
également fortes ; Vautre ayant l’aile atta- 1
quante renforcée d’artillerie , de troupes
nombreufes 8c d’élite : le nombre 8c la
polition des lignes, dont les ailes doivent
être protégées par la nature du lieu, par
les troupes , eu égard à l’efpèce Sc au
nombre, par les machines de guerre; 8c
dont les intervalles doivent être dans la
première, petits, remplis d’artillerie, dans
les fui vantes , grands; les avantages du vent
& du foleil ; les mouvements qu’on peut dérober
à la faveur des hauteurs , des bois,
des bleds, des herbages, des troupes légères
, des manoeuvres : enfuite difpofées
dans un pojle fo rt, dont il faut découvrir 8c
attaquer les points foibles : enfin, en ordre de
marche, dans lequel on obfervera le nombre
des'colonnes d’infanterie , de cavalerie ,
d’artillerie, de bagages ; les pojitions qui
peuvent être prifes dans tout le terrein
parcouru , les corps détachés pour Yavant-
garde , V arrière-garde, 8c les détachements proprement
dits.
Des places , eu égard au fervice journalier,
& au (âge par blocus, furprife , efcalade, in-
vejlijfement, circonvallation, contrevallation,
ouverture de tranchée, parallèles, boyaux &
leur défilement, batteries de canon de but en
blanc & à ricochet, batteries à bombes , fapes ,
logements,paffage dufojfé, brèche, ajfaut, &c.
La t a c t i q u e g é n é r a l e s’occupe en-
fuite de l’action, relativement à fes efpèces
qui font le combat Sc la bataille; auxraifons
de l’engager;au fuccès qui eft ou la victoire,
fuivi de la pourfuite ; laquelle doit être faite
avec prudence 8c vivacité ; de la faifie des
défilés derrière l’ennemi, de la vigilance qui
prévient un revers : ou la défaite, dont les
fuites font la retraite, la déroute, la fuite ,
le ralliement à un polie indiqué , fous une
place , vers le pays qu’on doit protéger.
Tel eft l’ordre que j’ai donné aux principales
parties de l’art militaire. Les inftru-
ments qu’il prépare Sc qu’il emploie étant
les hommes 8c les armes , on voit qu’il
tient d’un côté par le droit militaire, le
choix, & les exercices , aux arts qui forment
8c dirigent l’homme en fociété ; de
l’autre aux arts phyfico-mathématiques par
les fortifications, par les armes mécaniques,
par la taâique tant particulière que générale
, 8c que ces rapports déterminent la'
place qu’il occupe dans le fyftème général
de nos connoiffances. Si, comme l’a obferve
M. d’Alembert, ce fyftème renferme nécef-
fairement de l’arbitraire , celui dans lequel
on peut difpofer chacune de fes branches ,
en eft encore plus fufceptible , puifqu’il
raffemble plus de détails. Je crois donc qu’à
l’égard de l’art militaire , il eft poffible ,
ainfi qu’en hiftoire naturelle, de compofer
plulieurs fyftèmes dont chacun aura fes
avantages , 6c fera plus convenable à tel
ou tel homme , fuivant la nature 8c le
nombre des rapports 8c des différences
dont il fera là combinaifon : le meilleur
feroit celui qui pourroit convenir à la plus
grande partie des hommes. Je ne peux me
flatter que le mien foit t e l, 8c je le peux1
d’autant moins qu’il n’a point eu de modèle
notre foibleffe n’arrive à la perfeélionque
par degrés infenfibles , furtout quand il
faut ordonner une grande quantité d’objets.
Si quelques militaires conçoivent leur
art fous d’autres rapports, ils fe formeront
un fyftème plus analogue à leurs vues , 8c
fuivront dans leurs études la route qui leur
eft propre : mais , f i , quelque facile que
- ce travail puiffe être pour eu x , ils veulent
fe l’épargner, ils pourront faire ufage du
fyftème que je propofe.. Dans l’étude d’un
art aufli vafte , l’effentiel eft de fuivre un
ordre. Alors , placé au centre de l’étendue
que l’on veut connoître , on en découvre
toutes les bornes, on y marche d’un pas
ferme, 8c on ne s’égare jamais.
Nous devons cet avantage pour l’étude
générale des fciences à l’immortel .génie de
Bacon , enfuite aux premiers éditeurs de
l’encyclopédie : il n’exiftoit point encore
pour l’étude particulière de l’art militaire.
Ceux qui' ont traité de cet art eh général,
n’ayant point le tout fous les y eu x , en
ont fouvent confondu 8c même néglige
plulieurs parties principales. Ceux qui n’ont
eu pour objet qu’une feule de ces parties ,
n’èn connoiffant point les rapports au tout,
ont quelquefoispropofé des chofes que leur
difcordance rend impraticables. La plus
grande utilité qu’aura peut-être ce diû-ion-'
naire eft celle de préfenter les premiers
traits d’un ordre général qui rendra .plus
facile 8c plus folide l’étude de l’art. J’aurai
efquiffé l’ouvrage ; quelques mains plus
fçavantes le termineront.
L’expofé que je vieris d’en faire pour-
roit fuflire à ceux qui voudroient le fuivre
en lifant ce dièlionnaire. Mais , afin qu’il
ne refte rien qu’ils puiffent defirer à cet
égard, je placerai à la fin de la dernière
partie un état des articles contenus dans
l’ouvrage entier, 8c rédigés fuivant l’ordre
que j’ai adopté : ainfi on le pourra lire
comme un traité méthodique.
L’objet principal de cette portion de'
l’encyclopédie étant de conftater l’état
•aétuel de l’art militaire , j’y ai raffemblé
ce que nos meilleurs auteurs en ont écrit.
Rempli de refpeâ pour leurs ouvrages ,
fruits précieux de l’expérience 6c de la
méditation, je me fuis cependant'permis
d’en fupprimer les répétitions , d’en reéti-
ner quelquefois le ftyle , 8c de revoir
d’après les originaux ceux qui font traduits
de langues étrangères. J’aurois pu , en les
refferrant, donner à mon ouvrage le mérite
de la brièveté : mais j’ai craint d’altérer
leurs penfées, 8c j’ai préféré de les repro-1
duire dans toute leur intégrité. J’ai fuppléé
le mieux que j’ai pu aux détails qu’ils ont
omis , 8c je n ai joint quelques .réflexions
-aux leurs que lorfqu’elles m’ont paru né-
ceflitees par des affertions douteufes , par
des erreurs évidentes, ou par les change-
ments que 1 art a éprouvés depuis le temps
ou ils éçrivoient. J’ai fur-tout préféré ceux
en qui la raifon réglant l’imagination'ne
leur permit jamais de croire que l’opinion
fondée fuy l’expérience 8c le jugement
general étoit l’erreur , 8c que leur opinion
particulière étoit la vérité. J’ai puifé les
préceptes dans leurs écrits , les exemples
dans toute l’hiftoire. J’ai rapporté les'ac- I
tions les plus célèbres des grands hommes, !
je les ai peints quelquefois, non par j
. Porttaits , qui ne font qu’un jeu d’ef- !
prit 8c un ornement ambitieux dans un :
ouvrage militaire : mais , ainfi que les fta- •!
tuaires n expriment un héros que dans une I
ieule attitude, j’ai repréfenté les miens en !
divers endroits par les grands traits de leur
caraûère, comme on emploie des ftatues à
l ’ornement d’un vafte édifice.
Un officier dé artillerie a traité à part cette
partie importante : j’aurois defiré que celle
du génie eût le même avantage. Je ne pou-
vois y mieux fuppléer qu’en donnant l ’art
de fortifier compofé par M. de Cormontagne,
ingénieur de grande réputation , 8c les ouvrages
de Vauban fur l’attaque 8c la défenfe
des places. J’y joindrai un expofé de la plupart
des fyftèmes. Il eft curieux d’y voir
les progrès de l’art depuis fes commencements
jufqu’à Vauban 8c Coehorn ; d’y
obferver, comme dans ceux de touts les
autres arts , qu’un feul homme n’eft rien
par Ini-même , qu’il n’exifte pour ainfi dire
que par le fecours des autres hommes , 8c
que le plus grand génie ne s’élève que fur
les travaux 8c l’expérience d’un grand
nombre d’ages. 11 eft inftruétif pour ceux
qui exercent l’art du génie de voir les longues
erreurs dans lefquelles. on s’eft égaré ,
avant d’arriver au but , 8c même après
1 avoir atteint. Un efprit obfervateur en
peut retirer cet avantage , que des fyftèmes
tres-defeélueux lui préfenteront certaines
parties applicables à des terreins irréguliers
8c bifarres. L’examen de ces fyftèmes aura
encore une utilité : la connoiffance de l’erreur
approche du vrai celui qufhe l’a point
encore obtenu ; elle en retrace l’idée , 8c
en fait fentir le prix à celui qui le pofsède.
Aucun ingénieur des ponts 8c chauffées
n’ayant eu le temps de traiter cette partie,
je l’ayjointe à celle du génie , dont elle
peut être confidérée comme une dépendance.
La milice grecque 8c romaine eft traitée
dans ce diélionnaire avec affez d’étendue.
L’nicmnne , milice françoife n’y a pas été
négligée , 8c on y parle aufli des ufages de
quelques autres nations. Je conviendrai
que ces objets font moins utiles qu’ils ne
font curieux : mais il feroit trop févère de
n’admettre que Futile ; une application continue
eft au-deffus des forces de l’homme ,
6c l’amufement n’a-t-il pas aufli fon utilité ?
La plupart des articles d’art militaire
contenus dans la première édition de l’en