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dans les divèrs grades. Après leur avoir défigné
la fournie qu’ils devroient dépenfer , on les char-
geroit de faire l’état général des livres que l’on
voudroit acheter. Les commiffaires décideraient
a la pluralité des voix quels feroient les ouvrages
les pius convenables. Ils s’affujettiroient toujours
,à prendre un tiers de livres militaires , un tiers
de livres d’hiftoire , & un tiers d’ouvrages de littérature
; ou bien , comme les excellents ouvrages
de littérature font rares, & les livres d’hiftoire
beaucoup plus nombreux que ceux des deux autres
claires, fur-tout parce que les plus inftru&ifs font
ceux qui renferment le plus de détails , tels que
font les mémoires particuliers , on pourrait avoir
un quart de livres militaires , un ftxième de littérature
, & fept douzièmes d’hiftoire. Le choix étant
fait, ils préfenteroient au corps alfemblé l’état qu’ils
auraient arrêté. On ferait à cet état les changements .
qu’on jugerait convenables , & on chargerait en-
fuite les commiffaires de faire l’achat des livres, &
de dreffer des réglements pour la bibliothèque future.
Dans la demande que les commiffaires feroient
aux libraires , ils s’attacheraient plus à la folidité
qu’à la beauté de la reliure ; & , quant à l’édition
, ils choifiroient, non celle oh l’on aurait
prodigué lç plus de luxe tygographique , mais
celle qui ferait recommandable par la bonté du
papier, la netteté des caraftères , & la correâion.
Le format in-12 eft le plus commode pour des
militaires : c’eft donc celui auquel ils donneraient
la préférence , & enfuite à l’i«-8°. Toutes les fois
qu’on ferait de nouveaux achats , on fe conduis
i t de la même manière. Les commiffaires vifi-
teroient avec le plus grand foin les livres que
Jes libraires leur enverraient, afin de vérifier s’ils
font complets, & .tels qu’ils les ont demandés.
En employant les moyens que nous venons d’in*
diquer, la bibliothèque de chaque régiment ne renfermerait
fans doute que de bons livres. Mais ce?
livres feront-ils toujours les plus analogues aux
befoins des militaires ? Quelque brançhe utile ne
fera-t-elle pas fpuvent facrifiée à quelque branche
Agréable ? En un m o t, les livres feront-ils tou-
j Ours choifis relativement au but de l’inltitution? Pour
prévenir les abus, & pour éclairer les corps fur
leurs vrais intérêts, le gouvernement ne pourrait-
11 pas charger l’académie militaire du foin de dreffer
un catalogue des ouvrages qui devroient entrer
néceffairement dans la bibliothèque de chaque régiment
? Je parle ici d’une académie militaire comme
d’un établiffement déjà fait ; les avantages qui m’ont
paru devoir en réfulter m’ont infpiré çette confiance.
Si cependant mon efpoir étoit déçu, le foin de
faire î’état des livres propres aux bibliothèques militaires
nç poùrroit-il pas être confié à ui?e de ces
£ompagniès fçavante? qui prnent, éclairent, &.
Ijluftrent la France t
Les réglements pour une bibliothèque militaire
pourraient porter en fubftance, que le foin en
ferpit cpnffé à faupônier dp régiment, à qui on
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donnerait une chambre propre & commode pouf
renfermer les livres. Il ferait chargé de les tenir
en état, en ordre , 8t de les diftribuer aux officiers.
Il lui feroit expreffément défendu d’en prêter à
toute autre perfonne, J1 tiendroit un régiftre , dans
lequel il infçriroit le nom de l’officier auquel il
aurait donné des livres, le nombre de volumes »
& le quantième du mois. Toutes les fois qu’on
lui rendrait quelque ouvrage., il en feroit note
fur fon régiftre ; mais , avant de recevoir les
volumes , il examinerait attentivement s’ils ont
fouffert quelque dégradation. Dans ce cas il les
rendrait, ou les renverrait à l’officier, & il feroit
mention, de ce renvoi fur fon régiftre. Celui qui
gâterait, perdrait, ou égarerait quelque volume ,
leroit tenu de les remplacer.: On remettroit à
l'aumônier un état des livres confiés àfes foins. Cet.
état feroit divifé en huit colones. Dans la première
on inlcriroit le titre de l’ouvrage , dans la fécondé
le nom de l’auteur, dans les colonnes fuivantes „
le nombre des volumes , le format , l’année de,
l’édition, la ville oh elle a été fa ite ,.la qualité
de la reliure , & le prix de l’ouvrage. Ce régiftre ,
dont un double refteroit entre les mains d’un des
commiffaires , ferviroit à ,vérifier fi on n’a pas
fubftitué une édition à une autre , & à fixer le prix
des livres qui feroient égarés ou affez endommagés
pour qu’on fût obligé de les remplacer.
Les commiffaires feroient chaque année deux
vifites générales de la bibliothèque ; une vers la
fin de mai, & l’autre vers la fin de feptembre.
Ils feroient encore une vifite extraordinaire toutes
les fois que le régiment changerait de garnifon.
Trois jours avant leur vifite, les commiffaires en
feroient prévenir les officiers, afin que chacun d’eux
pût y renvoyer fes livres. Touts ceux qu’on n’aurait
pas renvoyés à cette époque feroient regardés
comme perdus, & le quartier-maître tréforier en
délivrerait le prix , fur un .ordre figné par trois des
commiffaires. Les commiffaires décideroient auflï
des réparations néceffaires , 8t détermineraient fi
elles doivent être aux frais de la bibliothèque , ou
des officiers qui auront ocçafionné les dégradations,
Le prix des réparations que les commiffaires jugeraient
devoir être fupportées par les officiers ferait
payé par le quartier-maître , fur un ordre femblable
à celui dont nous ayons parlé plus haut.
Quand le régiment devrait changer de garnifon ,
un des commiffaires affifteroit à l’emballage des
livres. Ils feroient mis en des çaiffes uniquement
deftinées à cet objets 8t ces caiffes feroient pla-?
çées avec les bagages de l’état-major. Pourquoi 1$
miniftère ne permettroit-il pas qu’elles fuffent corn-»
prifes parmi Jes effets du roi $
Quand le régiment feroit feparé, on feroit pour,
chaque cjivifion un lot proportionné au nombre
des officiers détachés ; un d’eux feroit chargé du
foin de la diftribution des livres. A la guerre on
laifferoit le gros de la bibliothèque fur les derrières 5
qg ne réferyçroit que deux petites çaiffçs, qui
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feraient portées par un cheval acheté aux dépens
des foncls de la bibliothèque. Ces fonds ne feroient
pas obérés par cet achat , parce que le renouvellement
des officiers n’eft malheureufement alors
que trop fréquent. A la fécondé campagne , on
ne porteroit aucun des livres qu’on auroit portes
à la première : il en feroit de même les campagnes
fuivantes. Les officiers qui s’abfenteroient du corps
ne pourront emporter des livres, a moins quils
ne quittaffent la garnifon pour aller en détachement.
Il feroit établi que perfonne ne pourrait
avoir plus de fix volumes à la fois , & qu’on ne
pourroit les garder plus de quinze jours. Un des
commiffaires ferait chargé des fonds de la bibliothèque
; il en tiendroit un compte en recette & de-
penfe, & chaque année cet état, arrête par les
cinq commiffaires , feroit vifé & ligne par le plus
ancien officier de chaque grade.
Si l’auteur de cet article n’a pas été féduit par
les avantages qu’il a retirés d’une bibliothèque militaire
; fi l’habitude de fe foumettre aux réglements
dontil vient de donner une idée n’a pas trop influé
fur fa manière de les juger, il réfulte qu’il eft
utile & même néceffaire de former une bibliothèque
à la fuite de chaque régiment françois, & que
les réglements ci-deffus font propres à maintenir
& à perfeélionner cet établiffement defirable. (C ) .
BICO Q UE . Petite place de guerre mal fortifiée
, qui ne peut faire qu’une foible défenfe. Les
places fortes d’autrefois ne font aujourd’hui que
des bicoques.
BIDON. Dans les troupes françoifes, on donne
)e nom de bidon au vafe deftiné à contenir l’eau
néceffaire pour l’ufage de chaque chambrée', &
au petit flacon que chaque foldat doit porter pour
contenir celle dont il a befoin pour fe défaltérer
dans une marche.
S’il eft v r a i, comme l’affure le maréchal de
Montluc, qu’une armée reffemble à une horloge,
& que par conféquent les plus petites parties y
ont leur utilité , on ne trouvera pas étonnant que
nous nous foyons occupés de la forme & de la
capacité de? bidons des chambrées ; de la matière
dont ils devroient être faits, & que nous ayons
examiné les mêmes objets, relativement aux flacons
des foldats. Pour diftinguer ces deux uften-
files , nous donnerons toujours l’épithète de grands
aux bidons des chambrées , & celle de petits à
ceux des foldats.
La forme de certains uftenfiles dont les troupes
font ufage pendant la paix peut être indifférente
jufqu’à certain, point : mais il n’en eft pas ainft à
la guerre. Si le même uftenftle pouvoit avoir
deux formes à peu près également avantageufes,
on devrait, non - feulement choifir la meilleure,
mais même en adopter une, & bannir entièrement
l’autre. Ces principes , dont on ne peut
guère contefter la vérité, font applicables aux
bidons j comme à touts les autres objets militaires.
Qn a fait jufqu’à ce jour de grands bidons de
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toutes les formes *, on en voit de ronds, d’ovales,
de quarrés, d’autres qui préfentent la figure d’un
cône tronqué : de toutes ces formes, quelle eft la
meilleure ?
Les grands bidons ronds nous paroiffent les plus
incommodes : ils ne font affis que fur un point, 8c
ils doivent par conféquent gêner le foldat qui les
porte. Ceux dont le ventre eft applati ont moins
d’inconvénients que les ronds, parce qu’il eft aifé
de les fixer fur le fac : les grands bidons , qui auraient
la forme d’un quarré-long, feroient donc
pour cette même raifon préférables à ces derniers.
Les ordonnances militaires ne donnent qu’un
grand bidon par chambrée. Ne feroit-îl pas avantageux
de remplacer cet uftenftle embarraffant à caufë
de fa grandeur par deux qui feroient beaucoup plus
petits. Cette multiplication produiroit quelques
avantages très fenfibles. Le foldat qui porteroit un
bidon en feroit moins chargé & moins embarraffe
i qu’il ne l’eft aujourd’hui : il feroit cette corvée plus
fouvent, j’en conviens j mais il vaut mieux, ce me
femble, porter pendant deux marches un poids léger
que porter un poids conftdérable pendant une feule,.
Dans les camps où l’on féjourneroit , un des deux
grands bidons feroit deftiné à renfermer l’eau pour
les befoins de l’ordinaire \ l’autre à contenir celle que
le foldat devrait boire, & dans laquelle on auroit
mêlé quelques cuillerées de vinaigre. Enfin, en
multipliant les grands bidons, on pourroit, fi on le
jugeoit néceffaire, les faire plus folides, oü de
quelqu’autre matière qu’en fer blanc.
Les grands bidons en fer blanc font en effet fujets
à fe deffouder; on les boffue aifement; l’eau qui
y féjourne quelque temps devient noire & malfaine,
parce qu’elle fe charge des parties de l’étain
qui a fervi à étamer les feuilles de fer : d’ailleurs
la rouille mord aifémentfur ce métal, le pénètre
avec tant de facilité qu’un grand bidon ne fert
guère que pendant une campagne. On ne peut
cependant employer pour les grands bidons ni le
fer battu, ni le cuir : il ne refte donc que le bois.
Ne feroit-il paspoffible de faire les grands bidons
en bois de chêne , de les cercler en fe r , de leur
adapter une anfe légère du même métal, de leur
donnet la forme d’un quarré-long , de faire les
côtés avec une feule petite planche très légère ,
d’affembler ces planches par le moyen de quatre
montants, dans lefquels on aurait creufé de petites
rainures. Le fond du grand bidon feroit fait de
la même manière que les côtés. Si l’on craignoit
que l’eau s’écoulât par les jointures des montants
, on pourroit revêtir intérieurement le vafe
avec une couche légère de goudron.
Quelque foin qu’on apporte pour rendre légers
nos grands bidons , ils feront néceffairement plus
pefants que ceux qui font a&uellement en ufage.
Avant de les adopter, on devroit donc effayer fi
Inos foldats, qui font bien loin de mériter l’épithète de ceux des Romains, peuvent fupporter cette
augmentation de poids, S’ils n’en font pas fur