5 6 6 C A V
toute déconcertée. Si votre aile de cavalerie eft
battue, Tenue mi vous prend tout à l’aife en flanc >
& cela dans le moment.
D ’autres lardent l’infanterie avec des efcadrons
de cavalerie ; cela ne vaut rien du tout ; parce
xjue , lorfque l’infanterie ennemie vient vous attaquer
, elle tire également fur ces efcadrons comme
fur l’infanterie. S’il y a des chevaux de tués , la
confufion s’y met bientôt ; ces troupes de cavalerie
lâchent le pied ; il n’en faut pas davantage pour
faire tourner la tête à l’infanterie & la faire fuir
aufli. ». ( Mém. p. 128. 8°. Drefd. 1757. ).
Attaque de la cavalerie par la cavalerie.
Le choc ayant lieu dans les combats de cavalerie,
il faut y confidérer trois, forces qui font la
viteffe, la malle , & la vigueur du cheval. Lorfque
les cavaliers étoient armés de la lance , c’étoit
.cette arme qui choquoit §C non le cheval : alors
la vigueur du cavalier entroit dans la compofition
4 e la force du choc.
La preffion étant nulle dans les rangs , le choc
ne fe fait que par le premier : les derniers n’y
contribuent en aucune manière. Mais il ne s’enfuit
pas qu’ils foient inutiles. Si l'égalité des forces
qui fe choquent rend le mouvement nul ou prefque
n u l, le combat fe décide avec les armes de main,
& le plus grand nombre des rangs peut donner
la fupéïiprité. Lorfque lès cavaliers mis hors de
.combat au premier rang peuvent être remplacés
deux fois , l’efcadron qui a cet avantage d oit,
toutes chpfes égales d’ailleurs , percer 8c mettre
plutôt en défordre celui qui ne l’aura pas : ainfi la
.difpofition fur trois rangs eft plus avantageufe que
fur deux, & ç’eft le fentiment des plus habiles officiers
âe:cavalerie.
En augmentant le nombre des rangs., on accroî-
troit cet avantage ; mais on en perdroit d’autres
plus effentiels : on auroit un front moins étendu,
on expoferoit fes flancs , on feroit perdre à l’efca-
dron fa légèreté 8c par conséquent fa. vîtefle, qui
-eft fon plus grand.avantage.
La cavalerie combat, ou par efcadrons avec des
intervalles , ou en ligne pleine : cette dernière dif-
pofition fe nomme aufli charger en muraille. L’une
& l’autre a fes. avantages., & doit être employée
fuivant l’occafion. 11 y a peu de vérités abfolues.;
& , s’il y a un art ou les préceptes excluftfs doivent
être rejettes, ç’eft l’art de la guerre , parce que
Jes données y varient fans cefle.
Dans un terrein très uni, la charge en muraille
eft la plus avantageufe : la preflion des files y étant
plus grande, en augmente la cohéfion, & ajoute
cette nouvelle force à la raafe & à la vîtefle. 11
fout <ân faire ufage , lorfqu’étant en ligne pleine, on
peut; égaler .à-peu-près le front de l’ennemi,. Le roi
4 e PruSe a ordonné que fa pavaUrïe combattît tou-.
.jpurs dans cet ordre en terrein uni. Mais, lorfqu’il
inégal & coupé,.U faut, fuivant fa nature & fes.
c a v
difficultés, donner plus ou moins d’intervalle entre
les efcadrons.
Si l’ordre en muraille eft plus for t, il n’eft pas
fans inconvénients. Il demande un terrein très uni,
une cavalerie bien montée , bien exercée , bien
conduite par des officiers très inftruits dans l’art
de manier un cheval, & de manoeuvrer.
Les cavaliers doivent fçavoir tenir l’alignement,
malgré les petits obftacles que le terrein peut pré-
fenter ; afin d’arriver enfemble fur l’ennemi, & ,
autant qu’il eft poffible , de charger de tout le front
en même temps. Il faut aufli qu’ils lbient exercés
à ferrer les files, autant qu’il eft poffible & fur le
centre, afin de donner à la ligne toute la denfité
qu’elle peut avoir. Le commandant doit tnefurer
par le coup d’oeil l’étendue de la ligne que l’efi-
pace à parcourir peut recevoir dans fa moindre
largeur , afin de le remplir à-peu-près, & Surtout
de ne pas former un front plus étendu que cette
moindre largeur. Si on avoit fait cette faute, on
y remédieroit en fail'ant refter en arrière à l'une
ou l’autre aile autant de files qu’il feroit néceffaire ,
afin d’éviter l’inconvénient de crever vers- le
centré , & de perdre ainfi la denfité, la viteffe,
l’enfemhle, toute la force du choc, ou celui de
palier & de charger de biais ; ce qui feroit perdre
aufli toute' la violence de la charge. Le terrein
qui va en s’élargiffant n’a aucun danger. Quand
même la ligne ennemie déborderoit un peu votre
ligne p le in e i l n’en tirera aucun avantage ; f i ,
comme il eft vraifemblable , la fienne ayant des
intervalles & par là moins de force, eft pliée du
premier choc, & prife auflitôt en flanc & à dos
à chacun de fes efcadrons féparés l’un de l’autre ;
d’ailleurs on peut y remédier en mettant derrière
chaque aile quelques efcadrons, que ceux des ennemis
qui voudroient tourner votre ligne feront
forcés de combattre.
Le commandant du corps de cavalerie faifira
l’avantage du terrein, & les fautes de fon ennemi
pour mettre fes ailes à rabri d’être débordées.
Cependant il ne doit point facrifier à cette fureté
l’avantage encore plus grand de-la véhémence du
-choc ; 8c, pour ne point expofer fes flancs, attendre
la charge de la ligne ennemie ; fa précaution feroit
ignorante & vaine ; il feroit certainement plié &
battu.
Une troupe de cavalerie , réfolue à charger,
doit partir au trot à environ mille pas de l’ennemi,
après quatre on cinq cent pas prendre Iç
galop, en ayant grand foin de bien conferver fon
alignement & fon ordre , & à cent pas s’abandonner
au plus grand galop.
T elles font la difpofition 8c la manière de combattre
pour une ligne qui a eu le temps de fe
former. Mais il y a fouvent à la guerre des oc~
caftons oh les premiers efcadrons-formés doivent
charger ceux de l’ennemi ; c’eft ce qu’il faut faire
lorfqu’il a des forces fupérieures , afin de les rendre
inutiles en y jettant le défordre dès le premier
c a v
kiftant, en l'empêchant de les déployer , en résonnant
par la hardieffe , par 1 audace meme de
Tattaque : c’eft encore ce qu’il faut faire au paf-
fage d’une rivière ou au fortir d’un défilé. Alors
ce n’eft plus la charge en ligne dont je viens de
parler : ce font des combats particuliers & pour
ainfi dire d’efcadron à efcadron à mefure qu’ils
fe forment ; c’eft alors qu’on peut rufer & manoeuvrer
pour gagner les flancs & la croupe de
l’efcadron qu’on attaque ; o u , fuivant la con-
noiffance qu’on a de la foibleffe de fon ennemi,
foit qu’elle vienne de celle de fes chevaux ou de
fon peu d’habitude de la guerre & des exercices,
le charger comme en ligne pleine.
M. le comte de Brezé, convenant que la ligne
pleine eft l’ordre le plus redoutable, a cherché
les moyens d’y réfifter, & celui qu’il propofe eft
de la faire charger par de petites troupes de fix
de front fur trois de hauteur, placées devant les
intervalles de douze pas qu’il laide d’ùn efcadron à
|l’autre. «Comme il eft probable, dit-il, que ces petites
troupes irontavec une viteffe fupérieure à celle
de la ligne pleine , parce qu’une telle ligne ne
pouffe ordinairement à toute outrance qu’à cent
pas de l’ennemi , ( tant pour ne point effouffler
les chevaux que pour fe tenir mieux arrangée ) ;
il eft. donc probable aufli qu’à raifon de leur vélocité
les petites troupes perceront toute cette
ligne. En tout cas , foit ceux des cavaliers q.ui
perceront, foit même ceux qui feront renvêrfés ,
cauferont un terrible dérangement dans cette ligne,
laquelle fera encore obligée de fuivre fon train
tout en défordre. Mes efcadrons qui feront tout
prêts à la charger au fortir de cette confufion ,
& qui n’auront qu’un petit efpace très uni 8c fans
embarras à parcourir , arriveront fur elles en très
bon ordre. Les petites troupes qui font derrière
mes efcadrons ; ( l’auteur en forme deux par e fcadron
, & n’en emploie qu’une des deux à charger
en enfants perdus ) ; feront encore ici leur devoir.
Je crois bien qu’alors fa défaite fera inévitable ,
& la déroute générale. Notons encore ici que les
troupes qui auront percé fe feront vîte réunies,
& auront auflitôt formé de petits efcadrons, pour
venir promptement fecourir les leurs qui auront été
culbutés dansle choc faire main-baffe fur ceux :
des ennemis qui auront été démontés 8c qui fe
trouveront dans la confufion. On mettra ces petits
efcadrons , foutenus-, s’il le faut , par quelques-
uns des gros , aux trouffes des fuyards. ».
Qu’il me foit permis de demander s’il eft infaillible
, comme, l’auteur s’en flatte que ces pelotons
de fix de front qui chargent la ligne pleine
avant les efcadrons ayent un plein fuccësi Us
pourront avoir plus de viteffe : mais ce qu’ils gagneront
en force par cet accroîffement, ils le perdront
par le moins de denfité ; & l’on peut
croire qu’ils-feront emportés-par la maffe prépon— 1
derante de là ligne pleine; Je fuppofe qu’ils percent
touts. Ces- trouées, auront peu d’influence, fur la
CT A V
marche de la ligne ennemie. Il arrivera que ces
trouées fe refermeront ; où , fi elles fubfiftent, elles
n’empêcheront point la ligne de charger avec
prefque tout fon avantage la ligne oppofée. Ces
pelottons fe rallieront, dit-on , & viendront au
fecours des leurs : mais avant ce moment le fuccès
du choc & de l’aélion fera décidé. D ’ailleurs
il eft vraifemblable que l’ennemi aura mis en
feconde ligne quelques efcadrons qui pourront
s’oppofer à la réunion des petits pelotons , les-
battre , & même les détruire.
S’ils font pliés , culbutés , écrafés par la maffe
de la ligné ennemie, le défordre qu’ils occafion-
neront fera bientôt réparé, parce qu’on ne peut
fuppofer dans cette difpofition que de cavaliers très
bien exercés. Si une partie des pelotons s’enfuit ,.
le défavantage de leurs efcadrons augmentera par
les califes morales qu’il ne faut jamais omettre'
dans les calculs’ militaires : les cavaliers mis en
fuite ,■ effrayés par leur défaite, par le bruit qu’ils-
entendront derrière eux , par celui même des
leurs qui s’avanceront au galop, fe jetteront fur
e u x ,. & y mettront quelque défordre. Ceux-ci ,
voyant que l’effort de leurs camarades a été inutile,
en concevront quelque crainte qui augmentera le
premier degré de la confufion commencée par les»
fuyards. Tous ces événements étant poflibles , if
me paroît que la difpofition propofée n’eft pas-
évidemment & infailliblement fupérieure à celle;
en muraille.
Je n’ai point parlé de fécondé ligne. Il faut,,
pour en former une y être forcé par un terrein
étroit. Tout ce qu’une troupe de ca va le r iein fé rieure
en nombre , peut défirer de plus avantageux
, c’eft de trouver l’occafion de combattre fon
ennemi à front égal. Quelque nombre de lignes-
qu’il ait pu former les unes derrière les, autres r
fi la première eft pliée , toutes font battues s. à-
moins que cette première ne foit à une très grande
diftanee des fuivantes: encore faudra-t-il une forte1
réfolution dans celles-ci & beaucoup de talent
dans celui qui les commande , pour rétablir le
combat. Mais il, eft effentiel de placer en feeonde
ligne quelques efcadrons , pour fecourir ceux qui*
pourroient être pliés , tandis que leurs camarades-
plient eux-mêmes le refte de la ligne ,ennemie *
pour remplacer dans la leur les efcadrons qui „
après la vicfoire , feront détachés à la pourfuite;;
des fuyards-; ou dans le cas contraire , pour .s’ep-
pofer aux efcadrons ennemis , détachés de leur
ligne vi&orieufe dans le même deffein.
Quelques auteurs militaires ont fuppofé une?
troupe de cavalerie chargée de front & à dos. La-
feule chofe peut-être qu’il y eût à dire de cette-
pofition , c’eft que la troupe qui s’y trouve efê
battue. Cependant ils ont cherché des moyens de;
défenfe ; & comme il n’y en a pas d’autre que?
de faire’ front des deux côtés, & qu’ime troupe?
fur trois rangs ne pourroit en oppofer qu’unr feult
de- l’un- de- ces- côfés>y on a imaginé d e i difpofo