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à la légère avec Ordre de s’emparer du fommet
d’un mont, le plus élevé du voifinage. 11 efpéroit
s’y rendre lui-même , & s’échapper dans les gorges
& les défilés des montagnes. La cavalerie de Cæfar
attaqua ce détachement, l’enfonça, & le detruiftt
en entier à la vue des deux armées. Ç ’étoit le
moment d’attaquer un ennemi effrayé par cette
défaite , & environné par la cavalerie. Cæfar le
voyoit ; toute fon armée le deftroit, le lui deman-
doit. Les légats, les centurions, les tribuns, accou-
roient à lu i, confeilloient de ne pas différer ; les
foldats étoient prêts ; ceux d’Afranius avoient
donné plufieurs Agnes de terreur ; ils'n’avoient pas
fecouru leur détachement ; ils ne quittoient pas
cette colline ; ils foutiendroient à peine le1 choc de
la cavalerie ; ,toutes leurs enfeignes étoient en-
femble ; ralfemblés confufément,ils ne garderoient
aucun ordre. .. .
Cæfar efpéroit de les vaincre fans combat & fans
expofer fes troupes. Il leur avoit coupé les fubfif-
tances, & la clémence le follicitoit pour eux : il ne
voyoit plus dans fes ennemis que des concitoyens
qui ne pouvoient réfifter a fa fortune. Il refolut
d’épargner leur fang & leurs vies, de les forcer à.
fe rendre fans combat, & perfifta dans ce généreux
deffein, contre les defirs de toute fon armée.
I l les reçut à compofition, les renvoya dans leurs
habitations, foit d’Efpagne , foit d’Italie, prit touts
les foins néceffaires pour qu’ils ne fouffriffent
aucun dommage, qu’on ne le contraignît point a
lui prêter le ferment militaire,. & leur ht rendre les
effets qu’ils avoient perdus pendant la guerre, &
qui étoient entre les mains de fes foldats. ( Bell. civ.
/ . I. c. 70 & fuiv. ).
Après la bataille.de Pharfale.il reçut avec bonté
les Pompéiens qui fe rendoient, & mirent bas les
armes devant lui. Profternés, les mains jointes , &
verfant des.larmes, ils lui demandoient la vie :
. Cæfar les raffura par quelques paroles pleines de
douceur, ordonna qu’il ne leur fut fait aucun mal,
èc que l’on pourvût au contraire à touts leurs be-
foins. ( Ib. C. 98. ). Il accorda dans la fuite le
même pardon à touts ceux qui fe rendirent. (Hift.
Bell, afric. C. 89.). Nous avons fes fentiments à
cet égard exprimés par lui-même^ dans le fragment
d’une lettre qu’il écrivoit- à Cicéron. « Vous me
connoiffez bien, difoit - il ; vous avez raifon de
penfer que rien n’eft plus éloigné de moi que la
cruauté. Outre le plaifir que je retire des aérions
qui le prouvent, je triomphe & me réjouis de ce
que vous les approuvez. Ceux que j’ai renvoyés ,
m’abandonnent, dit-on, pour.me faire encore la
guerre ; j’en fuis peu touché : je n’aime rien autant
que de me trouver toujours femblable à moi , &
eux femblables à eux - mêmes ». ( Clcer. a i attic.
X. X. Epift. 9. ).
L’homme n’eft capable d’aucune vertu dont
Titus n’ait' donné l’exemple. Lorfcpi’il fe fut approché
de Gifcala, ville de Galilée , il vit combien
il étoit facile d’emporter cette ville. Mais,
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penfant que le peuple deviendroit la viéHme de
la fureur des foldats, & que l’innocent périroit
avec le1 coupable, il préféra la voie d’un accommodement
; & le peuple lui ouvrant fes portes,
le reçut avec reconnoiffance. ( Jofeph. Bell. Jad.
L. IV. C. 9 .). Pendant le liège de Jérufalem il ne
ceffa pas d’exhorter les habitants à fe rendre :
mais, voyant leur obftination, il faifoit tout ce
qui dépendoit de lui pour diminuer les rayages :
il contenoit fes foldats dans les parties de la ville
dont il s’emparoit l’une après l’autre, il ne per-
mettoit pas que l’on tuât ceux qui étoient pris ,
ni que l’on brûlât les édifices. Il offroit fans ceffe
: au peuple les moyens de conferver leurs biens &
leurs v ie s , de fortir de la ville , de fe retirer oit
ils le vouloient, & de laiffer les féditieux combattre
& périr feuls. Mais ceux - ci traitoient fa
clémence de foibleffe & de lâcheté : ils difoient à
leurs citoyens que , ne pouvant s’emparer du refie
de la ville , il propofoit des conditions comme
fon unique reffource ; ils menaçoient d’une mort
foudaine le premier qui parleroit de reddition ou
prononceroit le nom de paix. Jérufalem & fes habitants
périrent malgré Titus. {Ibid. C. 24 & fuiv.J*
Cette clémence de Titus fut imitée par du'Guef-
- clin, toutes les fois qu’il lui fut poffible de la mettre
en ufage. Prêt à s’emparer du château de Piftivien ,
il fait dreffer les échelles , monte fur le rempart
avec deux cents des fiens, leur donne l’ordre de
ne laiffer monter qui que ce foit après eux , va
droit à Da vy , capitaine anglois , qui le défendoit.
u Seigneur, lui dit-il, rendez-vous; votre place
eft nôtre ; je vous-ferai telle compofition que mérite
un brave comme vous. Je le vois , répond
Davy ; il faut céder à un homme à qui rien ne
réfifte : j’aurois tenu contre un autre jufqu’à la
mort : mais je ne regrette pas de rendre mon épée
à un ennemi généreux, digne de conquérir toute
la terre. La voilà ", & je vous rends l’arbitre de
mon fort. Bertran lui tendit la main, ne prit pas
l’épée, & lui dit qu’il ne vouloit que fa parole,
La garnifon mit les armes bas : mais les foldats de
Bertran, & fur tout ceux qui avoient éprouvé dans
leurs biens , dans leurs perfonnes , dans celles
de leurs proches la cruauté angloife, vouloient
tout exterminer. L’autorité du chef calma leur
fureur ; il conferva une partie des biens de Da vy ,
employa l’autre à récompenfer ceux de fes foldats
qui l ’avoient le plus mérité. Il renvoya fans
rançon les foldats pauvres, & feulement fous condition
de ne point ’ porter les armes contre lui
pendant un temps qu’il leur preferivit. Plufieurs
autres traits femblables ornent l’hiftoire de ce grand
homme.
Il feroit inutile de raconter ici la clémence de
Henri au fiège de Paris ; il ne faut, que la rap-
peller. Cette vertu fublime eft dans toutes les
grandes âmes. A peine trouverez-vous un grand
homme qui n’en ait donné quelque exemple. Lorf-
qu’après un long fiège, Riga fe rendit à Guftave
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Adolphe, ce prince déclara qu’il oublioit les procédés
des habitants envers lui, les difeours indécents
, les fatyres calomnieufes qu’ils avoient
répandus contre lui, pour le rendre^ odieux, {Tom.l.
pag. 242. i/î-i2.) , & qu’il confirmoit touts leurs
anciens privilèges.
CO C A R D E . Noeud de ruban qu’on porte au
chapeau; La cocarde fe met au deffus du bouton,
& eft contenue par la ganfe. Elle n’eft point employée
comme marque diftinélive dans les uniformes
: ce feroit cependant la feule utilité qu’elle
pût avoir. La cocarde , l’aigrette, le plumet, font
de vains ornements qu’on peut tolérer par indulgence1
pour la frivolité & la foibleffe humaines ;
mais il feroit ridicule d’y attacher la moindre importance.
COÈFFURE. Vêtement qui couvre la tête.
(Lorfqu’on abandonna l’ancienne armure , les
bonnets & les chaperons, coèjfures communes à
touts les ordres de citoyens fuccédèrent aux caf-
quës, & furent peu à peu remplacés par les chapeaux.
Ceux .qui furent donnés aux troupes ne
différèrent de ceux que portoient le refte des
hommes de la nation que par la manière d’en
relever les bords. Un arrêt du confeil d’état du
10 août 1700 en régla la fabrique. ). Ceux qu’on
deftine à l’infanterie doivent être faits pour
les fergents de bonne laine d’agneau de B e r ry ,
ou autres qualités équivalentes; & celle pour les
foldats, de laine ordinaire d’agneau ; les uns &
les .autres , de dix à douze onces chacun , poids
de marc ; de forte que les plus petits pèfent au
moins dix onces , les moyens onze , ÔC les grands
douze.
Les chapeaux pour la cavalerie & les dragons
doivent être fabriqués des mêmes qualités de laines ,
& font du poids ;fç a vo ir , pour la cavalerie, les
petits de treize, les grands de quinze onces.
. Les- chapeaux deftinés tant pour la cavalerie
que pour l’infanterie'& les dragons , doivent être
fuivant l’arrêt du confeil, marqués fur le cordon
d’une marque à chaud , portant la première lettre
du nom ; & le furnom du fabriquant, en toutes
lettres ; & à la fuite , fur la même marque la
lettre T , pour fignifier troupes.
Autrefois les chapeaux des foldats étoient bordés
d’un galon d’or & d’argent faux , & ceux des fergents
enfin. Les chapeaux des cavaliers dévoient
avoir environ quatre pouces de forme en hauteur,
& les ailes un pouce neuf lignes. Ils étoient bordés
d’un galon d’argent de feize lignes de large , dont
quatre lignes en dedans , & douze en dehors.
| Ceux des dragons, du poids de douze à quatorze
onces, de quatre pouces de hauteur, & les
ailes d’un pouce & demi, étoient bordés , comme
ceux des cavaliers , d’un galon d’argent du poids
«TUne once , de feize lignes de largeur ; dont quatre
en dedans & douze en dehors.
Le maréchal de Saxe dit dans fon ouvrage ; « le
rfiapeau perd bientôt fa forme & fa grâce ; il ne
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fçauroit réfifter aux fatigues & aux pluies d’une
campagne, il eft bientôt percé , & dès que le
foldat eft couché il lui tombe de la tête : « cet
homme accablé de laflitude, s’endort à la pluie
& au ferein, la tête nue, & le lendemain il a la
fièvre ».
• .« Je voudrois que le foldat eût les cheveux
courts qu’il eût une petite perruque de peau
d’agneau d’Efpagne , de couleur grifaille ou noire ,
-qu’il mettroit lors des mauvais temps. Cette perruque
imite la tête naiffante à ne pouvoir la distinguer
, & coèffe très bien, quand la coupe en
eft bien faite. Elle eoute environ vingt fols , &
l’on n’en voit pas la fin. Cela eft très chaud , "garantit
des rhumes & des fluxions , & a tout-à-
fait bonne grâce. Au lieu de chapeau , je leur
voudrois des cafques à la romaine ; ils ne pèfent
pas plus, ne font point du tout incommodes ,ga-
rantiffent du coup de fabre , & font un très bel
ornement ».
Telles font les réflexions d’un grand général
fur une partie d’habillement très intéreffante, mais
avant d’y en ajouter de nouvelles, voyons ce qui a
été preferit fur cet objet dans nos ordonnances
récentes.
Suivant le réglement du 25 avril 17 6 7 , qui
avoit renouvellé en partie les réglements précédents
, les troupes dévoient être coèffées comme il
fuit.
Les cheveux des foldats retrouffés en cade-
nettes fous le chapeau ; les faces roulées fur une
lame de plomb ou fur un carton.
Les grenadiers coèffés avec des bonnets de peau
d’ours , ornés fur le devant d’une plaque de cuivre
jaune timbrée de l ’écuffon aux armes du roi , &
garnis de cordons & galons de fil blanc : l’intérieur
du bonnet de cuir naturel fans être bouilli ;
le derrière couvert de drap de la couleur du parement.
Indépendamment dudit bonnet, dont la
durée étoit réglée à fix ans , il devoit être délivré
un chapeau à chaque grenadier pour le même ef;
pace de temps.
Les chapeaux des fourriers, fergents, foldats;
tambours-majors, muficiens & tambours, dévoient
être remplacés touts les deux ans.
Chaque foldat devoit fe fournir d’une cocarde
de bafin blanc, & il n’étoit permis ou toléré ni
houppe ni bourdaloue.
Les chapeaux dévoient être comme auparavant
de bonne laine d’agneaux, bien foulée, du poids
de onze à douze onces. La profondeur de la tête
de trois pouces quatre à fix lignes ; & la hauteur
des ailes arrondies afin de pouvoir changer les
cornes du chapeau , de trois pouces fept à huit
lignes. Ils dévoient être bordés pour les fourriers ,
fergents & tambours-majors de touts les régiments
d’infanterie indiftin&ement, quelque fût la couleur
de leur bouton uniforme , d’un galon d’argent de
feize lignes de large ; & pour le refte de la compagnie
d’un galon, de fil blanc de même largeur*
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