
tomme incorporés dan» la troupe du banneret.
Mais cela ne doit s’entendre que des chevaliers ou
écuyers qui venoient au fervice avec une allez
grande fuite : il n’éft pas vraifemblable qu’un chevalier
bachelier qui n’avoit point de terre, ou qui
•n’avoit avec lui que très peu de vaffaux, eût fon
pennon particulier , à moins peut-être qu’on ne lui
donnât quelque troupe de gendarmes à commander
fous la bannière du banneret.
Les bannerets dans les armées avoient quelquefois
un pennon avec leur bannière. « Là étoit, dit
Froiffart 5 meffire Huë le Dépenser à pennon ; &
là étoit à bannière & à pennon le fire de Beaumont,
médire Huë de Caurelée, & meffire Guillaume
Helmen ; & à pennons fans bannière meffire
Thomas Dra&on. ». C’étoit apparemment que le
banneret, outre fa bannière, fous laquelle étoient
les vaffaux, avoit une compagnie de gendarmes
levée à fes dépens, ou par une commiffion particulière
du prince, qui étoit conduite fous fon pennon
par quelques-uns des chevaliers bacheliers ,
auquel il en avoit donné le commandement ; ou
bien qu’il partageoit la troupe de fes vaffaux en
deux, dont l’une étoit fous fa bannière, & l’autre
fous fon pennon.
Comme les bannerets & les chevaliers étoient ce
qu’il y avoit de plus diftingué dans les armees ,
après les grands feudataires de la couronne & les
barons, qui avoient auffi leurs bannières, & que
l’on y comptokialors l’infanterie pour peu de chofe,
on màrquoit combien ces troupes étoient nom-
breufes par le nombre des bannières Ôc des pennons,
comme nous le marquons aujourd’hui par le
nombre des bataillons & des efcadrons.
Le même Froiffart, en parlant de l’armée d’Edouard
, roi d’Angleterre, & de celle de Philippe
de Valois, qui furent fur le point d’en venir aux
mains à Virenfoffe dans là Tièrache en Picardie, en
fait ainfi le dénombrement. .
« Nqps parlerons premièrement, d it- il, de
l ’ordonnance des Anglois, qui fe tirèrent fur les
champs, & firent trois batailles à pied, & mirent
les chevaux & touts les harnois en un petit bois qui
étoit derrière eux , & s’en fortifièrent. La première
bataille eut le duc de Guerles ( Gueldre) ,
& y avoit vingt-deux bannières & foixante pennons;
&. fi étoient huit mille hommes de bonne
étoffe..............La fécondé bataille avoit le duc de
Brabant. . . . . Si etoitle duc de Brabant jufqu a
vingt-quatre bannières &. quatre-vingt pennons ; fi
étoient bien fept miller combattants, toutes gens de
bonne étoffe. La.tierce bataille , & la plus groffe
avoit le roi ( d’Angleterre) avec lui. . . . . . Si
avoit le roi vingt & huit bannières & quatre-vingt
& dix pennons ; & pouvoient être en fa bataille environ
fix mille hommes d’armes & fix mille archers
»., ..../
Enfuite parlant de l’armée de France il y eut,
dit-il, onze vingt bannières, quatre rois , fix ducs,
yingt-fix comtes, & plus de quatorze mille chevatiers,
& des communes de France plus'de quarante
mille ; & ordonnèrent les François . trois groffes
batailles, & mirent en chacune quinze mille hommes
d’armes , & vingt mille hommes à pied. ».
Par la même raifon que l’infanterie n’étoit point
eftîmée en comparàifon de la cavalerie, on ne
màrquoit guère la grandeur des viêloires ou des
déroutes que par le nombre des chevaliers , des fer-
gents, & des autres gentilshommes qui avoient été
tués ou pris. « En telle ou telle rencontre , difent
les hiftoriens, tant de chevaliers furent tuez, tant de
fergents, (,fervientes) , furent pris. ».
De même ils ne niarquoient guère la force d’une
garnifon que par le nombre des chevaliers ou des
autres gentilshommes : a On jetta dans telle place
menacée de fiège vingt chevaliers, cent fergents n9
& ainfi du refte.
Quand les bannières étoient raffemblées en
corps d’armées , les bannerets étoient commandés
par le maréchal de France , ou par le lieutenant-
général. Il n’eftpas douteux auffi que, lorfque plu-
lieurs marchoient enfemble, il y avoit quelque
banneret à leur tête, ÔC c’étoit toujours un des plus
qualifiés. Mais-, dans ce dernier cas, s’il étoit quef-
tion d’un combat , ils choififfoient entre eux un
commandant pour l’aélion. Le cri de guerre étoit
celui de ce commandant ; c’étoit fa bannière qui
régloit les mouvements des troupes pendant le
combat ; & , en cas de déroute, le ralliement fe
devoit faire à cette bannière.
« Quand ceux de France , dit Froiffart, dans
le récit de la bataille de Cocherel, en 15,34 ,
eurent toutes ordonnées leurs batailles à leurs avis,
1 & que chacun fçavoit quelle chofe il devoit faire ,
ils parlèrent en'tr’eux, & regardèrent longuement
quel cri pour la journée ils crieroient, & à quelle
bannière ou pennon ils fe trairoient. Si furent grand
temps fur tel état que de crier Notre-Daine Auxerre y
&. défaire le comte d'Auxerre leur fouverain pour
ce jour. Mais ledit comte ne s’y voulut oncques
accorder : ains s’excufa-moult gracieufement, en
difant ; u meffeigneurs, grand merci de Thonneu»
que vous me portez & voulez faire ; mais, quant
à moi , pour le préfent, 5e ne veuille pas cc.te
charge ; car je fuis encore trop jeune pour ençharger
fi grand fais & tel honneur ; car c’eft la première
journée arrêtée où je fuffe oncques : pourquoi
vous prendrez un autre que moi. Ici avez plufieurs
• bons chevaliers , comme monfeigneur Bertrand du
Guefclin, monfeigneur l’Ârcheprêtre, monfeigneur
le maiftre des arbaleffriers , monfeigneur ’Louis de
Chalons , monfeigneur Aimemon de Pommiers,
& meffire Odart de R an cy , qui ont été en plufieurs
groffes befognes & journées arrêtées , &
fçavent mieux comment telles chofes fe doivent
gouverner que je ne fais. Si m’en déportez , je vous
en prie. ». Alors regardèrent touts Jes chevaliers1
qui là étoient l’un l’autre , & lui dirent comte
d’Auxerre , vous êtes, le plus grand de mife , de
terres & -de lignage qui cy foit.. Si. pouvez bien
de droit être notre chef. Certes , feigneurs, répondit
il , vous me dites votre courtoifie : mais
je ferai aujourd’hui votre compagnon , & mourrai
ôc vivrai, 6c attendrai l’avanture de lez vous. Car ,
quant à fouveraineté, je n’en veuille point avoir. ».
A donc regardèrent-ils l’un l’autre pour fçavoir lequel
dont ils ordonneroient : fi fut regardé 6c avifé
pour le meillefir chevalier de toute la place , &
qui plus s’étoit combattu , 6c qui mieux fçavoit
auffi comment telles chofes fe dévoient maintenir,
monfeigneur Bertrand. Si fut ordonné d’un commun
accord qu’on crieroit Notre-Dame Guefclin ,
& qu’on s’ordonneroit cette journée du tout par
ledit meffire Bertrand. ».
Us ne, pouvoient faire un meilleur choix, &
le Captai fut défait & pris. On voit combien en
ces. occafions ils déféroient à la naiffance pour le
commandement ; qu’ils avoient auffi beaucoup
d’égard à l’autorité que le banneret avoit dans un
corps de troupes à raifon du nombre des vaffaux
qui l’accompagnoient ; mais que ni ces avantages,
ni l’ancienneté du fervice , ne donnoient aucun
droit au commandement, 6c qu’il n’en étoit pas
des bannières comme de nos régiments , dont les
•rangs font réglés entr’eux. Cependant une ordonnance
de Philippe-le-Bel de Tan 1306 , touchant
Jes gages de bataille , porte « qu’en guerre, pour
lever les débats des envieux, le droit ordonne que
Jes bannières plus anciennes voifent devant , excepté
les grands feudataires , & quelques autres
très grands feigneurs,». Les chevaliers bannerets
fe regardoient touts comme égaux , & obfervoient
feulement entre eux certaines bienféances.
Le banneret commandoit ordinairement les chevaliers
bacheliers : il fe trouve néanmoins quelques
exemples d’un chevalier bachelier commandant un j
■ chevalier banneret. Pierre de Mornay n’étoit en 1
1383* que chevalier bachelier, quoique fon fils de j
même nom que lui eut la qualité de banneret :
& dans un monftre du 6 août de cette année 1383 ,
.Pierre de Mornay le père avoit fous les ordres
.une compagnie de chevaliers & d’écuyers, parmi
iefquels il y avoit un chevalier banneret.
U faut obferver que ,cette compagnie n’étoit
.pas une compagnie de vaffaux amenés au fervice
par leur leigneur , en vertu de fon fief, mais une
compagnie levée par une commiffion particulière
Charles'VI. De plus , ■ meffire Bertrand *
,d iLlbene , qui etoit ce banneret, en avoit fans
.doute ;la qualité en vertu de quelque terre qu’il
poliedoit : il avoit été fait chevalier pour fes lèr-
vices , mais n avoit point encore relevé bannière ;
apparemment parce que fon pere étoit vivant,
• $lV poffédoit' pas affez de terres pour
avoir a la fuite le nombre de vaffaux requis pour
relever bannière. Il s’çtpit donc mis dans cette
compagnie dufeigneur de Mornay, pour continuer
de leryn-• mais il n’y avoit point fa bannière, &
etoit lotis .le pennon d.e Mornay.
ois ce cas l,e banneret ne feryoit point fous ■
le chevalier bachelier ; mais les chevaliers bacheliers',
a moins qu’ils n’euffent un commandement
particulier, fe rangeoient touts fous la bannière de
quelque banneret : & peut-être même ces com'-
pagnies levées par commiffion extraordinaire s’y
rangeoient-elles auffi. Plufieurs anciens rôles de
monftres prouvent que les chevaliers bacheliers fe
rangeoient à. l’armée fous la bannière du banneret.
Ce fut fous le règne de Philippe Augufte que
ces différents ordres de milice furent plus expref-
fément diftingués : mais il eft difficile de déterminer
1 epoque a laquelle ils furent réglés, comme nous
le voyons fous ce règne-,, & plus nettement encore
fous celui de fes fucceffeurs. Il eft vraifemblable
que les réglements faits pour les tournois
furent l’origine de ceux que les chevaliers fuivirent
enfuite dans les armées, ou du moins y eurent
une grande influence. Ajoutons d’après un ancien
manufcrit que « touts royaux chiefs de guerre comm.e
lieutenants , conneftables , amirals , maîires des arbalétriers,
6c touts les marefchaux, fans eftre barons
ne bannerets, tant comme ils font officiers
par dignité de leurs offices, pouvoient porter bannière
, & non autrement. ( Daniel, mil. fr. T. 7,
pag. 96 & fuiv. ).'
CHEVAUX . Le cheval étant l’arme principale
du cavalier , on ne peut veiller avec trop de foin
à ce qu’elle foit excellente. Sa bonté con.fifte dans
la taille , la force, 6c la vîteffe. Le choix à l’égard
de ces deux dernières qualités dépend de
1 obfervation & de l’expérience : la connoiffance
qu’elles en donnent n’eft pas de mon fujet. Quant
à la taille, on peut la prefcrire, & on le doit ,
parce que l’égalité de hauteur dans les chevaux d’un
efcadron eft néceffaire à l’égalité de fes mouvements
: mais il faut obferver que la taille fe
trouve jointe le plus^fouvent à la force & à la
vîteffe. Si les ordonnances de Louis X IV l ’ont
fixée fort bas , plufieurs raifons , bonnes en ce
temps , ont pu y déterminer ; telles que fimper-
feâion des exercices de la cavalerie , qui l’em-
pêçhoit de déployer toutes fes forces dans le combat
; la difficulté d’avoir des chevaux d’une taille
plus élevée , & peut-être auffi la taille des chevaux
de l’ennemi moins élevée qu’elle ne l’eft aujourd’hui.
L’ordonnance du 25 feptembre 168,0 prefcrit aux
officiers de cavalerie, de ne point acheter pour les
cavaliers de chevaux qui ne foient de la hauteur de
quatre pieds fept pouces ou environ ; que lefdits
.chevaux ne pourront être au-deffus de quatre pieds
huit pouces , ni au-deffous de quatre pieds fix
pouces, mefurés depuis le deffous du fer jufqu a
la naiffance des crins fur le garrot, &. qu’ils feront
touts a longue queue. Une ordonnance de même
date fixe la taille des chevaux de dragons à un
pouce de moins que ceux de la cavalerie.
Une autre ordonnance du 25 o&obre 1689 diminue
cette taille, & prefcrit que les chevaux de
la cavalerie légère ne foient pas plus bas que de
M m m m ij