
51 * * ‘ Capitaines en fécond des houffards.
5 2 * * * Capitaines à la fuite des houffards.
5 3 • • • Capitaines commandants de dragons.
54* • •Capitaines en fécond de dragons.
55 * * • Capitaines de dragons réformés.
5 6 • • • Capitaines dé dragons à la fuite d’un régiment.
57* * •Capitaines à la fuite des dragons.
5 8 • • • Capitaines de dragons à la fuite des places.
59' * * Capitaines commandants de chaffeürs à
cheval.
6o- • • Capitaines en fécond de chaffeürs à cheval.
61 • • • Capitainès dans le corps du génie.
62 • • » Capitaine commandant la compagnie des
cadets gentilshommes à l’école mili-
■ taire.
Nous ne parlerons pas ici des droits, des devoirs
, des connoiffances & des qualités des différentes
claffes de capitaines que nous venons de
nommer ; nous renvoyons les détails qui les concernent
perfonnellement aux mots G ardes du
c o r p s du r o i , &c. G ardes Suisses du
c o r p s du r o i , &c.
Nous ne nous occuperons dans cet article que
de faire connoître .les devoirs des capitaines comT-
deres comme officiers particuliers ; qu’à dire quelles
font les connoiffances & les qualités qu’ils doivent
avoir ; quelle eft la conduite qu’ils doivent tenir
avec leurs fuperieurs , avec leurs égaux, & avec
leurs inferieurs ; qu’a parler des capitaines qui ne
font point en a&ivité réelle ; & qu’à réfoudre
quelques problèmes qu’offre le fujet que nous
traitons.
Nous efpérons qu’on nous pardonnera les détails
dans lefquels nous allons entrer , en faveur de
l ’utilité dont ils feroient s’ils étoient expofés comme
ils le méritent. Le mot capitaine -fe prélentant
d ’ailleurs dans l’ordre alphabétique avant touts
ceux par lefquels on défigne les officiers particuliers,
nous avons cru qu’il étoit celui dans lequel
nous devions donner toutes les notions relatives
à cette claffe intéreffante des officiers françois. A
la fin du paragraphe deftiné aux connoiffances que
les capitaines en général doivent réunir, nous ajouterons
un précis de celles qui font néceffaires aux
capitaines des troupes à cheval.
S E C T I O N I.
Les capitaines doivent pojjeder plusieurs connoif- .
fances diverfes. Maniéré de leur procurer celles
qui leur font nécejfaires.
Avant de commencer cette feâion, je dois prévenir
que je n’ai point tiré de mon propre fonds
ce qu’elle contient. J’ai interrogé les plus anciens,
les plus éclairés, & les plus ‘zélés capitaines des
troupes françoifes ; j’ai recueilli leurs réponfes,
analifé leurs fentiments, & étudié leurs coeurs ;
j ’ai fuivi leur conduite, cherché quelles étoient
leurs connoiffances , & j’ai écrit. O vous ! mes
jeunes compagnons d’armes , à qui j’adreffe
cet article, ne regardez pas les penfées qu’il renferme
»Commeun ouvrage que l’efprit feulproduit,
mais comme le réfultat des opinions de la partie
la plus faine de vos camarades. Si vous y trouvez
quelques, erreurs, vous devez me les attribuer ,
mais fans accufer mon coeur : je puis avoir mal
vu, mais je n’ai pu avoir l’intention de vous égarer.
Quant a vous, mes modèles & mes guides, fi je
ne vous ai pas peints auffi avantageufement que
je vous ai vu$, n’accufez que la médiocrité de
mon talent. Pour réparer mes torts , montrez-
vous, & par vos exemples, fuppléez à mes. discours.
Après avoir cru pendant longtemps qu’il ne
falloit pour bien commander les armées , qu’avoir
reçu en partage une force extraordinaire , & une
valeur fans bornes ; qu’avoir été placé par le ha-
zard dans une claffe élevée de la fociété , les nations
reconnoiffent enfin qu’une naiffance diftin-
I guee, & quelques autres dons extérieurs , que la
I nature difpenfe avec caprice, ne peuvent fùffire
J AU général : elles conviennent que le commandant
en chef doit réunir un grand nombre de
connoiffances dans touts les genres , à plufieurs
qualités morales & phyfiques : elles ont la fageffe
de vouloir trouver dans les officiers généraux la
plus grande partie des qualités dont elles défirent
que le général foit orné : elles fontaffez éclairées
pour demander aux officiers fupérieurs des talents ,
des vertus, & des connoiffances ; mais elles n’ont
pas encore affez de lumières pour être convaincues
que les officiers particuliers ne leur rendront les
fervices qu’elles exigent d’eux que lorfque le pré-
jngé, qui retient dans l’ignorance cette claffe nom-
breufe de militaires, fera totalement détruit. Ce
préjugé funefte , qui dut le jour à l’orgueil, à la
parefle d'efprit, à l’ignorance des temps barbares ,
& que l’amour des plaifirs & la vanité de notre
fiècle entretiennent encore, efl: un de ceux qu’il
importe le plus de déraciner. Cet antique préjugé
eft en effet, pendant la paix, la caufe première
de l’oifiveté & de la corruption des moeurs
! de nos militaires. ( V o y e ( moeurs. ). Et fi„ dans
| nos armées il n’entraîne pas toujours après lui la
honte & les revers, il éloigne les fuccès, augmente
les viéfimes , élève les obftacles prefque infurmon-
tables dans les fentiers de la gloire. La nation a
donc l’intérêt le plus grand & le plus réel à ce
que les officiers particuliers travaillent à l’acqui-
fifîon des connoiffances qui leur font néceffaires.
Mais les officiers particuliers eux-mêmes n’y font-
ils pas engagés par touts les motifs qui peuvent
déterminer des âmes élevées telles que doivent
être celles des militaires ? Oui, fans doute ! L’honneur
, cet oracle de touts les François , l’amour de
la gloire , celui de l’eftime publique , le defir d’être
utile à fa patrie , l’ambition des honneurs ôt de§
grades leur en font également une loi.
Dans les batailles & dans les fièges, l’officier
particulier, confondu dans la foule des combattants
, reçoit ou donne la mort fans pouvoir ef-
pérer quelque part à cette gloire éclatante dont
touts les guerriers font avides. Après ces journées
célèbres , la renommée ne proclame d’ordinaire
que le nom des premiers chefs. Ce n’eft
donc que lorfqu’il eft détaché , ce n’eft que lorf-
qu’il commande en chef une troupe , que l’officier
particulier , maître de faire une défenfe opiniâtre ,
une attaque .vigoureufe , une retraite fçavante ,
peutj fixer fur lui les yeux de l’armée , mériter
les éloges de fes chefs , les grâces de fon prince,
& les louanges de fes concitoyens. Dans ces moments
la bravoure ne lui fuffit pas : il doit encore
combiner avec fageffe , juger fainement, exécuter
avec fuite , découvrir du premier coup d’oeil les.
deffeins de l’ennemi, & la meilleure manière de
les faire échouer; enfin il doit vaincre, & il en
eft incapable , s'il ne joint la réflexion à la valeur,
la théorie à la pratique , & l’étude aux obferva-
tions. Le militaire qui ne-réunit pas touts ces objets
compromet fa gloire, fa fortune, & fa vie. Ce feroit
peu encore, 11 l’ignorance n’étoit nuifible qu’à
l’ighorant : mais toujours fes compagnons d’armes,
fes fubordonnés , fouvent même une troupe , une ,
armée entière, font la viéiime de fon ignorance.:
Dans cette pofition , fans doute , comme dans
toutes les autres parties de l’art militaire , l’expérience
eft infiniment utile ; elle peut fuppléer
jufqu’à certain point à la théorie : mais eft-on
affuré qu’on n’acquerra point cette expérience
aux dépens de fes jours & de ceux de fes fem-
blableS ? D’ailleurs l’expérience qui n’a pas été précédée
par la théorie eft toujours lente vtardive ,
& fouvent trompeufe. En effet, l’expérience n’étant
que l’habitude de juger par la réminifcence de cè
que l’on a vu, & des jugements que l’on a déjà
portés, il fuffit que Ton ait vu fuperficiellement,
jugé avec précipitation , obfervé fans habileté ,
pour que l’on fe précipite en des erreurs groffières.
Quand il faut que l’on agiffe , on reconnoît quel-
qdefois , mais trop tard , qu’on manque d’expé-
rience ; & fouvent, après l’a&ion , le malheur
force d’en convenir. Conduits par la feule expérience
, nous marchons donc toujours d’un pas
chancelant dans la Carrière des armes : &. même ,
en fuppofant que l’expérience fût un guide affuré ,
trouve-t-on à la guerre deux occafions parfaitement
femblables ? Mais , cela fût-il vrai, efpère - 1 - on
qu’une aéiion heureufe fera perdre le'fouvenir des
fautes précédentes, & qu’elle en effacera les traces ?
Les exemples frappants & malheureux que l’hif-
toire nous préfente auroient fait fans doute évanouir
depuis longtemps les vaines efpérances que
nous venons de combattre , fi les militaires , moins
attachés à leurs plaifirs , euffent vu que leur honneur
dépendoit de leur inftruâion ; parce que l’on
a fouvent imputé à lâcheté des aélions, qui n’a-
y oient que l’ignorance pour caufe.
Le défaut des connoiffances militaires n’eft:
pas toujours fuivi de malheurs auffi funeftes ;mais,
fans ces connoiffances , comment parvenir aux
honneurs & aux grades ? L’officier dénué d’infi*
truélion ne vieillit-il pas communément dans les
obfcurs emplois d’une légion ; & fans fa négligence,
quel furcroît d’eftime n’auroit-il pas obtenu de fes
chefs, de fes égaux, de fes inférieurs , & de toute
la nation ?
Comme le préjugé que nous voudrions renverfer
eft profondément enraciné , ôc comme if faut par
conféquent, pour le mettre bas , l’agiter violemment
dans touts les fens , nous allons rapprocher
quelques contradiâions qui nous ont paru auffi
frappantes que décifives. On n’ofe fe mêler parmi
des mufiçiens ou parmi des danfeurs , qu’après
avoir étudié longtemps l’art de la mufique ou celui
de la danfe ; & , on a l’audace de fe mêler parmi
des hommes de guerre 1 E t , ce qui eft plus étonnant
encore , on prétend guider leurs pas au milieu
des hafards , fans connoître les premiers éléments
de l’art militaire ! L’homme qui chante fans méthode
, où qui danfe fans principes n’eft cependant
menacé que d’un ridicule léger, peu durable, &
qui ne tombe que fur lui-même ; tandis que l’officier
ignorant encourt le mépris public , la honte ,
l’opprobre , & compromet la vie, l’honneur, les
fortunes de fes concitoyens. Mais rendons la con-
tradiéfion plus frappante encore, en tirant nos
comparaifons de l’état militaire. Eft-il un guerrier
qui, pour apprendre l’art de l’efcrime , ait attendu
que fon honneur bleffé l’ait mis dans le cas de
■ recourir a fon épée ? Confie-t-on un jour de manoeuvre
ou de fimple parade, la conduite d’une
compagnie ou d’un peloton à l’officier qui n’a
joint fon régiment que depuis peu de jours ? N’attend
on pas qu’une théorie fure & une pratique
fuivie l’ayent mis dans le cas de ne pas porter le
trouble & le défordre dans une colonne ou dans
une ligne ? Et l’oii mène à la guerre des officiers
dépourvus d’étude, & l’on confie un commandement
à des jeunes gens qui ne connoiffent que le
nom de l’art qu’ils devroient pofféder!
Ajoutdns encore ce trait. Avant que d’admettre
un jeune gentilhomme dans le corps du génie, dans
celui de l’artillerie ou de la marine , on exige qu’il
ait acquis des connoiffances qui répondent de
fon aptitude aux fciences , de fon application , &
de fon goût pour le travail ; on oblige de plus les
jeunes gentilshommes nouvellement admis dans
chacun de ces trois corps à continuer de s’inftruire,
& à réunir les connoiffances qui leur manquent à
celles qu’ils ont acquifes. L’inftru&ion de l’officier
particulier deftiné au fervice de l’infanterie ou de
la cavalerie eft-elle donc moins importante pour
l’état , que celle de l’officier de marine ou d’artillerie
?
Dans la marine', l’officier particulier fait plufieurs
campagnes fous les ordres & fous les yeux
1 de plufieurs anciens officiers : il n’obtient u*
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