
2 6 4 ESSAI d ’e x p l i c a t i o n d ’u n t a b l e a u a s t r o n o m i q u e .
placé du côté du Taureau; l’autre, surmonté d’une feuille, est du côté du Scorpion,
On sait que le Taureau de ce planisphère indique Kéquinoxe du printemps; et le
Scorpion, l’équinoxe d'automne. Je crois pouvoir avancer, d’après une étude suivie des
sculptures Egyptiennes, qu’on doit reconnoître dans Je dernier signe la feuille du
dourah d’Egypte (i); l’autre signe est évidemment un épi. Or le dourah appelé
nabary en Egypte, ou dourah d’automne, parce que sa culture a lieu principalement
dans cette saison, se sème en été. A l’équinoxe d’automne, les feuilles
sont déjà grandes et élevées. Il étoit naturel aux Égyptiens de peindre cet instant
de l’année par la figure d’une plante qui a toujours été cultivée abondamment,
et qui est de la plus grande ressource pour le pays (2). Sur notre plafond, il
est vrai, la figure coiffée de feuilles de dourah est dans la bande du Taureau,
consacrée à l’équinoxe de printemps : mais cette objection peut se lever de deux
manières; ou en observant -que le dourah d’été, dont la culture est propre à la
Thébaïde, est en feuilles dans le printemps; ou en considérant que, dans le
zodiaque primitif, le Taureau répondoit au second mois d’automne. L ’emblème
de la feuille du dourah a peut-être toujours été, pour ce dernier motif, attaché
au Taureau, même lorsque cette constellation est devenue à son tour le signe de
l’équinoxe du printemps.
Uépi n’est pas moins caractéristique de l’équinoxe du printemps, puisque c’est à
cette époque que l’on faisoit et que l’on fait encore en Egypte, depuis un temps
immémorial, la récolte des grains (3).
Je conclus que la forme tS=i, dérivée du signe des deux bras réunis , est
l'hiéroglyphe de l’égalité et de l’équinoxe ; qu’il est lui-même l’origine du signe
vulgaire de la Balance dans nos almanachs modernes, et aussi de la barre sur
laquelle repose le Taureau équinoxial, dans le plafond astronomique des tombeaux
des rois; enfin, que les deux hiéroglyphes complexes jh, et ^ sont respectivement
les symboles de l’équinoxe de printemps et de l’équinoxe d’automne.
(0 Holcus sorghum de L in n é , le sorgho d’Italie. (a) Je ne puis déduire ic i les raisons qui prouvent que
Plusieurs tableaux confirment ce fait. Je ne citerai-ici f usage et la culture du dourah en Egypte datent de laplus
que celui de la chasse aux lions, sculptée sur les murs haute antiquité; ce serait anticiper sur d’autres travaux
du palais de Medynet-abou à Thèbes, p l. ÿ , f g . 2 , qui trouveront place dans l’ouvrage.
A , vol. I I . (3) Voyez Plutarque, Traitéd'Isis et d'Osiris.
NOT I C E
SU R
LES RUINES
D’UN MONUMENT PERSÉPOLÏTAIN
D É C O U V E R T D A N S L ’ I S T H M E D E S U E Z ;
P a r M. D E R O Z I È R E ,
I n g é n i e u r e n c h e f d e s m i n e s .
S- I."
Découverte du Monument,
L o r s q u e l’armée Turque, commandée par le grand vizir, s’empara presque
inopinément d’el-A’rych ; me trouvant à Suez, avec plusieurs membres de la
Commission des sciences (i ), je profitai d’une reconnoissance que fit le général
Boyer.qui commandoit la province, pour parcourir avec lui certaines parties
peu connues des déserts de l’isthme. Je remets à publier ailleurs lés observations
que j’ai pu recueillir sur la constitution physique de ces lieux, pour me borner
dans cet écrit à celles qui concernent les ruines d’un ancien monument découvertes
dans ce voyage. J’ai à regretter que les circonstances difficiles où nous noiis
trouvions,m’aient empêché de rendre mes observations plus complètes; mais, telles
qu’elles sont cependant, j’espère qu’elles pourront encore avoir quelque intérêt
pour les personnes qui s’occupent de l’ancienne histoire des peuples de l’Orient.
Le chemin que nous suivîmes, paroît n’avoir été tenu par aucun Européen.
Après avoir tourné les lagunes qui terminent la mer Rouge, nous continuâmes
de nous diriger au nord, déclinant un peu vers l’est ; direction qui, prolongée,
doit passer à l’ouest de Qatyeh. Un monticule que nous aperçûmes un peu
sur notre gauche, après six heures et demie de marche, excita notre curiosité.
Dans l’Egypte, c’est souvent l’indice d’une ancienne ruine. En effet, nous trouvâmes
sur son sommet plusieurs blocs équarris , les uns d’un poudingue semblable
à celui de la célèbre statue vocale de Memnon, les autres en granit de
Syène : ces derniers étoient couverts, non-seulement de caractères tout-a-fait
étrangers à ce que nous avions vu jusqu’alors en Egypte, mais encore de diverses
(1) MM. D e lile , Devilliers, Alibert.
A . I L 1 »