taureau se couche, le bouvier, que les Égyptiens ont représenté par un homme à
tête de boeuf, vient de se lever.
Le taureau, dit-on, surprit Europe, et l’enleva dans le temple d’Esculape ou du
serpentaire Cadmus. Quand le taureau se lève, le serpentaire se couche , et réciproquement.
Immédiatement après le taureau du grand zodiaque de Denderah, on
voit un personnage qui tient un serpent ; c’est le serpentaire, ainsi que nous l’avons
démontre a 1 article de cette constellation.
§ . i y . L E S P L É I A D E S E T L E S H Y A D E S .
\ Les Pléiades sont placées, sur le dos du taureau. L ’une d’elles, dit la fable,
s enfuit vers le cercle polaire, pour éviter les poursuites d’Orion ou celles du
Soleil. Elle y est connue sous le nom du renard. Nous en avons parlé à l’article
de cette constellation et de la petite ourse. Les hyades sont au nombre de cinq, ou
même de sept. Elles sont les étoiles du front du taureau. L ’une d’elles , remarquable
par sa grosseur et son éclat, est placée sur l’oeil du taureau : lés Arabes l’ont
nommée Aldébaran.
Au-dessus du taureau du petit zodiaque d’Esné, on voit un groupe de quinze
étoiles placées en couronne sur un cercle complet. Au-dessous sont deux yeux
dans un ovale, et plus bas encore sept étoiles rangées sur une portion de cercle.
On pourroit être tenté de chercher là les pléiades et les hyades ; mais il est plus
probable que ce sont les couronnes boréale et australe, ainsi que-.nous l’avons
dit en parlant de ces constellations.
On voit une sorte de poule en arrière du taureau du zodiaque circulaire de
Denderah. Un des symboles du cinquième natchtron, qui correspond au taureau,
est une poule. Dans le planisphère de Kircher, il y a , à la place correspondante ( i) ,
une figure désignée dans le texte sous le nom de gallina cum pullis ; emblème sbus
lequel les Hébreux représentoient les pléiades.
§ . 4 8 . O R I O N .
ORiONest représenté par la plus belle de toutes les constellations. II étoit fils'
de Neptune, et avoit la faculté de marcher sur les eaux ( 4 , II est placé sur le
fleuve Eridan, non loin du belier, et renferme deux étoiles de première grandeur.
. Cette constellation est si brillante, qu’il est impossible que les Égyptiens ne lui
aient pas donné une des dénominations importantes de leur mythologie : c’étoit-
celle dHorus (3). On peut donc la chercher avec assurance sur les monumens
astronomiques d’Esné et de Denderah.
Dans le grand cercle de bordure du planisphère, on voit, immédiatement au-
dessous du belier, un enfant ou un jeune homme accroupi sur une fleur de lotus,
et portant son doigt sur sa bouche : c’est un des caractères les plus remarquables’
dHorus et d’Harpocrate, qui ont souvent été-pris l’un pour l’autre; tellement
que plusieurs antiquaires pensent que c’étoit la même divinité sous des attributs
0 ) Kirch. QEdip. Ægypu ,om. II. part, i l , pag. 209. (3) Flmarch. d , Iside e, Osiride, pag. 350.
(2) Eratosth. C a t a s t e r . x x x i i . 1 6
difFérens. Ils étoient nés tous les deux l’index sur la bouche ; mais Harpocrate avoit
un flocon de cheveux roulés sur l’oreille droite, signe distinctif que n’a point la
petite figure du zodiaque. Comme on applique le plus souvent à Horus tout ce qui
est relatif aux représentations d’un enfant assis sur un lotus, nous devons croire
que c’est plus particulièrement Horus que l’on a voulu représenter sur le planisphère
circulaire de Denderah.
Au-dessous du belier du grand zodiaque de Denderah, on voit aussi deux Horus
assis sur des lotus, dans des barques voisines l’une de l’autre. L ’un est simplement
assis; l’autre est accroupi.
On voit de même, immédiatement au-dessous du belier du petit zodiaque
d’Esné, un Horus accroupi sur une fleur de lotus.
Orion, qui, suivant la fable, avoit la faculté de marcher sur les eaux, et dont la
ponstellation étoit la même que celle d’Horus, n’offre-t-il pas une traduction fidèle
de cet emblème Égyptien d’Horus assis sur la fleur d’une plante aquatique !
§ . 4 9 - L E L I È V R E .
Le lièvre fut mis au nombre des constellations comme un emblème de la fécondité
(i). Les Arabes l’appellent le trône d 'Orion (2).
Nous avons vu que, chez les Égyptiens, Horus, assis sur une fleur de lotus,
représentoit la constellation d’Orion. Dans le ciel, le lièvre est au-dessous d’Orion,
et au-dessus du fleuve Éridan, qui est le N il, suivant Ératosthène ( 3 ).
Il est évident, d’après cela, que le trône d’Orion et le lotus étoient la même
Constellation. Le lotus des zodiaques Égyptiens, dont l’idée est inséparable de celle
du Nil et de la fécondité que l’Égypte doit à ce fleuve, et le lièvre de la sphère
Grecque, emblème de la fécondité, étoient deux symboles diflerens d idees semblables
: ils occupoient la même place dans le ciel. II n’est donc pas douteux que
ces deux noms appartiennent à la même constellation ; et nous chercherions vainement
le lièvre dans les zodiaques Égyptiens où est le lotus, parce que ce dernier
en tient la place.
On trouve aussi dans quelques catalogues (4 ) le nom de nihâl pour la constellation
du lièvre. Or nihâl en persan veut dire rejeton, jeune pousse, et, en arabe,
nihâl est le pluriel de n e h e l, potus, boisson, ou de n  h il, potans, buveur. Ces
diverses interprétations du mot nihâl, dans les langues Orientales, ne peuvent-elles
pas nous autoriser à appliquer ce nom à la jeune tige du lotus, plante qui se plaît
en Égypte, dans les eaux douces, et qui étoit par cela même un emblème de
l’inondation I
Nous avons néanmoins des raisons de croire que cette constellation étoit aussi
connue des Égyptiens sous le nom et la configuration du lièvre. Nous les trouvons
dans l’examen des bas-reliefs d’origine Égyptienne, très-multipliés dans les cabinets
d’antiquités, et qui représentent une divinité tenant d’une main un scorpion et
de l’autre un lièvre. Cette allégorie représentoit l’état du ciel lorsque le scorpion
(1) Arat. Phantom, tom. I , pag. 85.
(2) Ulugh-beig. Tab. cum comm. Th. Hyde, pag. 49*
(3) Eratosth. Cataster. x x x v i i .
(4) Ulugh-beig. Tab. cum comm. T h. Hyde, pag. 49-