8.
M a rch e des Saisons.
On déterminoit facilement, pour chaque année, le jour de cette meme année
qui devoit répondre à la première apparition de Sothis, et cela suiBsoit pour
marquer la place des saisons. L e quart du nombre qui fixoit la place de I année
dans la période, faisoit connoître le mois et le jour du lever de Sothis. Ainsi,
pour les années 576, 577, 578 et 579, le lever héliaque répondoit au quarante-
quatrième jour de l’année, c ’est-à-dire, au vingt-quatrième d'athyr, qui est le troisième
mois.
Cette progression d’un jour tous les quatre ans a donné lieu à plusieurs chro-
nologistes de regarder l’intervalle d’un premier lever de Sirius au premier lever
de l’année suivante, comme une année naturelle Égyptienne, différente de 1 année
vague de trois cent soixante-cinq jours. Nous employons aussi cette dénomination
pour nous conformer à un usage déjà ancien : mais il est nécessaire de remarquer
que les Égyptiens n’avoient en effet qu’une seule année; savoir, 1 année civile de
trois cent soixante-cinq jours que nous venons de définir. La place du premier
jour de chaque saison étoit indiquée, comme on l’a dit plus haut, par la période
de quatre ans, qui se rapportoit à l’apparition de Sothis.
9-
M esure du T em p s, Division de l'É c lip tique. Observation des Levers et des
Couchers des A stres.
L es Égyptiens faisoient usage des clepsydres et des cadrans solaires. Nous ignorons
de quels instrumens leurs astronomes se servoient pour mesurer le temps :
il ek difficile de connoître le degré de précision de leurs observations ; mais il
est certain qu’ils traçoient de très-longues lignes méridiennes avec une exactitude
remarquable.
Ils avoient divisé en douze parties la région du ciel où 1 on observe les planètes.
Les noms des constellations étoient dérivés, ou de leurs formes apparentes,
ou des effets naturels qui coïncident avec l’apparition des astres. Ces dénominations
populaires avoient sans doute précédé d’un ou deux siècles 1 institution
astronomique qui fixa les douze signes égaux et les parties de ces signes.
On remarquoit aussi les astres qui parvenoient en même temps a ¡horizon,
soit qu’ils se levassent ensemble, soit que le lever des uns eût lieu lorsque les autres
se couchoient. Cette correspondance mutuelle des levers et des couchers des
étoiles, et leurs rapports avec les saisons, sont indiqués dans les calendriers de
tous les anciens peuples : elle étoit souvent exprimée par des symboles mythologiques.
Les Égyptiens remarquèrent principalement les constellations de 1 écliptique
opposées à celles que le soleil occupe pendant le cours de chaque année, et qui
se moruroient le soir a 1 orient, au-dessus de l’horizon, au commencement de la
nuit. Les noms donnés à ces constellations étoient devenus les signes des saisons
et des travaux/La religion avoit consacré ce spectacle naturel et populaire, qui
se reproduisoit chaque année et avoit une relation sensible avec les occupations
communes.
1 O.
Division en signes et en degrés. L ieu du S o leil, Usage des Périodes.
L e u r s astronomes divisoient les cercles de la sphère en 360 degrés ou en
parties de ces degrés ; ils avoient observé la marche des planètes et celle du soleil
dans l’écliptique, et marquoient Je signe et la partie du signe où se trouvoit chacun
de ces astres à un jour donné. En général, on conservoit la mémoire de tous
les faits naturels et civils, et l’on désignoit avec soin le jour et l’heure de chaque
événement. La persévérance des observations suppléoit, en quelque sorte, à la
précision des instrumens. .
Il est facile de voir que le lieu du soleil, ou le point qu’il occupe sur la sphère
des étoiles fixes au premier jour du premier m o is , changeoit très-sensiblement
dans 1 intervalle de quelques années Égyptiennes. On avoit déterminé la quantité
de ce déplacement, et l’on connoissoit la période qui ramenoit avec précision
les levers du soleil pour chaque jour aux mêmes points du ciel. Les Égyptiens
paroissent avoir fait un usage fort étendu des périodes de ce genre : ils n’assignoient
point la durée d’une période en années, jours et parties du jour; mais ils cherchoient
un nombre d’années vagues presque équivalent à un multiple de cette durée. Iis
ont connu toutes les premières approximations des mouvemens célestes propres
aux applications communes, et qui peuvent s’exprimer facilement au moyen des
nombres les plus simples, 2 , 3 , y , 7. Us ont fait un emploi singulier, e t , pour
ainsi dire, superstitieux, des propriétés des nombres. Ils se plaisoient à les considérer
dans les proportions de leur architecture, dans les lois de l’harmonie et l’ordre
des cordes sonores ;• dans leurs théorèmes de géométrie ; enfin dans la composition
de leur calendrier, et même celle de leur alphabet. Les Égyptiens obser-
voient assidûment 1 ordre des phénomènes célestes, et les mesuroient avec toute
la "précision qu’exigent les usages communs de la société. L ’explication de l’inégale
dùrée des jours, des phases de là lune , des éclipses, celle des mouvemens
apparens dés planètes, enfin l’étude de tous les autres principes fondamentaux
de 1 astronomie ,'composoient une science qui dut alors exciter l’admiration et
qui étoit toute consacrée à l’utilité publique ; mais on ne peut point comparer
cette science à celle que nous possédons aujourd’hui. L ’usage des nouveaux instrumens
et la découverte des théories dynamiques ont élevé l’astronomie à un degré
dè perfection que l’on n’auroit pas même prévu il y a peu de siècles.