
de yue a fon voifin F G y il ne nous relie pas de
choix : c’eft la tête qu’il faut prendre pour ce point
de v u e , en ne confidérant d’aucune manière la
ligne des épaules. Les. deux têtes K , L , ( fig. 3 ) ,
des foldats C D|| F G 3 feront les deux points
de vue fur lefquels un troifième foldat, H I ,
alignera la fienne M. La tête eft le point le plus
élevé du corps 8c le plus près de la vue ; ce qui
eft une des conditions déjà énoncées. Elle eft un
point fixe, ou du moins le plus fixe de tout le.
corps; ce qui eft une autre condition du problème.
Elle ne peut ni s’éloigner en arrière , ni s’avancer
beaucoup en avant. Les têtes font à peu près à
meme hauteur , fur-tout fi on difpofe les foldats
par rang de taille. Que les lignés dés épaules foient
alignées comme dans la figure $ , ou qu’elles ne
le foient pas comme dans la figure dès .que
les têtes le feront, le rang le fera : voilà donc le
principe le plus facile à faifir 8c à pratiquer par
les hommes les moins exercés; il eft donc le plus
fu r , lè plus utile, 8c le feul praticable. Qu’un
foldat avance une épaule plus que l’autre, comme
ils le font & le feront toujours, même les plus
exercés, ce ne fera plus un inconvénient. Il n’y
en aura pas davantage qu’un foldat ait la tête un
peu plus ou moins en avant, dès qu’il la tiendra
dans Y alignement de celles des deux foldats placés
à fa droite ou à fa gauche \, e’eft-à-dire dès que
le foldat H I , (fig. 6 ) , tiendra fa' tête M de
manière que la-tête L de fon voifin lui dérobe
ou cache la tête K du troifième foldat C D , il
fera dans Y alignement N O du moins fuffifamment ;
demander au-delà, ce feroit mal-adreffe, ignorance
, fatigue 6c foin inutile : l’art eft alfez difficile
pour n’y, rien rechercher au-delà de ce qui eft bon.
,Toutes les petites irrégularités, telle que celles
d’une épaule , ou même du corps d’un foldat tant
foit peu en avant ou en arrière, doivent être
regardées comme nulles : il eft impoffible dé les
éviter ; elles n’influent en aucune manière fur l’ordre
général. Bien plus, on le troubleroit en voulant
y remédier. Il ne faut demander 8c rechercher
que ce qui eft fuffifant : il n’y a au-delà , que de
la pédanterie.
Alignement des troupes.
Appliquons ce principe général à Y alignement
dés troupes placées les unes à côté des autres ",
comme les foldats le font dans le rang ; & , pour
nous rapprocher du principe , confidérons chaque
troupe comme un feul corps ou comme un feul
homme. Ge corps aura une ligne que nous pouvons
confidérer comme ligne des épaules, mais que
nous rejetterons comme ci-defms pa^ les mêmes
raifons. Suppofons un corps C D , (fig. 7 ) , qui
doive être placé fur Y alignement des deux points
de vue A , B ; il le fera fans doute, dès que le
point de vue A dérobera B au flanc ou épaule D ,
de que ce même flanc D cachera le point de vue A
:au flanc C. Mais celui-ci né voit pas le flanc D ;
8c, s’il refte en arrière ( fig . 8 ) , il ne découvre
point A , {fig» 8 ). Il ne peut voir ce.point de
vue que dans .le cas ou. il s’avanceroit au-delà de
Y alignement d o n n é , {fig. 9 ) , c’eft-à-dire quelque
temps après qu’il en feroit fbrti. Alors il .pourroit
s’y remettre ; mais aufli-tôt il courroit rifque de.
refter en arrière, 8c feroit aflujéti-par conféquent
a une fluctuation continuelle. Il faut, donc ici,
comme auparavant , abandonner les flancs ou
épaules ; 8c, puifqùe notre corps C D n’a point
de tête qui puiffe nous régler, il faut lui en donner
une. Cette tête fera une ou plufieurs enfeignes
raffemblées. {V o y e z En seigne.)
Cette enfeigne E , placée comme tête au milieu
de C D , {fig. 10 ) , fera alignée fur les deux points
de vue A , B. Plaçons maintenant un autre corps
F G fur le même alignement ; il y fera dès que
l’enfeigne E du corps C D cachera le point de
vue A à l’enfeigne H du corps F G; fi les flancs
C ,D , F, G s’écartent un peu de Y alignement ,
{ fig - n ) , les têtes ou enfeignes H , E , y reliant
fixes, maintiendront Y alignement général. Obfer—
vons ici que l’irrégularité fuppofée dans Y alignement
particulier des corps C D , F G , ne pourra être
occafionnée que momentanément par les irrégularités
8c difficultés du terrein, ou par quelque
relâchement d’attention; car le flanc D , ( fig . 10 ) ,
pourra toujours fe maintenir dans l’alignement d’A
& de B : le foldat voifin vers E , de ce flanc D ,
s’alignera fur D & A ; touts les autres, depuis D
jufqu’en E , s’aligneront de même par leurs têtes
fur les deux foldats yoifins vers A , 8c ainfi de
fuite jufqu’en F , de forte que les têtes ou enfeignes.
H 8c E feront des moyens fecondaires*
mais cependant très importants pour maintenir
Y alignement général, & prévenir les irrégularités
momentanées qui pourroient s’y introduire, ou
pour y remédier avec plus de promptitude ôc
de facilité : deux sûretés valent mieux qu’une,
fur-tout à la guerre. Ceci démontre évidemment
qu’il feroit très utile de multiplier les enfeignes, 8c
d’en avoir non-feulement dans nos bataillons, mais
aufli dans les compagnies. PafTons aux moyens
de déterminer Yalignement que l’on veut donner
à une troupe, de manière qu’elle puiffe le prendre
avec facilité.
Détermination de Valignement.
Tout alignement donné pour une troupe ou une
ligne de troupes doit être déterminé par deux
objets ou points de vue placés fur fa droite ou
fur fa gauche. Ainfi, lorfqu’on a choifi deux points
éloignés l’un de l’autre, tels qu’A 8ç B , ( f ig . 12.),
ou naturels comme arbres, maifons, 8cc., foit
artificiels comme jalons, hommes, enfeignes, 8cc.,
& qu’on veut plac.er une troupe fur la ligne qui
paffe par ces deux points 8c entre eux deux; il
faut déterminer un troifième point E ou e en
dedans, ou au-delà de l’un [des deux, par exemple
de B ; afin que la troupe arrivant à Xalignements
s’aligne fur les deux points de vue E B ou B e.
Dans ce cas,; fi on place le nouveau jalon en e ,
un homme fuffit pour l'aligner fur A 6c B ; mais ,
fi c’eft en E , entre A 6c B , il faudra deux-
hommes, l’un, un peu au-delà de B , qui, ayant'
l’oeil placé fur Yalignement A B , dirige par des
fignes celui qui doit mettre le jalon en E , jufqu’à
ce qu’il foit précifément à ce point, fur Yalignement
général A B.
Suppofons maintenant qu’une troupe C D ,
( f ig . 13 ) , marchant parallèlement à Yalignement
A B , foit deftinée à venir le prendre. Comme
les deux points de vue font fur fa droite, elle
doit diriger fa vue fur ce flanc ; 6c l’officier qui
le conduit avoir l’oeil fur les points de vue: dès
qu’il eft fur leur alignement, défait halte , tourne
la tête à fa gauche, 6c. fans bouger de fa place,
obferye fi les foldats les plus voifins de lui dans
le rang, en s’alignant fur lui 8c le point de vue B ,
fe placent bien exactement entre lui 6c l’autre point
de vue A. Les huit ou dix premiers foldats de
la droite étant bien alignés, tout le refte de la
troupe s’aligne facilement fur eux.
Si la troupe n’ayant pas marché bien parallèlement
à Yalignement A B , le flanc gauche C fe
trouve un peu en arrière ainfi qu’une partie dm
front C D ; tout s’avance 8c s’aligne fur le . flanc
droit arrêté 8c aligné en D , ( p l . / / , fig . 14 ).
Mais, fi le flanc gauche arrivoit le premier fur
Yalignement, ( fig . /ƒ ) , l’officier qui conduit ce
flanc C s’arrêterpit lur . Yalignement de B e , y
feroit mettre les foldats les plus voifins de lui à
fa droite , 8c tout le front prendroit fucceffivement
cet '’alignement.
Il en feroit ainfi d’une ligne de troupes C D ,
formée avec des intervalles, ( fig . 16 ) , qui
viendroit prendre un alignement A B.
Lorfque la troupe, marchant en colonne, arrive
dans la direâion même 6c par la gauche de Yalignement
A B , ( f ig . 77) ; dès que l’officier, qui
elt a la gauche de la première divifion C E ,
yerra e couvert par B , il füivra exaélement cette
ligne. L’officier qui conduit la gauche de la divifion
fuivante D F , s’alignera fur l’officier qui eft devant
lui 6c fur le point de vue B. Les officiers de
gauche des divifions fuivantes s’aligneront fur
ceux qui les précèdent Ôc fur le même point B.
Enfuite, à l’ordre du commandant, les divifions
fe formeront fur Yalignement donné.
Suppofé que la troupe arrive en colonne à
grandes diftances , perpendiculairement à Y aligne-
ment A B , ( fig - ï$ ) ; la divifion C D de la tête
fera halte 6c s’alignera fur les points de vue B e ;
les autres, faifant un demi-quart de converfion à
gauche, marcheront enfuite devant elles, ôc viendront,
par un autre demi-quart de converfion,
prendre Yalignement A B.
Pour donner un peu plus de jeu 8c d’aifance
aux divifions fuivantes, il eft bon d’arrêter la tête
de la colonne à dix ou douze pas de Yalignement
6c de l’y faire marcher, tandis que les autrès,
par leur demi-quart de converfion 6c leur marche;
en avant, viennent prendre fucceffivement Y a - '
lignement A B.
Suppofons maintenant la troupe marchant en
colonne ferrée, fur‘une direélion perpendiculaire-
à Yalignement A B , ( fig - 19 ) ; la colonne ayant
fait halte à quelque diftance de Yalignement, toutes
les divifions feront à droite ; la première C , fe
mettant en mouvement, marchera direélement
vers le point D , où fa droite doit faire halte fur
Yalignement donné ; dès que cette droite y fera,
toute la divifion fera halte, front, fe mettra en
ordre, ôc marchera fur Yalignement.
Lorfque le flanc gauche de cette première divifion
fera a hauteur du flanc droit de celle qui fuit
celle-ci fe ^mettra en mouvement, la fuivra dans'
une .difeélion parallèle , s’arrêtera en même temps,
fe mettra en ordre, 6c marchera à Yalignement.
T outes les divifions fuivantes exécuteront la même
manoeuvre, jufqu’à la dernière. Dans le cas où le
flanc gauche de celle qui la précède s’arrêteroit
précifement à hauteur de fon flanc droit, elle fe
remettrapar un à gauche, 6c marchera fur Yalignement.
Mais , fi la première divifion atteint Yalignement,
AB, avant que fon flanc droit foit aii point
©u on veut le placer, alors elle fuivra Yalignement
des deux points de vue, 6c dans ce cas la dernière
divifion fuivra celle qui la précède, tenant toujours
fon flanc droit à hauteur du flanc gauche de
cette divifion. -
Les mêmes mouvements s’exécuteront de même
fur la gauche, où devront être alors les deux
points de vue régulateurs.
Si la dernière divifion de la colonne eft celle
de la droite, c’eft par elle que le mouvement
commencera, 8c il s’achèvera de même. (tfig. 20 ).
Dans les deux manières précédentes de fe -former
fur Yalignement donné, On pourroit porter tout
de fuite la première divifion de la colonne fur
cet alignement ; alors elle le fuivroit dans fa
marche parole flanc : niais il eft meilleur de l’arrêter
a quelque diftance , parce qu’alors il eft plus facile
de réparer les irrégularités de la manoeuvre.
Ces exemples font fuffifants, pour faire concevoir
clairement le principe général de Yalignement,
qui confifte toujours à établir deux points de vue
fur le flanc par lequel on doit s’aligner, 6c pour
le rendre applicable à touts les cas qui peuvent
fe préfenter. Il eft effentiel de former l’officier 6c
le foldat à l’obfervation de ces points de vue ,
foit naturels , foit artificiels, non-feulement dans
les exercices généraux, mais dans tous les exercices
particuliers : ceux-ci ne doivent jamais être
que les éléments-6c l’abrégé de ce qu’on exécute en
grand dans ceux des armées.
ALLIANCE. \ 1 a lliance qui regarde les obligations
auxquelles on eft tenu par le droit naturel, eft
née avecl’homine 6c la fociété, Elle eft perpétuelle