» termes, et y ont ajouté testudo ; nous l’exprimons ordinairement par ces mots,
>> lyre antique. »
II paroit assez vraisemblable, cependant, que ces diverses dénominations n’au-
roient pas été données à une même espèce d’instrument, soit en différens temps,
soit en différens lieux, si cet instrument n’eût subi quelques légers changemens, et
neût offert quelques légères différences qui devoient distinguer ces instrumens
les uns des autres en diverses circonstances. Nous avons des exemples multipliés
de noms differens donnés à une même espèce d’instrument, suivant que les dimensions
en sont plus grandes ou plus petites, ou que la forme en est plus ou
moins plate ou élevée ; ronde ou anguleuse, ou que la .composition en est plus
compliquée. Telles sont, parmi nous, les diverses sortes de violes ou violons que
nous nommons pochette violon, alto ou quinte, viole d ’amour, dessus de viole, basse
de viole, violoncelle ou basse, contre-basse. Telles sont les flûtes que nous connoissons
sous les noms de flûte douce,flûte traversière, octavín, fifre, flageolet, ¿Te. Telle est
encore l’espèce d’instrument à laquelle appartiennent les guitares, les lyres, les
sistres Allemands, les luths, les tuorbes, les afc/iilut/ts, les mandolines, ère. &'c.
^ Il en fut sans doute de même parmi les anciens. Les divers noms qu’ils donnèrent,
soit à la harpe ou tebouni, soit à la lyre, ne servoient non plus qu a désigner
quelques légers changemens dans leur forme, dans leur composition, ou dans
les proportions de leur étendue.
Les Égyptiens eurent des tebouni de différentes espèces et de différentes formes ;
ils en eurent en forme de harpe, en forme de lyre et en forme de guitare. Parmi
les harpes que 1 on voit sculptées ou peintes sur les monumens antiques de l’Égypte,
on en remarque de différentes grandeurs, et d’un plus ou moins grand nombre de
cordes (i). Sans nous arrêter à parler de la destination de chacune d’elles et de
son usage , ce que nous ne pourrions guère expliquer que par conjecture, nous
observerons seulement que les harpes à dix .cordes que l’on voit sur la frise de la
façade du grand temple de Denderah, dans les grottes d’Elethyia, et dans le petit
temple de Medynet-Abou, paroissent avoir été particulièrement destinées à l’accompagnement
des chants religieux dans les grandes solennités, ainsi que l’étoit,
Chez les Hébreux , le kinnor açor, c’est-à-dire, la harpe à dix cordes ; et cette
espèce d’instrument fot sans doute aussi en très-grande considération chez les
Grecs, puisque le poète Ion l’a célébrée dans ses vers (2).
Les tebouni en forme de lyre se présentent plus rarement sur les monumens
Égyptiens. Nous n en avons aperçu que dans deux endroits : 1,° sur le mur d’un
escalier qui est au fond de la cinquième pièce du grand temple de Denderah ; la
lyre qu’on voit en cet endroit est montée de quatre cordes, elle paroît y être
(1) V o y e z les harpes d'une des catacombes qui avoi- nFl, p t , » tVWn Jtari'aopa. Wrfcc
stnent les grandes pyramides de G y zeh ; celles des grottes W t r , nasias ySous «etoquA«.
AEUthyia, planche 70 , fig. 2 ; celles des tombeaux des Dmmus tibi psaüitur c i o ,
j ois, celle, de Thebes ; celles d un petit temple a Me- . Concentuque placent harmonice tríplices.
ynet ou. Omnes heptatonon iiatessara te ante canebant
, - (2) . . . . . . .T A ttmSifaaa. C r x ti , quels plaçait rara camoena nimis.
l a c n , „ m e a c d f p e n n e . W . W . i ™ . , . , A M C I. An,,,.
employée pour accompagner les chants d’une fête triomphale : z.° sur le planisphère
sculpté au plafond d’un petit temple qui est au-dessus du grand temple de
Denderah ; c’est une lyre à trois cordes ; celle-ci représente la constellation de ce
nom. Cette lyre est vraisemblablement de la même espèce que celle dont parle
Diodore de Sicile, dans son Histoire universelle, liv. t ." , et dont il dit que chacune
des cordes répondoit à une des saisons de l’année.
L’usage de la lyre s’est conservé jusqu’à ce jour ; il se reproduit encore quelque-
fois au Kaire. On le reconnoît aisément dans celui de l’instrument appelé /cesser
dans l’intérieur de l’Afrique, et que les habitans du Soudan et les Barâbras ou
Berbers apportent assez ordinairement avec eux, lorsqu’ils viennent chercher du
service au Kaire : cet instrument est en effet une véritable lyre. Quoique grossièrement
fabriquée, elle est composée exactement de toutes les parties dont Homère
nous a donné la description dans son Hymne à Mercure. Nous en parlerons plus
en détail, quand nous traiterons de l’état moderne de la musique en Égypte.
Quant aux tebouni en forme de guitare, nous n’en avons remarqué que dans un
seul endroit ; ce qui nous porte à penser que cette espèce d’instrument étoit d’un
usage moins important que les deux précédentes.
Il y eut donc autant d’espèces de tebouni qu’il y eut d’instrumens à cordes différens
les uns des autres. Le nom de tebouniy qui étoit un nom générique, dut être
particulièrement réservé à l’instrument qu’on reconnoissoit pour le type et le modèle
des autres! En Égypte, c’étoit le tebouni; en hébreu, c’étoit le kinnor; en grec,
c’étoit la lyre: aussi, dans l’une et l’autre de ces trois langues, ce nom générique
paroît avoir été commun à tous les instrumens à cordes.
A R T I C L E IV.
Le nom de Psaltérion fu t le plus anciennement connu et le plus généralement
répandu. Ce fu t le nom d ’un instrument Egyptien. Origine de ce nom.
Il fu t employé comme une épithete des Tebouni.
D e tous les noms qui ont été donnés aux instrumens appelés du nom générique
de tebouni, il n’en est point qui ait été aussi généralement connu de tous les peuples
anciens et modernes, que celui de psaltérion. Ce nom désigne moins un instrument
, qu’il n’offre l’idée de l’usage auquel sont propres les instrumens à cordes;
c’est-à-dire, celui d’accompagner la voix, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer.
Dans les Stromates de S. Clément d’Alexandrie (i), il est fait mention du psaltérion
comme d’un instrument en usage dans le culte religieux, chez les Égyptiens.
A la vérité, il est probable que cet écrivain parle plutôt de ce qui avoit
lieu de son temps, que de ce qui se pratiquoit à une époque très-reculée ; mais
enfin il se sert du mot psaltérion comme d’un nom générique applicable à tous les
(1) Sin autem in tibiis et psalteriis et choris et salta- à bona disciplina evaserint, utpote quos cyinhala et tyin-
tionibus et plausibus Ægyptiorum, et dissolutis ejusmodi pana circumsonent et fraudis instrumenta citcumstrepant>
otiis. studiosi versentur, immodesti, insolentes, valdeque Lib. I l , cap. 4> p. 163.
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