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breufe. On prend la même précaution j quand un
grand corps d’armée s’approche des lignes ou d’un
camp. L’armée françoife coucha au bivac pendant
plus de quinze jours , quand le Prince Eugène
s’approcha des lignes de Philisbourg en 1734. Dans
la même année la garnifcm de Dantzik , craignant
à chaque inftant un affaut de la part des Ruffes,
paffoït au bivae toutes les nuits.
Cette veille fatiguant beaucoup les troupes, il
ne faut en faire ufage que lorfqu’un danger réel
la rend abfolument néceffaire : on voit quelquefois
a la guerre des généraux dont le manque d’af-
furar.ce s’exagère le danger & le befoin des précautions.
BLINDAGE. Efpèce de toit fait avec des claies
& des fafcines Emportées par des blindes & recouvertes
de terre. On emploie cette efpèce de dé-
fenfe à la tête des tranchées, lorfqu’elles ne font
plus qu’à douze ou quinze toifes du chemin couvert.
On fe fert auili des blindages dans les ouvrages
en terre, dans les maifons & dans les villages
qu’on retranche , afin de n’y être ni vus ni commandés
, & pour communiquer à couvert d’un endroit
à l’autre.
B L IN D E , efpèce de chaffis compofé de quatre
pièces de bois rondes ou quarrées , dont deux ont
cinq ou fix pieds de long, & les deux autres environ
trois pieds ; les unes & les autres trois ou quatre
pouces de diamètre. Les plus longues font pointues
par les deux bouts fur quinze pouces de pointe. On
plante ces chafiïs des deux côtés de la tranchée ou
de tout autre endroit qu’on veut couvrir : on pofe
deffusdes claies, ou des fafcines, & on les recouvre
de terre.
BLOCUS. Occupation des avenues d’une place,
pour empêcher les fecours en troupes & en vivres
d’y entrer, & la prendre par famine.
On voit qu’un blocus doit être fort long, lorsqu’une
place eft bien munie : auffi ne prend-t-on
guère le parti de réduire une place par ce moyen,
qu’on ne foit informé que fes magafins font dégarnis,
ou bien lorfque la nature & la Situation de la
place ne permettent pas d’en approcher pour faire
les attaques à l’ordinaire.
Les blocus fe forment de deux manières : fim-
plement, en fortifiant ou occupant des poftes à
quelque diftance de la place ; principalement fur
les bords des rivières, au-deffus & au-deffous,&
fur les grands chemins & les avenues. Dans touts
ces poftes on tient de l’infanterie & des corps de
cavalerie ,lefquels fe communiquent entr’eux pour
veiller à ce qu’il n’entre point de vivres dans la
place bloquée ; ou les befoins , augmentant touts
les jours, en font déferter la garnil'on, y caufent
des murmures & des fôulèvements, qui fouvent
forcent le gouverneur à fe rendre par capitulation.
Le fuccès de cette efpèce de blocus fe fait longtemps
attendre ; parce qu’il eft prefque impoflïble
d’empêcher qu’il n’entre quelques v ivre s,qu i foîit
b o 1
au moins prendre un peu de patience aux affiégés.
Son avantage eft bien plus fenfible, quand, après
avoir ainfi bloqué une place de loin pendant un
temps confidérable , on en forme enfuite le fiège ;
parce qu’on la trouve plus aifément dépourvue
de bien des chofes néceffaires à fa défeni'e.
L’autre efpèce de blocus fe fait de plus près,
par des lignes de circonvallation & de contrevallation
dans lefquelles l’armée fe place ; lorfque,
par exemple, après le gain d’une bataille l’ennemi
s eft retiré dans une ville qu’on fçait n’être pas bien
pourvue de vivres & qu’on préfume de pouvoir.
affamer en peu de jours.
Ce cas n’arrive pas ordinairement ; parce qu’il
feroit trop, imprudent à un général battu de s’expo-
fer à perdre le refte de fon armée , en s’enfermant
ainfi dans une mauvaife place. Ainfi l’ufage des
blocus fe trouve beaucoup plus fouvent dans la
première efpèce que dans la fécondé. (Mémoires de
Feuquières f
B O I S . Au lieu de bois en nature qui eft fourni
aux troupes fur les frontières , on donne dans les
villes de l’intérieur du royaume , fur le fonds du
tréforier de l’extraordinaire des guerres, fix deniers
a chaque foldat & dragon ; huit deniers à chaque
cavalier ; un fou à chaque gendarme & chevau-
léger ; & fix deniers de plus à leurs brigadiers ou
fergents. On ne donne' ce dédommagement que
lorlque les troupes font cafernées , & feulement
pendant chacun des mois de novembre, décembre,
janvier , février , & mars : pendant les fept autres
mois, elles n ont que la fimple paye.
Lorfqu’on fournit le bois en nature , on délivre
touts les cinq jours par chambrée de cinq foldats ,
cavaliers, ou dragons, une mefure de gros bois de
trois pieds &. demi de circonférence ; le bois de trois
pieds huit pouces de longueur, avec deux fagots
de trois pieds & demi de longueur fur dix-fept à
dix-huit pouces de tour, garnis de leurs parements,
& au-dedans , de bois, & non de feuilles : on
prend la corde de bois, de quatre pieds de hauteur
fur huit de longueur, pour trente-fix mefures de
trois pieds & demi de circonférence chacune.
Dans la plupart des places, les troupes reçoivent
pendant l’été la moitié du chauffage d’hiver.
Dans les villes du dedans du royaume , où les
troupes font en quartier, ou logent en route , on
établit un corps-de-garde au rez-de-chauffée fur
la place : on y délivre chaque jour tant pour
l’officier que pour les foldats un faifceau de gros
bois de trois pieds fix pouces de circonférence , &
trois pieds quatre à cinq pouces de longueur ; deux
fagots de pareille longueur , & d’un pied & demi
de circonférence , & une livre de chandelle. On
ne donne que la moitié de cette quantité pendant
l’été. Lorfque la garde n’eft que de fept ou huit
hommes , on n’en fournit que les deux tiers.
Dans les camps de difcipline , on délivre neuf
cordes de bois , & un tiers de corde pour dix
jours à chaque bataillon, tant pour les officiers
b o 1
fergen«, & foldats. que pour les corps-de-gardes
de la tête du camp , du piquet, & des autres
poftes ; & deux cordes cinq fixièmes à chaque
efcadron.
Lors de cette ordonnance les bataillons étoient
de 685 hommes, &. les efcadrons de 160.
Louis X V , informé que dans plufieùrs villes &
places de fes provinces frontières, les entrepreneurs
des chauffages & lumières des corps-de-gardes
de fes troupes etrployoient dans les états de leurs j
fournitures un plus grand nombre de corps-de- ^
gardes que ceux qui étoient occupés , & retiroient
par ce moyen le prix d’une dépenfe fuppofee ,
enjoignit au major de chaque place de remettre
au commencement de chaque mois, ( ce qui a
commencé au mois de juillet de la même annee, )
au commiffaire des guerres chargé de la police de
la garnifon, fur. fa réquifition, un état des corps-
de-gardes qui doivent être occupés pendant ledit
mois ; & de certifier 6c figner cet état. ( Ord. du
18 juin 1746.). Lefdits corps-de-garde y doivent
être fpécifiés par les noms des poftes , ôt autres
endroits où ils font établis ; en diftinguant ceux
qui font affeéiés aux officiers de garde , d’avec
ceux deftinés pour les foldats , dont le nombre
de ceux qui y montent eft pareillement fpécifié.
Les commiffaires des guerres font chargés de
vérifief par d’exaéfes revues l’aéhielle occupation
defdits corps-de-gardes, le nombre d’officiers ôc
de foldats qui y font employés, ôt le temps pendant
lequel cette occupation fubfiftera ; ils doivent en
conféquence arrêter un état définitif des quantités
ôt qualités de bois ôt de lumières qui auront été
fournies par l'entrepreneur. Ils envoyent, dans les
dix premiers jours du mois fiiivant, un double
figné d’eux de cet état à l’intendant du département
, pour être par lui ordonné en conféquence
de ladite fourniture, fi elle eft fur le compte du
roi j un autre double au miniftre , & un troifième
aux magiftrats de la v ille , au cas quelle foit chargée
de ladite fourniture. • '
B o is en campagne. Le bois eft d’un ufage abfolument
néceffaire pour les armées , tant pour cuire
les aliments, que pour chauffer les hommes, quand
les chaleurs font paffées , ôt pour les fécher après
les pluies.
Tandis qu’on dreffe le camp, il eft commandé
quelquefois un capitaine, le plus fouvent un lieutenant
, ôt le nombre de fergents & de foldats
néceffaires par chaque bataillon , pour aller au
bois & à la paille dans les lieux indiqués par le
major général à celui de la brigade ; ôt les foldats
ne vont jamais à aucune fourniture , fans être
conduits par des officiers qui les contiennent, les
ramènent, ôt répondent des défordres.
En campagne le général fait veiller à la conféra
i 0!1 des bois de charpente , & oblige les foldats ,
cavaliers , ôt dragons , de s’abftenir de la deftruc-
tion des édifices , en les faifant conduire pour
aller faire du bois, ôt en les forçant de fe contenter
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du bois fec de chauffage qui peut fe trouver dans un
pays, pour aider à faire brûler le bois qu’ils coupent.
L’obfervation de cette difcipline produit de grands
avantages pour une armée dans les fuites d’une
guerre , puifqu’elle empeche 1 abandon du pays ,
ôt facilite la culture des terres.
La dégradation des bois eft mifé au nombre
des délits*militaire s , punie corporellement fuivant
les anciennes ordonnances, ôt celle du premier
Juillet 1727 , fur-tout celle des arbres fruitiers. (J.).
BO ITE . On donne dans le fervice des places
le nom de boîtes à un petit tronc en bois ou en
fer battu, dans lequel les officiers ôt les bas-officiers
de ronde Ôt de patrouille font obligés de dépofer
les marrons qu’on leur a donnés. Le couvercle
des boîtes eft fermé par un petit cadenat. Lorfque
le marron eft dans la boite, on ne peut len faire
fortir qu’en ouvrant le cadenat.
Le caporal de configne porte touts les matins
à neuf heures chez le major de la place les boîtes
des rondes êtdes patrouilles ; cet officier les ouvre,
compte les marrons, & examine s’ils ont été placés
comme ils doivent l’être : il peut vérifier de cette
manière fi toutes les rondes & toutes les patrouilles
ont été faites, ôt fi elles l’ont été dans l’ordre
prefcrit. *
Le caporal de configne rapporte enfuite fes
boîtes au corps-de-garde , & il les place après
que la retraite eft battue , a l’endroit qui lui a
été ordonné par le major de la place.
Les officiers détachés dans un ouvrage en terre ,
dans une maifon , ou dans un village , peuvent
fuppléer aux boîtes ôt aux marrons par les tailles
dont certains marchands font ufage pour marquer
la quantité des denrées que l’acheteur a prifes
chez le vendeur. ( Voyez ouvràge en terre, feét. V ,
de la maniere de garder & défendre un pojle )• ( C )•
BONN ET DE PRÊTRE. Ouvrage à double
tenaille, dont les ailes prolongées vers le corps
de la place , formeroient un angle. Voyez T en
a il l e .
BO N N E T T E . Voyez F lè ch e .
B O U C L I E R . Arme défenfive des anciens.
Voyez Diél. d’aritiq. ôt l’article A rmes.
BOULEV ARD.. Rempart d’une place aflïégée.
Ce mot n’eft plus en ufage. On défignoit auffi par
ce nom plus particulièrement un ouvrage confirait
devant chaque porte pour en éloigner l’ennemi^
la préferver d’une attaque foudaine , & empecher
qu’on y mît le feu. C e t ufage fubfiftoit avant Ve-
gèce. On fit dans ce r auteur : fed amplius prodeft
quod invenit antiquitas, ut ante portam addatur pro-
pugnaïulum. Cet ouvrage avoit en partie 1 effet de
nos demi-lunes. • .
BO U RD ON . Efpèce de groffe lance dont fe
fervoient nos anciens chevaliers.
BOURDONNASSE. Groffe lance creufe.
BO URGUIGNO TE . Voye^ He a um e .
BOUTE-SELLE. Signal donné dans la cavalerie
par un air de trompette, pour que les ca-
X x ij