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/ire j de tout ce que je puis, vous ces honneurs remercie de toutes , courtoifies a 6* bontéç que vous me uve\[, 6* voiw e« merde. Et a-dit, il prendra congié
du roy. Et fur ce les efcuyers gouverneurs prenndorousn
ta cvoonnsg iféa idt ep aleru lre m coamifmtraen, deemn ednitf daun t,r oSyi r,e a;,i ncfei sc’oiml emjle anionufsi fquufiem nèos uosb lvigoiuesz , aàv onnofsi rde epfopuluv opiarr. Mnéagilsi,
rgoennsc ep,a roduo np.a Dr f’aauittr ee np acr'etfi temps , nous vous requé,
fire , comme veray , droit ceifei nfésl o, nno luess vcoouusfi odmemesa nddeo cnosu rrot b3e s&, &defsie rfoc yà a itmeremse a dne,
comme efcuiers du roy , compaignons aux bacheliers,
6* autres feigneurs. r>.
Telles étoient les cérémonies dont on ufoit autrefois
en faifant un chevalier. Cette réception fe
faifoit toujours avec grand appareil en France , en
Efpagne, en Angleterre, en Allemagne, en Italie.
Il pouvoit y i avoir quelque diverfité pour certains
ufages ; mais le bain , la veille d’armes, la coutume
de chauffer les éperons , de ceindre l’épée , de
changer l’habillement du nouveau chevalier, en lui
faifant quitter celui d’écuyer avec lequel il fe pré-
fentbit a étoit univerfelle. .
On va voir dans l’extrait fuivant de l’iii-fioire de
Charles V I , par l’anonyme de Saint-Denis, que
la plupart de ces cérémonies étoient obfervées en
Flierarsnce. 11 s’agit d’une fête oh ce prince fit cheva
Louis & Charles d’Anjou, fes coufins.
« Le jour d’aller à Sâiht-Denis ayant été' affigné
au famedy premiér jour de mai , le roy y arriva
foleil couchant, & peu après fuiyit- la reine de
Sicile j cluchefïe d’Anjou, accompagnés depuis
Paris de plufieurs ducs & princes dulang, & d'un
grand nombre de chevaliers & de feigneurs , à la
tête defquels marchoient les deux jeunes princes,
fes enfants, qui n’avoient pour lors aucun avantage
que de leur bonne mine & de leur beauté. Leur
équipage étoit auffi modefte qu’extraordinaire ; mais
c’étoit pour garder les anciennes coutumes de la
chevàle rie, qui les obligeoit à paroître en jeunes
efcüyers,vêtus d’une longue tunique de gris brun,
qui leur battoit les talons , fans aucun ornement
defîùs , non plus que fur les harnois'de leurs chevaux
, qui n’avoient pour tout caparaçon que
quelques pièces de la même étoffe , pliffées & attachées
à la felle, en forme de petite bouffe. Cela
fembla étrange à beaucoup de gens , parce qu’il y
en avoit fort peu qui fçuffent que c’étoit l’ancien
ordre de pareilles chevaleries n.
» La reine leur mère étant arrivée en cette pompe,
ils allèrent defcendre au prieuré de l’Eftrée 3 ou
leurs bains étoient préparés en quelques lieux fe-
crets ; & , après 's’y être plongés tout nuds , ils
vinrent fur l’entrée de la nuit laluêr le roi, qui les
reçût fort amoureufement , & qui leur dit' de le
fuivre à l’églife avec leur nouvel habit de chevalerie.
11 étoit tout de foye vermeille;fourré de menu
ver : la robe ou tunique taillée en rond traînoit
jufqu’aux talons , & le manteau fait, en façon de
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chappe ou d’épitoge impériale defcendoit jufques
en terre : enfin rien ne les diftinguoit des autres
princes & des chevaliers , finon qu’ils n’avoient
point de chaperon. Devant & derrière marchoit
luienres grande foule de nobleffe, & les deux cheva
futurs étoient conduits , c’eft à fçavoir le roi
Louis de Sicile par les ducs de Bourgogne &. de
Lorraine , l’un à la droite , l’autre à la gauche »
& Charles fon frère tout de même par le duc.de
Bourbon , & par meffire Pierre de Navarre v.
» Après la prière faite devant l’autel des martyrs
, le roy les ramena dans le même ordre à la
falle royale où le fouper avoit été préparé ; & après
lui prirent place à fa main droite la reine de Sicile ,
les ducs de Bourgogne & de Lorfàine , & le roi
d’Arménie. A main gauche furent afîis le roi de
Sicile & fon frère , &. le relie de la table fut occupé
d’un grand nombre de dames &. de grands
feigneurs , chacun félon fon rang & fa qualité.
Après le fellin , le roi donna le bon foir à la compagnie
pour s’aller repofer ; & les deux jeunes
princes furent reconduits devant les corps faints
pour y faire la veillée. C’étoit une règle ancienne
que les pourfuivants de chevalerie palfoient la
nuit en prière dans l’églife ; mais on adoucit la
rigueur de la loi en-faveur de la jeunelTe de ces
deux-ci ; ils en furent quittes pour fort peu de
temps , à la charge de fe venir rendre le lendemain
à leur faélion de fi bon matin qu’il femblât qu’ils
n’en euffent bougé à ceux qui les viendroient relever,
& qui en effet les troùvèrent profternés &
en grande dévotion ».
« On les ramena au logis pour fe repofer , en
attendant la meffe qui fut chantée pontificalement
par meffire Ferry Caffinel, évêque d’Auxerre, &
où le roi arriva revêtu d’un long manteau royal,
avec une appareil auffi digne de fa qualité que de
la magnificence d’une fi.grande cérémonie. 11 marchoit
à la tête de touts les grands & dé toute la
nobleffe de fa cour , & avoit devant les déux
principaux écuyers de fa garde , qui portoient leurs
épées nues par la pointe & la garde en haut d’où
. pendoient deux paires d’éperons d’or. Ils entrèrent
par la porte qui va du cloître dans l’églife ; & le
roy de Sicile & fon frère , accompagnés comme
le jour précédent, le fuivirent devant l’autel des
bienheureux martyrs , où l’on attendit quelque
tems l’arrivée des reines de France & de Sicile,'
pour commencer la meffe qui fe chanta du didmoamncinhie
, & où l’on prit pour introït'rnifericordias , &c. félon l’ordinaire des fêtes doubles. La
meffe finie , l’évêque s’approcha du roi, & en fa
préfence. les deux jeunes princes fe mirent à genoux
, pour fupplier fa majefté de leur donher la
colée, &. dé les faire nouveaux chevaliers : il prit
leur ferment ; il leur ceignit le baudrier de çheVa-
lerie ; il commanda au lire de Chauvigni de leur
chauffer les éperons., &,la cérémonie s’accomplit
par la bénédiélion de l’évêque ; après laquelle on
les conduifit avec le Roi en la falle-desfeflins,‘où
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toute la journée s’acheva en bonne chère, en bals,
& en toutes fortes de jeux & de rejouiflances ».
» Le lendemain jour de lundi, troifième du mois
de mai qui avoit été defliné pour les tournois,
les vingt-deux chevaliets que le roi avoit choifi’s
entre toute la nobleffe , comme les plus bravés &
les plus adroits, vinrent en bel équipage d’armes
& de chevaux, fur les trois heures après mid i,
ialuer fa majefté dans la première cour de l’abbayè
de Saint-Denis. Ils avoient l’écu verd pendu aù
col avec la devife gravée en or du roi des Cattes ,
. étoient fuivis chacun de leur écuyer qui por-
Jeurs armes & leurs lances. E t , afin d’enchérir
plutôt que de rien oublier de tout ce qui fe publie
i-e plus magnifique des joutes & des pas d’armes
ces anciens paladins & chevaliers errants, ils attenduent
les dames que le roi avoit deftinées pour les
conduire aux lices, & qui s’y étoient préparés
avec des habits de la même livrée , qui étoit d’un
verd brun brodé d’or & de perles. Elles les vin-
rent joindre, montées fur de beaux palefroys ; & ,
s ils m eft permis d’emprunter les termes de la fable
pour fatisfaire en peu de mots à la defcription de
ce merveilleux arroy, je ne dirai pas qu’il fembloit
T;ieS e ftnfent autant de reines, mais autant de
» ee . > car il n’y avoit perfonne qui ne pût dire ,
a voir enfemble tant de beautés, tant de richeffes,
^ tant de majefté , que les fixions des poètes n’en
donnent qu’une groflïère idée dans touts leurs ouvrages.;
& que c’étoit quelque chofe de plus au-
guiie que toutes les aüèmblées des divinitez du
pagamime. ». Ainfi fe faifoient les chevaliers en
emps de paix. On n’en a guères retenu que la co-
a e quelques autres formalités faciles à obfer- i
v e r , dans la création des chevaliers , pour les ordres
de chevalerie inftitués depuis par divers princes. !
truand on faifoit un chevalier à l’armée , on
omettoit la plûpart de ces cérémonies, parce qu’on
écrit0 N?aV e l l r de les obferver. Voici ce qu’en
CharlesVn^ n Pt° ” • qU1 vivoit du temPs de
Hdam y iLi “ ° dPe VCfien0t ito ’u daipt~rièls» duens cahffeavuatl-i emrs pmenpaux
chpf°l!( e .?eHe^a l> ou quelqu’un des princi-
cet honne’ I arî“ ee’ Celui qui devoit recevoir
B ’ ten“ ‘ épée à la main ! venoit
dok la Z a? Pnncre ou au g^ é ra l, & lnideman-
do.t la cheyalene Le prince prenoit cette épée;
coup d e T t aJ e 1’ eS’ deUrX ma‘ns > Iui d°nn^t un
S l t f de ^ P é e iS c , en le frappant ainfi,
Æ ™ tduno,m d e : enfuite ilnommofr
d etre frit t Val,lcr Pour gaufrer à celui qui venoit
dans I’tit sc .eP ;ron5 tlores & l’accompagner
dans 1 afraut. St l’on n’étoit pas encore prit à'
donner 1 affaut, & que l’on travaillât afluelllment
a mmet la muraille, le nouveau chevalier devofr
l h 'Z u e * T . ’ & VeUler dam k mi"e avec le vieux
(e fri(V .3 eille *en°.it lieu de celle des armes qui
lorfoue ’ S' UneégF e ’ ou dans une chapelle,
lorique la ceremonie fe paffoit hors du camp. Elle
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fuppleoit aufîi à l’affaut, parce qu’on fe battoit
fouvent dans ces mines , qui étoient beaucoup
plus vaftes que celles d’aujourd hui.
On faifoit suffi des ch ev a lie r s , quand on étoit
fur le point de donner une bataille , & que les
deux armées étoient prêtes d’en venir aux mains j
& o n obfervoit les mêmes cérémonies. On voit dans
Froiffart, dans Monftrelet , & d’antres anciens
écrivains de notre hiftoire plufieurs exemples de
cet ufage. Le premier de ces hiftoriens rapporte
que Philippe de Valois , & Edouard, roi d’Angle-
terre, étant a la tête de leurs armées, à Viron-
fofle dans la Tferache, prêts à en venir aux mains ,
un lreyre .s’éleva aux premiers rangs de l’armée
françoife ; les foldats ayant fait de grandes huées ,
on crut à l’arrière-garde que l’on commençoit à
le battre ; qu’auflîtôt chacun prit les armes ,* on y
fit plufieurs chevaliers ; & le comte de Haynault
en fit quatorze. Cependant la bataille ne fé donna
point, & les chevaliers créés à cette occafion fii-
fent toujours appellés chevaliers du lièvre.
Non feulement le prince, le général d’armée
les grands feudataires de la couronne ponvoienc
faire des chevaliers ; mais les chevaliers parriculiers
etoient en droit de conférer le même honneur, '
pourvu que ceux qui le reçevoient euffent les
qualités requilcs.
Les chevaliers pouvoient même en faire d’autres
parmi les ennemis ; & celui qui avoit été fait de
la forte étoit reconnu pour tel dans fa nation.
Après que la fameufe pucelle eut fait lever le
iiege d’Orléans , le comte de Suffolk, un des généraux
anglais fut pris au fiège de Jargeau par
Lruillaume Renaud. Avant de fe rendre il lui
demanda , es-tu gentilhomme ? O u i, répondit Renaud.
Es-tu ch evalier ! Non. Je veux que tu la
lois, avant que je me rende. 11 lui donna la colade .
lui ceignit l’épée , & fe rendit à lui.
Les chevaliers étoient au commencement de la
troifieme race , & -furent plufieurs fiècles après
dans la pius haute confidération : on leur donnoit
toujours le titre de monfeigr.eur, ou de meffire
Ion en leur parlant , foit en parlant d’eux , ainfi
qu on le voit dans nos anciens hiftoriens & dans
les montres de gendarmerie. On leur y donne tou-
jours cette qualité ; au lieu que les autres , fuffént-
ils de la plus ancienne nobleffe, n’y font défignés
que par leur nom. Les fimples gentilshommes
& meme ceux de la plus grande qualité qui n’é-
toient point encore ch eva lier s , leur rendoient des
reipetls qu’a peine on rendroit aujourd’hui aux
princes du fang : les rois même les traitoïent de
monleigneur.
j'UEtî)OUi.rd i1 O -?n ufa de cette manière à l’égard
d Euftache de Ribaumont, qu’il prit dans un combat
auprès de Calais. Ce prince le fit fouper à fa table
avec d autres ch evaliers qui avoient auffi été pris •
&: fur la fin du repas, après avoir fait l’éloge de
leur vaillance , il parla ainfi à Ribaumont ; aM e f-
hre Euftace, vous êtes le chevalier du monde que