’un pareil procès ; des per-
lonnes qaL devraient le juger : toutes ces chofes
ne peuvent trouver place dans un ouvrage tel .
que celui-ci , ;oii l’on doit s'occuper davantage des
généralités que des détails.
Outre les deux efpeces de café dont nous v e nons
de parler ,, il en exifte encore uné dans les
troupes Irançoifes, qui, pour n’être point fondée, j
fur un droit politif ,> n’en a pas moins une force
reelle. Ce-qui concerne cette punition auroit dû
etre traité dans.un article particulier intitulé : cen-
Jtire ou radiation ; mais , comme le vocabulaire
militaire n a admis ni l’un ni l’autre de ces mots,
nous femmes forcés d’offrir ici quelques réflexions
relatives à cette punition.
- officiers d’un régiment ont-ils contre un de
leurs> camarades de jûftès fujets de plainte ? Soupçonnent
ils qu’il a manqué aux loix de la probité ,
ou à celles de l’honneur ? Ils s’affemblent ; ils'
cherchent à découvrir la vérité ; 8c , s’ils croient
reconnoître. que l’accufe" a en effet commis la
faute don-t.il étoit fonpçonné, ils lui -déclarent
qu’il ait à donner fa démiffion, a quitter l’uniforme
, abandonner la gamifon dans laquelle le
régiment fe trouve , & à ne prendre jamais le
titre d’officier. Si la nâture de la faute le permet,
li l’âge du coupable y engage , fi des confidéra-
tions perfonnelles y déterminent , le corps arrive
au même but par un moyen moins vifible ; il fol-
licite un congé ou un femeftre pour l’officier qu’il
veut éloigner ; il lui défend de rejoindre , en lui
permettant .cependant de préfènter fà retraite
aux yeux du public fous des couleurs propres à
en couvrir le deshonneur;
T e l eft l’ufage que les régiments fuivent eonf-
tamment ; fon lêul vice eft fans doute de n’être
point autorifé par une loi exprèffe ; il eft jufte,
utile -, même indifpenfable.
Les régiments françois doivent avoir le droit
de cenfurer , de punir, 8t même de renvoyer
ceux de leurs membres- dont la conduite ii’eft pas
conforme aux principes & aux opinions des corps
militaires ; parce que , dans les amodiations de cette
efpèce , les fautes ne font pas perfonnelles ; parce
qu’une partie de la honte dont s’eft couvert un
des aflbciés. rejaillit fur touts les autres, quand
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ils ne le puniffent pas de s’y être expofé ; parce
que la vie & l’honneur même de plufieurs peuvent
dépendre des fentiments & des adions d’un feul«,
• Il eft utile 8c même indifpenlable de donner
aux affociations militaires le droit de renvoyer
ceux des aflbciés* dont elles croient devoir fe défaire
3 parce que ce moyen eft le feul qui puiffe
y maintenir l’honneur dans toute fon intégrité ;
8c 1 on fçait que , fi ce reffbrt venoit à perdre de
fa force-j le corps entier feroit bientôt énervé ,
corrompu , 8c meme avili. L ’auteur d’une brochure
intitulée, de la cenfure , étoit bien perfuadé de
cette vérité , quand il a dit : « s’il exifte un corps
particulier dont les caradères foient tels que la
cenfure y foit exercée avec fruit , iaiffez-lui fans
jaloufie Ion utile difeipline. Quand fes prétentions
auroient quelque chofe de chimérique, c’eft une
belle chimère que celle qui conduit à l’honneur;
elle ne peut bleffer que l’orgueil : 8c , comme elle
n eft pas nuifible , elle eft toujours fàlutaire : il
entre îiéceftairement dans la conftitution d’un tel
corps d avoir' la cenfure de fes membres : comme
citoyens, ils font fournis à toutes les loix de l’état ;
8c comme membres du corps , ils ne doivent dépendre
que de fa police....... Eux feuls peuvent
s’infpedèr: les uns les autres , fe connoître , fe
fuivre dans les moindres détails , prononcer fur le
plus ou le moins de délieateffe de leur conduite ».
L Auteur de l’article radiation , du répertoire
univerfel de jurisprudence , n’étoit pas moins
convaincu de èette vérité quand il s’eft écrié ;
« Ainfi , par exemple, comme le courage 8c la
franchife font les vertus premières de l’état militaire
, un officier convaincu de lâcheté , ou de
fourberie , devroit être impitoyablement chaffé de
fon corps par l’indignation générale de fes camarades;
8c il y auroit un grand danger de s’oppo-
fer a ce libre exercice d’un pouvoir qui repofe
fur l'honneur; Si l’on difoit à ces juges : l’officier
que vous forcez de fortir d’un régiment, dans
lequel le roi l ’a placé, ne tient pas fon grade de
vous : de quel droit prétendez-vous lui faire perdre
un emploi qui lui a été conféré par votre fouverâin ?
Attendez , pour le féparer de vous, que le prince
1 ait jugé indigne de le férvir. Un murmure général
: s’élèveroit. contre un pareil difeours ; les braves
défênfeurs de la patrie , ne pouvant fe réfoudre
a n’etre plus que des machines meurtrières ,'pré-
féreroient une humble oiflveté à la honte de foûffrir
une confufion humiliante ».
Quel degré de confidération n’acquerraient,
pas les officiers françois , fi tout le corjps militaire
pouvoit dire au refte des citoyens : prenez ce
livre dans lequel font confignés les noms de touts
nos- guerriers ; ouvrez-le au hafard ; arrêtez vos
regards fur L’un d’eux fans choix , 8c vous pouvez
affirmer que celui qui le porte eft valeureux, inftruit,
prudent à la guerre, loyal, honnête 8c fage pendant
la paix ; en un mot, qu’il réunit les vertus que
lui impofent le double titre de citoyen 8c de mili-
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taire. Mais nos troupes ne pourront parler avec
cette affurance que lorfqu’eUes exerceront une
police libre , 8c une cenfure févère fur touts leurs
membres. Dira-t-on que le militaire dont fa naif-
fance fera plus illuftre que celle de fes camarades ,
la fortune plus brillante , les talents plus variés 8c
plus éminents / fera quelquefois immolé par la
jaloufie 8c pàr l’envie ; que celui qui eft accüfé n’a
aucun moyen d'appel, ni de défenfe ; que fes accu-
fateurs font fes juges ; qu’ils peuvent être prévenus
contre lu i,' ou intéreffés à fa condamnation ; qu’une
baffe jaloufie peut prendre dans l?ame de quelques
militaires la place que dévoient y occuper Peftime
8c la reconnoiffance ? Tout cela eft poffïble fans
doute; mais il feroit difficile d’en citer des exemples.
Si on pouvoit expofer aux yeux du public les motifs
qui ont déterminé la deftitution .des officiers ainfi '
caffés par leur corps, on verroit qu’elle n’eft jamais '
tombée que fur des fujets qui s’étoient fouillés d’un
crime , ou qui raffembloient plufieurs vices grof-
fiers, portés à l ’excès : on verroit que les corps
ont toujours proportionné, la peine au délit ; qu’en
renvoyant un de leurs membres , ils ménagent fa
réputation, quand il ne l’a pas entièrement perdue ;
qu’ils-ont toujours fçu mettre une forte nuance entre
la deftitution 8c le licentiement. Si on pouvoit lire
dans l’ame des officiers françois , on verroit que ,
s ils font éprouver quelquefois des contradictions ,
des dégoûts > des defagréments à ceux de leurs
camarades qui, par un mérite éminent ou des vertus
Supérieures, s’attirent l’eftime des généraux oc celle
des chefs des corps, ils leur rendent juftice intérieurement
, 8c leur accordent enfin l’eftime 8c la
confidération qu’ils méritent. Cependant, fi une
/action puiffante, une cabale nombreufe , perfé-
cute un fujet diftingué, ou poùrfuit avec trop de
vivacité la réparation d’un délit léger ; tenez le
difeours fuivant aux officiers affemblés, pour décider
du fort d’un de leurs camarades , 8c vous
-mettrez l’innocence 8c l’honneur à l’abri de la honte
8c dé l’infamie. « Celui que vous allez juger a été
plus inconfidéré que coupable : il eft plus à plaindre
qu a blâmer. La conduite qu’il a tenue eft f effet
de fa jeuneffe , de fon inexpérience , des mauvais
confeils qu’il a reçus , 8c non de la perverfité des
Sentimen; 0 de fon coeur. Il a pu avoir quelques
moments dé foibleffe. Quel eft celui d’entre vous,
quel'eft l’homme qui n’en ait point eus ? Pardonnez
Son erreur ; il réparera fes torts par une* conduite
8c une vie entière fans reproche. S’il avoit eu un
guide fage 8c ferme, il auroit évité les pièges où
il eft tombé; il ne lui a manqué, que des avis fages ;
316 Ie puniffez pas d’avoir été malheureux ; ‘ prenez
pour lui. des fentiments de clémence ; inftruifez-
vous avec foin de touts les détails d’une affaire à
qui une légère circonftance , vue fous un faux jour ,
peut avoir donné l’apparence du. crime ; ne .condamnez
pas avec précipitation un père plein d’hon-
n^'.ir ’ un€ mère vertueufe , des enfants , des frères
eitimables: penfez que, d’un feul m o t, vous allez.
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imprimer une flétriffùre éternelle fur une famille
entière ; promettez-vous de ne figner la condamnation
de l’accufé que dans le cas où vous ferëi
touts , opi touts du même avis. Si le délit eft afféz
évident pour mériter une punition auffi févère que
la deftitution , aucun de vous n’oferâ fe refufer
à lé punir ; chacun y fera intéreffé , 8c craindra
d’être foupçonné de reffemblêr au coupable. Quel
eft celui de vous qui n’a pas admiré l’humanité de
la légiftâtion criminelle des A nglois ? Chez ce peuple
philofophe 8c réfléchi,' le refus qu’un feul des juges
fait de figner un arrêt de mort fuffit pour fauver
l’accufé ; 8 c, pour les vrais militaires , l’honneur
êft infiniment plus cher que la vie ! Quand touts
les fuffrages feront réunis, vous pourrez affûter ,
fans crainte 8c fans remords , que vous avez porté
un jugèment équitable. Le public applaudira votre
arrêt ; il dira : le fujet que ce régiment a renvoyé
manqùoit certainement des vertus guerrières : il
-auroit corrompu quelques - uns des membres du
•corps ; il en auroit troublé Tordre 8c l’harmonie ; il
a mérité fon mépris 8c le nôtre. Le coupable ira
enfevelir fa honte dans le fond d’une province
8c ne l’y croira point affez cachée ; au lieu que ceux
qui font ainfi deftitués marchent encore quelquefois
le front le v é , parce que Tunanimité dés fuffrages
n’y a pas gravé le ligne de réprobation. ( Voye^ Ripert.
univ. de jurifp. , par M. Guyot , art. Rad
i a t i o n . ) .
S E C T I O N I I I .
De 'la caffe des bas-oficiers.
La. bravoure & la difeipline des régiments françois
font que les faftës militaires offrent peu
d’exemples de la café d’un -corps entier. L’éducation
foignée que la plupart des officiers ont reçue,
8c lès fentiments d’honneur dont ils font animés,
les mettent prefque touts à l’abri de cette punition.
Mais il n’en eft pas ainfi des bas-officiers : il ne
fe paffe prefque point d’année où chaque régiment
ne foit obligé de l’employer plufieurs fois. Si oh
recher choit les caüfes de la fréquente café des bas
officiers, on en trbuvérbit beaucoup : notas n’èii
indiquerons que les principales.
La faveur eft une des premières caufes de la
café des bas-officiers, parcé qu’elle élève à ces
places des foldats qui en font indignes. Le capitaine
qui a choifi un bas-officier eft forcé par
l’amour propre, ou par la préféiition , à lé dif-
c u lp e r à le foutenir , 8c à le protéger. Mais lé
capitaine qui lui fuccède , n’ayant pas les yeux
couverts par le même bandeau , 8c n’étant pas
animé par le même intérêt, entrevoit bientôt que
la créature de fon prédéceffeur n’eft qu’un fujet
médiocre bu mauvais. I l l’é tu d ie le fuit, & déchu
vie promptement que fa conduite eft irrégulière
, fort inftrü&ion & fes talents nuis. Il defire
dès ce moment l’occafion de mettre à fa place ua
I l i
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