dans le Taureau , il en a conclu que l’époque de cette invention remontoit à
environ quinze mille ans.
Nous rappellerons au lecteur dans quel ordre les phénomènes se succèdent en
Egypte j afin qu’il juge plus facilement des rapports qui existent entre ces phénomènes
et les noms des mois, dont nous allons donner la signification.
L ’année Égyptienne, selon le témoignage des anciens ( i ), commençoit au solstice
d’été, vers le 20 juin, à l’époque de la crue du Nil et de l’inondation, qui dure
pendant juillet, août, septembre. C ’est en octobre, novembre, décembre, que
l’on peut mener paître les troupeaux, labourer la terre, et que germent les grains.
En janvier, février, mars, le soleil semble rétrograder; les moissons mûrissent et
sont récoltées. Environ vers l e '20 mars arrive l’équinoxe du printemps, et le
jour est égal à la nuit. Durant avril, mai et juin, la chaleur croissante donne l’essor
aux bêtes venimeuses, développe les mafadies pestilentielles, et l’année achève son
cours qui va recommencer.
J’ai dit que les douze noms des mois de l’ancien calendrier Égyptien formoient un
véritable zodiaque. Effectivement, lorsqu’on prononçoit le motfaoji, cela signifioit
le mois du belier, parce que faoji vouloit dire en égyptien et veut dire en arabe
belier; athyr, ou thoor, comme l’écrit Eusèbe, désignoit le mois du taureau, parce que
athyr signifioit en égyptien boeuf, taureau, ainsi qu’Hésychius nous l’atteste encore :
’A3 t)f /iii» xjcî /3»î mçy. Alyoïrrloii, dit-il; athyr est le nom d'un mois et du-boeufpour les
Egyptiens ; et thour, dont le pluriel est athoucr, signifie en arabe boeuf et taureau.
De plus, la langue avoit la propriété de représenter quelquefois par le même
mot un substantif et des adjectifs qui rendoient les qualités ou les actions de
ce substantif. Par exemple, substantivement,^^/? signifioit belier, et adjectivement,
celui qui appelle les troupeaux au pâturage. Presque toujours le verbe avoit un
rapport direct de signification avec le nom substantif qui liii avoit donné naissance.
Ainsi thour signifioit taureau, et son verbe athar vouloit dire labourer : de
sorte que ce mo t, pris comme nom de mois, exprimoit à-la-fois un taureau et
l’idée des travaux que cet animal exécutoit durant le temps dont il étoit l’image.
L ’examen que nous allons faire de ces douze noms, va donc non-seulement reproduire
à notre pensée des figures semblables à celles que l’on voit aux temples tilEsné
et de Denderah, mais encore, en nous montrant les phénomènes que chacune
d’elles représentoit autrefois, va fixer l’ordre primitif, soit de ces figures, soit de
ces noms: car le mot athyr, par exemple, nous apprend que l’on nommoit ainsi le
mois du labourage, dont le taureau étoit l’emblème ; et nous voyons que, dans son
rapport avec notre calendrier, il correspond à novembre, c’est-à-dire, avec le second
mois de l’automne, durant lequel on commence à labourer la terre dans la seule
contrée de l’Égypte.
Le zodiaque que nous allons obtenir, sera celui de l’époque de l’institution.
Les trois noms d’animaux ou de mois de l’é té , par exemple, exprimeront les phénomènes
de l’été, et il en sera de même pour les autres saisons. C ’est seulement
(1) Voye.£ Dupuis, Relig. univers. i.rt part. t. V I , p. 425 et 426.
\orsa\îepifi, le capricorne, représentoit juillet, que les noms et les figures ont pu
coïncider avec les phénomènes; car, depuis que le solstice, en rétrogradant, a
porté le commencement de l’année ou de l’été dans un autre signe, les noms et
les figures ont cessé d’être l’appellation et la peinture de ce qui se passoit dans
chaque mois.
Afin qu’il n’y ait rien d’arbitraire dans ces recherches, je rapporterai d’abord
les différentes manières dont les Grecs orthographioient les noms des mois Égyptiens,
d’après le livre intitulé Alberti Fabricii Menologium, page 22 ; au-dessous,
j’écrirai le même nom en qobte d’après le Lexicon Ægyptiaco-Latinum de Lacroze;
plus bas, je transcrirai en arabe le mot correspondant, avec les significations
Latines qui lui sont données dans les dictionnaires Orientaux suivans, Lexicon Cas-
telli, Lexicon Golii; et ensuite je tâcherai d’en développer le sens, et d’en faire
apercevoir la justesse.
E p iFl , le Capricorne, / ." mois de l ’été = du 20 Juin au 20 Juillet environ.
E V iO l , E*7rv<pi, E p i f î , E p ê fi. V id . M e n o lo g .p a g 22.
0 TIKIT, ep ê p . V id . L e x ic . Æ g y p t . L a c ro z .
h e b h ê b i, h e b h ê b ; C a p e r , d u x gregis, qui cæpit, species apparens aquoe,
evigilatio, motio hue et i l lu e , aurora.
L e v e rb e c h e b h e b , ou h e b eb ; cæpit, evigilavit, experrectus fa i t e somno, fia v it
ventus, va c illa n t, hue et illu c motus fa i t , in s iliit in femellam. V id . L e x ic . C a s te lii e t G o i ii (1).
Caper, nomme le Capricorne, l’une des figures zodiacales.
Dux gregis, qui cæpit, nous montre ce même Capricorne, chef des animaux
célestes, qui commence et qui ouvre la marche de l’année.
Species apparens aquoe, nous annonce la naissance de la crue du Ni l , qui n’est
ordinairement appréciable que dix jours après le solstice.
Qtii evigilavit, qui experrectusfiiit è somno, désigne les plus longs jours : le soleil,
ou l’animal qui le représente , est éveillé et réveille à l’heure consacrée au sommeil
dans les autres saisons.
Qiti vacillavit, qui hue et illuc motus fiiit, peint bien ce mouvement d’hésitation
du soleil arrivé au sommet solsticial, et que presque tous les peuples ont
remarqué.
Qtii jlavit ventus, doit s’entendre des vents du nord qui soufflent pendant quinze
jours, vers cette époque, et qui sont assez remarquables pour que les Égyptiens
Arabes en prédisent l’arrivée dans leur calendrier nommé Ai.i c ma’rbeh. Celui de
1212 de l’hégyre [1798] annonce ces vents pour le seizième jour après le solstice
d’été.
(1) L’A dans le mot hebhêb ou hebhêbi est doux comme devoit l’affecter. Les Arabes remplacent par la lettre A où/“
notre A dans homme : c’est l’esprit doux des Grecs, le p qu’ils n’ont pas. Remarquez aussi que dans les dic-
Anciennement, comme on le voit par le chaldéen et tionnaires Orientaux l’on trouve les verbes à la troisième
l hebreu, on le remplaçoit quelquefois par la voyelle qui personne du singulier du prétérit.
A . Y 2