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genr. Quant à l’attaque de la cavalerie , quoique
1 ordre circulaire ne lui préfente ni angles ni flancs,
il n’eft ni moins foiblè ni moins dangereux. Outre
la divergence du feu , celle des files , qui augmente
en raifon de la profondeur les rend moins terrées,
moins cohérentes entre elles , plus faciles à entrouvrir
ôc à pénétrer. Enfin , cette ordonnance,
immobile par la nature, ne peut pas, comme la colonne
ou le quarré long , l'aifir un moment favorable
pour faire retraite ôc fe dérober à la faveur
de quelques terreins coupés.
La cavalerie l’attaquera par un ou plufieurs
çôtés comme la colonne ou le quarré. Mais le feu
d’une troupe ainfi difpofée, étant beaucoup moins
meurtrier, on peut prendre contre elle moins de
précautions Ôc la charger d’emblée en muraille.
C AV A L IER . Soldat qui ne fert qu’à cheval ôc
ne combat qu’en troupe.
On .donne quelquefois au cavalier le nom de
maître, & l’on dit également bien qu’une garde,
un détachement eft de quarante cavaliers ou de
quarante maîtres. Voye^ Soldat.
C a v a l ie b^ (Fortification.}. Pièce confirai te au
dedans d’une autre pièce, pour défendre ôc dominer
celles qui l’entourent.
On la place ordinairement dans les baftions, fur-
tout dans les baftions pleins , ôc on lui en donne la
figure. Son principal ufage eft de découvrir les chemins
creux, enfoncements, ôc ravins voifins d’une
place, dont l’ennemi pourrait faire ufage pour ouvrir
fçs tranchées plus près. Le cavalier fert auffi à
garantir les flancs du baftion des ricochets, à le
couvrir du côté des dehors dont il pourrait être v u ,
comme ceux de Maubeuge, conftruits par Vàuban ;
à plonger dans les tranchées ; à augmenter le feu
du baftion. A Landau & à Luxembourg on en a
conftruit en dedans de la place auprès du rempart.
ceux - ci , étant très reculés , ne peuvent être
d’ufage que dans les premiers jours d’un fiège.
Le cavalier a un parapet, un terre-plein , un»
banquette, & des embraiures pour de l’artillerie.
On lui donne l’élévation, néceflàire pour atteindre
l’objet que l’on.fe propofe. On en conftruit fou vent
fur les baftions d’une citadelle, du côté de la ville
pour la dominer , & contenir les habitants.
Le défavantage du cavalier eft d’être ,. à raifon
de fon élévation , plus expofé au feu de l’affiégeant
ôc plutôt détruit : mais il conferve encore * alors
l’avantage de fervir de traverfe*
C a v a l i e r d e t r a n c h é e : partie de
tranchée, élevée à la moitié ou aux deux tiers du
glacis,' vers fes angles Taillants. Son ufage eft de
découvrir ôc d’enfiler le chemin-couvert. On fait
ce cavalier avec des gabions., des fafeines , & de
la terre. Le parapet a huit ou neuf pieds au deffus
du glacis. On y pratique trois banquettes ; Ôc de
la troifième le foldat plonge facilement dans le
chemin couvert. Il eft difficile que l’affiégé le défende
, lorfque le cavalier a reçu toute fa perfection
: mais , pour la lui donner , il faut que les •
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défenfes des ouvrages attaqués loîent ruinées, &
que le chemin couvert foi-t battu à ricochet.
C A V I N. Efpèce de fondrière. Lorfqu’il fé
trouve de ces creux ou enfoncements dans le
voifinage d’une place , les affiégeants en profitent
pour y établir des dépôts, des magafins , y placer
des troupes , y ouvrir les tranchées plus près de
la place.
C EINTURON. Bande de cuir, qui fert à porter
les armes d’eferime. Cette bande eft large de deux
pouces à deux pouces ôc demi : elle porte une boucle
à une dé fes extrémités, ôc deux pendants qui fup-
portent un baudrier dans lequel on paffe l’é-pée , le
fabre ou la baïonette. Une ouverture faite au baudrier
reçoit le crochet fixé à la partie fupérieure
du fourreau de l’a rme, laquelle eft contenue par
ce moyen. On lui donne l’inclinaifon la plus commode
: lorfque les foldats en troupe portent l’épée
il faut que la pofition en foit prefque verticale,
pour ne caufer aucun embarras , ôc que l’arme foit
très courte : autrement elle gêne beaucoup le
foldat, lorfqu’il met genou en terre pour tirer.
CÉLÉRITÉ. C ’eft une des principales qualités
d’un homme de guerre. Elle affure les fuccès ,
parce que les événements inattendus abattent le
courage de touts les hommes. Sans elle il n’y a
point de grand général. C ’eft par elle qu’on prévient
l*oa ennemi en touts lieux, qu’on entre le premier
en campagne, qu’on s’empare le premier d’un pofte
| important, qu’on prend avant l’armée ennemie une
pofition avantageufe, qu’on eft en bataille plutôt
qu’elle un jour d’aélion, qu’on prend l’attaque fur
e lle , qu’on coupe la retraite aux fuyards, qu’on
les pourfuit vivement, ôc qu’on tire d’une vi&oire
touts les avantages qu’elle peut donner. Confirmons
: ces vérités pas des exemples^
C y rus , ayant appris que Créfus , q u i, s’étoit
retiré vers Sardes, devoit difperfer fon armée >
. r.éfolut de marcher à lui avec toute la 'célérité pof-
fible, afin de l’attaquer avant qu’il eût raflemblé
■ fes Lydiens. Il n’eut pas plutôt formé ce projet
quïl l’exécuta. Il fe rendit en Lydie à grandes
journées, ôc fut le premier par qui Créfus eut des
nouvelles de fon arrivée. Ce prince eftrayé par
cet événement inattendu, conduifit cependant fes
troupes au combat ; mais elles furent défaites, &
contraintes de fe réfugier dans Sardes. ( Herodot.
LT . j. Cr . 79 &c Jre q.)\. ° '
Les vertus font enfeignées par l'exemple des
dommages qu’apportent les vices contraires. Lorfque
les Lacédémoniens, fous la conduite de leur roi
Archidame , marchèrent contre Athènes, ce général
s’arrêta long-temps à l’ifthme , après l’aflemblée
de fon armée. Il la fit enfuite marcher avec lenteur.
I] perdit beaucoup de temps au fiège d’OEnoé qu’il
ne prit point, ôc donna aux Athéniens celui de
tranfporter dans leur ville tout ce qu’ils avoiént à
la campagne. ( Thucyd. L. IL p. 1 1 2. B . ), Bra-
fidas prenoit Amphipolis , fi , au lieu de s’arrêter,
à piller les campagnes voifines, il eût marché droit
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à la ville oh on ne l’attendoit pas. ( Ib. L. IV. 322, 1
A .) . Les Syracufains reprirent courage, ôc même
du mépris pour les Athéniens, parce que ceux-ci
ne les attaquèient pas dans le premier moment de
la furprife Ôc de l’épouvante. Nicias, qui les com-
ijiandoit, ayant hiverné à Catane, donna le temps
à G y lippe d’entrer dans la ville avec les troupes
qu’il amenoitdu Péloponnèfe. {Ib. L. VU. 5 19. C. ).
Lorfque les Lacédémoniens, conduits par Hégè-
fandridas, eurent défait- la flotte athénienne , pris
vingt-deux vaiffeaux , ôc engagé toute l’Eubée dans
leur parti, ce revers parut plus grand aux Athé- -
niens que celui de Sicile. L’armée de Samos les
avoit abandonné?; l’Eubée qu’ils venoient.de perdre
leur étoit plus utile que l’Attique même ; divilés
par deux faélions , prêtes à fe combattre 9 le Pirée
étoit vuide, les murs fans défenfeurs :• confternés ,
tremblants , ils croyoient à chaque inftant entendre
l ’ennemi, le voir à leurs portes. S il y eût marché ,
c’étoitlait d’Athènes. {Ib. L.VIIL p, 622. D. ). Si
les Achéens Ôc les Rhodiens, après avoir défait
les.Macédoniens auprès d’Âiabande,euffentmarché
a Stratonicée , ils s’en emparoient ; niais , tandis
qu’ils. s’a-rrêtoient à prendre ^quelques bourgs ôc
petits châteaux , les. habitants revinrent -de leur
première épouvante ; ils fe préparèrent -, ôc l’occa-
îion s’échappa. ( Lïv. L. XXXIIL C. 18. ). ■>
Xenophoïi-dit que Jalon le Theflalien fit voir,
après la bataille de Le 11 cires , que la célérité a
iouvent plus de pou voir que la force. Il étoit plutôt
vu qu’annoncé dans les villes ennemies, ôc avoit
difparu avant qu’on y eût raflemblé des tro'upes.
M H groec.L. VL p. 598. B . ) .
Cette grande, qualité fut une de celles qui brillèrent
dans Alexandre. Il prolongeoit la guerre
jufques dans l’hiver , quand il étoit néceflàire.
( Arrian. 8°. L. I. p. 69, Lin. 19.). Après la ba-*i
taille d’Arbelles , il pourfuivit Darius toute la nuit
ôc le lendemain jufqu’à midi : enfuite, ayant permis
nux foldats qui l’accompagnoient quelques moments
de repos, il marcha toute la nuit fiii vante, arriva
au point du jour dans le camp que Bagiftanes ve-
noit de quitter, y trouva quelques troupes ennemies
, ôc eut des nouvelles de Darius. ( lb. Lit. I I I ,
p. 210. L. 3.), Quoique les hommes ôc.les chevaux
fuflent fatigués de cette marche forcée, il la continua
toute la nuit ôc le jour fuivant jufqu’à midi,
ôc arriva dans un village 011 Darius ôc ceux qui
le conduifoient s’étoient arrêtés la veille. Il y demanda
s’il n’y avoit pas un chemin plus court que
celui par lequel marchoient les Perfes. On lui dit qu’il
y en avoit un , mais qu’on n’y trou voit point d’eau :
il le prit \ ôc j voulant faire une diligence que l’infanterie
, Ôc même des cavaliers, chargés d’armes
plus pefantes , ne pouvoient foutenir , il ordonna
que cinq cents cavaliers miffent pied à terre, que
les officiers d’infanterie les plus vigoureux mon-
taflent a cheval, armés comme ils l ’étoient, que
Nicanor ôc Attale fuiviffent avec leurs troupes le
chemin qu avoit jpris Beffusj Ôc lui-même partant
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vers le fo ir , après avoir fait dans la nuit quatre
cents ftades , ou près de feize lieues, atteignit
vers le jour Darius ôc fon efeorte. Il les attaqua :
un petit nombre fe mit en défenfe ; le refte s’enfuit-
Befliis ôc ceux qui l’accompagnoient abandonnèrent
le char du monarque , après l’y avoir affaffiné -, il étoit
mort avant qu’Alèxandre arrivât ôc pût le voir*
{Ib. p. a n , L. 2 6 & feq. ).
Lorfqu’il apprit enfuite que Satibarzanes, fatrape
des Aréïens, armoit les habitants de fon gouvernement
, Ôc les raffembloit près d’Artacoane , fa
capitale, à deffein d’aller fe joindre à Beflus, il
réfolut de le prévenir ; Ôc , prenant à l’in fiant une
partie de fes troupes, après avoir fait en deux jours
lix cents ftadés ou environ vingt-quatre lieues, il
paraît devant ArtacOane.Le fatrape confterné d’une
fi prompte arrivée , fe retira fuivi de quelque cavalerie
: la plupart de fes troupes apprenant qu’A -
lexandre apprachoit avoient prislafuite. {Ib.p. 222,
L. 21.).
Peu de temps après, ce prince fut informé que
Spitamèhes ôc les Scythes, après avoir défait
un détachement de 1 armée macédonienne, reve-
noient à Maracande, avec le deffein d’affiéger ceux
qui étoient dans la citadellé. Il prend aüm-tôt fes
troupes les plus légères, fait quinze cents ftades,
ou près de foixante lieues en trois jours, paraît
le quatrième avec l ’aurore devant Maracande , ÔC
pourfuit Spitamènes qui avoit déjà pris la fuite»
{Ib. p . y $ i . L. 36.).
I l n’employa pas moins de célérité contre lés
Malliens, les Sogdiens , les Pataliens, ôc autres
peuples de i’Inde ; toutes fes expéditions font ua
modèle en ce genre. {Ib. 3 9 0 ,4 0 7 ,4 1 2 , &c. ).
,. Cette qualité ne fut pas moins éminente dans
•Cæfar que dans Alexandre. A peine il apprend
à Rome que les Helvétiens tentent de traverfer
la province romaine ; il part, marche-à grandes
journées, fe rend à Genève , ôc fait dans toute la
province une levée eonfidérâble. ( De Bell. galL
L. L C. 7. Oudendorp. 40.). On le voit enluite
marcher nuit ôc jour pour prévenir Ariovifte à
Befançon, place importante par fa fituation, ôc
par toutes lés munitions de guerre qu’elle conte-
noit; {Ib. C. 38. ) ; arriver rapidement fur. les
frontières des Belgès qui fe préparaient à la puérre,
furprendre les Rémois > ôc les contenir par fa-présence
; ( Ib. L. IL Cl % & 3. ) : prévenir les Belges
-fur l’Aifne ; ( lb. C. 9. ) : défaire leur arrière-garde,
ôc marcher enfuite à Noyon à grandes journées;-
{Ib.C. 12 .).
Lorfqü’il apprit le foulevemefit de la Gaule ,
la défaite de la légion commandée par Sabinus ,
le danger de Cicéron environné dans• fon camp §
là difficulté de raftemblèr ce qu’il avoît de troupes
dans là Gaule , il regarde ' la célérité comme ru -
nique remède , vient à grandes journées aux frontières
des Nerviens , dégage fon lieutenant, attire
l’ennemi, le trompe, ôc le défait. ( Ib. L. V. C. 48. ).
C c ç c ij