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o dinàire, il fe laifle entraîner parfes goûts & par
fés paflions. Comment eela leroit- il autrement ?
rien'ne l’émeut, rien ne l’agite ; il.n’a auscun contrepoids
qui puifle .l’éloigner du vice. Créons une
compagnie d’élite, qui foit compofée des hommes
d’une taille médiocre, & nous verrons naître un
nouvel ordre de choies : l’apathie difparoîtra ; elle
fera remplacée par une heureufe activité ; l’ambition
naîtra ôc lervira de contre-poids aux goûts
défordonnés que des hommes fans éducation &
fans principes moraux doivent néceffairement avoir.
Voilà quant aux individus ; quant aux compagnies .,
il en fera à-peu-près de"même. On . ne peut pré-
fenter aux compagnies de fufiliers, pour objet
d’émulation , une compagnie toute composée
d’hommes d’une grande- taille , d’une forme dif-
tinguée, d’une force de corps fupérieure : mais ,
quand les chaleurs feront ce qu’ils devroient être
én pourra dire aux fufiliers ; « les chaffeurs ne font
ni plus grands ni mieux faits, ni plus vigoureux
que v o u sp o u rq u o i n’avez 1 vous pas la même
adrefle 6c la même légèreté qu’eux }
Les recrues qui font néceffàires à une compagnie
compofée de cent ou même de cent
cinquante foîdats ne peuvent pas d’ailleurs, af-
fôiblir un- régiment compofée de mille hommes.
Pour réparer la confommation journalière que peut
faire une compagnie de cent cinquante chajfeurs,
ôc à plus forte raifon celle de quatre-vingt-feize ,
il faut tout au plus quinze , vingt ou vingt-quatre
recrues chaque année. Or , un homme enlevé
touts les quatre mois au troifième rang d’une
compagnie de fufiliers, ÔC remplacé auflitôt, ne
peut ni en diminuer la force réelle, ni altérer le bon
elprit qui l’anime ; âinfi les changements que nous
propofons , loin de nuire aux régiments d’infanterie
fleu r feroitaufli avantageux pendant la paix
que pendant la guerre. ( C. ).
C h a s s e u r s a c h e v a l .
Par une ordonnance du 05 mars. 1776 , les
troupes qui étoient alors nommées légions furent
fupprimées, ôc on fit de chaque légion quatre ef-
cadr'ons de chajfeurs à cheval. Sous un autre mi-
niftère les chajfeurs feront changés en légions.
Chaque efcadron forma une feule compagnie,
comme dans tout le refte de la cavalerie , eût
la même compofition , ôc fut attaché à un régiment
de dragons. Ainfi on ôta aux chajfeurs la
qualité de troupes légères indépendantes.
Un corps d’infanterie & de cavalerie , créé fous
le nom de chajfeurs de Fifcher, reçut fuccefiîveinent
différentes augmentations, Ôcfut porté , par
une ordonnance du 8 juillet 1757 , à douze cents
hommes , moitié infanterie ôc moitié cavalerie. Ce
corps prit enfuite le titre de dragons-chaffeurs de
Conflans , conformément à l’ordonnance du 2.7
août 176 1; ôc une autre ordonnance du 2.7^ octobre
de la même année augmenta de cent hommes
c H a \ chacune des huit compagnies de dragons-chaffeurs
à pied. Il y eut plufieurs autres compagnies ÔC
corps de chaffeurs, mêlés d’infanterie ôc de cavalerie.
Une ordonnance provifoire du 8 août 1784
vient de ramener les régiments de chajfeurs à cheval
à leur inftitution primitive.
Chacun des fix régiments de chaffeurs à cheval
fera compofé de quatre efcadrons & d’un bataillon ;
l’efcadron , d’une compagnie le bataillon,, de
quatre. Celui-là comme dans la cavalerie, l’autre
comme dans l’infanterie. L’elcadron , fur le pied
de paix, fera au total, de quatre,-vingt-huit bas-
officiers, chaffeurs à cheval 6c trompettes , commandés
par fix officiers , ôc fur le pied de guerre
de'cent cinquante-trois bas- officier?;, chajfeurs a
cheval & trompettes, commandes de même par
fix , officiers.
Chaque compagnie de chaffeurs à pied fera , au
total, fur le pied de paix, de foix.ante-dix-neuf
bas-officiers, chaffeurs ôc tambour, commandés
par fix officiers ; ôc , fur le pied de guerre , de
cent vingt-huit bas- officiers , chaff eurs Ôc tambours
, commandés par fix officiers : les deux
dernières compagnies n’ont chacune qu’un tambour.
Chaque compagnie., tant,à,pied qu’à, cheval.,
eft divilée,en huit efcouades., compofées. à cheval
fur le pied de paix d’un brigadier;, d’un appointé ,
ôc de nuit chaffeurs ; fur le pied de g u e r r e d ’un
brigadier, d’un appointé 6c de feize chaffeurs : à
pied , 6c en paix , d’ufi caporal, d’un appointé ôc
de fept chaffeurs ; en guerre , d’un caporal, d’un
appointé, 6c de treize chaffeurs. Les divifions 6c
fubdivifions fe. forment compiq dans tout le refte
des troupes. Les autres difpofttions de cette ordonnance.
font femblables à celles qui règlent la
compofition du refte des troupes. Voyeç Infant
e r ie , C a v a l e r ie , et T roupes légères.
. C H A T E A U . Grande maifon entourée. de
foftés, quelquefois flanquée de tours , ôc fufcep-
tible de quelque défqnfe. Un grand château,
voifin d’une place ou renfermé dans fon enceinte,
y peut tenir lieu de citadelle.
Autrefois les châteaux flgriqués de tours , entourés
de foffés~avec pont-levis .&• de murs élevés ,
crénelés garnis de. meurtrières , étoient des places
fortes qui pouvoient foutenir un fiège. Ils font
encore aujourd’hui d’une bonne défenle contre une
troupe qui n’a point de canon :,mais , dès qu’il
en paroit quelques pièces, les plus-forts châteaux
font obligés de fe rendre. :
CHA TIM EN T. Voye^ P e in es .
CHAUSSÉE. Elévation de terres foutenues par
•des berges en talud , par des files de pieux , ou
■ par des murs en maçonnerie, pour fervir de chemin
à travers des terreins marécageux , ou de digue
contre des eaux courantes.
CHAUSSETRAPE. Arme défenfivé , compofée
de quatre pointes de fe r , d’environ quatre
pouces de longueur , dont l’une ,_fe préfente en
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d’air , tandis que les trois autres portent a terre.
(fSoyeifig. 156.). On en sème fur les brèches,
dans lés gués , dans les défilés où doivent paffer
des troupes, & fur-tout des troupes de cavalerie.
C ’eft principalement aux chevaux que cet inftru-
ment eft. nuifible.'
Les anciens ont connu les chaujfetrapès : ils les
nommoient tribuli 6c les employoient comme nous
dans les fièges 6c contre la cavalerie.
CHAUSSURE. On donne le nom de chaujfùre
aux différentes parties de vêtement dont les gens
de guerre fe couvrent le pied.
Nous avons en France quatre chaujfures militaires
; fçavoir , pour l’infanterie la guêtre ; pour la
cavalerie la botte demi-forte ; pour les dragons la
bottemolle ;pour leshouffardsla.botte à la hongroife.
Nous ne donnerons point ici la defcriptioa de ces
quatre chaujfures ; on la trouvera à leurs articles aj
dans celui-ci nous examinerons fi ces différentes
çhaufjures font propres à l’objet auquel elles font
deftinées.
Afin de porter un jugement fain fur l’utilité de
chacune d’elles, cherchons à nous faire une idée
exaéie des qualités qu’une cjiaujfure militaire doit
réunir.
Elle doit être aifée à mettre 6c à ôter, légère,
peu volumineufe, peu chère ; elle ne doit demander
que peu d’entretien journalier ; ne gêner le foldat
ni dans les marches, ni dans les travaux ; elle doit
confèrver le pied fain 6c fec ; 6c pour cet effet fermer
l’entrée à la boue, à Teau, à l’humidité, aux
grains de fable ôc aux petites pierres.
Voyons fi la chaujfure de notre infanterie a ces
qualités.
.§ • *•
Chauffure de l’infanterie.
En examinant un foldat chauffé &. guêtré, on voit
premièrement une jarretière de culotte qui, contraignant
les mouvements de fa rotule, en ôte le
libre exercice, rend la marche du foldat lente 6c
pénible , 6c les travaux plus fatigants. Si on doutait
de ce que nous venons d’avancer, nous citerions
les payfans, les chaffeurs, les matelots, les
danfeurs de corde, les coureurs , les voyageurs ,
&c. touts ces gens-là ne portent point de jarretière
de culotte. Nous rappellerions l’opinion du
maréchal de Saxe à l’égard de cette jarretière : mais
cçt inconvénient n’appartient pas proprement à la
guêtre ; voyons donc les vices qui lui font particuliers.
La guêtre gêne le foldat. Pour qu’une guêtre foit
bien faite, il.iaut qu’elle s’adapte parfaitement aux
formes de la jambe,ôc qu’elle emboîte bien la rotule.
Puifque ta jarretière de la culotte gêne déjà cette arti-
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culation, quel effet doit donc produire une fécondé
ligature ? Touts les boutons de la guêtre doivent
être placés de manière à ce qu’ils ferrent les différentes
parties de la jambe ; de-là les jambes grêles
de notre infanterie.
A quelle caufe attribuer ce défaut, fi ce n’eft à
la compreflion continuelle de la guêtre. On demandera
peut être fi un homme dont la jambe eft.
forte eft meilleur marcheur que celui qui 'l’a
foible : oui, quand la groffeur de la jambe provient
de la groffeur des mufcles : on fçait que les mufcles
ne groffiftent qu’autant qu’ils font libres, ôc qu’on
en fait ufage ; que l’on compare les pieds toujours
à la torture, des dames chinoifes ôc françoifes,
avec ceux de nos payfannes; que l’on compare
leur manière de marcher, on fera convaincu desmaux
que produit la compreflion des mufcles. •
Le bouton qui eft placé immédiatement au-defi-
fous de la cheville du pied, ainfi que celui qui eft
le plus près de la terre, doivent être pofés encore
plus loin que les autres; afin que le gouflet de la
güêtre ne puiffe pas remonter, ôc qu’il couvre
toujours la boucle du-foulier ; ce reftèrrement gêne
la circulation du fang, ôte la liberté du coup-de-
pied , 6c caufe des louffrances très vives à l’être
malheureux que l’on condamne à porter des guêtres
pendant vingt-neuf heures.
Après une garde dpnt le foldat pafle la pins
grande partie debout, les jambes s’enflent au point
de l’obliger quelquefois à déboutonner le bas de fes
guêtres, ou bien il porte pendant plufieurs jours les
marques de fa fermeté. Cet accident eft le moins
confidérable de ceux qui fuivent néceflairement
les gardes fréquentes ; elles ruinent le tempérament
, au point qu’un foldat de huit ans de fervice ,
en temps de paix, a l’air beaucoup plus vieux ôtplus
caffé qu’un payfan de même âge qui paroît mener
unevi’e plus pénible. Cette confidération devroit
engager à diminuer le nombre des gardes, 6c à faire
que le foldat eût dix à douze nuits, au lieu que fou-
vent il n’en a pas le tiers ; encore qu’eft-ce que des
nuits, ou trois perfonnes, trois hommes de grande
taille font ferrés dans un même lit ?
En failant les guêtres plus larges, on obvieroit
fans doute à une partie des inconvénients que nous
venons d’expofer : mais on tomberoit d’un vice
dans l’autre ; les guêtres ne fermeroient plus l’entrée
à la boue, à l’eau , 6c aux petites pierres ; elles
deviendroient inutiles.
La guêtre ejl trop chère. Suivant le réglement
arrêté par le ro i, pour l’habillement 6c l’équipement
de fes troupes, le 2,1 février 1779, le foldat
doit avoir une paire de guêtres de toile blanche ,
une d’étoffe noire doublée en totalité, 6c une de
toile noircie : il faut qù’il renouvelle ces effets
touts les deux ans. Il feroit impoflible de porter plus
loin la durée des trois paires de. guêtres. A force
de laver les guêtres blanches à demi-pourries par
le blanchiffage , elles ne font que paroître & difi-
J paroître ; ôc le? guêtres d’étoffe ont le même fort,