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N O T I C E
SUR LES EMB AUMEMENS
DES ANCIENS ÉG Y P T IEN S ,
P a r P. C. ROUYER, -
M e m S r e d e l a C o m m i s s i o n d e s s c i e n c e s e t d e s a r t s d ’É g y p t e .
L ’ u s a g e d’embaumer les morts remonte à la plus haute antiquité; il étoit connu
chez presque tous les peuples du premier âge du monde. C ’est dans l’Asie et dans
l’Afrique, mais particulièrement en Egypte, que les embaumemens ont été le plus
usités. Les anciens Egyptiens, qui portèrent la piété filiale ( i ) et le respect pour les
morts au plus haut degré d’exaltation, paroissent être les premiers qui aient songé
à faire embaumer les dépouilles mortelles de leurs pères, afin d’en perpétuer la
durée, et de pouvoir conserver long-temps auprès d’eux ceux qu’ils n’avoient cessé
d’honorer pendant leur vie.
Ce pieux devoir, que ce peuple religieux regardoit comme une obligation
sacrée, se rendoit non-seulement aux parens, aux amis, et aux étrangers (2) lorsqu’on
les trouvoit morts dans le Ni l , mais encore à ceux des animaux réputés
sacrés (3), qui étoient en grande vénération dans plusieurs villes de l’Egypte.
De tous les peuples anciens et modernes, les Égyptiens sont aùssi les seuls
chez lesquels les embaumemens aient été faits avec beaucoup de méthode et de
succès.
Plusieurs autres nations qui se sont succédées sur l’ancien continent, faisoient
aussi embaumer leurs morts : les Ethiopiens (4 ) les couvroient d’une espèce dè
résine diaphane, au travers de laquelle on pouvoit voir le mort, ce qui a fait croire
qu’ils les enfermoient dans des coffres de verre ; les anciens Perses les envelop-
poient dans de la cire ; les Scythes les cousoient dans des sacs de peau ; pendant
plusieurs siècles, les Grecs et les Romains ont employé, pour embaumer leurs
morts, les plus rares et les plus précieux parfums ( 5 ) : mais ces sortes d’embaumç-
mens imparfaits n’étoient qu’une imitation de ceux des Egyptiens.
Dans toutes les contrées qu’habitoient autrefois ces différens peuples, il ne reste
plus rien de ces cadavres qui avoient été embaumés dans l’intention de les garantir
de la destruction, et de conserver le souvenir des rares vertus d’un sage, ou des
glorieux exploits d’un conquérant ; on ne retrouve aujourd’hui dans ces tombeaux
( 1 ) Diod. Sicul. Biblioth. hist. Iib. I ,'cap. 3 4 , sect. 1. (4) Traité des embaumemens, par Penicher.
( 2 ) Herodot. H is t. Euterp. cap. 90. (5 ) En suivant à-peu.-près les mêmes procédés qui se
( 3 ) Herodot. Hist. Euterp. cap. 70. — Diod. Sicul. trouvent décrits dans plusieurs pharmacopées, et parti-
Biblitoh. hist. Iib. I , cap. 31 et 32. culièreinent dans le codex de Paris.
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