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qu’en temps de guerre, on leur tranfportât de la 1
même manière trois cents livres pefant pour une
partie des mêmes effets.
Le traitement des chirurgiens-majors, en temps de
guerre , eft d’un quart plus confidérable qu’il nel’eft
en temps de paix, ce qui fait la fomme de 1600 liv.
fomme qui feroit infuffifante pour fubvenir aux dé-
pènfes de la v ie , de l’achat & de l’entretien d’un
équipage aufli difpendieux que le leur l’eft nécef-
fairement. Il eft auffi confidérable que celui des
Capitaines, & ils n’ont pas comme ceux-ci l’avantage
de s’aflocier & de faire en commun toutes les
dépenfes, vu la quantité de chofes que par leur état
ils font obligés de tranfporter. Ils fe trouveroient
engagés en trais qu’ils ne pourroient foutenir, fi
l’abonnement des officiers n’augmentoit en proportion
, & fi le régiment ne leur accordoit des rations
de fourage & de bouche, dont le nombre doit
être déterminé d’après celui des domeftiques &
des chevaux qui leur font indifpenfables. Mais ,
comme nous avons fait fentir qu’il feroit avantageux
que les chirurgiens - majors tinffent leurs
appointements du roi , il conviendroit qu’étant
fixés à 2400 liv. en temps de paix, ils fuffent augmentés
d’un tiers en temps de guerre ; ce qui
feroit 3200 liv. Il conviendroit auffi que le roi leur
fît remife des pertes vérifiées qu’ils auroient faites ;
qu’à raifon de leur médiocre fortune , on leur
avançât quatre mois de leurs appointements, afin
de leur faciliter l’achat de leurs équipages, & qu’on
leur accordât de&jraîions de bouche & de fourage ,
en proportion des domeftiques & des chevaux
qu’ils feroient obligés d’avoir. Sans toutes ces ref-
fources, il leur eft prefqu’impoffible .de remplir
leurs devoirs avec fuccès, & fur-tout s’ils font contraints
de fe paller de la voiture que l’ordonnance
leur permet, & dont nous avons expofé touts le$
avantages.
§• X V I .
Récompenfes & retraites des chirurgiens-majors.
On peut récompenfer les chirurgiens-majors de
deux manières : la première, en leur accordant leur
retraite; & la fécondé, en leur accordant des
emplois plus avantageux ou plus convenables que
ceux qu’ils avoient.
. u Les chirurgiens-majors 3 dit l’ordonnance ,p. 47,
ne pourront obtenir leur retraite qu’après avoir
fervi en cette qualité pendant vingt-cinq ou trente
années. Ceux qui feroient devenus infirmes étant
au fervice, fur-tout fi leurs infirmités étoient eau-
fées par des accidents de guerre, devroient auffi
prétendre aux récompenfes militaires, leurs fer-
vices n’étant pas même anciens. Dans le premier
cas iis auront 400 liv. de penfion annuelle , dans le
fécond 600 livres, ».
Cette récOmpenfe eft très flatteufe ; mais parokra
infuffifante, fi on obferve que les chirurgiens-majors
©nt peu ou point de fortune; que la modicité de
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leurs appointements, & les fréquents déplacements
qu’ils éprouvent pendant leur fervice, les privent
des économies qu’ils pourroient faire s’ils étoient
en réfidence. De plus, comme ils n’entrent au fervice
que vers l’âge de trente ans, &. fouvent plus
âgés , à l’époque de leur retraite arrivée , ils lont
peu capables de tirer parti de leur état. D ’ailleurs ,
habitués à vivre dans une aifance honnête, il
feroit cruel de finir leur carrière dans les privations
& dans l’indigence. Il conviendroit donc que les
chirurgiens- majors qui font dans le cas d’obtenir
leur retraite , foit pour caufe d’infirmité, ou par
choix, euffent un traitement fuffifant pour vivre
dans une honnête aifance. Quant à ceux qui feroient
encore en état de fervir , il faudroit leur
donner des emplois fiables, relatifs à leurs talents.
Les chirurgiens gradués en médecine pourroient
prétendre, à titre de retraite & de récompenfe, aux
places de médecins des hôpitaux militaires : on
aceorderoit aux plus inftruits les-plùs importantes.
Leurs écrits &. leur réputation feroient connoître
ceux qui mérîteroient des préférences.
Si les amphithéâtres acquéroient une autre conf-
titution, on pourroit donner aux chirurgiens-majors
de régiment les places de profeffeur-démonftra—
teur. L’inftrudion en de telles mains feroit bien préférable
à celle d’aujourd’hui, & les élèves qui en
fortiroient feroient beaucoup plus inftruits ; la
raifon de les préférer pour ces places, fera aifé-
ment fentie, fi on fait attention qu’ils réunifient à
la théorie de toutes les parties de l’art de guérir , la
pratique la plus fure & la plus fi'mspje ; qu’ayant de
plus la connoifiance des militaires & la manière de
les conduire lorfqu’ils font malades , ils feroient
beaucoup plus en état de former de bons chirurgiens
militaires, que ne le font les chirurgiens-démonftra-
teurs a&uels ; qui ,pour la plupart, font des jeunes
gens fortant de l’école, par conféquent nullement
praticiens, peu capables d’inftruire les élèves qui
leur font confiés, & fur-tout de fe former dans l’art
de guérir relatif aux militaires. Quant aux chirurgiens
qui ne réuniroient pas le titre de médecin ,
les places d’hôpitaux du dernier ordre, celles, des.
châteaux, places, & maifons royales devroient leur
être réfervées en y attachant des appointements
convenables. Ainfi on aceorderoit des retraites honnêtes,
avantageufes , &peu difpendieufes à l’état.
On lit dans l'ordonnance,/tag. 4#, «les chirurgiens
majors .3 après vingt années de fervice dans
les régiments , & précédemment dans les hôpitaux,
obtiendront de préférence les places de chirurgiens
des hôpitaux militaires». Cet article ne
nous femble pas auffi avantageux qu’il paroît l’être.
A cette époque , les chirurgiens approchant de
l’âge de cinquante à foixante ans , font communément
privés de la précifion du tad,. de la vue, &
de la main : d’ailleurs , à cet âge , ils n’ont plus le
zèle, l’adivité ,& l’ufage néceffaires pour affurer
le fuccès,de leurs travaux. Il nous fémbleroît donc
préférable d’accorder ces places 4 à titre de récom.-
mm
C H I
toenfe, aux chirurgiens-majors des régiments, qui,
Jeunes encore, & doués de toutes les qualités né-
ceffaïres pour bien opérer auroient , pal^ leurs
écrits, leurs travaux, & leurs fuccès dans les garnirons,
donné des preuves multipliées de leurs
talents & de leurs connoiffances.
Il nous paroîtroit jufte que les chirurgiens-majors
retirés euffent le droit de porter leur uniforme , «
que l'on continuât à leur adreffer touts les trois
mois les journaux de médecine, chirurgie , Sc pharmacie
militaire. Il nous paroîtroit auffi convenable
qu’on leur accordât une décoration, a la laveur de
laquelle le public feroit informé, qu ils auroient
obtenu cette diftinftion en fervant la patrie. Ne
pourroit-on pas leur donner la petite croix de 1-ordre
defaint Michel, avec permiffion de la porter a la
boutonnière, ou tèlle autre diftinflion honorable,
& relative aux fciences & aux arts? Ne pourrait-
©n pas même en décorer ceux des chirutgiens-
majors:, qui, reliant dans leurs.emplots, auroient
acquis des droits à cette diftindion par leurs talents
& leurs fervices ?i $
A R T I C L E T R O I S I È M E .
Des chirurgiens-majors de cavalerie.
Tout ce que nous avons dit des chirurgiens-majors
éi’infanterie convient à ceux de cavalerie. Il ne nous
refte qu’à parler de ce qui eft propre à ceux-ci.
Ils devroient être, s’il étoit poffible, plus inftruits
fur toutes les parties de l’art de guérir que
ceux d’infanterie, parce que leurs régiments étant
en quartier, ils font- ordinairement difperfes dans
les hameaux, villages, & petites villes, où 1 on
ne trouve que peu, ou point de reffource, en
fecours comme en confeils. Ils n’ont pour guide
que leurs lumières, & font obligés de porter avec
eux, ou d’avoir, dans les divers etabliffements de
leurs troupes, une petite pharmacie, qui devroit
être au compte du régiment, à moins que les
corps, conformément à l’ufage, n’ayent pour cet
objet un arrangement particulier avec leurs chirurgiens
majors. D’ailleurs, l’éloignement des hôpitaux,
joint-à l’ufage où l’on eft de traiter la plupart
des bas-officiers & cavaliers à la chambre , oblige
de former des établiffemeots particuliers pour y
traiter les malades , &. la cour autorife ces établi.f-
féments.
Les chirurgiens-majors de cavalerie doivent avoir
une connoifiance exade- de l'anatomie du cheval,
de fes maladies, &. des remèdes qui leur conviennent.
Il feroit donc néceffaire qu’ils allaflent a
l’école vétérinaire pendant quelque temps, foit au
fortir du plan d’inftrudion dont nous avons parlé,
foit avant d’entrer en poffeffion de leurs places. Le
foi-,ou les régiments devroient être chargés des
: dépenfes de ce cours. $
Les chirurgiens '-majors étant pourvus des ©on-
6 6 7
chevaux,
leur corps
éfenteroit
des opé-
ainfi plu-
utiles à la
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noiffancès relatives à la confervation des
il faudroit obliger le marechal-expert de
à les confulter, toutes les fois qu’il fe pr
des maladies embarraffantes a traiter, ou
rations difficiles à exécuter. Ils auroient
fieurs occafions de faire des decouvertes
fociété 6l au gouvernement.
§ . i i .
Devoirs des chirurgiens-majors de cavalerie ; utilité
des aides-chirurgiens.
Les devoirs particuliers aux chirurgiens-majors de
cavalerie , confident à foigner la plupart de leurs
malades en des établiffements particuliers , ou dans
la chambre ; à fe porter dans les differents quartiers
de leurs régiments, toutes les fois que leur prefenc®
peut y être utile, &. afin qu’ils s’y rendiffent avec
la diligence néceffaire, le roi ou le régiment devroit
leur donner & entretenir un cheval. 11 faudroit aufli
leur tenir compte des dépenfes que leur occa-
fionnent les courtes qu’ils font obligés de faire.
Comme les commandants de leurs régiments
exigent qu’ils fe trouvent aux manoeuvres , il fau-
droit, non-feulement que le cheval dont nous
venons de parler , leur fût accordé , mais qu ils
euffent avec lui les moyens de donner les fecours
de première nécelfité que les circonftances pourroient
exiger : une voiture y feroit plus propre.
Les accidents .étant plus fréquents &. beaucoup
plus dangereux dans les régiments de cavalerie oc
dans l’artillerie, il convient qu’il y ait au quartier
un. chirurgien-élève de garde, pour donner les premiers
fecours. Il feroit néceffaire auffi, lorfque les
régiments font en quartier, qu’il y eût par régiment
un aide-chirurgien inftruit, qui auroit les memes
fondions que ceux cfes hôpitaux militaires, la
même décoration & les mêmes avantages. Il fe
porteroit par-tout au befoin , pour féconder le
chirurgien-major en fes fondions, & le mettre en
état de multiplier fes foins ôt fes affiduités auprès
de fes malades.
A R T I C L E Q U A T R I È M E .
§• !•
Des chirurgiens-majors des hôpitaux militaires.
La dénomination de chirurgien-major étant ré-
fervée aux chirurgiens militaires , fert a les diftin-
guer des chirurgiens des hôpitaux de charité, dont
la dénomination eft : chirurgien en chef de tel ou tel
hôpital On les distingue aufli entre eux en chirur^
giens-majors d’hôpitaux du i ,2 . , 3 5 5 *
ordre. | , ..
L’époque de l’inftitution des chirurgiens-majors
d’hopitaux militaires eft néceffauement la meme
que celle de ces hôpitaux, [Voye^ Hô p it a l .) .
m p p p p i)
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