
emploie la même rufe que vous^ foflgez à la
retraite.
Céfar ayant marché à Cordoue, pour détourner
-, Pompée du .fiège d’Ulla, envoya devant un dé-
. tachettent de cavalerie avec des légionnaires ,
qui montèrent en croupe dès qu’ils furent à la
vue de la ville. Ceux qui la gardoient, ne voyant
que de la cavalerie en affez petit nombre, envoyèrent
contre elle une troupe fuffifante pour
la combattre. Alors les légionaires , descendant
de cheval , chargèrent cette infanterie ; qui, attaquée
en même temps, & prife en flanc par la
cavalerie, fut détruite prefque en entier.
On peut aufli faire marcher l’infanterie à pied,
couverte par la cavalerie, comme le dit Xéno-
phon, parce que le cavalier eft plus grand que
le fantaflin 3(de rnagifi. equit. & la couvrir pour
plus de fûreté par l’avant- garde % les flancs , 6c
l ’arrière-garde, ainfi que l’ajoute Santacruz ; mais
a|ors il ne faut qu’un rang de cavalerie de chaque
co te , afin qu’une trop girofle maflfe ne trahifle par
le ftratagême.
On attire une garnifon hors- de fes remparts,
«n lui montrant peu de forces , & cachant le.
yefte à quelque diflanee : c’eft ce que fit Orcan
a Mauropetra. Il fe préfenta peu accompagné
devant cette fortereffe, &. peu de temps après
i l abandonna fon camp en n’y laiflant qu’un
viellard, qui avoit ordre de dire que les Turcs
étoient en petit nombre, intimidés, & mal conduits.
La garnifon le crut, 6c Suivit le général
turc : celui-ci, attaquant avec' toute Son armée ces
troupes imprudentes, les détruifit en entier.
Lorfque l’ennemi vous craint, 6c que retiré en
des polies avantageux, il refufe d’en Sortir , &
d’engager une aElion ; vous l’y attirerez en feignant
de vous retirer faute de v ivres, & d’autres moyens
pour achever l’entreprife ou pourfuivre la conquête
que vous méditez. Cromwel ayant marché
contre les écoffois du parti de Charles II y trouva
entre Edimbourg & Leith,. L e fle y , général de
cette armée, dans un camp très bien retranché.
Celui-ci étoit fupérieur en nombre, mais inférieur
aux Anglois, quant à la difcipÜne de fes troupes*.
K porta touts fes foins à fe maintenir dans le pofte
avantageux qu’il avoit choifi. Afin de priver les
Anglois de fubfiftanees, il fit enlever toutes celles
qui étoient dans les comtésde Merfe& deLothian.
Cromwel s’approcha de lu i, & tenta inutilement
de 1 engager a une aElion* Lefley ne permettait
a fes troupes que de petits combats qui les aguer-
rifloient chaque jour. Le roi vint au camp, montra
du courage à la tête des troupes, 6c s’en fit
aimer. C ’étoit un nouvel avantage pour cette
armée , qui préféroit le commandement d’un jeune
prince, ardent 6c brave,. à l’autorité ufurpée du
clergé presbytérien. L’ambition de ces miniftres
fut alarmée. Charles reçut ordre de quitter le
camp. Ils renvoyèrent en même temps quatre
mille hommes, parce qu’ils étoient zélés royalifles;
côtoient les meilleures troupes de farmêe. Pa?
un fanatifme, Soit Sincère, Soit feulement politique,
ils empêchèrent Lefley de remporter quelque
avantage, parce que l’occafion s’en offrit un dimanche.
La Sage conduite de ce général avoit- réduit
Cromwel à Se retirer jufqu’à Dumbare faute de
vivres. Lefley Fy Suivit, prit un pofte avantageux
fur les hauteurs de Lamermure, qui commandent
cette v ille , & fe faifit des défilés entre Dumbare
' & Berwick, par lefquels il falloit que l’armée
angloife Se retirât. Cromwel,- n’ayant de libre que
le côté de la mer, avoit réfolu d’embarquer Son
infanterie, Son canon, & de tenter avec Sa cavalerie
s’il pourroit forcer le paflage. La viftoire
étoit certaine ; mais les miniftres, bien éloignés
de concevoir la fageffe 6c la profondeur des vues
de leur général, s’imaginèrent qu’avec des exor-
tations fanatiques, revêtues de quelques exprefe
fions de l’écriture, ils transformeroient touts leurs
Soldats en David & en Gédéons. Ils murmurèrent
contre Lefley » & contre Dieu même, qui dif-
féroit trop leur vengeance : ils dirent avoir eu
des révélations, qui leur apprenoient que les
feélaires, les hérétiques, 6c leur chef Agag, (. c’étoit
ainfi qu’ils nommoient Cromwel),, étoient livrés
entre leurs mains par le Dieu des armées* Remplis
de ces chimériques vHions, ils forcèrent leur gé*
néral à defeendre dans lajplaine. Cromwel, voyant
cette armée fe préparer à quitter fon pofte, prédit
plus Sûrement qu’elle étoitlivréepar lecielmême en
fes mains.. Les troupes écoffoifes, mabdifciplinées-»
6c peu aguerries, oublièrent bientôt les révélations
presbytériennes : elles furent mifes en fuite auffi-tôî
qu’attaquées. Un régiment de montagnards, la
feule partie de l’armée qui fut exempte de fanatifme
, fit quelque réfiftance; Trois mille écoffois
furent tuésr neuf mille prifonniers ; le refte fe
retira vers Sterling : les- vainqueurs prirent Edimbourg
& L e i t h l e s miniftres gémirent, fur leur
défaite, 6c l’attribuèrent aux offenfes du ro i, à
fon peu de contrition/, à la négligence que fe
peuple avoit eue dans fes prières.
Dans le cas que nous venons de. fuppofer, û
Fennemi eft couvert par une- rivière ; vous l’attirerez
de votre côté en fuppofant une retraite »
6c vous prendrez y pour fçavoir l’heure précife à
laquelle il paffera > & le moment favorable pour
l’attaque ^ toutes lesr précautions preferites à Far«»
fic le ,. Passage des rivièresfj
Le foin de fe retrancher témoigne de lia crainte,
& infpire à Fennemi une confiance qui devient
fouvent téméraire. Q . Titurius Sabinus y lieutenant
de Céfar, s’étoit avancé fur les frontières
des Unelliens. Leur chef Viriduovix y avoit a£»
femblé de grandes forces. Les Aulerciens Ebu«*
rovices y ( habitants cCEvreux ), , & les Lexoviens
[de Lijieux) , ayant tué leurs magiftrats, parce
qu’ils s?oppofoient à la guerre, fe joignirent à lui»
De plus, un grand nombre de brigands & d’hommes
a c T
perdus I que la Soif du butin enlevoit aux travaux
ces villes 6c des campagnes.* vinrent combattre
fous fes enfeignes. Sabinus , voulant exciter au
| combat cette multitude fans expérience , fe re-
' trancha foigneufement, 6c fe-tînt comme caché
dans fon camp. Celui de Viriduovix n’étoit qu’à
deux milles. Ce fut inutilement que ce chef gaulois
vint touts les jours déployer fes forces dans la
plaine. Sabinus ne vouloitr çpmhattre qu’avec le
plus grand avantage, fur-tout en Fabfence de fon
général. Sa prudence infpira aux ennemis tant
_ de mépris, 6c une fi forte opinion de fa crainte,
qu’ils vinrent bientôt jufqu’à fes retranchements :
les foldats même du légat romain ofèrent le cenfurer.
~ Sabinus , voulant achever de déterminer Viriduovix
au combat , lui envoyé un des gaulois
qui fervoient dans l’armée romaine, homme rufé,
propre à cet emploi, facile à féduire p a r l’elpoir
des récompenfes. Il paffe comme transfuge dans
le camp gaulois, exagère la crainte des Romains,
l ’embarras de Céfar à Vannes, le deflein qu’a
Sabinus d’aller à fon fecours, 6c de partir en -
fecret la nuit fuivante. Les Gaulois s’écrient qu’il
faut faifir l’occafion, & marcher au camp. Ils y
étoient excités par la crainte apparente de Sabinus,
fe témoignage du transfuge , le défaut de vivres ,
Fefpérance qu’ils avoient conçue des fuccès de la
guerre de^ Vannes, & le penchant naturel de
l’homme à croire ce qu’il defire. Ils ne laiffèrent
pas Viriduovix & les autres chefs fortir du confeil,
qu’ils ne leur euffent accordé de prendre les armes,
& de marcher au camp ennemi. Alors tranfportés
de joie , ils ramaffent des branches pour combler
le foffé, 6c marchent aux retranchements.
; Ib étoient fur une colline, qui ; depuis le pied
Julqu’au fommet, s’élevoit dans l’efpace d’environ
nulle pas. Les Gaulois le parcourant à toute courfe,
afin que les Romains euffent moins de temps pour
«armer 6c fe former, arrivèrent hors d’haleine,
^bmus ayant exhorté les fiens, donne le fignal •
auiiwot ils fortent, & chargent ces troupes fatiguées,
& embarraffées des branchages qu’elles
portoient.^ Le lieu étoit avantageux ; les Romains,
accoutumes a combattre & à vaincre : les Gaulois
îans expérience, ne les attendirent pas : un très
grand nombre fut tué par l’infanterie ; la cavalerie
pourfuivit, & tua prefque tout le refte.
Feindre un éboulement de retranchements.
\ fa -i™ r v . c Parapet, bien expo
un l a Z V T aUtre P0 rï ° n de retranchement\
p e r c e lir p 6 ’ ° U, Un M i puiffe ;
em p l lw g les P r i o n s néceffaires p<
fonir du camp, l
§ . s’il feM ," Fai,es 6111111(6 démolir de nu
dame,pourrend5 ’l - | | » ,p ur rendre eSveïnPe mpeenndt apnlut su vnrea iPfeIumi«balabbc'
la pârtie de l’ancien retranchement qui eft. devant le
leçond. L ennemi, le croyant ruiné par le défaut de
conftruftion, ou par les eaux, & ne fçaehant pas
ce que vous avez fait derrière, s’empreffera d attaquer
avant que les brèches foient réparées. Pour
le mieux tromper, mettez-y des travailleurs qui
feront femblant de fe hâter. Si Vous craignez que
votre retranchement intérieur ne foit découvert,
vous pouvez le mafquer par des troupes, des tentes,
ou des Chevaux. Le plus sûr eft’ de ne le faire que la
nuit même où le parapet antérieur doit être abattu.
Suppojet une iéfeSlion. I
S il eft très vraifemblable pour les ennemis qu’ua
de vos généraux ait deffein d’embraffer leur caufe,
foit par de grands intérêts politiques ou particu-
hers, îoit par un mécontentement vrai ou fuppofé j
ü votre adverfaîre a tenté de le corrompre, 6c que
celui-ci vous l’ait déclaré -, faites-le entrer en négociation,
& promettre à l’ennemi qu’il fe tournera
contre vous pendant Yadion xvec le corps qu’il
commande. Feignez en même temps d’en avoir
loupçon, de vouloir vous retirer , d’éloigner ce
general & ce corps fufpeél. L’ennemi viendra vous
attaquer, &. fera d’autant plutôt découragé & défait
, qu’il aura eu plus de confiance dans la trahifon
que lui-meme a follicitée.
Timur-Bec ayant porté la guerre dans le royaume
de Carezem, Huffein Sofi, dont l’armée étoit moins
nombreufe , fe jetta dans fa capitale, & fit faire des
proportions de paix. Keï Cofru Catlani, un des
generaux de Timur, haïffoit Huffein. Dans le def-
fem de le perdre, il lui fit dire d’abandonner fou
projet d accommodement, de fortir de fa ville pour
offrir le combat, & lui promit qu’alors il joindrait à
ion armee les dix mille hommes qu’il commandoit,
& abandonneroit Timur. L’imprudent Carezem,
étant venu offrir labataille, ne reçut aucun fecours,
oc tut complettement battu.
Suppofer des ordres de ne point combattre. '
Vous exciterez au combat un général préfomn-
tueux & avide, de batailles ; vous l’engagerez à
vous attaquer , même en un pofte avantageux fi
vous feignez avoir reçu de votre foaverain des
ordres pour ne point combattre. Il croira qu’il y en
a des raifons qu’il ignore, & fe flattera que votre
retus, diminuant le courage de vos troupes, l’augmentera
dans les fiennes. Engagez votre prince à
vous envoyer ces ordres : publiez-les ; faites-les
pafier aux ennemis par des prifonniers que vous
latiierez échapper, par quelques-uns de vos foldats
que vous expoferez à être pris, ou par des efpions
que vousSoupçonnerez d’être doubles. Affemblez un
confeil nombreux ; faites-y lire ces ordres ; mettez
en délibération la manière la plus sûre d’éviter le
combat fans compromettre lagloire du prince l'honneur
de l’armée, St de fes chefs, le pays quelle doit