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fe montrent dans toutes vos a&lorts ~9 dans touts 1
vos propos, & bientôt nous vous verrons fur un I
théâtre plus élevé jouer un rôle plus confidérable. |
Pour y parvenir , vous n’aurez été obligé ni de
mendier ni d’acheter la prote&ion de quelque
femme ou de quelque homme enfaveur. Vos rivaux
n’auront pas été humiliés par votre élévation ; vos -
envieux n’auront point ofé , même dans le fecret
de leur coeur, blâmer le choix du prince ; la nation
& l’armée témoigneront par leur confiance
& leurs applaudififements qu’elles vous aiment,
qu’elles vous eftiment ; & de nouveaux fuccès
vous alTureront avant peu les brillantes récom-
penfes .que l’équité décerne aux héros.
Pour les devoirs & le fervice des brigadiers.
Voye^ Se r v ic e de c am pagne .
En général ces officiers doivent maintenir la
difcipline dans leur brigade , comme chaque colonel
dans l'on régiment. N’étant point officiers
généraux, ils n’ont point d’aides de camp : un
major de brigade reçoit & fait exécuter leurs ordres,
& eft charge des détails du fervice de toute la brigade.
Il n’y a que les brigadiers de jour qui entrent
à l’ordre , & ce n’eft que pour la promptitude du
fervice. Ils n’entrent point dans les confeils : ceux-
ci ne font compofés que d’officiers généraux.
Pour completter ce que nous avons annoncé fur
les brigadiers qui font officiers fupérieurs , il nous
refie encore à parler des chefs de brigade des gardes
du corps , du corps royal de l’artillerie , du corps
royal du génie , & des carabiniers ; mais, comme
pour mieux faire connoître ces différents corps „
nous avons cru devoir réunir fous le même mot
tout ce qui les concerne, nous renvoyons pour les
chefs de brigade des gardes du corps du roi, au mot
G a r d e s du corps du r o i ; pour ceux d’artillerie,
au diélionnaire d’artillerie ; pour ceux du
corps royal du génie , au mot G énie ; & pour
ceux des carabiniers, au mot C a r a b in ie r s *
S E C T I O N I L
Des brigadiers qui font officiers particuliers.
Les mêmes raifons qui nous ont déterminés, à
ne pas parler des différents, chefs de brigade dans
la première feci'ion de cet article, nous engagent
auffi à renvoyer les droits, les devoirs , les con-
noiffances, les qualités des brigadiers qui font
officiers particuliers , aux articles qui font confé
r é s aux corps dont ils dépendent.
Pour les brigadiers, des gardes du corps du ro i,
voye^ G a r d e s du c o r ps du r o i .
Pour les brigadiers des gardes de la porte du r o i,
voye^ G ard e s de la po r te , du r o i .
Pour les brigadiers des gendarmes de la garde
du r o i , voye^ g en d arm e s de l a G a r d e du
ROI j.é'C.
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S E C T I O N yÉjj
Des brigadiers qui font bas - officiersl
Il y a comme nous l’avons vu plus haut dif^
férentes efpèces de brigadiers qui font bas-officiers*
Nous traiterons ici des droits , des devoirs , des
connoiffances des fix premiers, & renverrons le
feptième au mot maré chaussé e. Nous ne ferons
pas un article particulier pour chacune de ces fix
efpèces de brigadiers, parce que les différences
qui les diflinguent font peu confidérables, & même
prefque infenfibles. S’il s’en rencontre néanmoins
quelqù’une qui mérite d’être remarquée , nous
aurons foin de la diftinguer.
Nous efpérons qu’en faveur de leur utilité , on*
nous pardonnera les nombreux détails oh nous
allons entrer, & la longueur de cet articlequand-
on aura obfervé que nous avons réuni dans cette
troifième fe&ion , prefque tout ce que nous avions
à dire fur les connoiffances & les qualités des
bas-officiers. .
Les brigadiers occupent parmi les bas^officiers
des troupes à cheval le même rang que les caporaux
dans l’infanterie , c’eft-à-dire le dernier. J
. Ils commandent touts les cavaliers, & ils font
fubordonnés à touts les maréchaux-des-logis.
Ils font particulièrement chargés de la conduite
de huit, dix, douze ou treize hommes qui forment,
enfemble dans la Compagnie une fubdivifion ap-
pellée brigade.
S i , du rang que les brigadiers occupent dans
l’ordre militaire, on concluoit que leurs connoiff*
fances. & leurs qualités font indifférentes au bien
du fervice , on feroit un rationnement auffi faux
que fi l’on prétendoit pouvoir fe difpenfer de
donner de la folidît-é aux fondements d?un édifice
parce qu’ils font cachés à la vu e , & n’avoir befoin
ni de choifir ni de tailler les pierres fur lefquelles
doivent pofer les colonnes deftinées à foutenir un
vafle portique , parce quelles n’ajoutent rien à
la beauté de fes proportions. C ’eft en effet des
brigadiers dans les troupes à. cheval, comme dés
caporaux dans l’infanterie que dépendent princi?»
paiement i’exaâitude de la dilcipline , la bonté de
l’inûruâion, la folidité de la tenue & la précifion
des évolutions. Ce font eux qui rendent adroit le
laboureur vigoureux , qui font acquérir de là force
à l’artifan efféminé , &. qui donnent- de la docilité
au citadin indépendant. Ils animent du même ef-
prit touts ces’ êtres différents; ils rendent leurs
âmes fufeeptibles des impreffions de la gloire ;
ils leur infpirent un courage qui peut tout entreprendre
, & une confiance capable de tout exé«*
euter ; ils leur rendent l’obéiffance facile & le joug,
léger ; ils leur font aimer leurs chefs & chérir leurs
devoirs ; en un m o t, d’un afîemblage confus,
d’hommes,,.pour la plupart- mercenaires, libertins,
lâches, ou téméraires A ils font une troupe de folffats,
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braves, rigoureux | bien difciplinés, &bien exercés.
Plus les objets auxquels nous donnons notre
attention font éloignés de nous , plus ils font multipliés
, & plus il nous eft difficile de les connoître ,
de faifir les différences qui les diflinguent, & de
faire paffer jufqu’à -eux les impreffions que nous
voulons leur donner. Les brigadiers n ayant a
furveiller qu’un petit nombre d’hommes , qu ils ne
perdent jamais de v u e , parce qu ils couchent ans
fa même chambre & vivent au même ordinaire ,
ont par conféquent beaucoup d’avantage lur les
officiers & fur le refte des bas-officiers : ils peuvent
donc aifément retendre dès le premier mitant de
fon relâchement le plus petit des refforts dont elt
compofée la machine compliquée de la dilcipline ,
ils peuvent prévenir les fautes les plus legeres, en
donnant à ceux qui pourroient les commettre des
confeils fages, des leçons utiles, & des exemples
falutaires ; remédier aux abus les moins conüde-
rables, en reprenant ou en puniffant ceux qui en
font les auteurs ; diftinguer celui qui a manque a
fon devoir, parce qu’il n étoit pas inftruit, d avec
celui qui a péché par défaut d’attention ou de
volonté : animer celui-ci, retenir celui-là, foutenir
un autre. Et qui ne fçait que ce font ces petites
précautions qui entretiennent l’ordre & 1 harmonie
dans^touts les corps , & que ces petites çaufes
réunies prodüifent les grands effets qui etonnent
quiconque ne connoît pas les détails militaires. Je
ai’héfite pas à le dire : un régiment qui feroit dépourvu
de bons officiers particuliers & de bons
maréchaux-des-logis , mais dont les brigadiers xz-
pondroient à l’idée qu’on doit en concevoir, leroient
mieux tenus , mieux difciplinés , qu’un regiment
dont les officiers & les maréchaux-des-logis feroient
excellents , mais dont les brigadiers feroient mauvais.
Pour nous convaincre de cette vérité , parcourons
les devoirs qui font impofés aux brigadiers.
Devoirs des bas officiers qui font brigadiers.
Les devoirs d’un brigadier commencent avec le
jour, & ne finiffent que long-temps apres le commencement
de la nuit. A peine ce bas officier eft-il
le v é , à peine a-t-il donné quelques foins a fa per-
fonne , qu’il doit obliger touts les cavaliers de fa
brigade à fe le v e r , en faire l’appel, &. en aller
rendre compte au maréchal - des - logis de fa fub-
divifion. Il fait auffi-tôt après ouvrir les fenêtres
de fa chambre pour en renouveller l’air , refaire
les lits, balayer , & remettre tout en bon ordre. Il
veille enluite à ce que les cavaliers fe peignent &
s’habillent. Les anciens foldats ne lui donnent pas
beaucoup de peine ; mais les hommes nouvellement
enrollés exigent de fa part une furveillançe
continuelle ils ne fçavent, pour la plupart, ni fe
peigner, ni le chauffer, ni s’habiller. Il faut donc
qu’il examine fùcceffivement chacune des differentes
parties de leur habillement, pour s’affurer
qu’ils les ont mifçs comme elles doivent l’être,
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qu'ils en ont fecoué la pouflière, enlevé les tiches,
réparé les trous & les découfures.
Cette infpeélion étant terminée, il oblige chaque
cavalier à renfermer dans fon porte-manteau les
, objets dont il a eu befoin. Il va au râtelier des
armes ; il examine fi elles font en bon état. S’il y a
: quelque réparations à faire , il en rend compte à
fon maréchal-des-logis. - . .
11 s’occupe enfuite des hommes de ta brigade
qui ne fçavent pas démonter & remonter leurs
armes ; enlever la rouille ou en prévenir les effets ;
blanchir leur buffleterie ; noircir & polir leur
giberne ; entretenir & réparer les différentes parties
du harnois du cheval. Pendant qu’il leur donne
ces leçons, qu’on peut appeller phyfiques, pourquoi
ne leur donneroit-il pas auffi des leçons
moralés ? 11 pourroit leur parler de la force &
de la faînteté de l’engagement qu ils ont contraéle ,
de l’amour que méritent la.patrie & fon chef; de
l’obéiffance complette qu’ils doivent à leurs officiers
& à leurs bas officiers, & des égards que leurs
camarades ont droit d’attendre d’eux. C ’efl: dans
ce moment que le brigadier doit indiquer a fos
cavaliers la conduite qu’ils doivent tenir dans les
différentes circonffances de l’état qu’ils ont em-
braffé ; & leur faire connoître les punitions auxquelles
ils s’expofent en négligeant leurs devoirs.
Cette inftruÛion étant terminée , il leur apprend
ce qui eft relatif à la maniéré de panfer le cheval,
de le feller, de lui faire les^ crins, & c . Jufqu’ici
l’homme nouvellement, enrôlé ignore encore l’art
de manier les armes , de conduire un cheval,
de marcher le pas militaire. Il ne connoît ni les
devoirs du foldat lorfqu’il eft de garde, ni ceux du
- foldat qui eft en fa â ion , ni ceux du cavalier qui
eft en vedette. Combien de -détails, touts intéref-
fants, touts indifpenfables ! Ils pourroient feuls
confumer les journées du brigadier. >
Cependant il eft obligé de les perdre de vue ,
pour s’occuper d’autres objets qui font confiés a
fes foins. 11 eft chargé de pourvoir à la fubfiftance
des cavaliers de fa brigade : il a reçu des mains des
officiers de fa compagnie l’argent deftiné au prêt.
( Voye{ P rêt ). Il eft allé avec un de fes cavaliers
chercher les denrées qui lui font néceffaires ; il a
• choifi les vivres avec difcernement ; il les a achetés
avec économie , & il a varie autant qu il 1 a pu les
mets qui font deftinés à fa brigade , pour prévenir
les dégoûts qui fuivent la monotonie. Il na
jamais mené avec lui deux fois de fuite le même
cavalier, afin qu’on ne puiffe pas même le foup-
çonner de détourner à fon profit la' plus, légère
partiel de la fubfiftance de fes fubordonnés. Il a
infcrit fur un livre deftiné à cet objet, en préfence
du cavalier qui l’a accompagné, la quantité & le
prix des denrées qu’il a achetées : & pour que fes
officiers publient aifément vérifier fi fon état eft
jufte, il a mis auffi par écrit le nom du cavalier
I qui a été témoin des achats qu’il a faits. I l ne
| lui refte donc plus qu’à veiller a ce que le cavar