données jusqu’ici ; elles offrent cependant des circonstances dignes de curiosité, et
propres à accroître nos connoissances sur les usages observés par les anciens Égyptiens
dans leurs cérémonies religieuses, dans les funérailles et dans les sacrifices.
Offrandes à Isis et à Orus son. fils.
? O n vo it, dans le grand bas-relief de la grotte principale, plusieurs figures
d une stature supérieure à la proportion commune ; elles sont assises et élevées
sur des estrades : cette position, les offrandes qu’on leur présente, le culte enfin
quon leur rend, tout porte à croire que ce sont des divinités/L’une d’elles (t)
paroît etre Isis avec son fils Orus ; des figures qui ont disparu par l’outrage du
temps, et dont il ne reste que les mains, lui présentent des vases qui contiennent
probablement de leau du N il, objet d’une vénération religieuse parmi les Égyptiens,
et l’un des présens les plus agréables qu’on pût faire à cette déesse : d’autres
personnages sont devant elle avec des lotos dans les mains; cette offrande lui étoit
également chère.
L inscription hiéroglyphique placée auprès de cette scène religieuse présente
une particularité digne de remarque; on y trouve un globe surmonté d’une croix
et une croix isolée. Ces deux signes sont dans la colonne d’hiéroglyphes qui est
immédiatement à droite de la verticale d ; leur figure est absolument la même
que celle de la croix du christianisme (2).
Les deux divinités qui sont assises au fond du tableau, vers la droite, reçoivent
une offrande presque entièrement composée de fruits de la terre. Un homme
apporte un panier rempli de raisins, et une plante cultivée en p o t, et qui paroît
être 1 aloès ; devant lui sont deux autres hommes, dont l’un présente des vases,
et 1 autre tient des tiges de lotos et un trépied sur lequel repose une hydrie propre à
rafraîchir 1 eau : il porte aussi deux guirlandes que l’on croiroit formées de fleurs de
lotos incomplètement épanouies, s’il étoit permis d’en juger d’après un dessin dans
lequel on s est plus appliqué, sans doute , à montrer la plante sous ses formes
symboliques qu’avec ses caractères botaniques.
Au-dessous de ces trois supplians, on en voit trois autres qui font aussi des
offrandes. Celui qui est le plus près‘des divinités, leur présente des tiges de lotos
dont le calice a la forme d’une cloche renversée, avec un.melon d’eau, fruit très-
rafraîchissant, abondant en Égypte, où il est connu sous le nom de pastèque :
le suivant offre un panier rempli de raisins et des lotos à calice découpé, avec
une hydrie placée sur son trépied : le dernier vient faire hommage aux dieux
des prémices de sa chasse; son épaule est chargée d’un bâton aux extrémités duquel
sont suspendues des oies semblables à celles que prennent au filet les hommes
représentes dans la bande inférieure du bas-relief. On dirôit que ces deux divinités
président au jardinage, aux vendanges et à la chasse.
■{.) Bande I , entre les verticales d et e . dessus des figures „ et 58 , bande I I , à gauche de la
(2J L.e globe surmonte de la croix se trouve encore verticale £
dans la seconde colonne des hiéroglyphes qui sont au-
Cérémonie funéraire et Sacrifice.
D a n s la grotte Soultâny, à droite du grand bas-relief qui vient de nous
occuper, existe un tableau qui représente une cérémonie funéraire ; on n’a pas eu
le loisir de le dessiner : on s’est attaché de préférence à une représentation pareille
qui est figurée dans la grotte voisine dite du V ifir; la peinture y est beaucoup
mieux conservée, et les détails y. sont présentés avec plus de netteté. La copie
quon en a frite, a ete gravée en couleur, planche 70 , n.°p.
Je vais examiner successivement les cinq rangées dont ce tableau est composé.
Dans la rangée supérieure, vers la gauche , on voit deux hommes qui portent
un coffre auprès duquel est un enfant ; devant eux, une femme enveloppée d’une
draperie est assise sur un traîneau que deux hommes tirent après eux au moyen
d une corde : on peut croire que cette femme est la veuve du m o r t, et que
lenfent est son fils. Vers la droite, on aperçoit un autre traîneau mis en mouvement
par des boeufs attachés à l’extrémité d’une longue corde ; deux hommes
placés très-près du traîneau soutiennent la corde, et l’empêchent de balayer la
terre; un autre, placé immédiatement derrière les boeufs, tient aussi la corde, et
paroît diriger le tirage : entre eux est un groupe de six personnes alternativement
femmes et hommes, dont les gestes expriment laffliction. Un personnage est
sur le traîneau et s’y tient debout ; il porte dans sa main gauche un volume de
papyrus, sur lequel est, sans doute, écrite l’oraison funèbre du mort. Un homme
qui se trouve devant lui et qui tient une urne, frit sur ses pieds une aspersion
abondante, pour le rendre plus pur et plus digne du ministère qu’il va remplir.
Trois personnages que l’on voit au-devant des boeufs, ont une coiffure particulière
qui les rend remarquables; je nhesite pas à prononcer qu’ils appartiennent à
l’ordre sacerdotal. Deux circonstances m’autorisent à le penser : premièrement, on
retrouve, vers la gauche de la seconde rangée, des hommes coiffés de la même
manière, qui sont admis dans l’intérieur du temple, pendant que tous les assistans
sont au dehors; secondement, ces hommes sont les seuls qui aient la tête rasée :
or, nous savons par Hérodote (1) que les prêtres Égyptiens avoient coutume
de se raser la tête. Ceux-ci paroissent présider aux obsèques ; ils vont à la rencontre
du cortège, et tendent les bras de son côté : il y a dans leur démarche un
balancement et un mouvement cadencé qui lui donnent le caractère d’une danse.
Le conducteur du cortège élève vers eux un rameau qu’il semble leur présenter :
ne seroit-ce point là le type du femeux rameau d’or sans lequel on ne pouvoit
pénétrer aux enfers î
Dans la seconde rangée, deux barques mues à la rame s’avancent vers la gauche :
elles portent le gouvernail à deux avirons. Cette particularité, ainsi que nous
lavons déjà observé, caractérise une représentation symbolique, et fait con-
noître que les deux barques ont un emploi dérivé de la religion. Au milieu de
(1) Hérodote, livre I I , §. j>6.