sont restées fixes, c’est que, par leur disposition, Ja surface de l’eau introduite
dans le nilomètre devant affleurer en même temps ia première et la dernière
division de deux systèmes consécutif;, on a toujours pu les vérifier l’un par l’autre :
il est même à remarquer que la possibilité de cette vérification est due à cette
disposition, et qu’elle n’auroit pu avoir lieu si-toutes les coudées eussent été tracées
sur la même verticale; ce qui prouve de la part des constructeurs une sorte
d’attention et de prévoyance qu’on pourroit ne pas leur accorder au premier
aperçu.
Un avantage non moins précieux qu’offre cette disposition par échelons, est
celui de rapprocher de l’observateur placé sur l’escalier, les mesures successives
de l’accroissement du fleuve.
Peut-être demandera-t-on ici pourquoi cet accroissement total étant de z 4 coudées
a Elephantine, on n’a gravé que les sept dernières dans le nilomètre qui y
est établi. La réponse à cette question se présente naturellement : il est, en effet,
certain qu en divisant la hauteur des plus grandes inondations en quatre parties
égalés, les trois premières peuvent être considérées comme une quantité commune
à toutes les crues annuelles, tandis que les différences qui existent accidentellement
entre elles ne portent que sur le dernier quart de cette hauteur, le seul par conséquent
quil importoit d’observer, si, comme on est fondé à le croire, l’imposition
territoriale de l’Égypte étoit, dans ces temps reculés, réglée sur l’étendue
de 1 inondation, comme elle est encore censée 1 etre aujourd’hui.
D ’un autre côté , le gouvernement, intéressé à percevoir la plus grande somme
de tributs, l’étoit également à publier des crues exagérées : ainsi chaque nilomètre,
ouvert seulement à quelques individus attachés par leurs fonctions au cuite dé
Sérapis, étoit une espèce de sanctuaire dont on interdisoit l’entrée quand les cir-
constances Texigeoient (i).
Je passe maintenant à l’examen de la question relative à l’exhaussement du lit
du Nil et du sol de ia vallée d’Égypte.
Le lit- d’un fleuve ne peut acquérir de stabilité que dans la supposition
ou ses eaux ne charient aucune substance étrangère, et coulent entre des rives
indestructibles : ainsi les matières plus ou moins pesantes que le Nil transporte
des parties supérieures de son cours, et celles qu’il enlève continuellement à ses
rives, étant déposées en différens endroits de son l i t , en font varier sans cesse les
dimensions.
La loi suivant laquelle s’opèrent ces changemens, est prescrite par les forces
memes qui modifient le mouvement des eaux courantes à la surface de la terre;
H°p" Sait<IUeJ.e NiI i l des Premiers oi>/«s d “ considéré sous le rapport de son débordement et de la
« t du oavs ? " S, t r * T , UDiqU' 1 k ^ f in i lh i ■>“ * “ *“ >3 P 11 ■ »*■»« que le mot I
pays qu ils habttoient, ils lut consacrèrent des ra p is , dans l'ancienne langue des Égyptiens signifie lit-
temp.es.et des villes entière, Il avoir ses prêtres, ses ,étalement ,a „ t . M M f t L n p j t d ^
B fr-fü i g g j B 7 r°" “ ■■■- P - s dbecroitsetnent du Ml, C e s t i d i r e , le 1 ^ 7 1
tous le, ? - ' l ” ! 3 recnc,Ili a vK s o i” > ^ P ‘ des Grecs. { Jablonski, Panthéon Æ g v p th r nm ,
ous les témoignages de I antiquité relatifs à ce culte , iib. i v , ca p ., , de M b Jlutnine, lib. IV, cap. ^ d é Z p i '
pense que le Serapis terresire, représenté portant sur la terres,ri v e lM b tic o . Prolegomena, S. XXXII.)
tete une couaee et un modius t n’est autre que le Nil
mais
mais la complication de ces forces et leur variabilité s’opposent à ce qu’on entreprenne
d’en calculer rigoureusement les effets.
Cependant, si les changemens insensibles qui s’opèrent à chaque instant dans
le lit d’un fleuve, ne peuvent être soumis au calcul, l’esprit saisit les résultats
généraux de ces changemens, et peut assigner l’ordre successif dans lequel ils
se présentent.
En effet, lorsque les eaux d’un fleuve qui charie des troubles, coulent avec
une vitesse uniforme, telle qu’elle en permette le dépôt, on conçoit que ce
dépôt s’effectue d’abord dans la partie supérieure du cours de ce fleuve ; d’où résultent
l’exhaussement de son lit dans cette partie, l’augmentation de sa pente, et
par conséquent de la vitesse de ses eaux, qui vont déposer plus bas les matières
qu’elles abandonnoient précédemment plus haut.
C e dépôt effectué dans les parties inférieures , la pente primitive se trouve à-
peu-près rétablie ; les dépôts s’accumulent de nouveau vers le sommet du plan incliné
, qui représente le lit du fleuve, jusqu a ce que, par un nouvel accroissement
de pente, ils se déposent plus loin, circonstance qui rétablit une seconde fois
l’ancien ordre, et ainsi indéfiniment : de sorte que le fond du lit des fleuves oscille
sans cesse autour d’un certain état d’inclinaison auquel il ne peut s’arrêter.
Ce que je viens de dire du lit des fleuves, doit s’entendre, sans aucune restriction,
des plaines qu’ils submergent dans leurs débordemens : ainsi le sol de la
vallée d’Égypte, en s’élevant de plus en plus, tend à ensevelir les édifices qui
couvrent sa surface, de même que les fameuses cataractes s’abaissent continuellement,
et deviennent moins apparentes par l’exhaussement du lit du Nil.
Un nilomètre aussi bien conservé que celui d’Éléphantine aurait pu remplir
jusqu’à présent le but auquel il avoit été destiné, si, par une suite nécessaire de
ce phénomène, il n’avoit pas été mis hors de service. En effet, la quantité d’eau
qui descend de l’Abyssinie, étant supposée constante, et la largeur du Nil devant
Ëléphantine n’ayant point varié, puisqu’il est resserré entre des rochers de granit,
la hauteur du dernier terme de ses crues a suivi l’exhaussement de son lit : il est
donc arrivé une époque où la trace des plus grandes inondations s’est projetée
au-dessus de la dernière coudée du nilomètre, qui dès-lors n’a plus été d’une utilité
constante ; il est enfin devenu entièrement inutile, lorsque la trace des inondations
moyennes a dépassé l’extrémité de cette dernière coudée, et c’est probablement
alors qu’il a été abandonné. On trouve cependant, à 9 décimètres au-dessus de
cette extrémité, quelques marques tracées grossièrement sur la même paroi, pour
suppléer apparemment aux mesures inférieures que certaines inondations surmon-
toient : mais elles ne s’y rattachent en aucune manière; et l’inégalité des divisions
et le défaut de rectitude des lignes qui les renferment, tracées comme au hasard,
annoncent assez qu’on eut recours à cet expédient dans un siècle où la lumière
des sciences étoit éteinte en Egypte, et la pratique des arts oubliée.
Quoique le phénomène de l’exhaussement du lit des fleuves se manifeste dans
toutes les contrées de la terre, c’est en Égypte sur-tout qu’on a dû le remarquer
: aussi est-on fondé à croire , par le passage d’Hérodote sur la formation du
* is * B