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3 * 4 N O TICE * SU^R l e s é j o u r
n avoit encore été fait dans cette partie de l’isthme : au surplus ,' ces deux opinions
diffèrent si peu, que l’on pourrait presque adopter indifféremment t une ou l’autre ;
la position du fort d’Hadjeroth, devant lequel les Israélites étoient campés, et la
grande probabilité qu’à l’époque reculée dont nous nous occupons, la mer, vis-à-vis
de Suez, étoit plus profonde qu’aujourd’hui, ont décidé mon choix (1).
On a vu quelle étoit, selon moi, l’explication la plus naturelle du passage de
la mer Rouge. Les personnes qui mettent cet événement au rangées fables conviendront
du moins à présent qu’il aurait pu arriver^ainsi; et ceux qui croient à
sa réalité, ne pensent pas*sans doute qu’il soit nécessaire que l’ordre de la nature
ait été renversé pour reconnoitre la main de Dieu dans la délivrance des Hébreux
et la perte des Égyptiens.
Les E aux arrières devenues douces.,
« M o ï s e ayant fait partir les Israélites de la mer Rouge, ils entrèrent au désert
» de Sur, et ayant .marche trois jours dans la solitude, ils 'ne trouvaient point
» d’eau.
» Ils arrivèrent a Mara, et ils ne pouvoient boire des eaux de ce lieu, parce qu’elles
» étoient amères : c est pourquoi on lui donna un nom qui lui étoit propre,len
33 1 appelant Adora, c est-à-dire, amertume.
» Alors le peuple murmura contre Moïse, en disant : Que boirons-nous!
» Mais Moïse cria au Seigneur, lequel lui montra un bois qu’il jeta dans les
» eaux, et les eaux devinrent douces (2). »
Si Moïse eut appris la propriété de ce bois. lors de sa^première fuite dans le
désert,^ ce secret se serait conservé, et on le retrouvêroit chez les Bédouins, qui
ont certainement un bien grand intérêt à rendre lès eaux,potables dans un désert
qui en^est si dépdurvu. iffau t donc, sur ce point, s’en rapporter à l’historien
Joseph ; voici4comme il s exprime- ( 3 ) : J Après avoir long-temps marché , les
» Israélites arrivèrent sur le soir en un lieu nommé, M a ra , à cause de l’amer-
35 t}®® des eaux. Comme ils étoient extrêmement fatigués, ils ¿ ’y arrêtèrent
» volontiers, encore qu’ils manquassent de vivres, parce qu’ils y Rencontrèrent
» un puits qui, bien qu’il ne pût suffire à une si grande* mult\tude*, leur.faisoit
« espérer quelque soulagement dans leurs besoins/et les consoloit d’autant plus
» quon leur avoit dit qu’il n’y en avoit point dans” tout leur chemin. Mais
» cette eau se trouva si amère, que ni les hommes, ni les*çheyaux, ni"les autres
» animaux, n’en purent boire. Une rencontre si fâcheuse mit tout le peuple dans
» un entier découragement et Moïse dans une merveilleuse peine , parce que les
» ennemis^qu ils avoient a combattre n’étoient pas dé ceux^qu’on peut repousser
» par une généreuse résistance., mais que la faim et la soif réduisoient seules toute
» cette grande multitude d’hommes* de femmes et d’enfans, à la dernière extrc-
( I ) La mer, devant S u e z , devoit être alors bien plus ses limites actuelles. Voir mon M émoire sur les anciennes
protonde qu à présent, puisque le banc de sable qui limites d e là mer R ou g e , E. A i . tom e ,." , par. ,87.
* ^ ~e s ¿tendre au no r| d’environ cinquante mille (2) Exod. chap. 1 5 , v. ¿ 2 -2 5 . *
métrés, n’étott pas encore assÆrélevé pour [^retenir dans (3) Antiq. Jud. iiv. II I , chap. 1.
D E S H É B R E U X EN É G Y P T E . 2 \ J
» mite. Ainsi il lie savoit quel-Conseil prendre, et ressentoit les maux de tous
» les autres comme les siëns propres; car tous avoient recours à lui ; les mères
» le prioient d’avoir pitié de leurs enfârrs/iês maris d’avoir compassion de leurs
» femmes, et chacun le conjurait de chercher quelque remède àïm si grand mal.
» Dans un sr pressant besoin, il s’adressa à Dieu pour obtenir "de sa bonté de
» rendre douees 'ces eaux amères ; et Dieu lui fit connoître qu’il lui accordoit cette
» grâce. -Alors il prit un morceau de bois qu’il fendit en deux’'; et après l’avoir
» jeté dans le puits; il dit au peuple que Dieu avoit exaucéÿsa prière, et qu’il
» itérait à cette eau tout ce qu’elle avoit de mauvais,‘pourvu qu’ils exécutassent
». ce qu’il leur ordonnerait. Us lui demandèrent ce qu’ils avoient à faire, et il com-
» manda aux plus robustes d entre eux de tirer une grande partie de l’eau de ce
» puits, et les assura que celle qui y resteroit serait bonne à boire. Ils obéirent, et
» reçurent' ensuiiè l’effet de la promesse qu’il leur avoit faite. » ( Traduction de
M. Arnaud d’Aridilly. j
Ceci donnerait l’explication du prodige ; car l’on sait qu’en faisant vider un
puits, l’eau qui survient est ordinairement bien meilleure. Qette observation est
conforme aux lois de la pihysique, et nous avons d’ailleurs eu en Egypte l’occasion
de la répéter fréquemment : dans les'endroits du désert où nous élevâmes quelques
fortifications*,*1 eau saumâtre et souvent fétide des puits devint presque toujours
meilleure après que l’on s’en fut servi quelque temps.
D e la Nuée, de la Colonne de fe u , et de quelques autres événement remarquables.
I l est un autre miracle qui commença à se manifester aux Hébreux dès leur
sortie d’Egypte, et dont ils continuèrent de jouir après avoir passé la mer Rouge :
le Seigneur leur-apparoissoit le jour sous la forme Æune nuée j et la nuit sous
celle d une colonne de feu ; il marchoit ainsi devant eiix pour leur indiquer leur
route, et reposoit au-dessus du tabernacle lorsqu’ils campoient.
N’y aurôit-il pas là cependant' tjuelqué méprise de la part des savans interprètes
de la Bible! Est-ç;e bien, comme',un miracle que Moïse a rappelé cette circonstance
de la marche des Hébreux ! Ce qu’il y a de certain, c’est que les caravanes
se servent quelquefois/dans leurs marches nocturnes, de grands réchauds que des
guides portent en avant? Voici, à ce sujet, un passàge du n.° 24 du Courrier de
l'Egypte, journal qui s’iiftjàrimoit au Caire:
« Le 10 nivôse,, on partit de Souès; le gros de la caravane se dirigea sur
» Adjeroth; le général en chef; accompagné des généraux Berthier, Dommartin
» et Caffarelli, et dej, citoyens Monge et Berthollet/se porta à l’extrémité le plus
» nord du golfe, pour examiner sur le terrain s’il n’existoit point de traces du
» canal marque dans les cartes, comme établissant une communicatipn entre le
» Nil et la mer Rouge. Ces traces furent effectivement retrouvées ; le général
» Bonaparte lés reconnut le premier. La troupe marcha pendant quatre lieues dans
» le canal même : mais, en suivant cette direction, elle s’éloignoit d’Adjeroth,
» où elle devoit venir rejoindre la caravane dépositaire de l’eau et des vivres ; la