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le lieutenant en fécond & le fécond lieutenant.').
Lors de la création des chajjeurs, chaque compagnie
du même régiment fournit, pour les former
un nombre égal d’hommes : aujourd’h ui, pour réparer
la confommation journalière, on choifit dans
le nombre des recrues ceux qui parodient les plus
propres à ce genre de fervice.
Nous ne parlerons ni des connoiffances né-
cefî'aires aux officiers qui commandent les compagnies
des chajjeurs , ni des qualités propres aux
hommes qui les compofent ; leur fervice ne diffère
pas‘allez de celui -du relie de l’infanterie , pour
que nous en parlions en détail. Voyei l ’article
.Ca p it a in e .
Armes & habillement.
Les chajjeurs font armés comme le relie de l’infanterie
françoife ; ils ont cependant de plus que
les fufiliers un- fabre femblable à celui des grenadiers
; leur habit ne diffère de celui du relie des
fantaffins que par l’épaulette , la contre-épaulette ,
6 les retroulîis. L’épaulette & la contre-épaulette
font en drap vert doublé de blanc, au lieu d’être
en drap blanc . & liferées de la couleur diftinélive
du régiment ; les retroulîis portent la figure ^’un
cors-de-challe au lieu de celle d’une fleur de lys.
Service des chafleurs en paix & en pierre,
~ Lorfque les compagnie de chajjeurs eurent été
formées, quelques-unes prétendirent qu’elles dévoient
faire le meme fervice que celles de grenadiers
, & être, comme elles , difpenfées des
corvées. On demanda au miniflre de la guerre
une décifion relative à cet objet; il répondit, le
1 5 février 1777 , « que les prétentions des chajjeurs
étoient abfolument mai fondées ; que les chajjeurs
ne font que des fufiliers, & qu’ils font par çon-*-
féquent tenus à faire le fervice fans diftinélion en
temps de paix. ».
Les chajjeurs font donc actuellement le fervice
comme les fufiliers ; la feule prérogative dont ils
jouiflent efl celle d’aller, alternativement avec les
grenadiers, chercher & reconduire les drapeaux.
Comme les troupes françoifes n’ont point eu d’of-
donnance de'campagne depuis la création des compagnies
de chajjeurs., on ne peut encore dire quel
fervice elles feront à la guerre ; nous le ferons
connoître dès l’inflant ou l’ordonnance qui doit
le régler aura paru.
Des chafleurs pendant la dernière pierre.
Avant 1760, les chajjeurs n’étoient point connus
dans l’infanterie françoife ; à cette époque M. le
/maréchal de Broglie en forma une compagnie dans
chaque bataillon de l’armée qu’il commandoit. Cette
compagnie avoit pour officiers un capitaine & un
lieutenant; pour hï\$ - officiers *1 eux fergems &
quatre caporaux ; elfe étoit compofée de cinquante
’ foidats. La bravoure , l’agilité , la taille
légère, Ôc une volonté décidée , étoient les qualités
que l’on exigeoit dans les chajjeurs , & dans leurs
officiers : ils faifoient le même fervice que les
grenadiers , & on peut dire à leur gloire qu’ils approchèrent
beaucoup de leurs modèles.
( Le 4 janvier de cette même année , il parut
une ordonnance du roi pour la levée de deux corps
de chajjeurs à pied , deflinés à être joints , l’un
au régiment de houflards de Berchiny, l’autre à.
celui de Turpin.
Les deux corps furent compôfés chacun de cinq
compagnies, dont une de grenadiers de foixante
hommes, & quatre de fufiliers de cent hommes,
chacune. Dans ce nombre furent compris, pour
les grenadiers*, trois fergents, quatre caporaux
quatre anfpeflades, & un tambour ; pour les fufiliers
, quatre fergents, fix caporaux , fix anfpef-
fades, & deux tambours. Chaque compagnie ,
tant de grenadiers que de fufiliers , fut commandée
par un capitaine , un lieutenant, & un fous-
lieutenant.
L’état-major fut compofé d’un lieutenant-colonel,
commandant fous l’autorité du meflre-de-camp du
régiment de Houflards , & d’un aide-major. Le
corps de chajjeurs attaché au régiment de Berchiny
fut commandé par M. Dorigny ; l’autre par M.
de Grandpré.
Une ordonnance du 7 mars 1761 prefcrivit la
levée d’une compagnie de chajjeurs à pied , compofée
de huit fergents, douze caporaux, douze anfpeflades
, cent foixante-quatre chajjeurs, & quatre
tambours; & commandée par le fleur Poncet en
qualité de capitaine , deux capitaines en fécond,
deux lieutenants , & deux fous-lieutenants. L’armement
fut un fufil avec fa baïonnette &. une
épée. ).
De la dejlination des compagnies de chafleurs.-
On a cru, pendant quelque temps, que le projet
du miniftère' étoit de réunir les compagnies de
chajjeurs à pied 3 pour én former des corps fé-»
parés , ainfi qu’on l’a fait pour les chajjèurs à cheval.
Les officiers qifi efpéroient être mis à la tête de
ces nouveaux régiments defirèrent feuls que ce
projet fût exécuté. La réunion des chajjeurs auroit
été en effet à charge au tréfor militaire , parce
que là création de plufieurs états - majors auroit
augmenté fes dépenfes : elle auroit été préjudiciable
à l’infanterie françoife , parce que ces nouveaux
corps d’élite auraient abforbé une partie des
récompenses & des honneurs qui lui font defti—
nés. Cette réunion auroit enlevé à chaque régiment
d’infanterie , i° . fes meilleurs foldats, les
bas - officiers les plus intelligents , & fes officiers
les plus diftînguçs : elle n’auroit point amélioré
lé fort des chajjeurs ; & , loin d’augmenter leu?
vjdeur, & d§ donner dé l’énergie à teur efpri^
militaire , elle l’aurait au ^contraire éteint, ou du
moins affoibli'. Ces compagnies de chajjeurs , ainfi
réunies, n’ayant plus’ atfprès d’eux des objets d’é-' !
mulation , comme en ont celles qui font attachées ;
aux régiments , & étant obligées de fe recruter j
au h^fard , feraient bientôt rentrées dans la même
jçlafle, que le relie de l’infanterie. La réunion des
chajjeurs en régiments ferait donc vicieufe fous
touts1 les afpeéls=poffibles. Ce n’ell pas qu’à la
guerre j ôn né puiffe réunir momentanément les;
chafleurs de plufieurs'régiments , pour en former
des bataillons : il ■ ell différent d’aflembler vingt
compagnies dt chajjeurs 3 pour décider d’une affaire
, ou de former avec les mêmes compagnies
deux régiments permanents. S’il étoit poflible dans
l’art militaire, ’comme il i’ell dans touts les autres,
de faire -dès expériences , de les répéter, de les
vérifier , on reconnoîtroit, j’ofe l’affirmer , que
l’effet de deux régiments de chajjeurs conllamment
fur pied efl beaucoup moins confidérable que celui
de vingt compagnies réunies pour une feule carn- !
pagne. Dans'la première fuppofition les chajjeurs \
n’auroient à floutenir que l’idée générale de valeur :
qui feroit attachée à leur dénomination , & que la
réputation particulière qu’auroit acquife le régiment
qu’ilscompôferoient ; au lieu que, dans la fécondé, ils
feraient animés par lesrdeüx motifs doritnous venons5 "
de par-ler; & de plus par l’émulation qui s’établirait
entre les diverfes compagnies du même bataillon.
Après avoir montré qu’il feroit vicieux de raf-
fembler les compagnies des chajjeurs à pied, pbur
en former des corps féparés , il relie à- examiner
fi ces compagnies doivent être mifes au rang dèS>
compagnies d’élite , ou fi elles doivenôrentrer ou
refier dans celui des compagnies ordinaires d’infanterie..
■ L’état intermédiaire qu’elles Occupent
aujourd’hui , & l’incertitude de leur deftination,
laiffent un doute préjudiciable fur les principes
qu’on doit inlpirer aux chajjeursr,
% Si on jugeoit que les compagnies de chajjeurs à
pied doivent être mifes au rang- 'des compagnies
d’élite, il faudrait changer'la-manière dont elles
fe recrutent, faire quelquès innovations dans leur
p aye , leurs armes, leurs habits, & fur-tout dans'
leur efprit militaire.
On devrait changer la manière dont les chajjeurs
fe recrutent; parce qu’un homme q u i, lors
de fon entrée dans un régiment, faille entrevoir
les qualités morales & phyfiques néceffaires dans
un chajjeur à pied, peut ne pas répondre dans là
fuite aux efpérànçes qu’il avoit fait concevoir-, & devenir
d une taille très élevée & d’une conflitution
très, foible : on pourrait donc prefcrire que fes
chajjeurs feraient tôüts choifis parmi les foldats du
troifième rang des compagnies, & qu’ils ne pourraient
être tirés que lorlque J a troifième année
de leur fervice feroit révolue. On pourrait-Jeur
donner une haute paye moitié moins confidérable
que celle des grenadiers. Cette augmentation de
$epenfe ferpit- à peine fenfible , tandis que les
effets heureux qu’elle produirait le feraient infiniment
: les foldats français, mettent un grand prix
atout' ce qui les diftingue de leurs: camaradesj®
& , quoique généralement au deflus d’un vil' intérêt
, les diïlinélîons pécuniaires ne font pas celles
qui les flattent le moins1, ils fe difent ,- « puifqu’ori
me paye mieux que le refie des foldats, je doi$:
valoir davantage» ; & , de cette idée, de fupéno-
rité à une fupériorité réelle , le p adage efl naturel
&. rapide. Quant aux changements, qu’on pourrons
faire dans leurs habits &. dans leurs armes, voye\;
R écompense s inte rm édia ir es. . -
Quelque bon que foit l’efprit militaire des compagnies
de chajjeurs à pied , on fent aifément
que , fi on leur donnoit le rang des compagnies
d’é lite, elles éprouveraient quelques changements
qui s’opéreraient d’eux-mêmes, par le fervice dif-.
tingué qu’on leur ferait faire.', .par le foin qu’on
apporterait dans leur choix , & par l’attention que
l’on aurait à ne laiffer porter la marque diftinc-,
tive du cors-de-chaffe que, par des fujets irréprochables.
Comme nous n’avons pas déduit les raifons qui
nous ont déterminés à placer les chajjeurs au rang
des compagnies d’élite , on dira peut - être ; « u
les grenadiers prennent ce qu’i l y a do meilleur
parmi les hommes d’une haute, taille , & fi, les
chajjeurs tirent touts les.hommes d’une, taille médiocre
qui feront diflingués par leurs qualités militaires
, il ne refiera dans les compagnies de fufiliers
que des foldats .tarés ou du moins peu propres
au métier de la guerre. Quand cette objeélion ne.
feroit point exagérée:, elle n’en, aurait pas un plus
grand poids. Nos grandes armées ne trouvant plus
de plaines : :aflez vafles pour fe déployer & pour
combattre fur un ordre parallèle ,. les : batailles
; générales fie réduifent ou à un ordre oblique , ou
à une affaire de pofle : dans l’une & dans l’autre
de ces circonflances, ce ne font pas ordinairement
les compagnies.de fufiliers,qui portent les grands
coups, & même dans les occafions où ces compagnies
marchent en colonne pour! attaquer l’ennemi
, elles font toujours précédées & flanquées
par des compagnies d’élite. G’elrdonc à la com-
pofltion de ces dernières qu’on doit donner l’attention
la plus fcrupuleufe ; mais paflons cette con»
fldération, qui cependant nous <.paroit décifive ,
& faifons voir qu’en mettant les chajjeurs au rang
des compagnies d’élite, & en les compofant des
hommes tirés du troifième rang des compagnies
de fufiliers, loin d’énerver celles-ci & de les dé-.
1 courager , on leur donnera au contraire une plus
grande énergie.
Tout homme qui n’a ni une , taille allez haute
pour entrer dans la compagnie des grenadiers , ni
une intelligence aflbz éminente pour être fait bas-
officier , ni une proteélion allez marquée pour
faire oublier fon. manque de talent, ell dénué de
toute efpérance & .de toute ambition : il végète
. dans une apathie profonde ; ou , ce qui efl plug