
Il ne faut pas terminer cet article sans dire un mot du nom d'Italicum dont a
usé Censorin. Cet auteur est le seul qui ait appelé ainsi le stade dit Olympique,
dont il paroît certain qu’il est ici question. En nous apprenant que c’est celui dont
a usé Pythagore, il fait naître une idée qui n’est pas sans vraisemblance. C’est en
Italie que Pythagore enseigna les cônnoissances Égyptiennes et fonda son école.
L ’usage du stade Egyptien de six cents au degré une fois introduit dans ce pays,
n’est-il pas possible qu’il ait pris dès-lors le nom A'Italique, nom qu’a porté l’école
Pythagoricienne.’ Il est facile de prouver que l’usage de ce stade est fort ancien chez
les Romains. Au reste, le nom d’Italique a été donné par quelques auteurs à un autre
stade, qui est de 666 - au degré.
L explication du passage, de Censorin que nous avons proposée la première, et
que nous regardons comme la plus naturelle, donne au stade Pythique simple une
valeur de 100 pas Romains, faisant la 750.' partie du degré. Paucton a aussi évalué
ce stade comme étant de sept^cent cinquante au degré, quoiqu’il n’ait point fait
usage des mêmes données. Roiiié de Lille a aussi adopté cette détermination. Il
est singulier que ces deux écrivains soient arrivés au même résultat que nous,
quand le texte de Censorin paroît si formel pour le compte de 1000 pieds au
stade Pythique. Au reste, d’Anville avoit déjà mis cette idée en avant, que le stade
Pythique est la 10.' partie du mille Romain (1).
Il résulte de l’examen que nous venons de faire (et c’est un résultat constant
de toutes ces recherches ), que le stade Égyptien de six. cents au degré, appelé
Olympique, a été employé de temps immémorial, et même qu’il est un de ceux
qui 1 ont été le plus souvent. En cela, je m’écarte à regret de l’opinion du savant
M. Gossellin, qui, à la vérité, n’avoit point rencontré de mesures exprimées avec
ce stade. Il paroît qu’au siècle de Censorin on représentoit ce stade par des
valeurs diverses: il croyoit, comme presque tous les auteurs, énoncer plusieurs
mesures différentes, quand il s’agissoit d’une mesure unique, traduite en modules
differens.
§ ? IX .
D e la Mesure •en stades -de la Distance comprise entre Héliopolis et la mer,
comparée à celle qui existe entre Pise et Athènes.
H érodote , au chapitre 7 de son Euterpe, rapporte que la distance qui sépare
la mer d’Héliopolis, est juste de 1500 stades, et qu’elle diffère de 15 stades de
celle quon parcovirt en allant d’Athènes ( à partir de l’autel des douze Dieux )
jusqu’au temple de Jupiter Olympien à Pise. Voici la traduction littérale de
Larcher: '«Si bon vient à mesurer ces deux chemins, on trouvera une petite
» différence qui les empêche d ’être égaux par la longueur, et qui n’excède pas
» 1 y stades. » D Anville a déjà remarqué que l’historien a confondu ici deux
(O M* Barbie -du -Bocage *pense également que le évalue celui-ci à 75' 5<ïs 20 41 f ou i48m,o8. (Analyse
stade Pythique de Censorin, ou de 1000 pieds, est le des cartes dressées pour le Voyage du jeune Anacharsis^
double du stade-de sept 'Cent cinquante-au degré.; il Paris, an 7 , in-fol. )
mesures de stades différentes. La distance de la mer à Héliopolis est assez exactement
de 1500 petits stades, comme on le lui avoit rapporté ; car la carte
fournit aujourd’hui iy io o o mètres, en ligne droite, entre ces deux points (i).
Mais la mesure entre Athènes et Pise ou Olympie (2) excède de beaucoup 14.85
ou même, si l’on veut, ty iy stades de la même étendue. D’Anville, dans ses Mémoires
sur l’Egypte, ne détermine pas l’espèce de la mesure qui exprime l’intervalle
d’Athènes à ©lympie (3) ; mais, dans son Traité des mesures itinéraires, il
avance qu’il s’agit du stade de dix au mille Romain, et que 1 y t y stades de cette
espèce conviennent à l’intervalle de ces villes (4).
Si l’on pouvoit découvrir le module exact de la mesure qu’avoit ici en vue
Hérodote, cette découverte seroit précieuse pour l’évaluation des stades Grec
et Égyptien ; mais on ne possède pas une description géométrique de la route
d’Athènes à Olympie, et l’on n’a point la position astronomique des ruines de
cette dernière ville, comme on a celle de la,première. Personne, parmi les savans
modernes, n’ayant étudié ce pays célèbre sous autant de rapports que M. Barbié
du Bocage, qui en a publié des cartes et des plans topographiquës, où il a enir
ployé tout ce qu’il est possible de réunir de documens exacts, je ne puis que
faire usage de ses résultats. Si je consulte ses cartes particulières de la Corinthie,,
de l’Achaïe, de l’Attique et de l’Arcadie, je trouve entre Olympie et Athènes.,
en passant par Corinthe et par Éleusis, 21 myriamètres SgJ Sa carte générale
de la Grèce, publiée en 181 1, et fruit de treize ans de savantes recherches, ne
présente dans ce même intervalle qu’une distance d’un peu plus de 18 myriamètres
ou 183000 mètres. En ligne droite et à vol d’oiseau, la mesure est de
181000 mètres (y).
Comparons ce dernier résultat à la distance entre Péluse et Héliopolis. J’ai
dit que celle-ci est de iy to o o mètres ; ces deux intervalles sont donc, dans
cette hypothèse, comme 6 et y. La différence de ~ est incomparablement trop
grande pour répondre à celle de iy stades seulement sur iy o o (c’est-à-dire,
de 7tt)> que rapporte Hérodote ; comment expliquer cette conuadiction ! Quant
à la distance de 21 myriamètres si on l’employoit ici, elle feroit accuser l’historien
d’une erreur encore bien plus considérable.
Voici comment on peut discuter ce passage, à moins qu’on ne veuille regarder
les mesures d’Hcrodote comme fausses et indignes d’examen. Je' pense
d’abord qu’il a confondu deux stades differens, ainsi que'J’avoit jugé d’Anville.
D ’après ce que j’ai dit plus haut, ces stades devoient être entre eux comme y et 6.
En consultant notre tableau général des mesures, nous voyons qu’il y, a deux
stades qui sont entre eux dans ce même rapport de y à 6 ; savoir, le stade Égyptien
ou Olympique, et le stade de Posidonius et de Ptofémée. Mais l’un des deux qui sont
employés ici par Hérodote, est certainement le petit stade Égyptien de 400000 à
la circonférence; or tous les autres l’excèdent de bien plus qu’une y.'partie.
(1) Voyez ci-dessus, chap. n , pag. yo8. (4) Pag. 77.
(2) Pise étoit située sur les bords de l’AIphée, sur la , (5) Analyse des cartes dressées pour le Voyage du jeun e
rive opposée à celle d’OIympie. Anacharsis. Voyez les planches 1 , n , 27 et 33.
(3) Pag- 13-