
de cette arme a été différente chez
differentes nations. Celui des Indiens avoit trois
coudees ; ( 4 p. 1 p. ) ^Ethiopien jufqu'à quatre ;
( î P- 5 P- 4- '• ) : celui des Lydiens & de la plupart
des autres peuples étoit moins grand. La manière
de le tirer, décrite par Homere & Virgile, fait
voir qu’il ne pouvoit guère avoir au-delà de cinq
de nos. pieds. 1
Les nations helliqueufes & fçavantes dans l’art
militaire ont fait peu, de cas de cette arme. Lorfque
les Romains eurent ajouté des archers à leurs vé-
lites, ils les prirent prefque toujours parmi les
peuples étrangers, & les employèrent avec fuccès.
Caton en vanta futilité dans fes livres fur la difci-
pline militaire ; cependant ils ne furent pas nombreux
dans les beaux temps de la république. Dans
la guerre civile entre Céfar & Pompée, il y en
eut un plus grand nombre. Les foldats de Céfar
lui apportèrent trente mille flèches que les Pompéiens
avoient jettées dans un de fes forts, & le
bouclier du centurion Scæva en reçut deux cents
trente»
Végêce- confeille d’exercer avec foin les jeunes
gens à tirer de Y arc. Cette arme étoit beaucoup
plus commune alors dans les armées romaines.
Elle s’y multiplia en proportion de la décadence
de fart militaire.
Ces Celtes. & les Germains connoilToient à peine
cette arme. Les peuples feptentrionaux l’ont employée
a la chaire & a la guerre. Les Francs ne
sien fervoient. pas_, & ce turent les. Gaulois, qui
ïmtroduifirent dans les armées des conquérants
de la Gaule. On en fit un grand ufage dans les
troupes françoifes j.ufqu au régné de François Ier ■
mais alors l’invention de la poudre & celle dé
1 arquebufe commencèrent à faire abandonner l’arc
& l’arbalète.
La même révolution arrivait alors en Angleterre.
[Sous le régné d’Henri V I I I , le parlement
fe plaignit que les peuples négligeaient un exercice
qui avoit rendu les troupes Angloifes redoutables
à leurs ennemis; & en effet elles durent en partie
à leurs archers le gain des batailles de C récy, •
de Poitiers, & d’Azincourt. Par un règlement de
Henri V IH , chaque tireur d V c de Londres fut
obligé d’en faire un d’if & deux d’orme, de coudrier
, de frêne ou d’autre bois : ordre aux tireurs
de la campagne d’en faire trois. Par le huitième
règlement d’Elifabeth , ( chap. A’. ) , les uns & les
autres furent obligés d’avoir toujours chez eux
cinquante arcs d’orme, de coudrier ou de frêne
bien conditionnés. Par le douzième règlement
dEdouard, (chap. 11..), il eft ordonné de multiplier
les arcs & défendu de les vendre trop cher.
Les meilleurs ne pouvoient pas valoir plus de fix
fcus huit deniers. Chaque commerçant qni trafi-
qubit à Venife ou autres endroits, d’où l’on tiroit
les hâtons propresà faire des arcs, devoit en apporter
quatre par chaque tonneau de marchandifes ,
fb js peine de fus fols, huit deniers, d’amende pour
chaque bâton manquant ; & par le premier régie.'
ment de Richard I I I * ( chap.. XI. ) , il feureft
ordonné d’apporter dix bâtons à faire des arcs
par chaque botte ou tonneau de malvoifie, à\ peine
de treize fols quatre deniers d’amende. ( G ) ].
Cependant Yarc fut abandonné en Angleterre
comme dans tout le refte de l’Europe : il devint
peu à peu moins nombreux dans les armées angloifes,
& elles en avoient encore en 162.7, pnif.
qu’il y eut alors des flèches jettées dans le fort
de l’ile de Ré.
L’arc s’eft confervé dans touts les pays où le fufil
n’eft point parvenu. On trouve cette ancienne arme
fur toute la côte occidentale de l’Afrique, depuis le
Sénégal jufqu’aux Hottentots. Les Maldivois en
font ufage. Les Malabares ont de grands arcs de
près de lix pieds. C ’eft une des armes de l’Indoftan,
des Siamois , de- la Chine , & de la Corée. Vers
le Nord, on le trouve chez fes Kamschadafes, chez
les Tchoucktohis, aux îles.Kouriles , & de-là dans
toute la Sibérie , jufqu’aux Samoïèdes. Il eft chez
fes. Tartares- Mantchous , Mogols., Usbecks
Eluths., & occidentaux. Il eft chez les- Lapons ,,
lès Orcadiens, les. Groënlandois , fes Efquimaux,
fes habitants de la baie d’Hudfon , fes Algonquins ,
Hurons , Roquais, au Mexique , à Cayenne , à
la Guiane, chez les Tapuïas , lès Margaïas, êc
les Topinambous» Les Caraïbes ont des arcs ^ en viron
cinq pieds & demi de longueur. En 1579,
Drak le v it chez les-habitants de là nouvelle Albion»
On le trouve chez les Patagons, vers le port.Defiré,.
ainft que dans les iles du détroit de Magellan. Enfin
les-navigateurs, qui de nos-jours-ont découvert.
& reconnu un fi grand nombre d’iîes dans.- la mer
du Sud , n’en ont v u qu’un, petit nombre ou Yarc
ne fût pas en ufage.
Cette univerfalité prouve qu’àvant fe fufil'IVc
etoit la meilleure des armes de main & de jet.
Elle, étoit redoutable , quand fes eirconftances en
favorifoient l’ùfage , & qu’elle étoit aflez grande
pour avoir de grands effets*. Comme l’archer alors
mettoit le. pied deffus pour la tendie , il' falloit que
1e terrein fût fec. & ferme; Quinte.-Cur.ce dit que
dans la bataille entre Alexandre & Parus., les. Indiens
ne tenaient leurs arcs qu’avec peine, parce-
que la terre étant gjiffante., cédoit. fous l’effort..
Cette, arme convenoit donc aux lieux difficiles ,-
montueux, efearpés,. & dahs les, forêts-où l’archer
ne craignant pas d’être joint par les troupes pe-
famment armées , pouvoit ajufter à fon a i f e &
lancer fo‘n trait. puisfe retirer derrière lès arbres
St les rochers. Maïs, en-plaine, ou craignant toujours
d etre abordé , il ne pouvoit tirer que de?
loin , & par le tir parabolique, fes flèches avoient
peu d’effet,. à moins qu’il• ne fût, a» cheval- comme
les Parthes qui défirent L’armée dè CralTus..
ARCHER , foldat armé, d’ùn are. Il y a eu
des archers dans prefque toutes, les milices; La
plupart des peuples orientaux en? ont fait leur
arm^ principale». Les Grecs & les Romains lés-
•ont employés comme troupes légères. [ ïl* fe
, f ervojent en général de touts les gens de trait ,
. jaculaiores, pour engager une affaire & pour attirer
i d’ennemi au combat. Quoiqu’ils ne 1 attaquaient
que de loin, ils ne laifloient pas de lui brifer bien
[des armes, de lui bleffer & tuer beaucoup de
[ monde, & de mettre le défordre dans touts fes rangs.
; .Quelquefois leurs brufques attaques déconcertoi&nt
d’effort d’une aile de cavalerie , & la forçoient
; de plier. Ils fervoient encore à favorifer les re- ••
traites. , à fouiller les endroits fufpeéls, à éventer
•& dreffer des embufeades. Dans une bataille, ils
venoient toujours aux mains les premiers. Ils ne
cefloient point d’agir pendant la chaleur de l’aélion,
ils cômbattoient encore , après qu’elle étoit
»décidée. ( V ) ].
$ Les archers formoient la moitié des compagnies
■ établies par Charles VIL Henri I I I , par fon ordonnance
de l’an 1575 , preferivit que tout archer
des compagnies ou routes feroit de noble race ; &
M. de la Noue d it, dans fes difeours politiques
&. militaires, que c’étoit la coutume de mettre
les . jeunes gentilshommes parmi les archers des
-compagnies. ( / V u 9.)
On y fit dans la fuite divers changements. La
grande ordonnance de Louis X I ’retrancha un des
trois archers attachés à chaque lancier, & Henri II
( 1549.) confirma cette difpo,fition. Mais, outre les
archers ordinaires des compagnies, il y avoit des
archers fujets à volonté : il en eft fait mention dans
l’ordonnance de Louis. X II, de 1498. Le père
Daniel croit que c’ètoit des gens dont fes capitaines
pouvoient fe fervir comme ils le jugeoient à propos
, & à des fondions auxquelles fes archers ordinaires
n’étoient point affujettis.
/' Les archers portoient la devife & la livrée de leur
capitaine, ainfi que tout le refte de la compagnie.
Cependant François Ier, par fon ordonnance d«
1533, ne leur preferit de porter qu’une manche de
la livrée.
y Ceux dont je viens de parler étoient à cheval.
Charles VII en inftitua qui fervoient à pied. Il
ordonna que chaque paroiflè de fon royaume choisît
un des meilleurs hommes qu’il y auroit pour aller
en campagne avec l’arc & les flèches, dès qu’il
feroit commandé, & fervir en qualité d'archer. Le
privilège qu’il leur accorda fit qu’il y eut de l’em-
preffement pour l’être ; il les affranchit prefque de
■ touts fubfides ; & c’eft de cet affranchiffemènt
i qu’on les appella francs-archers ou francs-taupins. s
Voici l’ordonnance de ce prince :
» « Ordonnons qu’en chaque paroiflè de notre
I royaume y aura un archer qui fera & fe tiendra
I continuellement en habillement fuffifant & convè-
1 nable de falade , dague, épée , arc , trouffe , jacque
ou huque de brigandine, & feront appellés les
francs-archers ; lefquels feront efleus & choifis par
nos efleus en chaque élection, les plus droits &
aifés pour le fait & l’exercice de l’arc, qui fe pourront
trouver en chacune paroiflè, fans égard ne
faveur à la ncheflè & aux requeftes que l’on pour-
roit fur ce faire. Et feront tenus d’eux entretenir en
l’habillement fufdit, & de tirer de l’arc, & aller-
en leur habillement toutes les feftes & jours non
ouvrables, afin qu’ils foient plus habiles & ufités
audit fait & exercice , pour nous fervir toutes les
fois qu’ils feront par nous mandés. Et leur fero'ht
payer, quatre francs pour homme par chafcun mois ,
pour 1e temps qu’ils nous ferviront. Ordonnôr s
qu’ils & chacun d’eux foient francs & quittes;,
& icêiix exemptons de toutes tailles & autres
charges quelconques , qui feront fus, par de nous
en noftre royaume , tant de fait & entretenemejit
de nos gens d’armes , de guet, garde , & porte',
qua de toutes autres fubventions quelconques ,
excepté du fait des aydes , ordonnés pour la
guerre, & gabelle de fel. Défendons à touts ceux
qui feront commis à mettre fus & afièoir les tailles
& autres impofts mis par nous , qu’ils ne les
afféent ; & aux heurs capitaines, chaftelains des
chaftelainies , qu’ils na les contraignent dorefna-
vant à faire ledit guet & garde. Voulons qu’il
leur foit bâillé par nos efleus lettres d’affranchif-
fement, lefquels roulons valoir comme fi elles
etoient obtenues de nous. Ordonnons qu’ils feront
le ferment par - devant lefdits efleus de bien &
loyaument nous fervir en leur habillement envers
& contre touts , & eux exciter en ce que dit eft ,
mefme en nôs guerres & affaires , toutes les fois
qu’ils feront par nous mandés , & ne ferviront
aucun en fait de guerre ne audit habillement fans
noftre ordonnance. Voulons que lefdits francs
archers foient par nofdits efleus enregiftrés par
noms & furnoms , & les paroiflès où ils feront
demeurants, & que de ce fera fait regiftre en la
cour. Donné aux Montils les T ou rs , l’an 1448 *
& de notre règne le vingt-fixième ».
Louis XI , en confervant le nom de francs
..archers, inftitua un corps qui fut compofé comme
nous l’apprend le mémoire fuivant.
“ Mémoire, de ce que le roi veut que les francs
archers de fon royaume foient habillés en Jacques
d ici en avant, & pour ce a chargé au Bailly de
Mante en faire un projet ; & femble audit Bailly
de Mante que l’habillement de Jacques leur feroit
b on , prouffitable , & avantageux pour faire la
guerre ; veu que font gens de pié, & que en ayant
les brigandines, il leur fault porter beaucoup de
chofes que ung homme feul & à pié ne peut faire.
Et premièrement leur fault defdits Jacques de
trente toiles, ou de vingt-cinq : & ung cuir de
cerf a tout le moins,; & , fi font de trente & ung
cuir de^ c e r f, ils font des bons. Les toilès ufé.es
& déliées moyennement font les meilleures. Et
doivent être les Jacques à quatre quartiers ; &
fault que fes manches foient fortes comme 1e corps,
réfervé 1e cuir ; & doift être l’affiette des manches
grande, & que l’affiette preigne près du collet ,
non pas fur l’os de l’efpaule ; qui foit large deffoubz
l’aiffelle , & plantureux deffoubz le bras, aflez-
N ij