» ainsi ia proportion entière. Une fois que les artistes se sont accordés ensemble
» sur la grandeur de la statue, ils se séparent et exécutent les divers fragmens,
» chacun de son côté, avec une convenance et une harmonie si parfaites, que
» l’ouvrage terminé excite l’admiration (i). »
Puisque la hauteur des figures humaines étoit composée de 4 coudées ou
24 palmes, il est vraisemblable que la division quE servoit aux sculpteurs pour
exécuter les diverses parties de leurs figures, étoit une division en palmes et en
doigts. Chez lès modernes, cette hauteur se partage en 30 parties, dont la tête en
prend 4- Le nombre rompu de 21 parties et -j présente de grandes difficultés ; et
cependant il semble renfermer quelque fait précieux pour l’histoire technique de
l’art. Ne connoissant presque rien sur les procédés qu’on suivoit en Egypte, il
seroit à souhaiter qu’on pût expliquer ce passage parfaitement. J’avoue que je n’ai
pirÿréussir, même en supposant différentes divisions à la coudée. Au reste, avant
de faire cette recherche, il faudroit être sûr qu’il ne s’est pas glissé d’erreurs dans
le texte. La stature ou l’orgyie avoit 24 palmes. Ces 21 parties et ^ ne sont
donc pas des palmes, à moins de supposer des figures beaucoup plus, petites que les
figures ordinaires, c’est-à-dire, hautes de im,63p ou yJs o° 7 1; ce qui n’est pas
admissible.
Je ne terminerai pas cet article des échelles Egyptiennes, sans citer une observation
que j’ai faite dans plusieurs monumens et qui n’est pas sans importance dans
la question présente. Sur les parties des temples non achevées, à Ombos, Medynet-
Abou , &c. et dans les carrières exploitées par les anciens Egyptiens à Gebel-Abou-
fedah, j’ai trouvé des carreaux tracés en rouge, ayant servi pour réduire et dessiner
les figures, qu’on devoit ensuite y sculpter. J’ai mesuré les côtés de ces carreaux:
au plafond du grand temple d’Ombos, ils ont om,o2 de côté; à Gebel-Aboufedah,
ils ont o”,2 7 (2). La première de ces dimensions fait à fort peu près un vingt-
quatrième ou un doigt de la coudée Egyptienne. La seconde en fait quatorze,
ou 3 palmes et demi, c’est-à-dire, un sixième en sus de la demi - coudée ; deux
des derniers carreaux font 7 palmes (3).
Les divisions tracées dans les carrières de Gebel-Aboufedah offrent une remarque
d’un autre intérêsPc’est qu’elles ont servi à tracer les épures de deux chapiteaux
à tête de femme, tels que ceux qui figurent dans tous les temples d’Isis.
Dans le premier (4 ), la hauteur de la tête proprement dite occupe trois carreaux
et demi environ, ou om,pt. En comptant 7 têtes et — dans la hauteur d’une figure
de femme, cette tête se rapporte à une stature de 7“,36, valeur qui est précisément
de 16 coudées. L ’échelle de cette sculpture étoit, par conséquent, de 4 coudées,
ou une orgyie pour coudée.
(1) T o u t ce qui précède ne doit s’entendre que des
statues colossales; c’est ce que Diodore a négligé de dire.
(2) Les divisions Verticales sont alternativement de
o",26 et o“ ,28 ; mais toutes les divisions horizontales
sont de om,zy. Voye? la Description de I’Heptanomide,
A . D . chap. X V J , sect. / . i/ r
(3) On sait que la coudée actuelle du Meqyâs égale
0“ ,54o ; c’est précisément un palme ou un sixième en
sus de l’ancienne coudée. C e fait est précieux pour l’origine
de la coudée du Meqyâs, où l’on peut retrouver
le type des anciennes mesures, aussi bien que dans le
pyk belady. Voyez ci-dessous, chap. I X , ^article de la
coudée de Polybe.
(4) V oyez p l. 62, A . vol. IV ,Jtg. 4 , et la Description
de l’Heptanomide, A . D . chap. X V I , sect. i . r!, f . 1 ."
f /
L ’épure du chapiteau à tête d’Isis de Gebel-Aboufedah mérite encore une
attention particulière, parce que c’est celle-là même qui paroît avoir* servi à la
coupe du chapiteau du fameux temple deDenderah, quand on compare les dimensions
de l’une et de l’autre. En effet, i.° la largeur totale de ce chapiteau, mesurée
à la corniche, et au-dessus de la tête, est de zm,y6z. Dans l’épure, cette largeur
occupe quatre carreaux entiers de o” ,27 chacun, et un peu plus de deux demi-
carreaux, en tout 1 "',3 8 : or ï ”*,38' est juste la moitié de 2”,76:
2.0 La largeur supérieure du petit temple qui couronne le chapiteau, jusqu’à
l’angle de la corniche, est de 2m,i6 : dans l’épure, elle occupe quatre carreaux ou
i ”,o8, ce qui est la moitié.
3.° La hauteur du même petit temple passe 2”,10 : dans l’épure, elle est de
1”,08 . c’est-à-dire, un peu plus de la moitié.
4.0 La saillie est de o"',3 5 2, et dans l’épure, de deux tiers de carreau ou de omfiyK
environ ; c’est-à-dire, moitié de la saillie du chapiteau.
Ainsi il paroît certain que c’est dans cette carrière qu’on a tracé la coupe des
chapiteaux du grand temple de Denderah. L ’échelle de moitié est remarquable
par sa proportion; le choix qu’en a fait l’artiste, tient sans doute à la pureté qu’on
exigeoit dans les courbes et les contours ( 1). Quant à la mesure même qui paroît
avoir servi de type à la construction des carreaux et par conséquent aux dimensions
du chapiteau, elle représente une grandeur équivalente à une demi-coudée
actuelle du Meqyâs, faisant 1 coudée ou 28 doigts de l’ancienne.
Dans le second chapiteau, qui est le plus grand (2), les carreaux sont plus
larges; ils ont o“,3J ou 18 doigts, une spithame et demie. La partie où la tête est
tracée, a quatre carreaux de hauteur, faisant i ”,4 ou 3 coudées ; celle du petit
temple en a autant. L ’une et l’autre font 6 coudées ou 9 pieds Egyptiens. La
largeur totale est de 4 coudées et demie. La proportion de ia figure répond
donc à environ 24 coudées.
Ainsi nous retrouvons encore dans les monumens , non-seulement les proportions
des mesures des Egyptiens appliquées au dessin des figures humaines, mais
encore les traces des procédés qu’employoient les sculpteurs, et les divisions
mêmes de leurs échelles.
Je regrette de n’avoir pu observer exactement combien la hauteur des figures
au plafond d’Ombos occupoit de carreaux; ce qui eût fourni une.donnée de plus
sur la hauteur de la stature Egyptienne.
§. II.
Rapport du Pied et de la Coudée dans la Stature humaine.
O n a trop légèrement admis certaines proportions de grandeur entre les
diverses parties de la stature naturelle, et l’on s’est appuyé ensuite sur ces relations
arbitraires pour fixer, soit les rapports, soit les valeurs absolues des mesures usuelles.
(1) Cette épure est digne d’être examinée pour la (2) Voyez pl. 62, A . vol. I V , fig> J<
projection des lignes et des courbures.