
Cette arme, confédérée comme arme de je t , a
] avantage de porter très loin ; mais il faut beaucoup
de temps & de foin pour la bien charger.
La carabine, confédérée comme arme de longueur,
eft moins avantageufe que le fufil, parce que fa
longueur eft moins conftdérable. Si nous avons
prouvé, dans l’article baïonnette, que l’on devoit
donner à la cavalerie le fufil de l ’infanterie , on
doit à plus forte raifon le donner aux carabiniers.
Un réglement de 1693 veut <îue les carabiniers
ayent des balles de deux calibres différents ; les
‘ tines qui ne puifient entrer dans la carabine que
dorfqu’elles font pouffées avec le marteau & la
baguette de fe r ; & les autres, plus petites, avec
lefquelles on puifle recharger promptement, fi on
en a befoin. i
Baïonnette. La baïonnette dont les carabiniers
font armés eft une autorité en faveur de ce que
nous avons dit fur la néceflité de donner une
•baïonnette à toute la cavalerie. ( Voye^ Baïonnette.)
.
La baïonnette des carabiniers a les mêmes di-
menfions que la baïonnette de l’infanterie.
Piflolets. Les piftolets des carabiniers font fem-
blables à ceux du refte de la cavalerie.
Sabre. Le fabre des carabiniers a une garde pleine
en.cuivre, foutenue par trois branches & un pou-
lier : elle couvre entièrement le poignet. La lame
en eft platte, unie , droite , & de la longueur de
'trente-cinq pouces.
Cuirajfe. La cuirafte des carabiniers eft fem-
blable à celle de la cavalerie.
Calotte de fer. La calotte de fer des carabiniers
ne diffère en rien de celle de la cavalerie. ( Veye1
.Ca lo t t e .).
§; xxxvin.
Equipement des carabiniers.
Manteau. Le manteau des carabiniers a la même
.forme que celui du refte de la cavalerie. Il eft de
<drap bleu parementé en rouge.
Porte-manteau. Le porte-manteau des carabiniers
a la même forme que celui de la cavalerie : il eft
de drap bleu, galonné en fil blanc.
Houjfe & chaperons. La houffe & les chaperons
des carabiniers font de drap bleu, galonnés en plein
a la Bourgogne, en fil blanc pour les carabiniers
& les-bas officiers, & en argent pour les officiers, i
Ceinturon & bandoulière. Le ceinturon & la bandoulière
des carabiniers font de ^uffle chamois,
garni en fil blanc.
Giberne. La giberne des carabiniers eft femblable
à celle de la cavalerie.
. Bottes. Les bottes des carabiniers font molles ;
elles ont des genouillères dites à la moufquetaire ;
elles font échancrées par derrière.
L ’équipement général des caràbiniers , & le petit
équipement dont chacun d’eux doit être pourvu ,
pft le même que celui des cavaliers & dragons.
§ . X X X I X.
Chevaux des carabiniers.1
Touts les chevaux du corps des carabiniers font
noirs. Cette uniformité fait fans doute un bel effet
a 1 oeil mais eft - elle auffi avantageufe qu’elle eft
agréable ? C ’eft ce que nous difeuterons dans l’article
uniformité, La taille des chevaux des carabiniers
eft de quatre pieds dix pouces au moins ;
ils font généralement d’une belle conformation.
Comme ce corps reçoit pour fa remonte des fonds
plus confidérables que le refte de la cavalerie , il
peut choifir avec le plus grand foin les chevaux
qu’il .achète.
C ’eft en Dannemarck & en Jutland que les
carabiniers font leurs remontes : malgré la prévention
qu’on a généralement contre les chevaux
danois ,• le corps a tout lieu de fe louer de leur
durée & de leur bonté. Cependant, combien ne
feroit-il pas à defirer que le royaume pût fournir
aux carabiniers, ôt au refte de la cavalerie, les chevaux
dont ils ont befoin. ( Voye^ Ha r a s .).
§ . X L .
Uniforme des carabiniers.'
L’uniforme des carabiniers a varié moins fou-
vent que celui des autres régiments des troupes
françoifes : depuis 1758 , il n’a éprouvé que des
changements très légers. Il confifte aâuellenfent
en un habit à la françoife, de drap bleu de roi ,
dont le collet" eft droit & de la même couleur. Les
revers & les parements font de drap écarlate ; la
doublure en cadis eft de la même couleur que les
parements. Les fept boutonnières dès revers, &
les deux qui font au - deffous , font entourées d’un
galon d’argent ; il en eft de même de la bavaroife.
Le parement eft auffi garni d’un large galon d’argent,
Sc le collet d’un plus petit. Les épaulettes
font galonnées en forme de patte d’oie. Au bais
de la taille de l’habit, on a placé un galon qui
a la forme d’un fer à cheval ; les tetrouffis font
deux fleurs de lys auffi en argent. Le chapeau, eft
bordé d’argent fin : la vefte de drap blanc ; la culotte
de peau, & de la même couleur que la vefte :
les boutons font blancs, timbrés - d’une fleur de
lys. Les brigadiers portent un habit femblable à
celui des carabiniers , ils font feulement diftingués
par un double bordé de galon d’argent, placé au-
deffus du parement. Les maréchaux-de-logis & les
fourriers portent un habit galonné par--tout d’argent
fin; ces derniers font diftingués des premiers
par un galon qui va du bas de la bavaroife au bas
de l’habit.
L’habit de Mrs les officiers a la même forme
que celui des fourriers ; avec cette différénee
qu’au lieu d’être en galon, il eft en broderie à paife
lettes. Rien de plus brillant, rien de plus beau
même que l’uniforme des carabiniers : nous difeuterons
aux articles luxe & uniformité, fi cet éclat
eft conforme aux principes qu’on doit adopter fur
les uniformes dans une conftitution vraiment
militaire.
§. X L I.
Des prérogatives des carabiniérs.
Quoique les carabiniers ne forment pas un corps
féparé de la cavalerie françoifequoiqu’ils n’en
ayent pas même la prétention, ils jouiffent de
quelques prérogatives que nous allons indiquer;
ce n’eft pas de la faveur qu’ils les tiennent ; mais
des fervices qu’ils ont rendus à l’état, même
avant de former un corps.
Parmi les diftinélions dont les carabiniers jouif-
fent , la première & la |>lus heureufe eft fans
douté celle qui a toujours éloigné de leur corps la
vénalité de touts les emplois : combien ne feroit-
il pas utile que cette prérogative devînt générale
?
La fécondé des prérogatives accordées aux
carabiniers, c’eft de combattre à pied & à cheval.
Ç e fut pour leur affurer la jouiffance de cette dif-
tinélion que Louis X IV voulut que leur chauflure
Sc leurs armes différaffent de celles de fa cavalerie
: ils n’avoient pas, il eft v ra i, lors de leur
création, la baïonette dont ils font armés aujourd’hui
; elle ne date pour eux que de la bataille
de Guaftalle. Cette arme fera un monument à jamais
durable de la gloire qu’ils acquirent dans
cette journée , & cette récompenfe de leur valeur
n’eft pas reftée inutile entre leurs mains ; Bruxelles
& Prague les ont vus s’en fervir avec autant
d’avantage que l’infanterie la mieux exercée.
Dans les fièges en forme, les carabiniers ne fe
bornent pas à porter la fafeine ; ils y font le même
fprvice que les grenadiers.
Les carabiniers campent rarement en ligne ;
quand le befoin le demande, on fe fert d’eux pour
couvrir un des flancs de l’armée.
Lorfque la maifon du roi eft en campagne, les
carabiniers campent à fa gauche ; quand les
circonftances demandent qu’elle foit relevée par
un régiment de cavalerie, les carabiniers ont ordinairement
la préférence.
Les carabiniers forment d’ordinaire les avant-
gardes dans les marches en avant, & les arrière-
gardes dans les retraites. Pendant les campagnes
de 1.661 &. de 1692, leur principale fonélion fut
d’aller en parti.
■ Suivant le réglement arrêté par le roi, en 169^ ,
les carabiniers ne doivent point monter de garde.
« Naturellement, .dit un autre réglement fait en
1696 , &. rapporté par le père Daniel, les carabiniers
ne doivent point rouler avec la cavalerie
ppur les fatigues; cependant, après avoir repré-
fen.te leurs droits & leurs inftituts } ils doivent
faire fans réplique tout ce qu’on leur demande ».
« Leur unique principe, dit le même auteur, eft
le bien du fervice , fans avoir égard à rien de
particulier : c’eft là le premier mobile, & celui
de ce corps qui a été créé dans cet efpritn.
Le même réglement que no-us venons de citer
porte encore qu’on ne fera fubir des châtiments
ignominieux qu’aux carabiniers que l’on voudra
chaffer.
Une lettre de M. de Barbéfieux, miniftre de la
guerre , mit les maréchaux-de-logis des carabiniers
à l’abri de la peine de mort portée contre les
déferteurs ; ils ne dévoient être condamnés pour
ce délit qu’à un an de prifon, au pain & à l’eau.
La manière dont les carabiniers fe recrutent
quoique différente de celle qui étoit autrefois en
ufage , eft cependant encore une de leurs préro-,
gatives.
Les compagnies de carabiniers furent recrutées
jufqu’en 16 9 8 ,par les régiments qui les avoient
formées. Les troupes françoifes ayant effuyé à
cette époque une grande réforme, les carabiniers
ne furent plus recrutés par les régiments dont ils
fortoient : mais touts les régiments qui relièrent'
fur pied leur fournirent à tour de rôle le remplacement
qui leur étoit néceffaire.' Aujourd’hui,
chaque régiment de cavalerie n’eft affujetti qu’ à
fournir annuellement un homme pour le corps
des carabiniers. Cet homme doit être choifi par
l’infpeéleur de chaque régiment ; il doit avoir au
moins cinq pieds cinq pouces, de bonnes moeurs ,
& une tournure, diftinguée. Lorfque les cavaliers
qu’on envoyé aux carabiniers n’ont pas toutes les
qualités que nous venons d’indiquer , ils font renvoyés
dans les. régiments qui les ont fournis.
Le corps des carabiniers achève de fe complet-
ter avec les recrues qu’il- fait dans les différentes .
provinces du royaume.
Cette manière de tzcmtev \qs carabiniers offri-
roit à une académie militaire une infinité de problèmes
importants à difeuter ou à propofer ; nous
n’entreprendrons ni de les indiquer, ni de les réfoudre
; les bornes & la nature de cet. ouvrage ne
nous le permettent pas.
L’ancienneté conduit les officiers des carabinier's
à la tête de leur corps. Elle les y conduit, il eft
v ra i, fort tard, parce que les capitaines, les majors,
& les lieutenants-colonels de la cavalerie,
alternent avec eux pour certains emplois. Quand
il vaque, par exemple, une place de mettre de
camp en fécond dans une brigade, elle eft donnée
alternativement a un des lieutenants - colonels du
corps, choifi par le meftre-de-camp commandant
infpeéleur, & à un major ou à un lieutenant-colonel
decavalerie.il en eft de même des compagnies ;
elles font données alternativement au premier lieutenant
du corps, & à un capitaine de cavalerie.
Pour qu’un capitaine de cavalerie foit dans le cas
d’obtenir une compagnie de carabiniers , il faut
qu’il ait déjà eu une compagnie dans un régiment.