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«garder«<Ju"çotivrir , & recommaudez-un grand focret.
■ Répandez;(des raifons vraifemblables de cette volonté
du prince comme celle de réferver votre
armée pour un emploi plus utile ; d’en détacher
.une partie pour . aller »fecourir une autre armée ou
june .province, j de l’efpérance d’un grand fecpurs ,
«où d’une paix protdisiine ; du peu de confiance
en vos troupes qui loi.it de nouvelle levée , -comme
Pompée le répandok à Munda, & Céfar le laiffoit
«croire. Faites part dè cès ordres aux commandants
de vos corps détachés , à ceux des .places vùifines,
aux puiffances qui vous favoriüent. Faites porter
vos .lettres par-des chemins peu sûr.s , ou l’ennemi
puiffe les rencontrer , &. par lés foldats fur lesquels
vous comptez; le moins , afin qu ils déferrent; Pour
.appuyer ;4os .bruits* éloignez-vous de l'ennemi *
cherchez, des polies avantageux ; prenez votre
•marche par des chemins coupés de rivières & de
défilés. Si rerinemi vous fuit avec hâte, négligemment
, de forte qu’une partie de fon armée
refie en arrière ; arrêtez-vous tout-à-coup , afin
.que ce changement fùbit l,e déconcerte. Vous
■ pourrez le trouver en telle pofftiôn, qu’il vous
fera facile dé l’attaquer & de; le défaire.
Feindre un mécontentement, des troupes.
Lorfque l’ennemi peut croire qu’une partie de
vos troupes efi difpofée au foulevement , par défaut
de vivres , de paie , de mécontentement »,
&. femblables eirconftances i faites en fa préfence
les démonftrations les plus capables de -lui en
perfuader la réalité , aiiifi que Memnon devant
une armée qu’il n’avoit. pu tirer d un pofte très
avantageux. Il divifa la lienne en deux corps ,
qu’il difpofa fun contre l’autre, comme s’ils vou-
loient fe combattre. En même-temps , un transfuge
paffa dans le camp des ennemis , & leur
dit que les Grecs étoient divifés, prêts à s’égorger-j
qu’ils s’étoient éloignés de crainte d etre attaques ,
tandis qu’ils en feroient aux mains les uns contre
les autres ; ( Memnon s’étoit retiré en effej: à quelque
diftance ) ; que fi l’on faififfoit ce moment, il fe-
roit facile de les vaincre. Sur la foi du transfuge ,
ils defeendirent dans la plaine,' où les Grecs, fe
réunifiant, les défirent.
Au fiége de Jérufalem, les Juifs employèrent
le même artifice;, pour fufpendre quelque temps
l’attaque & l’effet du bélier. Gomme il y avoit
deux partis oppofés dans la ville , la diffention
étoit vraifemblable. Titus , defirant toujours de ,
voir ceffer l’effufion du fang , faififfoit avidement
la moindre efpérance d’une reddition prochaine.
Il s’en flatta en voyant une partie des Juifs lui
tendre, du haut de leurs murs, des mains fup-
pliantes , & d’autres crier qu’ils ne fe livreroient
jamais aux Romains, tandis qu’ils pourroient mourir
libres. Les Juifs feignirent d’en venir aux mains ;
les uns firent femblant de frapper , les autres de
tomber morts. Titus fit ceffer l’attaque j & , comme
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I un des ennemis paroiffoit vouloir parler, un des
transfuges Juifs s’approcha du mur avec quelques
foldats j mais le traître jetta fur eux une pierre ,
j. dont un des Romains fut blèffé. Titus , voyant
{ le ftratagême , fit recommencer l’attaque avec
plus d’ardeur.
Si touts les moyens que je viens d’indiquer
, vous paroiffent inmffifr.nts, ou que les circoni-
tances s’y oppofent , le plus sûr efi de ferrer
votr-e ennemi de près ; d’être prefque toujours
en fapréfence dans les camps & dans les marches ;
d’inquiéter par-tout fes poftes , fes fourrages , fes
convois : l’attaque d’une feule garde „peut engager
j fon armée, malgré lui :, dans, une affaire générale ;
fur-tout fi elle efi mécontente de Fina&ion, Souffrant
de la difette, fougiieûfe, brave , peu disciplinée.
Soyez aélif, déterminé , même téméraire
avec mefure : il faut 'qu’il combatte ou qu’il fe
retire, & vous ouvre fon pays.
Raifons d?éviter /’aftion.
La loi de l’humanité devant être la loi Suprême
que Vaétion Soit évitée , .lorfque la vi&oire ne peut
donner qu’un léger avantage, ou qu’on peut affoi-
blir l’ennemi par touts les autres moyens que
fournit l’art de la guerre.
Il faut encore l’éviter, dès que l’ennemi a de
fortes raifons de la defirer. 11. faut l’éviter quand
on n’a point de la viéfoire les plus Solides efpé«-
rances. L’événement d’une bataille efi fi incertain ,
& les -fuites Souvent fi funeftes ! quelque bien
concertées que foient les mefures d’un général' ,
une circonftance inattendue en détruit tout l’effet.
L’ignorance ne craint rien, parce quelle ne con-
noît ni ne prévoit rien. Elle fe .jette dans le danger
fans raifon, fans réflexion, uniquement pouflée
par une fureur animale , comme l’ont toujours fait
les peuples barbares. Un général éclairé , après
avoir raffemblé toutes les combinaifons qui lui
font poflibles fur les raifons, la conduite , les fuites
d’une aStion , fçait bien qu’il a les hafards à craindre*
Il fe peut que la fortune fe déclare pour le général
mal habile qui aura pris de faufles mefures. La
difpofition matérielle, ( je v eu x dire, le choix du
terrein , la diftribution, &. la pofition des différentes
armes ) , efi entre les mains du général ;
mais le moral du Soldat n’y efi pas auffi entièrement
: la confiance aveugle des troupes n’appartient
qu’à ces hommes, ouvrage extraordinaire de
la nature , dont- on peut compter , dans l’hiftoire
de fix mille ans, cinq ou fix exemples. Scipion j
Céfar, Alexandre, Guefclin, Guftave Adolphe,
Turenne, pouvoient-ils répondre de la conduite
. d’un officier Subalterne , de la terreur, imprimée
par une furprife , une erreur, une apparence impré
vue, de danger? Qu’un ordre foit mal rendu,
mal entendu ; que des fignaux fe confondent ;
que des hommes mal intentionnés, jaloux, faffent
faire de faux mouvements, paffer de faux ordres,
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répandre de faux avis-, de faux bruits ; quoique
le génie & la Science ayent préfidé aux difpoffrions
, la bataille fera perdue. Il n’y a peint de
général qui ne doive fe dire : incedoper ignés fuppo-
fttos cineri dolofo.
. ■ - L’événement le plus Simple , & le plus naturel,
peut jetter la terreur dans une armée; La mort
d-un général , ou d’un officier en qui-les troupes
avoient confiance , a fait perdre plus d’une ba-‘
taille. Ce cri de terreur, nousfommes coupés, caufé
quelquefois par la tnéprife., qui fait prendre une
troupe des fiens pour l’ennemi, ou quelquefois
par nulle autre caufe que par la crainte , foffit
pour mettre une armée en fuite. Dans un combat
de nuit, que les Thraces livrèrent à Poppæus,
Sabinus, quelques Soldats, effrayés par- le défordre ,
les clameurs, les plaintes des bleffés , les coups
reçus fans qu’ils viffent d’où ils étoienf partis,
furent déterminés à quitter leurs retranchements,
par les échos qui répétaient derrière eux les cris
des barbares : ils fe crurent enveloppés. ( Tacit.
Annal. L. 4. J. Lipf. 4°. pag. 96 ).
» Un général avare- du Sang humain voudra donc
que; les avantages qu’il peut recevoir de la victoire.
foient beaucoup plus- grands que les fuites
d’une défaite ne feroient funeftes , & de plus ,
que. cette viâoire foit très vraifemblable. Si cela
n-’eft pas , il évitera l'atfion.
Défaut ou éloignement de reffourccs.
«.Quand le prince a peu de reffources pour
remplacer les troupes perdues ; & , lùppofè qtfU
Htl Ht » lorfque l’éloignement où le général fe
trouve rend ces. remplacements lents-& difficiles,
il, n engagera point à’aflion. Si l’ennemi eft dans
la-pofmon contraire , c’eft-à-dire :r abondant en
ces memes reffources , & voifin de fon p a y s , il.
y-a double raifon d’éviter ïaftion générale. Lorfque
f e * ? ^ a ffie g e a la Fère:, en 15.96; le cardinal
archiduc A lbert, s-en étant approché.,-délibéra,
dans un confeil de -guerre,’ f i i les moyens de la -
déHvrer. On y reprélenta que,« cette place, fituée
fort ayant dans..la Picardie, étoit au milieu de celles
oe Saint-Quentin, de Ham, de G u ife , de Peronne.
toutes -bien^appro.vifiohnées , & avec de fortes
garnifons ; & que l’armée efpagnole , en. s’appro-
F;rS pres> feroit contrainte de laiffer derrière
eile plufieurs de ces places. Alors , dit-on les
ennemis pourront à leur gré battre la campagne,
rompre les. chemins, -intercepter -les convoisVin- :
qtueter. les fourrages de la- cavalerie. Les marais-
qm entourent la #ère prefque de toutes p a ^ k
rendent inaceeffible-, excepté quelques d r o i t s :
S^l’aLtéS.3 -61? 65 3Vec de io n s •■ retranchements,
rs f f ee-de tou« les autres côtes. Touts £ :
la tro u v em ^ r “ 50“ 1 no^ e™xrenfqrts ; nousè
/• / OI^ for-tout forte en cavalerie Ouelle
SvF.-. ’ j cn-nous-eh-approclianti', d’y.jètter-
A G T * ç,
Bles.fécours néceffaires fi nous ne voulons pas
attaquer 1 ennemi ? Mais quel fera notre efpoir ,
e r«r pouvant a- fort choix'..combattre ou rhfùfér
le comb at Sal ie croit allez fort pour fortir de les
retranchements, & mefurer fes forces aux nôtres
îl n y a. aucune raifon ni de guerre ni d'état qui
doive faire expofer l’armée efpagnole à l’événement.
incertain d’une bataillé.1 Si le. roi la perd
il peut, facilement réparer tes' pertes. SI Abus
lommes défaits , combien de difficultés & de dé-
penfes lecardirial àrchiducm’épfouvera-tfil pas pour
deSfo7dUP f Ie- eM'£CPagdols., •d 'I tJ ên ^ :&
de foldats d autres. nations ( Bmtivod: guerre
di-fiandr. ,640 , part. I I I , pL , ■ A "*■
• Ce cas a toujours lieu dans la giierre défenfive
fPeq 'Sinon‘eft ‘f i nf t.{auf de live. Si on eft-défait ; le paymso lraei«né ppoaur r lla'ô frfééfniP-"
; dçnce de deux années, ne peut fournir ni viWès
: Z homme*».“ f * r « i x i le: peu qur lùi eri,reft|l
eft ^u pouvoir de l’ennemi.- Les fiabifàiits:iè lui
Jj,vrent «f "on par affeffion ■ du moins Par cndf.fo
! J outes, les, places font expofées •: il fa u t lS teni
forcer les garmfons avec lés troiipés'é'cHdppéé's^à'
la défaite. Au contraire l’ennemi-défait, fê tre tP '
l rreevvieLntP aSuf^fi nfroPrat yqSu f a usp’ya rarevPan°tf.e. facilement & J
Attente de renforts,^
y. Lorf<P e la frontière eft défendue pér des places
bien approvifionnees, &-que-yoi,5-pouvez efpéfer ■
desvenforts, il ne-faut pas rifqùe'r-dé.bataille: Si
1 ennemi s avançoît -dàPs le -payÿ les garnifonî
. ~ p t e r o i e n t fes coùvois,- V f e r a . don? oMfel’
! l i a W ; W m 0 im m m S m W f È
j U temps de recevoir les fécôurs^è'Vôùs Vttel& V -
! & :d® changer l’état de te gùe irëP r- 1 1 ™ - «V
DefèSlïon à craindre.
I ,• Sl ies vôtre pnntéifui font1 ft péfiafféc-'
uonnes, quiLfoièmiprêts à;fi.ifir. Io c é a S n de fe
- déclarer pour fon -erin'emi ; une défe'ite pefdfoir-‘& !
11= Pays &-'l’armée. DofoPèdfe , haï'de fL b eu nV f '
1 aurT du ’; an;lieu dcThercHer-du G u e f c l f „ ? S lé >
combattre-, fë tenir ‘fur la déÇeiifive. Làüis Xîtegfi '
plus tegement contre A duc de Bourgogne - o l i l
lçavoit avoir beaucoup de
royaume. Il ne r.fquïï’„mais à’uftiou, èontre lui; .
Crainte d-uue augmentation dlaUils polrVememï;
n’a t t I P P f a P . ’-!? fqUe PniHancési étrangères
attendent que J eveneme'nt.pourfe clcclarer contre ‘
vous , & -U’embrafferoientpas
; princep même vous feriez vainqueur.
; de terrein idepofitiàji, de nombre, & c .
’ Evitezda-, quand lè terrém ÎV c lw ia f ; Le temps