
Ici on repnt la route ordinaire pour se rendre à Qené , au lieu de suivre la
route ancienne <ju. se dirige vers Coptos. Cette portion de l’ancienne route est
encore pratiquée par les caravanes de Cous ; mais aucun Français ne l’a par-
comue : il est indubitable qu'on y trouverait les vestiges de plusieurs construc-
10 ns semblables a celles que nous venons de décrire , et dont le nombre (ce
qu, nous intéresse le plus ici) est facile à déterminer; la distance moyenne
d une station a 1 autre étant d’un peu plus de trois heures de marche, et la Gytah
se trouvant éloignée de Coptos de onze heures, il est évident que cet interautres
(i)0^ 5 I l s fÉ K Pan‘eS ^ ^ mansions semblables aux huit
Dune autre part, puisque l’on n’a pas suivi non plus l’ancienne route depuis
son origine et que Ion n’a rencontré la première mansion qu’à six lieues de
marche de la mer Rouge, il faut conclure aussi que cet intervalle devoit encore
etre partagé en deux distances de trois lieues, par une autre mansion qui fonnoit
a onzième: vo,la donc, dans l’isthme de Coptos, cette ancienne route divisée
en douze intervalles a-peu-près égaux; ce que Pline et les auteurs des Tables et
es Itinéraires ont donné mal-à-propos pour une route de douze journées de
marche (2). '
Le nom de Phoenkon, que portoit la première mansion chez les Grecs, indique
assez que ce lieu étoit couvert de dattiers; et par cette raison ce nom ne
peut convenir a la Gytah, dont le sol n’est point propre à la végétation. D ’après
le rapport des d,stances, la Gytah doit être la mansion désignée dans les Tables
de Peutmger et dans I Itinéraire d’Antonin sous le nom dAphrodites, la troisième
a partir de 1 Egypte.
C H A P I T R E X.
Q uel point précis occupoit Bérénice dans l ’isthme de Coptos.
O n ne s’étonnera point que le nom de Bérénice ne se soit point conservé parmi
les Arabes, depuis long-temps les seuls navigateurs qui fréquentent cette côte On
sait que les Egyptiens ont aussi, de leur côté, laissé perdre une grande partie des
noms Giecs introduits dans leur langue, et que plusieurs de ces noms, appliqués
aux villes de 1 Egypte, n ont même jamais été adoptés par les indigènes û ■ quel
nom remplace donc celui de-Bérénice!
Le Cosseyr où se rendent aujourd’hui les caravanes, n’est pas une ville ancienne
: ce nest que depuis environ un siècle qu’elle est fréquentée des caravanes;
(0 Ces trois distances, dans les itinéraires Romains,
forment un intervalle de 28,000 toises; et suivant la
carte de l’expédition, cette même route est d’environ
27,500 toises, si l’on a égard aux sinuosités du chemin:
c’est-Ià une bien légère différence, ou plutôt un caractère
de conformité bien frappant avec les renseignemens
des auteurs anciens.
, ( ’ ) l'extrait des Itinéraires, parmi les textes cités
a la fin de cetre seconde partie.
(3) C ’est ainsi que récemment les noms donnés par les
Françaisaux forts qu’ils ont construits, quoique d’un usage
général parmi eux, n’étoientaniljèm.ent adoptés parles gens
du pays, et encore bien moins adoptoit-on les noms nouveaux
imposés à des pays ou des quartiers anciens.
aussi porte-t-elle le nom de nouveau Cosseyr. Le vieux Cosseyr, fréquenté avant
cette époque, et entièrement abandonné aujourd’hui, est situé deux lieues plus
au nord, et, comme le nouveau, dans ce grand golfe dont nous avons prouvé
l’identité avec le golfe Acadiànus des anciens : le vieux Cosseyr n’avoit point
de poit, mais seulement une rade peu suie ; inconvénient qui a déterminé enfin
à adopter la ville nouvelle, dont le port, quoique petit et mauvais, suffit aux
besoins du commerce actuel, et dispense les vaisseaux d’aller séjourner ailleurs.
C ’étoit de temps immémorial que l’ancien Cosseyr tenoit .lieu de port à la
ville de Cous. Abou-l-fed;î,le plus ancien auteur Arabe qui ait traité avec quelques
détails de la mer Rouge, en fait mention, et le place au 26.° degré de latitude (1).
L ’Égypte ayant été enlevée aux empereurs Grecs, la ville d’Apôltinop'olis parvu
reprit le nom de Cous, sans doute fort ancien, car on voit Etienne de Byzance,
bien antérieurement à la conquête des Arabes, donner le nom de Cos à une ville
qui est évidemment la même qu’Apollinopolis parva. Lé mot Cosseyr, qui n’a
point de signification en arabe, est probablement dérivé de celui de Cous, et
désignoit naturellement un lieu dépendant de la ville de Cous; et c’est sans doute
par cette raison qu’on l’aura conservé successivement à deux villes différentes,
mais qui avoient toujours les mêmes relations avec celle de Cous.
En rapprochant ces diverses circonstances, on voit que ce n’est pas au nouveau
mais au vieux Cosseyr qu’étoit située la ville de Bérénice; c’est là d’ailleurs
qu’aboutissoit l’ancienne route tracée par Ptolémée Philadelphe , et dont on a
récemment constaté l’existence.
R É S U M É .
A p r è s avoir déterminé toutes les positions anciennes qui avoient des rapports
avec la route des caravanes commerçantes, nous avons frit voir par ces rapports
que cette route traVersoit 1 isthme de Coptos, à l’extrémité duquel devoit être
placée 1 ancienne ville de Bérénice; nous avons frit sentir l’impossibilité d’une
route dirigée de Coptos au tropique, et montré comment les renseignemens
opposés des itinéraires Romains tenoient à l’ignorance des stades employés par
les auteurs Grecs, le stade Olympique de huit au mille ayant été substitué au stade
Macédonien, qui navoit guère plus de la moitié. Enfin l’on a vu que cet accord
unanime des écrivains anciens à supposer Bérénice sous le même parallèle
que Syene, venoit de ce qu’ils avoient tous copié Eratosthène, qui avoit avancé
cette opinion, sur I idee vague qu à Bérénice, comme à Syène, l’ombre étoit nulle
a midi au solstice dete. Nous avons achevé de confirmer notre sentiment en
frisant voir qu il existe dans 1 isthme de Coptos une route ancienne renfermant
des stations militaires, et semblable en tout à celle que pratiquoient les caravanes
du temps de Philadelphe. Le lecteur décidera si les obscurités qui enveloppoient
cette question, sont suffisamment dissipées.
(1) Don Juan dé Castro, qui I’éloigne un peu plus Vers sa distance âù port de Myoi-btfrmos), ajouté à cela que
le nord et le place à 26“ 15 ’ (estinte à treize lieues marines Cosseyr étoit le port le plus incommode de toute la côte.