126000 stades seulement pour cette même distance. Cette mesure est précisément
la 18.' partie de celle de 2268000 stades rapportée plus haut, d’après les
astronomes Égyptiens: Nous ne hasarderons pas de conjectures à cet égard ; contentons
nous d’observer qu’on a pu confondre ici plusieurs espèces de mesures :
le nombre 18 est compris vingt fois dans celui des degrés de la circonférence,
et ses facteurs 6 et 3 font partie de 1 échelle métrique ; on peut donc supposer
que le nombre de 126000 provient de quelque transformation, d’après un rapport
puisé dans le système Égyptien.
La fameuse ecole de Pythagore, qui avoit puisé des notions fort saines sur le
système du monde a la source commune des connoissances astronomiques, c’est-
à-dire, en Égypte, nous a laissé d autres résultats également dignes d’être étudiés,
et qui doivent etre rapportes a leurs véritables auteurs. L’espèce de ces résultats
énoncés en mesures Égyptiennes confirme cette id é e , déjà si probable d elle-
meme. Les savans ne regarderont peut-être pas ces débris des anciennes connoissances
comme indignes de leur attention ; car ils savent que le grand Copernic
puisa lui-meme chez les Pythagoriciens ses premières idées sur le mouvement du
globe et sur 1 immobilité du soleil au centre du système planétaire. Reperì apud
Ciceronem, primum Nicetam scripsisse terram moveri inde igeteer occasionem nactus,
ccepi et ego de terree mobilitate agitare. (Copernic, de Revol. praef. ad Paul. III. )
On sait que Nicétas étoit un philosophe Pythagoricien du v .' siècle avant J. C.
Comme les lecteurs un peu familiarisés, avec l’antiquité connoissent les travaux
et les opinions de ces anciens philosophes, et que j’y reviendrai au chapitre x i i ,
je me bornerai ici à quelques faits qui regardent mon sujet, c’est-à-dire, l’application
de la valeur des stades Égyptiens. Pline nous rapporte, dans le même pas-
sage que je viens de citer, quesuivant Posidonius, la région des vents et des
nuages s’étendoit jusqu’à 4 oo stades de la terre (i). En stades Égyptiens de six
cents au degré, cette évaluation fait 16 lieues et j de lieue; c’est, à peu près, la
hauteur totale de l’atmosphère terrestre, telle que nous la connoissons.
Posidonius comptoit de la lune au soleil 5000 stades, selon quelques interprètes
de Pline : ceux qui ont fait la critique de cette observation, n’ont pas fait attention
à Inconséquence qui en résulte ; c’est que le soleil auroit été jugé plus près
de la lune que n’est la terre. Pline s’exprime ainsi : Sed à teerbido ad lunam
vicies centum milieu stadioreem ; inde ad solem quenquees mellies. II me paroît évident
que Pline ne veut pas dire là y 000 stades. Quinqieies mellies répond au vicies de l’autre
phrase; et, par conséquent, il faut entendre 5000 fois 100 milles ou 500 millions
(0 V o ic i le passage en entier de Pline : Stadium cen
tum viginti-quinque nostros efficit passus , hoc est, pedes
sexcenlos viginti-quinque. Posidonius non minus quadrin-
genta stadiorum à terra altitudinem esse, in qua nubila
ac venti nubesque proveniant ; inde purum liquidumque,
et imperturbatee lucis dé rem : sed à turbido ad lunam vicies
centum millia stadiorum j inde ad solem quinquies mi ¡lies.
Pluresautem nubes nongentis stadiis in altitudinem subire
prodiderunt (H is t. nat. lib. I l , cap. 23). La plupart des
éditions portent quadraginta ou 40, au lieu de quadrin-
genta. Mais cette dernière leçon est la vraie; l’autre'est
sans doute l’ouvrage des copistes,. malgré ce que pense
Hardouin à ce sujet. Il est vrai que les premiers nuages
ne sont pas plus éloignés que d’eqviron 40 stades ; mais
I etendue de 1 atmosphère est dix fois plus considérable.
Plusieurs auteurs, et T y ch o dans le nombre, avoient lu
quadringenta dans des manuscrits an c ien s ,« ils pensoient
aussi que ce mot avoit été changé en quadraginta. D ’ailleurs
Pline ajoute que, selon l’opinion de plusieurs, les
nuées s’élèvent à 900 stades. C e nombre, à la vérité excessif,
est du moins en rapport avec celui de 400, mais
nullement avec le nombre 40.
de stades (i). Si l’on augmente ce nombre de 2 millions de stades, distance de la
terre à la lune, et qu’on le réduise en lieues, sur le piedLde 24 stades Égyptiens
pour une ( ici je suppose que l’observation appartient à l’Égypte ), on trouve
environ 21 millions de lieues pour l’espace qui -sépare la terré du soleil. Cette
estimation est moins que les deux tiers de la vrâie distance; mais elle ne renferme
rien d’absurde. Les Égyptiens n’avoient sans doute pas de moyens exacts de déterminer
la parallaxe du soleil; les modernes eux-mêmes ne la connoissent avec exactitude
que depuis le passage de Vénus observé en 1769. Je reviendrai sur ce sujet
au chap. x ii, §. m.
Il faut dire un mot de la mesure du diamètre du soleil ; Cléomède, d’après les
Égyptiens, disoit que cette mesure étoit entre la 700.' et la 750.' partie de
l’orbite .(2). Un terme moyen entre ces deux calculs est de 29' 47",4 , et revient à
peu près à 30' (3) ; on peut le fixer à 30' juste, d’après d’autres considérations (4).
Or, suivant le même Cléomède, l’espace où l’ombre est nulle quand le soleil est
au zénith, est de 300 stades ; le diamètre du soleil étant supposé de 30', l’arc
terrestre correspondant est aussi de 30': donc le stade dont cet espace comprend
300, équivaut à 6 secondes terrestres ; cette mesure est précisément celle du stade
Egyptien de six cents au degré, tel que nous l’avons déterminé (5). L ’accord que
l’on voit ici entre les observations astronomiques des Égyptiens et les mesures
itinéraires du même peuple, me semble frappant. Je ferai remarquer encore qu’il
me semble résulter de ce passage, que les anciens distinguoient le centre et les
bords du soleil dans le phénomène de l’absorption de l’ombre, bien que plusieurs
modernes aient avancé le contraire (6).
§. I I I . “ *
Application de la Valeur des Stades aux Dimensions d’Alexandrie et à celles
de Babylone.
I . DIMENSIONS D ALEXANDRIE.
Strabon (7) et Joseph donnent tous les deux 30 stades de longueur à l’ancienne
Alexandrie. On trouve, en efîèt, et avec précision, 30 stades Babyloniens
et Hébraïques de sept cent cinquante au degré, depuis l’extrcmite des tombeaux
Juifs, où sont des ruines, sur la côte à l’est du Pharillon, jusqu’au-delà de l’hippodrome
pçès le canal (8). On sait que Joseph se sert, dans ses ouvrages, du
(1) C ’est ainsi que l’a entendu le traducteur Français.
(2) Kuxa/kh Oiuetci vor pATitoegav, lib. I I , cap. 1 et alibi.
(3) Aujourd’hui le diamètre du soleil est estimé de
I f J7n-
(4) Aristarque, au rapport d’Archimède, faisoit le diamètre
du soleil égal à juste de la circonférence, ou
30 : Archimède, dont l’observation nous a été conservée,
I’évaluoitàune quantité moindre que du quart
de cercle, et plus grande que ; terme moyen,
01x29' $7"j8 , ce qui approche beaucoup du même résultat.
(5) ^ es autres espèces de stades supposeraient au soleil
un diamètre fort éloigné de la vérité.
(6) Le rayon où ce phénomène avoit lieu, étoit ainsi
estimé a 6 lieues £ de vingt-cinq au degré.
(7) Geogr. lib. x v i i , pag. 546, ed. Casaub.
(8) La distance est d’une lieue commune précisément.
Cette ligne est la diagonale la plus grande du parallélogramme
occupé par les ruines. Voyei la planche 84, £ . M .
V oyez aussi la Description d’Alexandrie, par M. Saint*-
Genis.