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Elle diftribueroit trois prix chaque année, deux
dont elle détermineroit le fujet, & un troisième au
choix des auteurs ; les prix feroient des médailles
d’or de là valeur de 2000,1500, Sc lo co liv.
Deux prix remportés donneroient le titre de
correfpondant, & droit à la première place, va-
cànte dans cette claffe.
Touts les académiciens communiqueroient -à
Y académie les obférvations & mémoires qu’ils au-
roient faits, & s’efforceroient de foutenir, par des
pi-odurions fçavantes '& utiles., le titre honorable
dont ils feroient revêtus.
L'académie auroit une bibliothèque, un cabinet
de plans , modèles, & machines.
Lorfqu’on propoferoit quelque nouvelle invention
relative à l’art militaire, l’auteur feroit invité
a joindre au mémoire les plans, profils, & élévations
, ou un modèle auln grand qu’il feroit pof-
fible. -
Touts les ouvrages nouveaux préfentés à Yaca-
démie feroient examinés par des commiiTaires qui
en feroient leur rapport.
Le miniftre pourroit même y renvoyer l’examen
des manuferits qü’on fe propoferoit de faire imprimer.
Les auteurs des ouvrages militaires nouveaux,
feroient tenus d’en dépoter un exemplaire dans la
bibliothèque de Y académie. Il en feroit de même de
toutes les cartes géographiques.
Les fujets du prix s’étendroient à touts les objets
militaires dans chaque genre : infanterie, cavalerie,
génie, artillerie. Les uns concerneroient les objets
de détail, comme levée, formation,habillements,
iùbfiftances, & c . Ces objets fouvent difeutés, ne
le font point encore a fiez, puifqu’on n’eft d’accord
fur aucun de ces articles. On propoferoit enfuite la
grande taûique, marches , campements , manoeuvres,
plans de guerre, de campagne, &c. en entremêlant
ces différents fujets. -
Les travaux particuliers des académiciens auroient
d’abord pour objet ce que les jeunes militaires doivent
apprendre. Ils s’adonneroient donc premièrement
à compofer un cours de ta&ique élémentaire,
une fcience des poftes, une géographie , un cours
de mathématiques pour l’officier, &c. Ils paffe-
roient enfuite aux parties plus relevées delà fciencé.
Le détail de ce qui nous eft néceffaire feroit ici trop
long. Dans la carrière quirefte à parcourir, dans les
découvertes à faire, tout eft immenfe ; dans ce
qu’on a parcouru, tout eft petit, étroit,, confus,
par-là prefque nul. : '
L’éloge hiftorique & raifonné des grands généraux,
& fur-tout des François, occuperoit aufli
Xacadémie. L’éloge funèbre des officiers morts à la
guerre , & de ceux qui mourroient académiciens ,
leroit une récompenfe de leurs travaux & de leurs
fervices.
On a demandé ci-deffus 60000 liv. pour lés dé-
penfes de Y académie. T e l pourroit en être l’emploi
»
A C A
Penfions des académiciens......... aooooH
■ ■ ■«'—»des adjoints..................... 10000
Prix* * ................ ...................... • •• 4500
Jetons.............. 10800
Faux frais* . ............................... 4000
49300**
Il refteroit, y compris les retenues, environ
12000 liv. par an, qui pourroient être employées
a des expériences, à envoyer des académiciens
reçonooître les frontières, lever des plans, & c .
Nous croyons ne pouvoir mieux terminer cet
article, qu’en tranferivant ici ce qu’a penfé, fur
l’utilité des académies militaires, l’auteur eftimable
du foldat citoyen. «Il manque, dit-il, à l’émulation
des officiers, & peut-être même de beaucoup de
foldats , une académie militaire. Elle feroit un moyen
d’engager les officiers à travailler davantage, de
connoître plutôt & plus facilement leurs talents,
de procurer, pour la guerre , des fecours précieux
intéreffants. Il eft de la plus grande importance
de ne pas tout attendre de l’expérience.
Elle ne mène fouvent à la vérité que par le
chemin de l’erreur. Il faudroit prévenir par l’étude
des principes, pendant la paix, les malheurs d’une
pratique qui n’auroit pas pour bafe la connoiffance
préliminaire d’une bonne théorie.
La Grèce, qui perfectionna touts les arts, eut
des écoles où les principes de la ta&ique étoient
enfeignés. L’établiffement d’un prix accordé chaque
année au meilleur ouvrage fur un fujet donné fup-
pléeroit à ces écoles, tant quelles nous manqueront.
Ces moyens feroient offerts aux talents pour
parvenir jufqu’au miniftre. Ils ferviroient à faire
apprécier la capacité des officiers fubalternes qu’on
ne peut connoître aujourd’hui, que par des rapports
où.l’exaâe vérité ne préfidepas toujours. Ils donneroient
une mefure certaine, fur laquelle on juge-
roit les divers degrés de talent ; & l’incapacité,
obligée de fe montrer à découvert, cefferoit de
prétendre à une préférence dont elle ne peut fe
flatter que par l’impoflibilité où l’on eft de la re-
connoître. On feroit un recueil des meilleurs mémoires
qui, avec le temps, ferviroient à rédiger
un traité complet de l’art de la guerre )».
Ce qui vient d’être dit, fumt fur un établiffe-
ment qui n’eft encore qu’en projet. Si on s’occu-
poit férieufement de l’exécuter, il y auroit beaucoup
de points à examiner pour déterminer la
forme de Y académie. Quant à ion utilité, elle me
paroît démontrée aux yeux de la plupart des militaires,
& je crois pouvoir dire que fon exécution
eft un de leurs voeux.
ACAN TSE S. Ce font, dans la milice turque j
des volontaires qui viennent de différentes provinces
à l’armée & y fervent avec les Tartares &
les Valaques, comme troupes légères. Ils y font
attirés par le feul efpoir du butin. Paul Jove dit
que le nombre en eft fouvent de plus de cent
mille.
a c c
A C C L AM A T IO N . Voye1 r écom penses.
ACCOM M O DEM EN T . Voye{ r e t r a it e .
A C CU SA T IO N . accufation eft publique ,
privée ,• ou fecrette. La première a lieu en France,
a l’égard des crimes & délits militaires. C ’eft la
partie publique militaire qui l’intente. Sur les informations
& inftru&ions de cette partie publique,
le chef ou tribunal qui doit en connoître , juge
fuivant la loi.
S i, par abus de confiance, par défaut de courage,
par connivence avec l’ennemi, un:militaire
trahit l’intérêt de l’état, fon fupérieur intente une
accufation contre lui auprès du chef fuprême, ou
miniftre, qui, prenant les ordres du r o i, renvoie
l’accufé au tribunal des maréchaux de France, ou
ordonne un confeil de guerre.
L’accufation privée ne peut s’intenter, & être
fuivie, que par la partie léfée , comme dans l’ordre
civil. Si elle étoit faite par un particulier n’ayant
aucun intérêt propre à réclamer, ce feroit délation
, & par conféquent infamie. Mais, fi le crime
ou délit eft connu de, touts,, c’eft la voix publique,
ou fon organe qui forme Yaccufation.
Si la délation à découvert paffe. chez touts les
peuples policés , & non républicains, pour déshonorante;
fi le délateur eft,, pour ainfi dire,
banni de la focieté, comme le concile d’Elibéris
privoit de la communion , même à l’article de la
mort, tout chrétien qui, en dénonçant un de fes
frères, auroit caufé fa mort, fa profeription , ou
quelque dommage en fes biens , que doit-on penfer
de la délation cachée, ou accufation fecrette ? >
C ’eft le renverfement de tout ordre, & de toute
juftice. L’accufé eft condamné fans être entendu ni
convaincu. Il fubit une peine, fans connoître ce
qu’il a fait, & fans pouvoir fe défendre. Il n’y a que
des chefs & une adminiftration foibles & tyranniques,
qui puiffent introduire un abus aufli ma-
nifefte, propre à rendre les citoyens, faux, perfides,
baflèment intérefles, calomniateurs, ennemis
les uns des autres, les chefs defpotes, les
fubordonnés efclaves.
Parcourons les maux qui en réfultent. Cette accufation
étant reçue, la flatterie eft fans frein • -
elle touche à fon but fans nul effort. Tout homme
quï déplaît au chef eft perdu. Il eft accufé, ou par
ion chef même, ou par fes adulateurs. L’un encourage
& récompenfe ; les autres le fervent comme
de vils inftruments. C’eft le règne du vice : la vertu
ne peut échapper aux pièges lècrets dont on l’environne.
Veut-on l’emploi d’un homme de bien?
on lui fuppofe de mauvaifes intentions, des noirceurs,
des crimes. Refufe-t-il de prendre part aux
.dereglëments de fon fupérieur? c’eft un homme
îulpeèt, un témoin importun qu’il faut éloigner,
o u en parle avec un noble courage, c’eft un ac-
culateur dangereux qui mérite la profeription. S’il
enCe_£ru? en t’ c’eft un improbateur
dont la préfence eft a charge. Demande-1- il an
emploi quil mérite ? c’eft un ambitieux qu’il faut
A C T ! 5
réprimer. A-t-il un talent fupérieur, & demande-
t-il a 1 employer pour l’utilité publique? c’eft un
crime évident ; il faut le punir, fe hâter de le
perdre, lui fnppofer des difeours méchants & calomnieux
, des délions baffes ; gagner, féduire ,
effrayer des témoins, & l ’on en trouve dans ceux
qui le difoient fes amis, dans fes domeftiques, 8c
même dans fa famille. Il n’y a plus de juftice, de
vérité , d’évidence même que la calomnie ne dé-
truife. Elle feulé eft écoutée , defirée, accueillie ,
employée ,. récompenfée ; il n’y a plus de lo i:
tout eft à craindre. L’empire de Tibère & de Ca-
ligula fe renouvelle. Libon Drufus accufé, v a , en
longs habits de deuil, implorer le fecours de fes
parents, montrer fes biens 8c la vie en proie aux
-bêtèsj féroces qui l’environnent : fes parents , faifis
d’effroi, allèguent des prétextes, fans ofer témoigner
ni pitié ni crainte. Il faudra montrer de la
joie au fupplice de fes proches, comme fous
Néron.
Que voyoit-on alors dans cette maîtreffe du
monde ? Des citoyens libres opprimés par les enclaves
8c .les proftitués du tyran , exilés en des
déferts affreux, égorgés, ou ne devant la vie qu’au
mépris de flatteurs 8c de parafées livrés aux defirs
infâmes du maître ,-ou forcés de voir leurs femmes
expofées à fa brutalité, à celle de fes miniftres
& des plus vils citoyens invités à les déshonorer
pour de l’argent comme des femmes publiques. Ces
débordements ne finirent qu’avec l’empire, ou plu-
tot avec ce fantôme d’empire dont les Barbares
haterent l’évanouiftement.
C-efl: ainfi que les fecrettes, excitant la
cupidité, la luxure, l’avarice, la flatterie, la haine ,
la calomnie, la cruauté, la férocité, leur livrent l’innocence
8c lavertufans proteélion & fans défenfe.
Dès qu elles feront admifes, on en reffentira les
effets avec plus ou moins de force. Ils feront d’an-
tant plus grands, que les chefs qui en feront ufage
feront plus corrompus, plus pervers, plus foibles,
oc plus injuftes. La difcipline fera détruite, l’ému--
lation nulle , les talents 8c les vertus fans pouvoir.
Soyons fournis aux loix, mais aux loix feules, &
n agiffpns que par elles. Celui qui fçait agir en
homme avec les hommes, n’a befoin que d’elles
pour les bien conduire. Dès qu’elles parlent feules,
la vertu accourt à leur voix.
A C T IO N . C ’efi: l’effet réciproque de deux corps
de-troupes qui fe chargent.
Ii y a deux efpèces Sallion, qui font le combat
& -a bataille. Ce qu elles ont de commun font les
raifonsque Ion a pour les engager, ou les éviter,
Oc les moyens d y parvenir.
Raifons de chercher /’aftion.
Si en engageant une action , vous avez pour
unique objet votre gloire, ou votre avancement;
i l , pour iatisfaire un vil intérêt, ou une coupable
vanité, vous faites couler le fang humain, périr