
Les divisions et sous-divisions quelles présentent, ne sont point indiquées par
de simples traits gravés sur le mur : mais leur coupe verticale sur Je milieu de
chaque rainure offre à l’oeil une espèce de crémaillère (planche 33\ f ig .y ) , dont
chaque dent est formée par la rencontre de la ligne horizontale qui mes,ure
la profondeur de la rainure et de la ligne inclinée joignant les extrémités diago-
nalement opposées de deux horizontales consécutives; de sorte que les divisions
et sous-divisions dont il s’agit, se trouvent marquées par l’arête saillante de
chacune des dents de cette espèce de crémaillère.
Les trois rainures ont environ un centimètre de profondeur : 1 extrémité infé-
rieure de l’une, et l’extrémité supérieure de celle qui la suit immédiatement en
descendant, se trouvent de niveau; de sorte que les accroissemens du Nil sont
indiqués successivement sur chacune déliés.
Il n’étoit pas possible de révoquer en doute l’usage auquel ces mesures avoient
«te destinées; et, comme on ne pouvoit espérer, ainsi que je l’ai fait voir, de
retrouver le nilomètre de Strabon ailleurs que sur la rive du fleuve, et seulement
la où elle est revetue de constructions de maçonnerie, je devois le reconnoître
dans le monument dont je viens de donner la description; à moins de supposer
que deux établissemens semblables, très-voisins l’un de l’autre, eussent existé à-
la-fois dans la même ville; ce qui n’auroit eu aucun but d’utilité, et ce qu’on ne
peut raisonnablement admettre.
On voit encore, gravés à l’extrémité de quelques-unes des coudées, les caracteres
numériques Grecs servant à marquer le rang qu’elles occupoient dans la série
de celles qui étoient comprises entre les plus basses et les plus hautes eaux.
La première, en commençant par le terme de l’inondation, est marquée du
nombre KA [>4 ]; la seconde est indiquée par KT [23] : les nombres des deux coudées
suivantes sont effacés ; la cinquième est marquée du nombre K [20]. Ainsi
J ordre naturel ne se trouve point interverti (i).
- Outre ces caractères numériques tracés en lettres majuscules, on voit encore,
vis-a-vis des deux premières coudées seulement, d’autres caractères plus petits, qui
probablement servoient à exprimer les mêmes nombres dans l’ancienne écriture
Egyptienne.
La coudée la plus élevée étant indiquée sous le nombre K A [ 4 ], il s’ensuit qu’à
epoque ou l’on faisoit usage de ce nilomètre, les plus grandes inondations mon-
toient a 4 coudées, hauteur à laquelle elles parviennent encore aujourd’hui
Il restoit a déterminer la longueur des grandes divisions, dont chacune représente,
t indubitablement la coudée qui étoit en usage pour mesurer la crue du
Nil ; nous nous attachâmes, mes compagnons de voyage (2) et moi, à mettre la
plus grande exactitude dans cette opération, dont voici les résultats.
---------------------------- W monument, et de toutes ses parties dans leur état actuel
L , e r « r i tm , t “ teVi 7 meKt I0 - i' 1'.S i l ’° " " 'ap a s fa i‘ <2> MM. Joliois, Devilliers el Duchan oy , ingénieurs
cette restitution sur la planche me,ne, c est pareeque l'on des ponts et chaussées ; MM. Descostils Rofière et'
3 est assujetti a donner une copte rigoureusement exacte du Dupuis , ingénieurs des mines
/ . " R a i n u r e . ( P lan ch e 33 , f ig , 4 . )
a4.c Coudée...'.........................................,..................... °>53^ millimètres.
23.'............................................................................. 0,518.
S om m e ...........................
D em i-som m e , lon gu eu r réduite d e la co u d é e , c i .................... 0 ,5 2 7 millimètres.
2 / R a i n u r e . ( P lan ch e 33 , fig . j . )
■ 2 2 / C o u d é e .............................................................. ................................... 0 ,5 2 7 .
2 1 .* ...................................................................................................................... 0 ,5 2 7 . .
S om m e ........................... *>054*
D em i-som m e , lon gu eu r réduite d e la c o u d é e , c i ................... 0 ,5 2 7 millimètres.
| | | R a i n u r e . (P la n ch e 3 3 ¡ f i g .6 . )
20.® C o u d é e .................................................................................................. 0 ,5 4 3 .
' 9 * .............................................. .. ................................................................... 0 ,5 2 9 .
1 8.e ....................................................... ....................... ......................................... 0 ,5 0 9 .
S o m m e . 1 ,5 8 1 .
T ie r s de la som m e , lo n gu eu r réduite d e la c o u d é e , ç i 0 ,5 2 7 millimètres.
On volt, en parcourant ce tableau, que toutes les coudées prises séparément
ne sont point égales entre elles, mais que leur somme sur chacune des trois
rainures est précisément proportionnelle au nombre de coudées qui y est tracé ;
de sorte qu’en divisant leur longueur totale par le nombre de coudées qu’elles
portent, on trouve pour chacune d’elles y 27 millimètres, quantité équivalente
à 19 pouces 6 lignes du pied de France (1).
Quant aux quatorze divisions de chaque coudée, elles ne sont pas toutes égales
dans le même système; ce qui provient d’une cause unique.à laquelle on doit aussi
attribuer l’inégalité de quelques-unes des coudées prises séparément.
Toutes les personnes qui ont parcouru la haute Egypte, ont eu occasion de
remarquer que la partie des monumens qui est exposée aux alternatives de la
sécheresse et de l’humidité, est dégradée, quelle que soit la nature des matériaux
employés dans leur construction. Ce phénomène, que les physiciens ont depuis
long-temps expliqué, a dû se manifester plus particulièrement sur les parois du nilomètre,
lesquelles, par.la nature même de l’édifice, devoient être alternativement
exposées à l’air sec et submergées par les eaux de l’inondation. Il est donc arrivé
que le parement du mur sur lequel les coudées étoient tracées, s’est exfolié dans
quelques endroits ; quelques-unes des divisions sont tombées ; e t , comme il im-
portoit de les faire reparoître, on les a gravées de nouveau sur une surface qui,
n étant plus parfaitement plane, n’a pas permis de s’assujettir rigoureusement au
trace primitif. L ’erreur qui en est provenue, s’est répétée toutes les fois qu’il a
été nécessaire de rendre ces divisions plus apparentes; de là, l’inégalité observée.
entre les divisions et sous-divisions de chaque rainure. Si leurs extrémités seules
(1) Pour faire cette réduction et toutes celles qui sont tiennes et celles qui les remplacent dans le nouveau système
indiquées dans la suite de ce M émoire, nous nous sommes métrique, publiées par ordre du Ministre de l’ intérieur en
servis des Tables de comparaison entre les mesures an- l’an x.