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lerie en 1667, ôc à ceux d’infanterie eh 1668,
Un officier, tandis qu’il n’eft que brigadier, eft
pour l’ordinaire obligé de garder fon régiment, s’il
en avoit avant que d’être parvenu à ce grade : mais
il péut le vendre à fon profit dès qu’il eft fait maréchal
de camp.
Par ordonnance du 30 mars 1668, le roi donne
aux brigadiers d’infanterie la même autorité fur les
troûpes d’infanterie que ceux de cavalerie ont fur
celles de cavalerie.
Par celle du 10 mars 1673 » S a été réglé que tout
brigadier qui aura lettres de fer vice commandera à
touts colonels ou meftres de camp, tant d’infanterie
que de cavalerie : que dans une place fermée celui
d’infanterie commandera à celui de cavalerie ; mais
que , dans un lieu ouvert & à la campagne , celui
de cavalerie commandera à celui d’infanterie.
L ’ordonnance du 30 juillet 1695 Y aJoute ^brigadier
des dragons, auquel elle donne le même rang
qu’à celui de cavalerie , ôc ordonne qu’ils rouleront
enfemble fuivant leur ancienneté.
Par ordonnance du premier avril 1696 , il a été
réglé que les brigadiers qui auront leur commiffion
du-même jour garderont toujours, comme colonels,
le rang que leur régiment leur donne , ôc marcheront
comme brigadiers fuivant l’ancienneté de
leur commiffion de çolonels. E t , par celle du 2.0
mars 1704, fa majefté expliquant mieux fon intention
à l’égard des colonels d’infanterie qui ont
palfé foit dans la gendarmerie , foit des régiments
de cavalerie ou de dragons, elle a ordonné
que les brigadiers d’infanterie , de cavalerie, ou
de dragons, marcheront entre eux du jour de leur .
commiffion de colonels ou de meftres de camp
d’infanterie , de cavalerie', ou de dragons, fans
avoir égard aux changements des corps , ni au
temps où ils feront entrés dans celui où ils fe
trouveront.
Nonobftant le brevet que le roi donne aux brigadiers
, ils ne fervent en cette qualité que par une
lettre de fervice. Ils ont en campagne 500 liv. par
mois de quarante-cinq jours.
Les brigadiers des armées du roi font fubor-
donnés aux maréchaux de camp, & à touts les
autres officiers généraux,
Touts les meftres de camp commandants, touts
les meftres de camp en fécond, touts les lieutenants
colonels , & touts les majors, peuvent prétendre
au titre de brigadier des armées du roi : on en
trouve en effet dans chacune de ces efpèces d’officiers
fupérieurs.
Le titre de brigadier dés armées du roi ne donne
aucune autorité particulière , ni pendant la paix,
ni pendant la guerre : c’eft des lettres de fervice
que les brigadiers obtiennent , qu’ils tirent tout
leur pouvoir. _4infi un meftre de camp, qui n’eft
pas brigadier des armées du roi , peut commander
aujourd’hui un lieutenant colonel brigadier , être
commandé le lendemain par cet officier-, & reprendre
lç trqiftème jour l’autorité que fon grade
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de meftre de camp lui donne. C ’eft ainfi qhe les
fujets font des pièces de monnoye que l’autorité
fuprème fait valoir ce.qu’elle juge à propos. Ces
variations qui peuvent avoir des conféquences dan?
gereufesnous déterminent àpropofer les problèmes
luivants.
1 °. Doit-on donner , après un certain nombre
d’années de fervice , le titre de brigadier des ar-
! mées du roi à touts les lieutenants colonels ôc à
touts les majors, ou ne doit-on le donner qu’aux
plus anciens meftres de camp ?
2°. En ne donnant le titre de brigadier des ar-
; mées du roi qu’aux plus anciens meftres de camp ,
on court le rilque d’éteindre l’émulation parmi les
lieutenants colonels, les majors-, & les officiers
fubalternes. Il s’agit donc de trouver une manière
de prévenir un découragement qui auroit les fuites
les plus façheufes,
30. Si l’on donne indifféremment le titre de
brigadier à touts^les anciens lieutenants colonels ÔL
a touts les anciens majors , comment préviendra-
t-on dans le commandement, les variations que
nous avons reconnues dangereufes.
4°. Four trancher toutes ces difficultés , ne
pourroit-on pas faire du brigadier des armées du
roi un officier fupérieur , qui ne feroit plus ni
meftre de camp , ni lieutenant colonel, ni major,
ôc qui commanderoit toujours touts les meftres de
camp , &c.
50. Si on prenoit ce dernier parti, il faudroit
déterminer la manière dont les lieutenants colonels
& les majors parviendroient au grade de brigadier
des armées du r o i , ôc obferver de ne point trop
éloigner ni trop rapprocher ce grade ; car les ré-
compenfes que l’on n’apperçoît que dans un lointain
très diftànt, font auffi peu d’effet que celles
que l’on voit de trop près , ÔC qu’on eft affuré
d’obtenir.
Ces cinq problèmes, & quelques autres moins
effentiels qui tiennent au même objet , nous ont
paru mériter toute l’attention des militaires , ôc
nous avons penfé qu’en faveur de cette importance
on nous pardonneroit la digreffion dans
laquelle ils nous ont entraînés. Revenons donc aux
prérogatives des brigadiers en général.
Les brigadiers qui font employés dans les provinces
par des lettres de fervice ont dans les places
du diftriét de leur commandement la même autorité
que les gouverneurs ôc les lieutenants de roi
de ces places. Voye%_ G ou v erneurs.
Les brigadiers qui font employés dans le plat
pays n’ont d’autorité que fur les troupes ; ils ne
commandent aux habitants que dans les places de
guerre.
Quand il fe trouve dans le même diftriâ ou
dans la même place plufieurs brigadiers employés 9
Je commandement appartient au plus ancien brigadier
d’infanterie.
Les ordonnances ont réglé les honneurs mili-*
taire? que fon doit rendre aux brigadiers qui font
employé?
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employés Ôc à ceux qui ne le font pas. Elles ont
réglé auffi le? honneurs q.u’on dbit;léur rendre après
leur mort. Voye^ H o n n e u r s m i l i t a i r e s .
Des connoijfances 6» des qualités nécejfaires aux
- brigadiers des armées du roi.
Sans pofféder toutes les connoiftances qui font
néceffaires à un général, un brigadier peut fans
doute faire exécuter , à fa brigade les ordres de fes.
chefs; il peut charger bravement l’ennemi à la
tête de fa brigade ; il peut acquérir la réputation,
d?un foldat valeureux ; mais , s’il n’a pas acquis
par un travail affidu dès connoiftances auffi variées
qu’étendues, il ne verra fon nom dans la lifte des
officiers généraux qu’à fon rang d’ancienneté, ôc
jamais dans celle de ces hommes immortels dont
on ne prononce le nom qu’avec un enthoufiafme
refpeâueux. Quelle entreprife brillante pourra en
effet exécuter un brigadier qui ne fe connoîtra pas
lui-même, qui n’aura étudié ni le coeur humain en
général, ni en particulier la. nation qu’il fervira ,
ni plus particulièrement encore les officiers qui
lui feront fubordonnés ? Quel projet heureux pourra
concevoir celui qui ne connoîtra pas le caraéière
du peuple qu’il doit vaincre ; celui du chef qui le
commande Ôc des officiers généraux qui le con-
duifent ? Quelle gloire peut acquérir celui qui
n’aura pas pénétré les fecrets de l’art de la guerre ;
qui n’aura pas étudié dans l’hiftoire de touts les
peuples les caufes qui font conftamment le fuccès
des batailles, des campagnes, ôc des guerres ? Eft-
il un guide plus fidelle pour le commandant d’une
brigade qu’une connoiflànce exaéle du pays où il
fait la guerre ? Eft-il pour lui une bouffole plus
fure dans fa conduite journalière que la connoif-
fance approfondie des ordonnances militaires ? Le
brigadier des armées du roi ignore-t-il la langue
qu’on parle dans le pays où il fait la guerre ? Je
le vois entouré d’interprètes qui tronquent ou fal-
fifient les queftions qu’il a faites , & les réponfes
de ceux qu’il interroge. S’il ne connoît point le
droit des gens , s’il ignore le droit public , il expofe
fa nation à des repréfailles cruelles , ôc il court le
rifque de ternir fa propre réputation. S’il ne fçait
pas faire un léger croquis du pays qu’il parcourt,
il ne peut en rendre un compte exa& , en garder
un fouvenir fidelle. S’il ne -s’exprime pas avec
force ôc avec facilité , il ne peut, par une harangue'
précife Ôc énergique ,. éveiller , foutenir , ôc Ranimer
le courage de les foldats. S’il n’écrit pas fa
langue avec pureté , il ne peut entretenir avec
fes généraux une correfpondance qui donne de
Ion efprit ôc de. fes talents militaires une idée
avantageufe.
Les qualités phyfiques du brigadier des armées
du roi ne font pas indifférentes. A-t-il la vue baffe ?
Il donne dans une colonne ennemie qu’il prend
pour une partie de fa brigade ; il attaque un corps
gu il devoit éviter ; il ne profite pas d’une trouée
Art militaire. Tome 2,
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danslaquelle U- pouvoir pénétrer. Uhelânté ch a ficelante
,.un corpsÉoible le retiennentdsns là tente.,
quand il devroit vifiter fes gardes &. reconnoître.
fes communications. On i’accufe alors de. manquer
de zèle , & Faccès des grades fupérieurs lui eft
interdit» Si Page.a affaibli fes forces, il_ fiiccombe.
fous le poids de la fatigue, dans le moment- ou f»;
brigade auroit le plus de befoin de fa. prefen.ce ,.
pour foutenir un choc furieux ou pour frapper
des, coups décififs.
Le brigadier des armées du. roi. qui fera enflammé
de l’amour de la patrie , fur qui l’honneur,
l’amour de la g lo ired e s . récompensés., ôc des dif-
tinâions honorables, feront des impreftio/isprofondes
, Ôc qui joindra à cesrfentiments une grande
valeur , & un courage inébranlable, pourra faire*
oublier qu’il manque des qualités phyfiques néceffaires
pour bien remplir fon emploi ; mais il
n’acquerra des droits à l’amour ôc à l’eftime publique
que lorfqu’il fera jufte dans les récompenfes.
qu’il promet, dans les peines qu’il inflige, &. dans
les, comptes qu’il rend. Il doit donner l’exemple
des vertus qu’il exige dans les autres ; obéir ponctuellement
pour être obéi avec exaçlitudeq. être
fobre , pour que fés fubordonnés fe contentent de
peu ; partager les peines de fes foldats, pour qu’ils
les oublient ; être difcret Ôc prévoyant; commander
avec plus d’empire à fes paffions qu’à fa brigade ;
ne fe laiffer jamais entraîner par une folle pré-
fomption ; être aéfif fàns inquiétude, prudent fans
timidité. Que jamais le fommeil n’appefantiffe fes
paupières-: s’il ne peut les fermer impunément,
qu’il ne croie pas indigne de lui de porter dans
toutes fes aétions une exaélitude fcrdpuleufe & une
attention prëfque minutiëufe ; il lui fera permis
dans un rang plus élevé de voir les objets plus en
grand. Sans le défintéreffement, un brigadier des
armées du roi feroit indigne de commander à des
François ; ôc , fans la libéralité , il ne pourroit ef-
pérer de voir le fuccès couronner fes entreprifes.
Tout militaire eft fidelle à fa parole ; mais tout
guerrier n’eft pas humain. Je dirai donc au brigadier
des armées du roi : foÿez humain avec les ennemis
toutes les fois que la voix impitoyable de
la nécefîité ne vous criera point : frappez. Soyez
le père de vus foldats, le foutien des foibles,. le
proteûeur des malheureux , en un mot l’ami de
l’humanité. Que l’amour, cette paffion qui a été
; funefte aux plus grands hommes, n’allumèjamais
: dans votre ame une flamme capable de vous éblouir
6c de vous détourner de vos devoirs. Que le vin
ne porte jamais à votre tête des vapeurs capables
d’obfcurcir votre jugement. Qu’on ne voie point
chez vous la table délicate ôc fplendide d’un fiba-
rite ; mais la table frugale d’un guerrier. Si le luxe
a pour vous des charmes, étalez-le, vous le pouvez ,
fur vos armes ôc fur vos chevaux ; mais qu’il ne vous
engage jamais à traîner après vous des équipages
nombreux ; que la modeftie foit votre compagne
fidelle ; que la politeffe, la douceur, l’affabilité