
tainerle ne Te font plus dit que des maifons royales. A
On difoit, le capitaine de Saint-Germain ; le capitaine
de Verfailles : l’on a commencé depuis plusieurs
années à fe fervir du terme de gouverneur
& de gouvernement pour ces, fortes de charges.
La qualité de capitaine, je dis de limple capitaine,
étoit autrefois beaucoup plus honorable qu’elle n’eft
aujourd’hui. Nous le voyons dans no,s hiftoires depuis
Louis XII jufqu’à Henri IV ; les perfonnes les
plus diftinguées par leur'valeur dans les armées
irançoifes font nommées avec ce titre que l’on
mettoit avant leur nom. On difoit le capitaine Mont-
luc, le capitaine Ch&rri, le capitaine Lancques, &c.
C’eft ainfi qu’on parloit alors à Farinée & à la cour5
même de ceux qui avoient eu , ou qui avoient actuellement
un plus haut commandement que celui
de capitaine. Dans le premier volume de l’extraordinaire
des guerres de l’an 1564, fous Charles IX, on
s’exprime de cette forte : « Au capitaine Roumole,
colonel defdites dix compagnies , la fomme de
200 liv. pour fon état de meftre-de-ca'mp ». Et, ce
qui eft encore remarquable , c’eft que dans ces ré-
giftres, le titre de capitaine , ainfi placé avant le
nom, fe donnoit même aux officiers fubalternes
d’une compagnie. On difoit, au capitaine N. lieutenant
de la compagnie du capitaine N. la fomme
de , &c. On trouve dans le régiftre de Picardie
de 1561 , le capitaine la Trimoille : ce qui montre
que ce titre étoit donné, même à des gens de la
haute noblefle , en fuppofant que ce capitaine fût
de cette illuftre maifon.
Cette manière de parler n’étoit point en ufage
avant Louis XII. Philippe de Comines , dans l’hif-
toire de Louis XI, & dans celle de Charles VIII,
prédéceffeur de Louis XII, ne s’en fert point, non
plus que ceux qui ont écrit avant lui. Elle fut introduite
fous lç règne de Louis XII -, lorfque ce
prince commença , ainfi que le dit Brantôme , à
mettre l'infanterie françoife fur le bon pied ; &
que, pour cet effet, il engagea la noblefle à fervir
dans l’infanterie. Il fit un choix des plus vaillants
gentilshommes de fes troupes , & des plus capables
de bien dilcipliner les foldats : il donna à l’un cinq
cents fantaffins à commander , à un autre mille y à
lin autre deux mille ; & quelque forte que fût la
troupe , celui qui la commandoit n’avoit que le
titre de capitaine.
Il paroît y par ce livre de Brantôme, & par les
autres du même auteur , auffi bien que par les hiftoires
de ce temps-là, que le titre de capitaine
n’étoit ordinairement porté que par ceux qui commandoient
, ou qui avoient commandé des bandes
^’infanterie.
Cet ufage ceffa fur la fin du règne d’Henri IV.
u Nous n’appeilions nos capitaines que de ce nom
Jà, (dit un auteur qui écrivoit alors;) ( Montgeon
alphab. milit.p. 23. ) & même , ajoute-t-il, devant
la Rochelle, fous Charles IX, lorfque nous parlons
des meftres-de-camp ; on ‘difoit le. régiment
çfii cavipaine Guas , le régiment du capitaine de
Collins, de Poillac , & ainfi des autres. Aujour^l
d’hui ce feroit offenfer fon limple capitaine ÿ fi on
ne difoit : Monfieùr. Je crois que c’eft une erreur
pour leur charge ».
Dans les légions de fix-mille hommes, qui furent
inftituées par François Ier, chaque capitaine commandoit
mille hommes. Ces mille hommes étoient
partagés en dix bandes , chacune de cent, commandées
par un officier qui n’avoit point le titre
de capitaine, mais celui de centenier , comme on
le voit par les ordonnances de ce prince.
Sous le même règne , les bandes ou compagnie*
étoient de quatre cents , & de trois cents hommes.
Sous Henri II, elles étoient ordinairement de deux
cents, lnfenfiblement elles devinrent fous les règnes
fuivants beaucoup moins nombreufes, & on les
réduifit à quarante hommes par les réformes. Ainfi
la multiplication des capitaines , & la diminution
de leur commandement ont fait que ce titre n’eft
plus aujourd’hui auffi illuftre qu’il l’étoit autrefois.
Il n’y a que les compagnies fuiffes, qui ordinairement
font ou doivent être fur le pied de deux cents.
Celles du régiment des Gardes Françoifes font ordinairement
aux environs de cent. On les trouve
quelquefois, fous Charles IX , réduites à cinquante.
Le titre de capitaine , à l’égard des officiers
d’armée , excepté le.général, ne fut guère en ufage
dans les temps les plus reculés de notre ancienne
milice. Ceux qui commandoient fous les comtes &.
fous les ducs,au temps de la première & de la fécondé
race , étoient les Viguiers, les Centeniers , &c.
Depuis l’inftitution de la chevalerie , un peu avant,
Philippe Augufte , c’étoient les chevaliers Bam-
nerets qui commandoient fes diverfes brigades de
gendarmerie. Le titre de capitaine commença d’être
en ufage dans.la fignification qu’on y donne aujourd’hui
, quand nos rois, outre les troupes de leurs
vaffaux , donnèrent des commiffions à quelques
feigneurs pour lever des compagnies de gendarmes.
Ces feigneurs prirent le titre de capitaines de ces
compagnies, comme on le voit par une ordonnança
du roi Charles V.
Charles VII, dans la grande réforme qu’il fit de
la milice françoife, par l’inftitution des quinze compagnies
d’ordonnance , fit prendre le titre de capitaine
à touts ceux qui les commandoient. Il a été
dans la fuite attribué à touts les commandants particuliers
des diverfes efpèces de milices , tant dans
la gendarmerie, que dans la cavalerie légère , dans,
les gardes de nos rois, dans l’infanterie , dans les
dragons, &c. de forte qu’aujourd’hui il y a des
capitaines dans touts les corps de la milice françoife.
( Daniel mil. franc, tom. 11. c. 7. p. 55. ).
( Si touts les officiers qui portent en France le
titre de Capitaine occupoient le même rang dans
l’ordre militaire ; s’ils jouiffoient des mêmes prérogatives
; s’ils étoient affujettis aux mêmes devoirs,
& obligés de réunir les mêmes connoiffances, les
mêmes qualités morales & phyfiques , on pourroit
dire avec facilité ce qu’ils doivent être, ce qu’ils
doivent
doivent fçavoir, & ce qu’ils doivent faire pour
mériter l’eftime de la nation , les grâces de leur
fouverain , la confiance de leurs chefs , l’amitié
de leurs égaux, & lé refpeft de leurs inférieurs :
mais, comme on compte en France plufieurs e fpèces
de capitaines , dont le rang & les devoirs
diffèrent prefque touts en des points effentiels,
nous ferons obligés de confacrer un article particulier
à chacun d’eux. Le grand nombre de fens
divers que l’on attache à ce mot capitaine en
rend la définition très difficile. Si nous difons
qu’un capitaine eft le commandant j d’une troupe
de gens de guerre , on peut objeéler qu’il y a au
fer vice de France des capitaines qui non feulement
n’ont point de troupe , mais même q u i, par la
conftitution du corps dans lequel ils fervent, n’en
doivent jamais avoir : fi nous difons qu’un capitaine
eft un officier particulier, on nous répondra
que les capitaines de quelques compagnies de
l’armée françoife font maréchaux de France , que
ceux de quelques autres font lieutenants généraux,
maréchaux de camp, &c.
Nous renouvellerions ici nos plaintes fur l’imper-
feélion du vocabulaire militaire ; nous donnerions
des exemples de la^.confufion que la difette des
mots techniques peut produire ; nous ferions enfin
de nouvelles inftances auprès des militaires fça-
vants, pour les engager à perfectionner la langue
de l’art qu’ils exercent, fi nous n’efpérions pas que
l ’expofé que nous venons de faire , ainfi que le
commencement de l’article brigadier, & fur-tout
la longue lifte de capitaines que nous allons donner,
dût produire cet effet defirable.
( Nota. Il ne faudroit pas cependant trop multiplier
les dénominations, &, inventer un nouveau
mot pour chaque idée acceffoire que l’on auroit
befoin de joindre à une idée principale. Cette
méthode jetteroit dans les langues une confufion
qu’aucune tête humaine ne feroit capable de débrouiller
; elle y produiroit des millions de mots :
& qui les retiendroit ? Nos langues deviendroient
pour les mots ce que la langue chinoife eft à l’égard
des caraétères. ).
Etat des capitaines employés dans les troupes
françoifes.
1 • • • Capitaines des gardes du corps du roi. -
2 • • • Capitaine des cent gardes Suiffes du roi.
5 • • • Capitaine des gardes de la porte du roi.
4 • • • Capitaine des gardes de la prévôté de l’hôtel
du roi.
5 * • • Capitaine des gendarmes de la garde du roi.
6 • •- • Capitaine des chevaux légers de la garde
- -du roi.
7* • •Capitaines aux gardes françoifes.
8 • • • Capitaines en fécond aux gardes françoifes.
9 * * * C’apitaines aux gardes Suiffes.
10* • •Capitaines dans la gendarmerie de France.
1 1 . . . Capitaines des gardes du corps de Mon-
fieur , frère du roi.
o4.rt militaire• Tome I.
i l »7 -Capitaine des Suiffes de la garde ordinaire
du corps de Monfieùr , frère du roi.
1 3 • • • Capitaines des gardes du corps de mo.nfei-
gneur le comte d’Artois t frère du roi.
1 4 . . . Capitaine des Suiffes de là garde ordinaire
de monfeigneur le comte d’Artois, frère
du roi. .
1 5 • . • Capitaines commandants d’infanterie fran-
. çoife. • •
16’ • ^Capitaines en fécond d’infanterie françoife.
-
1 7 . . . Capitaines commandants des grenadiers.
18 • -• Capitaines en fécond des grenadiers.
1 9 . . . Capitaines commandants des chaffeurs,
2.0 ••• Capitaines en'fécond des chaffeurs.
2 1 . . . Lieutenants d’infanterie qui ont le rang de
‘ capitaine.
22* • • Capitaines à la fuite des régiments d’infanterie.
2 3 * * * Capitaines à la fuite de l’infanterie.
24* • • Capitaines à la fuite des places.
25 • • • Dans l’artillerie on trouve beaucoup d’efpèces
différentes de capitaines.
26 • • • Capitaines dans les régiments Suiffes.
27 ■ . • Capitaines commandants dans les régiments
Allemands.
28 • • • Capitaines en fécond dans les régiments
Allemands.
29. • »Capitaines commandants dans les regiments
Irlandois.
30* • -Capitaines en fécond dans les régiments
Irlandois.
31 • . - Capitaines commandants dans les régiments
Italiens.
32» • -Capitaines en fécond dans les régiments
Italiens.
3 3 . . . Capitaines commandants dans les régiments
Corfes.
34. * - Capitaines en fécond dans les régiments
Corfes.
3 5 . . . Capitaines des grenadiers royaux.
36-•• Capitaines dans les régiments provinciaux
d’artillerie.
3 7 . . . Capitaines dans les régiments provinciaux
d’état-major.
38« • • Capitaines dans les bataillons d’état-major.
3 9 .. - Capitaines commandants dans la cavalerie.
40* • • Capitaines en fécond dans la cavalerie.
4 1 . • • Capitaines de cavalerie réformés.
42 • • • Capitaines à la fuite d’un régiment de cavalerie.
4 3 . . . Capitaines à la fuite de la cavalerie.
44 •, • • Capitaines de cavalerie à la fuite des places.
4 p • -Capitaines commandants de carabiniers.
46- • -Capitaines en fécond de carabiniers.
4 7 . . -Capitaines attachés au corps des carabiniers.
48 • . . Capitaines commandants de chevaux
légers.
4 9 .. -Capitaines en fécond de chevaux légers.
5 o » • • Capitaines commandants de houffards.
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